Katharina von Blankenfeld

Katharina von Blankenfeld (Blankenfelde, Blanckenfeld, Blanckfeld) est née en 1502 à Berlin. Elle est issue de la famille immémoriale noble von Blankenfeld. Elle fit parler d'elle à cause de sa liaison extraconjugale[1],[2] et publique[3],[4] avec le prince électeur Joachim Ier Nestor de Brandebourg pendant une période difficile, en pleine réforme protestante. Elle fut la cible[5] de Martin Luther, principal réformateur de l'église catholique en Allemagne et en Occident.

Katharina von Blankenfeld
Biographie
Naissance
Blason
Armoiries de la famille von Blankenfeld.

Au travers de la biographie[6] qui suit, on peut remarquer, qu'à cette époque de la Renaissance à Berlin, le prince électeur avait un droit presque absolu sur sa femme ou (et) sa maîtresse et cela quel que soit le rang de celle-ci, même fille d'un roi[7].

Origines familiales

Katharina[7] est la fille du commerçant et maire de Berlin, Thomas von Blankenfeld (1436-1504) et de Margarete von Buchholz (1454-1531). C'est le dernier enfant d'une fratrie de 21. Quand son père décède en 1504, elle a deux ans. Elle est représentée sur le tableau, datant de début 1500, représentant la famille de Thomas von Blankenfeld, ses 21 enfants, ses deux femmes.

Tableau de la famille de Thomas von Blankenfeld (1436-1504). Cette peinture de plus de 500 ans était visible en 2012 à Berlin, dans l'église Marie. Sur la peinture, on remarque Johann, le futur archevêque de Riga, avec sa coiffe rose, derrière son père Thomas et ses deux frères.

Il y avait une différence d'âge de 31 ans avec son frère Johann II von Blankenfeld (1471-1527), l'archevêque de Riga.

Biographie[8]

Joachim I. Nestor, le prince électeur du Brandebourg qui a commis l'erreur de bannir Wolf Hornung, le mari de Katharina.
Martin Luther s'est beaucoup investi dans cette affaire. Il était l'ami de Wolf Hornung, le mari de Katharina.

Katharina épouse Wolf Hornung en 1524[7]. Ils vivaient dans une maison à Cölln et étaient plutôt aisés. En 1524, Anna arrivait dans la famille. Elle sera le seul enfant du couple Hornung. Wolf Hornung avait des relations professionnelles auprès du prince électeur Joachim Ier Nestor de Brandebourg[7] qui avait prêté de l’argent, pour l'achat de leur maison.

Malheureusement, Katharina, 21 ans, était très belle et le prince électeur tomba amoureux d'elle assez rapidement. Katharina repoussait fermement les avances du prince électeur[7], disait-elle à son mari dans ses lettres. Les sollicitations du prince électeur furent de plus en plus ardentes et Katharina rompit sa promesse. Son mari entendit le [7] un sermon de Martin Luther fustigeant violemment l’adultère. Il fit de nouvelles remontrances à son épouse. La réponse de Katharina attisa sa colère.

Wolf Hornung son mari veut tuer sa femme Katharina

Il se saisit alors d'un couteau et poignarda sa femme dans le ventre. Il implora son pardon et lui demanda de bien vouloir oublier son acte stupide. Katharina s’échappa, et comme il craignait le prince électeur, Wolf Hornung s'enfuit chez les dominicains. Le lendemain matin, toutes les portes étaient verrouillées, toutes les rues étaient surveillées, toute la ville était à la recherche du malfaiteur Wolf Hornung.

On le chercha en vain au monastère, mais le confesseur du prince électeur finit par révéler sa cachette. Face à son désespoir, Hornung signa une ordonnance le et prêta serment. Il jura de faire la trêve, de désavouer sa femme et son enfant ... Il dut également quitter la ville et faire vœu de pauvreté[7]. On lui attribua une maison et un cheval. Il quitta ainsi le pays sur sa monture.

Un an après, il sollicita à nouveau le prince électeur et envoya une lettre à sa femme, via son confesseur, de sorte qu’elle puisse intercéder en sa faveur auprès du prince électeur. Katharina était dans une situation désespérée, entièrement à la merci du prince électeur. Elle ne pouvait pas écrire à son mari qu’avec l'autorisation du prince électeur. Il lui dicta donc la lettre de réponse. Katharina était tombée si bas qu’elle céda au prince électeur sans scrupules. Elle parvint à soudoyer un messager, et organisa une rencontre avec son mari.

