Wang Junxia

Wang Junxia (née le à Jiaohe) est une athlète chinoise spécialiste des courses de fond, championne olympique du 5 000 m en 1996 à Atlanta et championne du monde du 10 000 m en 1993 à Stuttgart. Elle détient depuis 1993 le record du monde du 3 000 m en 8 min 6 s 11.

Dans ce nom, le nom de famille, Wang, précède le nom personnel.

Pour les articles homonymes, voir Wang (patronyme).

Wang Junxia
Informations
Disciplines Fond
Nationalité Chinoise
Naissance
Lieu de naissance Jiaohe
Taille 1,60 m
Poids 45 kg
Records
Actuelle détentrice du record du monde du 3 000 m
Distinctions
• Élue au Temple de la renommée de l'IAAF en 2012
Trophée Track and Field de l'athlète de l'année en 1993
Palmarès
Jeux olympiques 1 1 -
Championnats du monde 1 - -

Carrière

Wang Junxia commence à courir à l'âge de cinq ans, en 1978[1].

En 1992, elle finit deuxième des championnats du monde junior de cross-country, devancée par l'Anglaise Paula Radcliffe. Elle devient au cours de la saison estivale championne du monde junior du 10 000 mètres à Séoul devant l'Éthiopienne Gete Wami et la Kényane Sally Barsosio.

Mais c'est en 1993, à vingt ans, qu'éclate son talent. En avril, Wang Junxia bat le record d'Asie du marathon en 2 h 24 min 7 s. Un mois plus tard, elle bat un autre record d'Asie, celui du 3 000 mètres en 8 min 27 s 68. Peu connue du grand public, elle arrive aux championnats du monde de Stuttgart en tant que favorite du 10 000 m. Quelques jours après l'inattendu triplé chinois sur le 3 000 m féminin, remportée par sa compatriote Qu Yunxia, elle prend part à la finale du 10 000 m qu'elle remporte aisément devant sa compatriote Zhong Huandi et l'inexpérimentée Kényane de quinze ans Sally Barsosio. Elle se détache au huitième kilomètre et parcourt les derniers mille mètres en 2 min 43 s.

Quelques semaines plus tard lors des championnats nationaux à Pékin, elle pulvérise trois records du monde en l'espace de cinq jours :

  • Le , elle explose le record du monde d'Ingrid Kristiansen du 10 000 m de 42 secondes en 29 min 31 s 78. Elle devient ainsi la première femme à descendre sous les trente minutes sur la distance.
  • Le , elle termine deuxième du 1 500 mètres derrière Qu Yunxia dans une course à record. Qu gagne en 3 min 50 s 46 (record du monde jusqu'en 2015) et Wang finit en 3 min 51 s 92.
  • Le , elle améliore le record du monde du 3 000 m dans la deuxième série en 8 min 12 s 19. Ce record venait d'être battu par sa compatriote Zhang Linli dans la première série.
  • Le , elle remporte la finale du 3 000 m et améliore une nouvelle fois le record du monde en 8 min 6 s 11.

En fin d'année, elle remporte également la coupe du monde de marathon en 2 h 28 min 16 s à Saint-Sébastien.

En 1994, le prix Jesse-Owens lui est décerné pour ses remarquables performances sur l'année 1993[2]. Elle gagne les Jeux asiatiques sur 10 000 mètres à Hiroshima en 30 min 50 s 34.

En 1995, une dizaine d'athlètes, avec à leur tête Wang Junxia, se rebellent contre les conditions déplorables que leur fait subir leur entraîneur Ma Junren. Plus tard il admettra battre les plus récalcitrantes ou les moins performantes, s'arrogeant les gains de leurs victoires et notamment les Mercedes[3] (offertes par l'IAAF à chaque vainqueur aux Mondiaux de Stuttgart[4]). Pendant un moment, Junxia s'entraîne seule avant de rejoindre Mao Dezhen pour préparer l'échéance olympique d'Atlanta.

En 1996 aux Jeux olympiques, Wang gagne le 5 000 mètres en 14 min 59 s 88 et finit deuxième du 10 000 m en 31 min 2 s 58, une seconde derrière la Portugaise Fernanda Ribeiro. Elle arrête sa carrière après ces Jeux et se marie avec Zhan Yu.

