Joseph Zen

Joseph Zen Ze-kiun, né le à Shanghai, est un cardinal chinois, salésien et évêque émérite de Hong Kong depuis 2009.

Pour les articles homonymes, voir Zen (homonymie).

Joseph Zen Ze-kiun
Biographie
Naissance
à Shanghai (Chine)
Ordre religieux Salésiens
Ordination sacerdotale par le
card. Maurilio Fossati
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Benoît XVI
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
de S. Maria Madre del Redentore a Tor Bella Monaca
Évêque de l'Église catholique
Consécration épiscopale par le
card. John Baptist Wu Cheng-Chung
Dernier titre ou fonction Évêque émérite de Hong Kong
Évêque de Hong Kong
Évêque coadjuteur de Hong Kong

« Ipsi Cura Est » (1 P 5, 7)
« Il prend soin »
(it) Notice sur www.vatican.va
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Favorable à la démocratie, il est l'un des principaux opposants au régime communiste chinois.

Biographie

Enfance (1932-1961)

Joseph Zen Ze-kiun, surnommé Joseph Zen, est né dans une famille catholique à Shanghai en 1932[1]. Il entre chez les salésiens comme aspirant à l’âge de 12 ans en 1944. Il fuit Shanghai pour Hong Kong en 1948, avant l’arrivée de Mao et des communistes au pouvoir. A Hong Kong il poursuit ses études dans le petit séminaire salésien afin de devenir prêtre. Il est envoyé alors à Milan (Italie) pour poursuivre ses études.

Prêtre (1961-1996)

Il est ordonné prêtre à Turin le . Il obtient son doctorat en philosophie à l’Université salésienne de Rome en 1964.

Il revient alors à Hong Kong où il devient professeur, à partir de 1971, au Séminaire du Saint-Esprit. De 1976 à 1978, il est le principal de l'Instituto Salesiano à Macao. Élu supérieur de la province chinoise des salésiens en 1978, il retourne au séminaire diocésain en 1984 où il devient directeur du premier cycle d’études jusqu’en 1991.

De 1989 à 1996, pendant la période d’ouverture de la Chine, Joseph Zen est le premier prêtre chinois de Hong Kong à pouvoir enseigner dans les séminaires[1] « officiels » du continent, mais aussi dans les séminaires clandestins. Il passe ainsi chaque année 6 mois en République populaire de Chine, où il acquiert une grande connaissance de la réalité du catholicisme en Chine.

Évêque

Le , le pape Jean-Paul II le nomme évêque coadjuteur de Hong Kong, en même temps que Mgr John Tong Hon, nommé évêque auxiliaire du diocèse. Le pape le nomme afin qu’il joue un rôle de pont entre l’Église catholique chinoise et l’Église universelle.

À la mort du cardinal John Baptist Wu Cheng-Chung en 2002[2], Jean-Paul II le nomme évêque de Hong-Kong.

En , lors de la canonisation des 120 martyrs de l’Église de Chine par Rome, il fit paraître des articles afin de défendre le Vatican et expliquer la position du Saint-Siège alors que Pékin contestait cette canonisation.

En , le gouverneur de Hong Kong déclare que le Falun Gong était un « mouvement qui avait plus ou moins les caractéristiques d'un culte diabolique ». En réaction, Joseph Zen considère la qualification de culte diabolique pour le Falun Gong comme très préoccupant, « non seulement pour le Mouvement lui-même, mais pour nous tous ». Ainsi l'Eglise catholique chinoise non officielle pourrait, être cataloguée comme culte diabolique elle aussi[3].

Mgr Joseph Zen a toujours bénéficié de la part du Vatican d’un soutien constant : Jean-Paul II l’a nommé membre du conseil post-synodal, à la suite du synode des évêques pour l’Asie en 1998. Benoît XVI l’a lui aussi nommé membre du conseil post-synodal du synode pour l’Eucharistie (à Rome en ). Il a aussi été nommé en 2005 comme membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements[4].

Il se retire de sa charge épiscopale le . John Tong Hon lui succède à la tête du diocèse[5]

Défense de la démocratie

Quelques mois après sa prise de fonction, en , Mgr Joseph Zen accompagne la délégation de responsables politiques et religieux de Hong Kong à Pékin avant la rétrocession. Il obtient très vite une image de défenseur de la démocratie et des libertés individuelles, critiquant les possibles restrictions de libertés individuelles à Hong Kong. Il n’hésite ainsi pas à dénoncer les injustices et les frustrations des Hongkongais en convoquant la presse.