Katharina et Martin Luther

Katharina s'adressa à Martin Luther à Wittenberg, vif opposant du prince électeur et du conseil de conscience. Martin Luther appela Hornung à Wittenberg et lui raconta que sa femme voulait se faire pardonner, et qu’il souhaitait la ramener à lui. Hornung refusa la proposition de Martin Luther. Martin Luther ne renonça pas et demanda à Hornung d’écrire à Katharina. Martin Luther envoya la lettre d’Hornung à Katharina, ainsi qu’une autre lettre adressée à la mère de Katharina.

Les deux lettres lui revinrent non ouvertes, car le prince électeur avait interdit à la mère de Katharina d’accepter toute lettre de Luther. Katharina écrivit à nouveau à Martin Luther et à son mari. Joachim Ier Nestor de Brandebourg fut informé de la rencontre qu’ils prévoyaient. Furieux, le prince demanda à voir Katharina, lui donna des coups de bâton et lui demanda pourquoi elle souhaitait rencontrer son mari. Elle lui répondit que c'était pour apaiser son mari, et qu’elle souhaitait discuter avec lui de leur séparation.

Hornung écrivit également deux fois à son beau-frère Jacob Große à Francfort. La dernière lettre du tomba entre les mains du prince électeur Joachim Ier Nestor de Brandebourg, qui répondit à Hornung de la part de Jacob Große et Katharina :

« Katharina a pris toutes ses richesses et elle est partie avec ses enfants, un deuxième est né entretemps. Comme elle ne pouvait plus rester à Berlin sans subir les assauts de son mari, elle a voulu partir dans une région reculée et ne plus avoir de rapport avec lui. »

Hornung menaça le prince électeur de rendre l'affaire publique et écrivit au conseil. La lettre du , adressée au chancelier, le docteur Sebastian Stublinger, existe. Le conseil fut bien évidemment du côté de son maître tyrannique.

Martin Luther fait la guerre au prince électeur Joachim Ier Nestor de Brandebourg

Martin Luther voulait désormais frapper fort contre Joachim Ier Nestor de Brandebourg. Cela deviendrait vite une guerre entre protestants et catholiques. La question devait être abordée au cours de la Diète de Spire de 1529. À la suite de ces arrangements à Trebessen, Hornung envoya au gouverneur de l'empereur, au gouvernement impérial et aux conseils une supplique détaillée.

Le eurent lieu les négociations à Ratisbonne. Katharina témoigna en faveur du prince électeur. Hornung dut se retirer sans succès. Les conseils du gouvernement impérial à Spire (ville) renvoyèrent Hornung vers les procédures juridiques au tribunal impérial.

Après avoir vainement tenté de négocier avec le prince électeur Joachim Ier et avoir envoyé plusieurs lettres d'Hornung à Katharina, Martin Luther publia le un écrit virulent et un certain nombre de lettres publiques au prince électeur Joachim Ier, et aux évêques de Brandebourg.

Martin Luther écrit un acte de 150 pages

Un acte de 150 pages, écrit par Martin Luther, que l'on trouve aujourd’hui aux archives de Hesse à Marbourg[7], fut rendu public en 1883[7].

Les archives ont mis du temps à prendre connaissance du document. Les documents collectés étaient apparemment destinés à la cour impériale[7], mais ne furent jamais utilisés, probablement en raison de la mort prématurée de Joachim I et de l'inclinaison qu’avait Joachim II, son fils, pour la doctrine luthérienne[7].

La vie dissolue de Joachim Ier Nestor de Brandebourg avec Katharina

Katharina dut accompagner le prince électeur en voyage à Wroclaw en [7]. Celui-ci devait féliciter Ferdinand Ier du Saint-Empire, le nouveau roi de Bohème, et rencontrer secrètement les princes catholiques[7].

Joachim Ier Nestor de Brandebourg eut avec Katharina trois enfants[7], Christoph, Martha et Joachim et leur donna chacun 1 000 florins. Il n'est pas connu des archives si son engagement avait été respecté et quel nom les enfants ont porté. Le prince électeur n’avait aucun égard lorsqu'il s'agissait de satisfaire ses désirs personnels. Pour lui, tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins.

Il abusa de son pouvoir dans le cas de Katharina, sans aucune autre raison que d'évincer le mari chanceux de la jeune et jolie femme qu’il souhaitait posséder. Il sut se lier à Katharina, qui avait fait forte impression sur Joachim Ier Nestor de Brandebourg lors des fêtes de la cour. Cette liaison durable, ne peut s'expliquer, que par son comportement très brutal, des menaces et, par le biais d’un serment qu’il lui fit prononcer.

