Josette Alia
Josette David, dite Josette Alia, née le à La Ferté-Bernard et morte le 1er mai 2014[1] à Perpignan[2], est une journaliste et romancière française.
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(à 84 ans) Perpignan |
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Josette Jacqueline Germaine David |
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Biographie
Élevée dans un milieu d’instituteurs très républicains – son père est directeur d’école primaire –, elle suit des études secondaires au Mans avant d’intégrer l'Institut d'études politiques de Paris en 1948.
Germaniste, elle suit une formation de relations internationales qui l’amène à travailler aux affaires sarroises du ministère des Affaires étrangères. Mais après son mariage avec Raouf Benbrahem (), un pédiatre issu de la haute bourgeoisie tunisienne, la nationalité de son mari l’oblige à quitter son poste et à le suivre dans son pays.
En 1956, elle se trouve sans débouchés professionnels dans un pays dont elle ne maîtrise pas la langue. Sur l’impulsion de Claude Nicolet, elle suit des études d’archéologies latines à l’université de Tunis. Mais lassée par l’histoire, notamment médiévale, elle abandonne l’archéologie pour se lancer dans le journalisme. Elle anime ainsi une cinquantaine d’émissions féminines sur Radio Tunis. Puis, par le biais de son mari, ami intime du fils du président et frère de l’avocat du Néo-Destour, elle est amenée à fréquenter les proches de Bourguiba au point de se lier d’amitié avec sa femme. Elle tire de ses relations un soutien financier pour lancer, avec son amie Safia Farhat, le premier journal féminin tunisien francophone et arabe, Faïza.
En 1960, elle entame sa collaboration à Afrique-Action, y effectuant ses premiers reportages, comme celui de Bizerte en . Couvrant l’Afrique du nord, elle intègre ainsi le 'Maghreb Circus', ce groupe de journalistes occidentaux qui couvrent cette région pour leurs journaux respectifs (Guy Sitbon pour Le Monde, Jean Daniel pour L'Express, Tom Brady pour le New York Times, etc.) et qui sont proches de la gauche anticolonialiste et du FLN. Avec l’indépendance de l’Algérie et le départ de Guy Sitbon pour Alger, elle le remplace au poste de correspondant du Monde à Tunis. Sans cesser sa collaboration à Jeune Afrique, elle couvre alors la Tunisie pour le quotidien du soir, notamment la tournée de Bourguiba au Moyen-Orient ().
Ses débuts de journaliste
Les premiers mois, sa signature est abrégée pour laisser planer l’ambiguïté sur la nature d’un sexe dont les responsables de la rue des Italiens craignent qu’il ne provoque un manque de crédibilité auprès du lectorat. Parallèlement, à partir de 1965, elle collabore épisodiquement au Nouvel Observateur à travers une interview de Houari Boumédiène, quelques articles sur l’affaire Ben Barka ou un commentaire du débat Mendès-Debré (). Mais en décembre 1966, un papier sur la répression policière à l’Université lui vaut d’être assignée à résidence et menacée de deux ans de travaux forcés pour atteinte à la sécurité de l’État. L’intercession de Jean Daniel auprès de Bourguiba lui permet alors de quitter le pays.
Abandonnant biens et mari en Tunisie, elle se retrouve à Paris dépourvue de tout moyen financier, d’autant plus qu’Hubert Beuve-Méry et Jacques Fauvet refusent de l’aider. Jean Daniel l’accueille alors volontiers à la rédaction du Nouvel Observateur où elle prend définitivement le pseudonyme de « Alia »[3].
Elle est d’abord envoyée couvrir la campagne législative de Pierre Mendès France à Grenoble (janvier-) dans le cadre de l’édition Rhône-Alpes que le Nouvel Observateur lance à cette occasion. De retour à Paris, elle repart vite pour l’Égypte couvrir la guerre des Six Jours (). Elle s’impose alors comme le « grand reporter » du journal sur les questions du Proche-Orient, collaborant notamment avec le correspondant du Nouvel Observateur en Israël, Victor Cygielman. Entre deux reportages, elle continue toutefois à traiter de la vie politique comme l’illustrent les portraits qu’elle trace de Jacques Chaban-Delmas (), de Jacques Duhamel (), d’Alain Savary () ou de Michel Rocard ().