Il a ainsi défendu le droit au regroupement familial pour les Chinois du continent installés à Hong Kong[6]. Aussi en 2002, il a été élu le personnage le plus populaire d'Hong Kong par le journal Apple Daily[7].

En 2003, il est l’un des plus virulents opposants à la législation dite anti-subversion[8], la dénonçant comme potentiellement liberticide et demandant aux catholiques hongkongais de défendre la démocratie. En , il semble en partie crédité du succès de la manifestation (500 000 personnes dans les rues de Hongkong)[9]. En il s’engage, devant la justice hongkongaise pour s’opposer à une loi sur l’éducation, jugée menaçante pour la tutelle qu’elle pourrait exercer sur l’Église.

Ses prises de paroles ont eu pour conséquence de rendre les relations entre le gouvernement chinois et l’évêque très tendues. Il a aussi été critiqué par l’Association patriotique des catholiques (l’Église officielle de Chine) pour son rôle politique, mais aussi par des catholiques hongkongais qui se disent inquiets de l’image de l’Église, position qu’il critique fortement : « Ceux qui disent qu'un prêtre doit s'en tenir à la prière n'ont rien compris à ce qu'est l'Église »[10].

Il faut partie des soutiens des manifestations de 2014 à Hong Kong[11].

Il est arrêté en , en même temps que d'autres militants pro-démocratie hongkongais[12]. Son procès s'ouvre le . Accusé de « conspiration de collusion avec des forces étrangères », le tribunal ne retient que le défaut d'enregistrement de fonds à la police. Il plaide non coupable[13].

Cardinal

Le pape Benoît XVI le crée cardinal lors du consistoire du , il devient ainsi le sixième cardinal chinois de l’histoire.

Son nom était souvent cité comme étant le possible nom du cardinal « in pectore », nommé par le pape Jean-Paul II lors de son consistoire en , nom qui n'a pas été révélé avant la mort de ce dernier en 2005.

Sa nomination est accueillie avec réserve par le gouvernement chinois. Il a un rôle très important dans les relations entre le Vatican et la Chine, étant très écouté par le pape, bien que le gouvernement chinois refuse qu'il soit le représentant officiel du Vatican.

Lors du Carême 2008, les méditations du carême ont été confiées par le pape Benoit XVI au cardinal Zen[14].

Le , à 76 ans, il confirme à la presse qu'un pacemaker lui a été implanté pendant la semaine sainte. Il rappelle qu'il a émis le souhait d'être déchargé de ses responsabilités depuis l'âge de 74 ans[15].

Relation entre le Vatican et la République populaire de Chine

Deux mois après sa nomination en tant que cardinal, Joseph Zen va critiquer fortement l’association patriotique des catholiques qui consacre sans l’aval de Rome des évêques. Mgr Zen y voit la duplicité de Pékin et affirme « personnellement » qu’il s’agit « d'une épreuve de force, d'une tentative pour faire voir que le gouvernement contrôle l'Église »[16], affirmant que l’association patriotique chinoise « fomentait la dissension entre le gouvernement chinois et le Vatican ». Il a ainsi usé de son influence dans le dossier de l’Église de Chine, repris en main par le Vatican, allant jusqu’à menacer de cesser les débuts de relations entre le Vatican et la Chine si de nouveaux évêques étaient consacrés, adoptant ainsi une attitude de fermeté envers le régime de Pékin. Ainsi certains affirment que la lettre de Benoît XVI[17] aux catholiques de Chine aurait été écrite en suivant certains de ses conseils.

À la suite de la lettre du pape Benoit XVI, qui demande une unité des catholiques de Chine, et notamment une communion en commun, Mgr Joseph Zen demande, le , que le Vatican publie les noms des évêques de Chine en communion avec Rome. « Les noms des évêques chinois en communion avec le pape ne pouvaient pas être trop connus dans le passé, sinon ils auraient été mis en prison. Maintenant, le Vatican devrait songer à publier leurs noms. »[18].

Courant 2016, il se montre de plus en plus critique devant l'avancée des négociations entre le Vatican et la Chine. Dans une lettre datée du et publiée sur le site de Institut pontifical pour les Missions étrangères, il écrit notamment : « Dans notre acceptation des dispositions de Rome, il y a une limite, celle de la conscience. Nous ne pouvons pas suivre cet éventuel accord dans ce qui semble à la conscience manifestement contraire à la foi catholique authentique. François a souvent défendu le droit à l'objection de conscience ; et puis, un jésuite, qui confie les choses les plus délicates au discernement personnel, ne niera pas ce droit à ses enfants. »[19].

