Juno II

Juno II est un des premiers lanceurs utilisés par les États-Unis pour placer en orbite ses satellites. Ce lanceur est développé par Wernher von Braun à partir du missile balistique Jupiter. Le lanceur Juno II commence à être utilisé quelques mois après que le lanceur Juno I dérivé du missile balistique Redstone place en orbite le premier satellite américain Explorer 1 le . Deux fois plus puissant que le lanceur Juno I (de 20 à 41 kg de charge utile en orbite terrestre basse), le lanceur Juno II est utilisée à 10 reprises (6 échecs) entre le et le pour lancer des satellites scientifiques du programme Explorer et deux des sondes spatiales Pioneer vers la Lune. D'une puissance trop réduite, le lanceur Juno II de la NASA est remplacé par les lanceurs Delta et Atlas.

Juno II
Lanceur léger

Le lanceur Juno II du satellite Explorer-7 en 1959.
Données générales
Pays d’origine États-Unis
Constructeur Chrysler, Rocketdyne et JPL
Premier vol 6 décembre 1958
Dernier vol 24 mai 1961
Statut Retirée du service
Lancements (échecs) 10 (6 échecs)
Hauteur 24 m
Diamètre 2,67 m
Masse au décollage 55 tonnes
Étage(s) 3 ou 4
Base(s) de lancement Cap Canaveral
Charge utile
Orbite basse 41 kg
Orbite lunaire 6 kg
Motorisation
1er étage PGM-19 Jupiter
2e étage 11 x Recruit
3e étage 3 x Recruit
4e étage 1 x Recruit
Missions
Sondes spatiales et satellites scientifiques

Historique

Dans la continuité des travaux sur le lanceur Juno I, le lanceur Juno II est développée par Wernher von Braun sur la base du missile PGM-19 Jupiter de portée intermédiaire. Pour le transformer en lanceur, il n'est pas nécessaire de modifier sa propulsion car il est suffisamment puissant pour placer 41 kg en orbite basse et kg en orbite interplanétaire une fois surmonté des 3 étages improvisés pour le lanceur Juno I. La mise à feu des étages supérieurs est télécommandée par radio depuis le sol ce qui est à l'origine de la perte d'un des satellites victime d'un brouillage. Un des 10 lancements effectués ne comporte que 3 étages[1].

Les lancements ont lieu entre 1958 et 1961 depuis la base de lancement de Cap Canaveral. Sur les 10 lancements, 5 sont des échecs totaux et un autre un échec partiel. Deux des tirs emportent une sonde spatiale du programme Pioneer et sept des satellites du programme Explorer. Le lanceur ne connut aucun développement ultérieur[1]. Le lanceur Juno II a le mérite de permettre une mise au point très rapide mais, après avoir assuré le lancement de quelques satellites, ce lanceur laisse la place aux lanceurs Delta et Atlas. Le lanceur peut donner naissance à une famille de lanceurs similaire aux lanceurs Delta en ajoutant par exemple un étage Agena. Mais le lanceur est victime du fait qu'il est développé par l'armée de terre (US Army) et que le lancement de satellites militaires est confié à l'armée de l'air (US Air Force)[1].

Caractéristiques techniques

Le lanceur Juno II est basé sur le missile balistique de portée intermédiaire PGM-19 Jupiter qui constitue son premier étage. Pour atteindre les performances souhaitées, le missile construit par la société Chrysler est allongé de 90 cm ce qui permet d'accroître la durée de combustion de 13 secondes. Le moteur-fusée Rocketdyne S-3D (en) qui le propulse a une poussée de 670 kilonewtons et brûle un mélange d'oxygène liquide et de RP-1. Le moteur est orientable ce qui permet de contrôler l'orientation du lanceur en lacet et tangage. La correction des mouvements de roulis est réalisée à l'aide de deux moteurs verniers alimentés par les gaz générés par la turbopompe. Le système de guidage réalisé par la société Ford utilise une centrale à inertie qui permet au lanceur de corriger sa trajectoire de manière autonome ce qui constitue une innovation importante à une époque où les missiles sont guidés par radio. Les étages supérieurs sont similaires à ceux du lanceur Juno I et sont constitués d'un ensemble de petits moteurs-fusées Recruit à propergol solide[1].

Caractéristiques 1e étage 2e étage 3e étage 4e étage
Masse au décollage 54 431 kg 462 kg 126 kg 42 kg
Masse à vide 5 443 kg 231 kg 63 kg 21 kg
Poussée 667 kN 73 kN 20 kN 7 kN
Impulsion spécifique 248 s
(2.43 kN·s/kg)
214 s
(2.10 kN·s/kg)
214 s
(2.10 kN·s/kg)
214 s
(2.10 kN·s/kg)
Durée combustion 182 s 6 s 6 s 6 s
Longueur 18,28 m m m m
Diamètre 2,67 m m 0,50 m 0,30 m
Propulsion Rocketdyne S-3D (en) Onze Recruit Trois Recruit Un Recruit
Ergols Oxygène liquide / RP-1 Propergol solide Propergol solide Propergol solide

Liste des vols

Source : Juno II[2]
Vol n° N° de série Date Pas de tir Charge utile Orbite Résultat
1 AM-11 Cap Canaveral, LC-5 Pioneer 3 Injection trans-lunaire Échec partiel
Le premier étage s'arrête 3,7 s trop tôt, empêchant la fusée d'atteindre une vitesse suffisante. La charge utile atteint une altitude maximum de 102 000 km et retombe sur terre 38 h après le lancement.
2 AM-14 Cap Canaveral, LC-5 Pioneer 4 Injection trans-lunaire Succès
3 AM-16 Cap Canaveral, LC-5 Explorer S-1 (en) Orbite basse Échec
Perte du contrôle du lanceur juste après le décollage.
4 AM-19B Cap Canaveral, LC-26B Beacon 2 Orbite basse Échec
Utilisation d'une version à 3 étages. Echec du système de guidage 3 min après le lancement.
5 AM-19A Cap Canaveral, LC-5 Explorer 7 Orbite basse Succès
6 AM-19C Cap Canaveral, LC-26B Explorer S-46 (de) Orbite basse Échec
Le troisième étage ne s'allume pas
7 AM-19D Cap Canaveral, LC-26B Explorer 8 Orbite basse Succès
8 AM-19F Cap Canaveral, LC-26B Explorer S-45 (en) Orbite basse Échec
Le troisième étage ne s'allume pas
9 AM-19E Cap Canaveral, LC-26B Explorer 11 Orbite basse Succès
10 AM-19G Cap Canaveral, LC-26B Explorer S-45A (en) Orbite basse Échec
Le deuxième étage ne s'allume pas.

Notes et références

  1. (de) « Die Juno / Vanguard Trägerraketen », Site Bernd Leitenberger (consulté le )
  2. (en) Mark Wade, « Juno II », sur astronautix.com (consulté le )

Bibliographie

  • (en) J. D. Hunley, US Space-launch vehicle technology : Viking to space shuttle, University press of Florida, , 453 p. (ISBN 978-0-8130-3178-1)
  • (en) Dennis R. Jenkins et Roger D. Launius, To reach the high frontier : a history of U.S. launch vehicles, The university press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-2245-8)

Voir aussi

Articles connexes

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