Julius Hallervorden

Julius Hallervorden, né le à Allenberg, Kreis Wehlau (Prusse-Orientale) et mort le à Francfort-sur-le-Main, est un neurologue allemand. Il adhère au parti nazi et profite du programme nazi T4 pour développer ses recherches neurologiques. Après guerre, il n'est pas inquiété.

Biographie

Petit-fils de médecin et fils du psychiatre Eugen Hallervorden (1853-1914), il a pour sœur cadette Margarete (de). Après des études de médecine de 1902 à 1907 à l'université de Königsberg, il obtient son doctorat en 1909 et commence sa carrière l'année suivante dans uns clinique psychiatrique privée de Berlin[1].

Il se spécialise en neuropathologie. Hugo Spatz (en), directeur de l'Institut de recherche sur le cerveau de la Société Kaiser-Wilhelm, le nomme chef du département de neuropathologie en 1938[2]. Devenu membre du parti nazi en 1933, il est admis à effectuer sciemment une grande partie de ses recherches sur le cerveau des prisonniers exécutés. Avec Spatz, il est crédité de la découverte du syndrome de Hallervorden-Spatz ; ce syndrome est appelé, à la lumière des révélations de son passé nazi, neurodégénerescence associée à la pantothénate kinase : il ne porte plus son nom.

Son implication dans le programme nazi d'élimination des handicapés mentaux et physiques est montrée dans le documentaire français de Catherine Bernstein T4, un médecin sous le nazisme. Après la guerre, il n'est pas inquiété. Bien qu'un rapport déposé comme document au procès principal de Nuremberg, document coté L 170, décrivit les controverses autour de Julius Hallervorden[3]. Après la guerre, participant à de nombreux congrès internationaux de neurologie, il se rend en 1953 à celui de Lisbonne. À cette occasion, ressurgit le rapport du commandant Leo Alexander (en) qui révèle comment est constituée l’exceptionnelle collection de 697 cerveaux sur laquelle s’est fondée une partie de sa réputation [alpha 1] . La polémique est telle qu'il est contraint d’annuler sa participation[4].

Il reçoit en 1956 l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne[5].

Notes et références

Notes

  1. « Le docteur Hallervorden a obtenu cinq cents cerveaux des centres de mise à mort des malades mentaux. Ces patients ont été tués dans diverses institutions avec du monoxyde de carbone. Le docteur Hallervorden a été lui-même à l’initiative de cette collaboration, comme il l’a exprimé : j’ai entendu qu’ils allaient le faire alors j’y suis allé et je leur ai dit “les gars, si vous tuez tous ces gens, au moins sortez les cerveaux pour que le matériel puisse être utilisé”. Ils m’ont demandé : “combien pouvez-vous en examiner ?” J’ai dit : “un nombre illimité, le plus possible”. Je leur ai donné le liquide fixatif, les pots et les boîtes et les instructions pour enlever et fixer les cerveaux et ils sont venus les apporter en camion, comme pour un déménagement. La Gemeinnützige Krankentransport Gesellschaft [la société de transport de l’opération T4, camouflée en société d’ambulances] a apporté les cerveaux par quantité de cent cinquante-deux cents. L’homme qui organisait ce service était le docteur Hegener, un pédiatre de Berlin, dont le docteur Hallervorden se souvient comme d’un gars fou et arrogant, qui parlait sans cesse de lui-même. ». Jean-Marc Dreyfus, « Le docteur Julius Hallervorden et sa collection de cerveaux en République fédérale d'Allemagne », Vingtième Siècle. Revue d'histoire No. 131, , pp. 139-150 (lire en ligne).

Références

  1. (en) Kalyan B Bhattacharyya, Eminent Neuroscientists. Their Lives and Works, Academic Publishers, , p. 399
  2. (de) Heinz Bielka, Geschichte der Medizinisch. Biologischen Institute Berlin-Buch, Springer-Verlag, , p. 39
  3. Jean-Marc Dreyfus, « Le docteur Julius Hallervorden et sa collection de cerveaux en République fédérale d'Allemagne », Vingtième Siècle. Revue d'histoire No. 131, , pp. 139-150 (lire en ligne)
  4. (de) Hans-Walter Schmuhl, Die Gesellschaft Deutscher Neurologen und Psychiater im Nationalsozialismus, Springer-Verlag, , p. 414
  5. (en) Hugh Gregory Gallagher, By Trust Betrayed. Patients, Physicians, and the License to Kill in the Third Reich, Vandamere Press, , p. 155

Voir aussi

Sources

Article connexe

Liens externes

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