Le , l'aboutissement d'un premier accord avec ce dernier et la République populaire de Chine qui ouvre la porte aux nominations d'évêques reconnus par les deux entités[20], pousse le cardinal à demander la démission du Cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin, en effet Joseph Zen accuse le cardinal de « vendre l'Eglise catholique au gouvernement communiste »[21]. Interviewé par l'historien Yves Chiron (Valeurs actuelles, ) il estime que l'accord est une "trahison" et affirme : "Par amour pour mon peuple, je ne me tairai pas." Le pape François prend la défense du cardinal Parolin en expliquant qu'il avait son soutien dans l'affaire[22].

Citations

  • Le cardinal Zen a déclaré représenter « le grand peuple chinois, qui souffre encore pour la foi catholique » .
  • Entrevue au journal Le Figaro le  : « — À Hongkong même, on vous reproche parfois d'être trop politique... — C'est mal connaître la doctrine de l'Église. La mission des évêques est de s'impliquer dans la société moderne et pour le bien des gens. Le Pape sait ce que je pense et c'est le sens qu'il a donné à ma nomination. La démocratie fait partie du message, mais elle peut recouvrir des réalités différentes à Hongkong et en Chine »[23].
  • « Ceux qui disent qu'un prêtre doit s'en tenir à la prière n'ont rien compris à ce qu'est l'Église »[10].

Notes et références

  1. Dorian Malovic, « L’inflexible cardinal Zen, 90 ans, « un homme de parole » », sur la-croix.com, .
  2. Article du site Infocatho lors de l’annonce de la mort du cardinal John Baptist Wu Cheng-Chung
  3. Chine: Ce qui se passe pour Falung Gong pourrait aussi menacer l'Eglise...
  4. ZENIT - Chine : Mgr Joseph Zen Ze-kiun « créé » cardinal par Benoît XVI
  5. Dépêche Zenit, 20 avril 2009
  6. Article du site EDA sur le regroupement familial (voir aussi dans les revues EDA n°362 à 367 sur le même sujet)
  7. Mgr Joseph Zen, a été choisi comme la personnalité la plus marquante en 2002 par les lecteurs d'Apple Daily, le journal de langue chinoise le plus lu de Hong Kong. Les 2 500 lecteurs d'Apple Daily qui ont participé au sondage ont été invités à justifier leur choix par courrier électronique. Selon le rédacteur en chef, les lecteurs trouvent en Mgr Zen Ze-kiun "la justice et l'espoir", et ils ont voulu saluer le courage d'un homme qui "n'hésite pas à dénoncer les injustices et ne craint pas les puissants".
  8. Article sur le site Église d’Asie
  9. Article du journal Le Monde
  10. Article du Monde
  11. Brice Pedroletti, « Les leaders de la mobilisation citoyenne à Hongkong », sur lemonde.fr, .
  12. Dorian Malovic, « Le cardinal Joseph Zen arrêté dans une rafle éclair à Hong Kong », sur la-croix.com, .
  13. AFP, « Hongkong : le cardinal Zen devant le tribunal », sur lefigaro.fr, .
  14. article du journal La Croix faisant état des méditations de la semaine sainte 2008 confié par Benoit XVI
  15. Information publiée par le site zenit.org le 7 avril 2008
  16. entretien accordé au quotidien italien "La Stampa », le 30 mai 2006
  17. Lettre de Benoit XVI
  18. Demande de Mgr Zen sur la publication des noms des évêques reconnus par Rome sur le site de La Croix
  19. AsiaNews.it, « CINA-VATICANO Card. Zen: Le mie perplessità sul dialogo Cina-Santa Sede e le ricadute sulla Chiesa cinese », sur asianews.it (consulté le )
  20. Jean-Marie Guénois, « Le Vatican annonce un accord préliminaire historique avec la Chine », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  21. Jean-Marie Guénois, « Le Pape admet que les catholiques chinois clandestins «souffriront» de l'accord avec Pékin », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  22. Nicolas Senèze, « « C’est le pape qui nommera les évêques en Chine », affirme François », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le )
  23. Cardinal Zen : Pékin contrôle tout, nous n'avons aucun pouvoir, Entrevue au Figaro en Juin 2007.

Voir aussi

Bibliographie

  • Mgr Zen, un homme en colère, Entretiens avec le cardinal de Hong Kong. Dorian Malovic, 1997 Éditions Bayard, (ISBN 2-227-47604-4)

Articles connexes

Liens externes

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