Puis les informations sur l'ancienne athlète deviennent lacunaires. En 2001, The Guardian rapporte que Wang vit de manière anonyme à Pékin[3]. En 2008, Wang et son mari sont retrouvés aux États-Unis, où ils habitent à Denver, dans le Colorado[5]. En 2012, elle indique au journal espagnol El País qu'elle est en train d'écrire son autobiographie[5].

Grâce à ses deux titres (olympique et mondial) et ses records mondiaux du 3 000, jamais approché, et du 10 000, battu seulement en aux Jeux Olympiques de Rio, Wang Junxia est, en , l'un des douze premiers athlètes intronisés au Temple de la renommée de l'IAAF[6].

Polémiques

D'énormes suspicions de dopage portent sur les performances qu'elle a réalisé en 1993 comme sur celles de nombreux sportifs chinois au cours de la décennie. Dans la province du Liaoning, l'entraîneur Ma Junren (en) avait formé une équipe de coureuses de demi-fond exceptionnelle. À base de « soupe de sang de tortue à carapace molle » et d'une discipline de fer, digne des troupes d'élite, ses athlètes vont réussir des performances extraordinaires[7].

Décrié, soupçonné, Junren sera, plusieurs fois, démis de ses fonctions puis réintégré[7]. Ainsi en 2000, il est écarté de l'équipe olympique chinoise, après que six de ses athlètes eurent échoué à des tests antidopages[8], mais quelques mois plus tard, il a de nouveau un poste important dans la délégation chinoise qui participe aux Mondiaux d'Edmonton[3]. Cependant, il n'obtiendra jamais les mêmes résultats qu'à Stuttgart[7].

Le caractère exceptionnel des performances et le doute qui les entoure ont déclenché les critiques lorsque l'IAAF nomma Wang dans les douze premiers membres de son Panthéon de l'athlétisme[8].

Records

Épreuve Temps Date Lieu Note
1 000 m2 min 33 s 3Pékin
1 500 m3 min 51 s 92Pékin
2 000 m5 min 29 s 41PékinRecord d'Asie
3 000 m8 min 6 s 11PékinRecord du monde
5 000 m14 min 51 s 87Nankin
10 000 m29 min 31 s 79Pékin
Marathon2 h 24 min 7 sTianjin

Palmarès

Date Compétition Lieu Résultat Discipline Temps
1992 Championnats du monde de cross-country junior Boston 2e Cross-country 13 min 35 s
Championnats du monde junior Séoul 1er 10 000 m 32 min 29 s 90
1993 Championnats du monde Stuttgart 1er 10 000 m 30 min 49 s 30
Coupe du monde de marathon Saint-Sébastien 1er Marathon 2 h 28 min 16 s
1994 Jeux d'Asie Hiroshima 1er 10 000 m 30 min 50 s 34
1996 Jeux olympiques Atlanta 1er 5 000 m 14 min 59 s 88
2e 10 000 m 31 min 02 s 58

Vie privée

En 2001, elle épouse Zhan Yu, un ancien footballeur avec qui elle a un petit garçon[9].

Liens externes

Notes et références

  1. Biographie sur www.iaaf.org, consulté le 22 janvier 2011.
  2. (en) Keiderling, Kyle,, Olympic collision : the story of Mary Decker and Zola Budd, U of Nebraska Press, , 368 p. (ISBN 9780803296503, 0803296509 et 9780803296510, OCLC 953738713, lire en ligne), p. 274
  3. (en) « Ma's army on the march again », sur sport.guardian.co.uk, The Guardian, (consulté le )
  4. « Partie de poker menteur », chronique de Marc Ventouillac, publié dans le quotidien L'Équipe du lundi 12 août 2013.
  5. Athletics Weekly, 13 December 2012, p. 62
  6. (en) « IAAF Hall of Fame created – First 12 Members announced », sur www.iaaf.org, IAAF, (consulté le )
  7. « Par ici la bonne soupe ! », chronique de Marc Ventouillac, publié dans le quotidien L'Équipe du mercredi 14 août 2013.
  8. Simon Hart, « Scandal as controversial Chinese athlete Wang Junxia enters IAAF Hall of Fame », telegraph.co.uk, (consulté le )
  9. voir l'Équipe Magazine no 1222 du 12/11/2005 (page 66)
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