Jules Moineau
Jules Moineau, né le à Liège (Belgique)[1], et mort le à Rodange (Luxembourg), est un militant républicain, puis collectiviste et enfin anarchiste belge.
Jules Moineau | |
Naissance | Liège (Belgique) |
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Décès | Rodange (Luxembourg) |
Première incarcération | 1892 : 25 ans de travaux forcés pour « vol de dynamite et complot » Prison de Louvain |
Origine | belge |
Type de militance | animateur de colonie libertaire écrivain |
Cause défendue | libertaire collectivisme |
Lors de la Première Guerre mondiale, il est l’un des signataires du Manifeste des seize rassemblant les libertaires partisans de l'Union sacrée face à l'Allemagne.
Biographie
Orphelin de père dès l’âge de 10 ans, il entre 5 ans plus tard à l’École des Mines de Liège pour devenir ingénieur. En 1884, il intègre l’École royale militaire.
Lors des grandes grèves de 1886, il quitte l’armée pour ne pas avoir à tirer sur les ouvriers.
Animateur des groupes libertaires d’Ougrée, Seraing et Flémalle, il participe en à un important mouvement révolutionnaire. Plus de quarante ans plus tard, il fera le récit de ces évènements sous le titre « Rétrospective révolutionnaire » dans Le Réveil anarchiste n°888, de [2].
Il part ensuite au Brésil, avec trois autres compagnons[3], pour y fonder une colonie libertaire[4] mais l'initiative est un échec[5].
Revenu à Liège, il fonde les Groupements économiques ouvriers.
Attentats anarchistes
Dans la nuit du , plus de 900 kilos de dynamite sont volés à la poudrière d’Ombret par Hansen, Bustin et Langendorf qui parviennent à passer en France. Extradés en , ils sont jugés et condamnés à des peines de 15 et 12 ans de prison. Le soir même du jugement, le , une bombe est déposée devant le domicile du conseiller Renson, président de la cour d’assises. L’engin n’explose pas, un agent ayant réussi à éteindre la mèche. La vague d’attentats se poursuit, visant le le procureur du roi et, dans la soirée du , les domiciles à Liège d’un sénateur, de son fils et le chœur de l’église Saint-Martin[2].
Moineau est arrêté dans la nuit du 1er au avec 15 autres militants. Il est inculpé de « vol de dynamite et de complot » lors du procès tenu le devant la Cour d’assises de Liège, mais sa culpabilité n'est pas établie pour sa participation à l’attentat manqué contre le conseiller Renson.
Durant le procès, il affirme n’avoir exercé qu’une influence morale sur ses camarades[6], mais prend sur lui l’entière responsabilité des faits, acceptant « la solidarité de tous les actes qui devaient amener à la révolution » en précisant qu’il n’avait jamais cherché à faire de victimes.
Défendu par Émile Royer[7],[8], il est condamné à 25 ans de travaux forcés[9].
Jules Moineau est interné à Louvain. Il est à plusieurs reprises mis au cachot pour rébellion mais parvient à tenir grâce aux visites trimestrielles de sa famille et à l’importante correspondance qu’il entretint avec l’extérieur, participant même à des travaux de recherches pour des étudiants de l’université de Louvain.
Il bénéficie d’une libération anticipée le [10] et, lors d’un meeting organisé à Liège pendant la grève de 1901, il raconte ses déboires à la prison de Louvain devant un public d’environ 2 000 personnes.
Entre 1903 et 1914, il collabore aux journaux anarchistes belges L’Insurgé puis L’Émancipateur animé par Georges Thonar et donne un grand nombre de conférences dans toute la Belgique[2].
Manifeste des Seize
Lors de la Première Guerre mondiale, après l’entrée des troupes allemandes à Liège, il est arrêté avec une douzaine de compagnons et interné dans une caserne de la ville, puis libéré au bout de trois semaines. Il fuit aux Pays-Bas puis via l'Angleterre, se réfugie en France.
En , il est l’un des signataires du « Manifeste des seize » soutenant la cause alliée[11],[12],[13].
À plusieurs reprises il est envoyé en mission d’espionnage ou de sabotage dans la région de Liège occupée.
Après guerre, il reste lié aux mouvement libertaire et collabore à la nouvelle série des Temps nouveaux[14] puis à la revue Plus loin de Marc Pierrot[15].
Œuvres
Bibliographie
- Émile Royer, Plaidoirie de Me Émile Royer du Barreau de Bruxelles pour l'anarchiste Jules Moineau : Cour d'Assises de la Province de Liège Procès des anarchistes - , Bruxelles, Librairie Edmond Deman, 1894, (OCLC 644931220)[17],[18].
- Émile Royer, Pour l’anarchiste Jules Moineau, Ensival, Au bureau de La Débâcle sociale, [19].
- Georges Rens, Pour l'Anarchiste Jules Moineau, Bruxelles, 1898[16].
- Jan Moulaert, Le mouvement anarchiste en Belgique 1870-1914, Ottignies, Quorum, 1996, (ISBN 9782930014739), extraits en ligne.
Radio
- Nicolas Dor, Liège 1900 : le temps des anarchistes, Sonuma, écouter en ligne.
Notices
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
- Centre International de Recherches sur l'Anarchisme (Lausanne) : notice.
- Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones : notice bibliographique.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.
Articles connexes
Notes et références
- Son acte de naissance est visible sur le site Familysearch, Registre des Naissances de l’année 1858, vue 20/350, acte 166
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Jean Sagnes (dir.), Histoire du syndicalisme dans le monde des origines à nos jours, Éditions Privat, 1994, page 83.
- Michel Antony, « Quelques expérimentations fouriéristes et libertaires latino-américaines », Cahiers Charles Fourier, no n° 22, (lire en ligne).
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
- Els Witte, Nation et democratie, Koninklijke Vlaamse Academie van België, 2007, page 119.
- « Royer Émile », sur Institut Destrée, Centre de recherche européen basé en Wallonie (Europe)
- L'Éphéméride anarchiste : Gennaro Rubino.
- A. Marchal, J. P. Jaspar, Droit criminel : traité théorique et pratique : les infractions du code pénal, volume 2, Maison F. Larcier, 1975, page 63.
- Émile Vandervelde et Jules Destrée, Le Socialisme en Belgique, (1898), Paris, V. Giard & E. Brière, 2e édition, 1903, page 252.
- Michel Dreyfus, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, La part des militants : biographie et mouvement ouvrier, Éditions de l'Atelier, 1996, page 191.
- Jacques Gillen, Les activités en Belgique d’un anthropologue anarchiste : Eugène Gaspard Marin (1883-1969), Mémoire de licence en Histoire contemporaine, sous la direction de Anne Morelli, Université libre de Bruxelles, 1996-1997, texte intégral
- Michel Ragon, Dictionnaire de l'anarchie, Éditions Albin Michel, 2008, lire en ligne.
- La presse anarchiste : Les Temps nouveaux.
- Dictionnaire des anarchistes : Marc Pierrot.
- Fonds Jan Pellering : bibliographique.
- Institut international d'histoire sociale (Amsterdam) : notice biographique.
- « p.426-7. Bibliographie de la Belgique, Ou Catalogue Général de L'Imprimerie et de la Librairie Belges »
- « Pour l’anarchiste Jules Moineau - Cgecaf »
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