Martin Luther a gagné contre le prince électeur qui perd sa princesse

Les privilèges acquis par le prince électeur avant 1527, via l'archevêque Johann II von Blankenfeld en avilissant sa sœur ne payèrent pas. Joachim Ier Nestor de Brandebourg détruisit ainsi son propre mariage.

Le [9], sa femme, la princesse Élisabeth de Danemark (1485-1555), s'enfuit chez son oncle, le duc de Saxe, avec Martin Luther.

Comme disait son aumônier Andreas Buchovius, la princesse Elisabeth ne pouvait plus supporter le caractère imprévisible de son mari. Joachim Ier Nestor de Brandebourg décède, assez jeune, le à 51 ans.

Quelques années passèrent et en 1539, toute la région du Brandebourg se convertit définitivement à la réforme et au protestantisme.

Martin Luther avait réussi et gagné contre le prince électeur Joachim Ier Nestor de Brandebourg.

Fin de vie de Katharina et de son mari

Katharina vécut assez longtemps à Berlin, mais on ne connaît pas la date exacte de son décès. On peut supposer[7] qu'elle soit morte assez jeune puisque son jeune neveu Johann III von Blankenfeld, le dernier maire von Blankenfeld de Berlin, a repris la tutelle de ses 3 enfants[7]. Quant au mari de Katharina, on ne sait pas, à ce jour, quel sort final lui a réservé le prince électeur.

La réponse se trouve très certainement dans les archives secrètes de Prusse[10].

Sources et bibliographie

Ouvrages anciens de 1530 à 1865

  • (de) Ein antwort von Katherina Hornung de Katharina Blankenfeld, Wittenberg,, Martin Luther,
  • (de) Briefe de Marthin Luther et Wilhelm de Wette Berlin, page 542-547-548,
  • (en) Luther's Lettres to women de DR Zimmermann, London, page 36-37-39,

Ouvrages récents de 1936 à 1939 et très récents de 1969 à 2009

  • (de) Sippenverband Ziering-Morinz-Allemann juillet 1936- document N°2 de Karl Fritsche, lire les pages 110 à 114 du livre
  • (de) Wie Luther Kirchenzucht übte: eine kritische Untersuchung, Page 29, de Ruth Götze,
  • (de) Die Römische Kurie und Die Reformation, 1523-1534, Page 114, de Gerhard Müller,
  • (de) Melanchthons Briefwechsel: Personen A-E de Philipp Melanchthon, Heinz Scheible, publié par Frommann-Holzboog, page 164, 165 et 401,
  • (en) Martin Luther: Ordnung u. Abgrenzung d. Reformation 1521 - 1532 de Martin Brecht, publié par Evangelische Verlagsanstalt, page 344 et 506,,
  • Les femmes dans la correspondance de Luther de Matthieu Arnold, publié par les Presses Universitaires de France, page 102 et 104,
  • (de) Luthers Seelsorge, Page 143, 155, 489 de Gerhard Ebeling,
  • (en) Luther on Women: A Sourcebook publié par Susan C. Karant-Nunn,Merry E. Wiesner-Hanks, page 226, university of Cambridge,
  • (de) Das Ehrenbuch der Fugger: Darstellung, Transkription, Kommentar, de Gregor Rohmann,
  • (de) Wir wollen der Liebe Raum geben: Konkubinate geistlicher und weltlicher, Konkubinate geistlicher und weltlicher Fürsten um 1500 ... par Andreas Tacke, Editeur Wallenstein,
  • (en) Die reformation in der Mark Brandenburg de Julius Heidemann, page 133-150-157-158-358,

Notes et références

  1. Michel Kerautrect, Histoire de la Prusse, Paris : Seuil, 2005
  2. Andréas Tacke, Wir Woller der liebe raum geben Konkubinate geistlicher und um 1500, 2006
  3. 1993- Berlin par Cyril Buffet - Fayard page 65 et page 455
  4. Les femmes dans la correspondance de Luther, Paris, P. U. F., 1998, 126 pages (Études d'Histoire et de Philosophie religieuses 78).
  5. (de) Briefe de Marthin Luther et Wilhelm de Wette Berlin, page 542-547-548, 1827
  6. Cette biographie provient en totalité du livre Sippenverband Ziering-Morinz-Allemann de juillet 1936 de Karl Fritsche, décédé en 1938. Voir les pages 110 à 114
  7. La biographie de Katharina von Blankenfeld est issue, en partie, de la traduction du livre N°2 " Sippenverband Ziering-Morinz-Allemann de juillet 1936 ", page 110 à 114, de Karl Fritsche, décédé le 28 mai 1938.
  8. 2014 Les Hohenzollern par Henry BOGDAN
  9. https://www.gsta.spk-berlin.de/franzoesisch_942.html
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