Le Nouvel Observateur
A l’aube des années 1970, elle se tourne de plus en plus vers des questions de société comme l’inégalité salariale entre les sexes, « la sexualité des enfants » ou « les nouveaux lycéens. » S’il lui arrive de traiter de questions politiques telles que « le financement du PCF » ou l’affaire de « L’Église et l’affaire Touvier », elle choisit donc de collaborer plus activement au service « Notre Époque » dans le cadre de grandes enquêtes. C’est à la suite de discussions avec Philippe Viannay sur la nécessité de mettre en lumière les inégalités qu’elle coordonne ainsi l’enquête sur « Le prix d’un Français » (), plus grosse vente du journal sur Paris-surface. Mais elle en sort aussi une sur l’éducation (), « La fortune des Français » (), les sciences (), ou mène un entretien avec Françoise Dolto en .
Elle continue toutefois à traiter du Moyen-Orient, interviewant ainsi des personnalités comme Sadate (), Rabin (l ; ), Boutros Ghali () ou Bourguiba (). Mais, en , un article de attribuant au général Shmuel Gonen (en) la responsabilité des revers subis par Israël lors de la guerre du Kippour[4] lui vaut une condamnation à une lourde amende (150 000 FRF) par la justice israélienne. Son refus de payer la met sur la liste rouge interdisant aux condamnés de quitter le territoire israélien, et elle est retenue lors d’un voyage en . Grâce à son passeport au nom de Ben Brahem, elle réussit toutefois à quitter Israël, permettant au journal de s’en tirer pour une amende bien inférieure.
Incontestablement la journaliste la plus polyvalente du journal et la plus appréciée de Jean Daniel, elle est, en , promue rédactrice en chef-adjointe, sans pour autant exercer de véritables fonctions de direction. Il s’agit plutôt de la reconnaissance symbolique d’un talent qui continue à s’exercer dans ses reportages à l’étranger (notamment au Liban) ou dans son traitement de certaines questions de société telles que l’avortement, sujet sur lequel elle s’affronte vivement avec son compatriote fertois E. Marsala.
Prix de la meilleure journaliste en 1980, elle est, à l’approche des grandes échéances électorales, mobilisée en politique intérieure. Ainsi, alors qu’elle se limitait à des entretiens de personnalités politiques de second rang ou à des questions en rapport avec des instruments d’indépendance nationale – comme le nucléaire ou l’arme atomique -, elle en vient, lors de la campagne présidentielle de 1981, à interviewer successivement Pierre Mendès France (), François Mitterrand () et Pierre Mauroy ().
Dans les années 1970, elle est invitée à siéger de manière permanente au sein du jury du Prix Albert-Londres, qu'elle préside de 2006 à 2010, succédant aux vingt-et-une années de présidence de l'historien et académicien, Henri Amouroux.
Bibliographie
- Alors, heureuses ?, 1990
- La Guerre de Mitterrand, la dernière grande illusion, 1991
- Quand le soleil était chaud, 1993
- Au cœur de la voyance, 1995
- Étoile bleue, chapeaux noirs : Israël aujourd'hui, 1999
- Le Pensionnat, 2005
Notes et références
- « Josette Alia, la grande sœur du "Nouvel Obs" », par Laurent Joffrin, sur nouvelobs.com, 2 mai 2014.
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- Prénom d’une amie tunisienne qu’elle avait choisi comme prénom mais qu’une erreur de transcription lui fit attribuer comme nom de famille. D'après l'entretien de Josette Alia avec François Kraus en mai 2004.
- Responsabilité qui lui aurait valu un mot du général Dayan – Vous méritez une balle dans la tête – qu’elle rapporte de source militaire sûre. D’après Le Monde du 6 novembre 1976. Voir (en) Shmuel Gonen.
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