Konadu Yaadom

Konadu Yaadom, appelée également Kwadu Yaadom (vers 1750 - 1809), est la quatrième reine mère (Asantehemaa) des Ashantis, dans l'actuel Ghana. Par ses multiples mariages et son influence spirituelle, elle est une dirigeante importante et puissante au XVIIIe et au début du XIXe siècle.

Konadu Yaadom
Fonction
Reine mère
Ashantis
-
Biographie
Naissance
Vers
Décès

Biographie

Yaadom naît vers 1750[1]. Ses parents sont Mamponhene Asumgyima Penemo et Yaa Aberefi. Leur mariage a été conclu comme un arrangement politique afin que le clan de Penemo - les Bretuo - prenne le pouvoir dans la région qui était autrement contrôlée par le clan Oyoko, dont Aberefi était originaire[1]. Sa mère, Yaa Aberefi, a également été Asantehemaa[2].

Mariages

Lorsque Yaadom a environ dix ans, un mariage stratégique similaire est arrangé pour elle avec Apahene Owusu de Mampong[3]. Selon la tradition, son deuxième mari est Safo Katanka le Mamponhene[3]. Cependant, l'historien Ivor Wilks pense que ce mariage était entre Katanka et l'une des sœurs de Yaadom - dans la chronologie de ses mariages, il n'y a pas assez de temps pour qu'elle ait trois enfants de lui avant d'épouser son troisième mari[3],[4].

Selon la tradition, son troisième mariage est avec Adu Twum de Kumasi, avec qui elle a quatre enfants : Opoku Kwame ; Yaa Dufie; Akua Akrukruwaa ; Opoku Fofie[3]. Yaa Dufie est devenue Asantehemaa plus tard ; Opoku Fofie est devenu Asantehene[3]. Selon la tradition, le quatrième mari de Yaadom était Asokore-Mamponhene Owusu Ansa, avec qui elle a trois enfants : Osei Kofi ; Osei Bonsu; Osei Badu[3]. Osei Bonsu devient plus tard Asantehene[3].

Selon la tradition, le cinquième mari de Yaadom est Owusu Yaw, d'Anowo à Kumase[5]. Ils ont deux enfants : Osei Yaw, qui deviendra plus tard Asantehene et un enfant sans nom. Yaadom et ce dernier enfant sont morts des suites de complications lors de l'accouchement[3].

Reine-mère

La date à laquelle Yaadom est devenue reine-mère (Asantehemaa) est débattue. L'historienne Katherine von Hammerstein estime qu'elle a assumé ce rôle vers 1778[6]. Cependant David Owusu-Ansah date cette accession de 1770. Tous deux conviennent que Yaadom a tenu le rôle jusqu'à sa mort en 1809[6],[1].

En 1798, Yaadom dirige la déposition et le détrônement de l'Asantehene Osei Kwame, ainsi que la destitution d'autres personnalités influentes du royaume. Elle est convaincue qu'il avait empoisonné son fils, un potentiel rival[7]. En plus de l'empoisonnement supposé, l'une des raisons invoquées pour ses actions est qu'elle est opposée à la proximité d'Osei Kwame avec les musulmans de l'extérieur du royaume, et à son intention d'établir "la loi coranique comme code civil"[8]. De plus, si la conversion de Kwame à l'islam s'était poursuivie, cela aurait remis en question la pratique d'héritage matrilinéaire du peuple: au lieu d'oncle au fils de la sœur, on aurait pu passer à un modèle de père en fils[7]. Certaines sources suggèrent qu'Osei Kwame "était un croyant dans l'âme", mais que l'islam ne pourrait pas fusionner avec les structures sociales traditionnelles de l'Asante[7]. Après son détrônement, il s'est enfui à Kumasi[7].

Cet épisode conduit également à une consolidation du pouvoir de Yaadom et du rôle des Asantehemaa[3]. Selon Ivor Wilks, Yaadom a encouragé une révision des généalogies royales, supprimant toute référence à la mère biologique d'Osei Kwame, Akyaama, qui aurait pu potentiellement être une rivale de Yaadom pour le titre d'Asantehemaa[3].

Postérité

Deux dirigeantes ont pris le nom de Yaadom (avec une orthographe différente). Konadu Yaadom II était Asantehemaa de 1917 à 1944, régnant aux côtés de Prempeh I et Prempeh II[2]. Nana Konadu Yiadom III est devenue Asantehemaa en 2017[9].

Historiographie

L'Asantehemaa Konadu Yaadom est une figure importante de l'histoire d'Asante pour plusieurs raisons. Premièrement, ses mariages illustrent les structures de pouvoir concurrentes à l'œuvre dans les lignées royales des Asante. Deuxièmement, selon Ivor Wilks, son mariage avec Adu Twum a établi la "dominance des maisons d'Osei Tutu et d'Opoku Ware sur le tabouret d'or"[1]. Troisièmement, elle "a contribué à la montée d'un "centre" fort dans la politique de l'union Asante", selon David Owusu-Ansah[1]. Certaines sources se réfèrent à Yaadom comme Kwadu, plutôt que Konadu, ou Yiadom plutôt que Yaadom[5],[4].

Dans la littérature

Yaadom figure dans le roman Ama de Manu Herbstein, qui raconte l'histoire d' une jeune femme Asante victime de la traite atlantique des esclaves[10]. Elle figure également dans la suite d'Ama, qui s'appelle Brave Music of a Distant Drum[11]. Son arrière-petit-fils Kwame Poku figure dans un roman d' Arthur Japin, se déroulant lors de l'expansion néerlandaise en Afrique de l'Ouest au XIXe siècle et racontant l'histoire de deux princes Asante qui ont été présentés à la cour royale néerlandaise en 1837[12].

Notes et références

  1. (en) david owusu-ansahowusu-ansah david, Yaadom, Konadu, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-538207-5, DOI 10.1093/acref/9780195382075.001.0001, lire en ligne)
  2. (en) Louise Muller, Religion and Chieftaincy in Ghana: An Explanation of the Persistence of a Traditional Political Institution in West Africa, LIT Verlag Münster, (ISBN 978-3-643-90360-0, lire en ligne)
  3. (en) Ivor Wilks, Asante in the Nineteenth Century: The Structure and Evolution of a Political Order, CUP Archive, (ISBN 978-0-521-37994-6, lire en ligne)
  4. (en) Otumfuo Nana Agyeman Prempeh I, Prempeh I. (King of Ashanti), Prempeh I. (Ashanti King), A. Adu Boahen et Prempeh, The History of Ashanti Kings and the Whole Country Itself and Other Writings, British Academy, (ISBN 978-0-19-726261-0, lire en ligne)
  5. (en) Paul Jenkins, The Recovery of the West African Past: African Pastors and African History in the Nineteenth Century : C.C. Reindorf & Samuel Johnson : Papers from an International Seminar Held in Basel, Switzerland, 25-28th October 1995 to Celebrate the Centenary of the Publication of C.C. Reindorf's History of the Gold Coast and Asante, Basler Afrika Bibliographien, (ISBN 978-3-905141-70-2, lire en ligne)
  6. von Hammerstein, « Challenges of Cross-Cultural Dialog: The African Other in Peter Altenberg's Ashantee (1897) », Teaching Austria, vol. 1, , p. 17 (lire en ligne)
  7. (en) Ryan, « Ariadne Auf Naxos: Islam and Politics in a Religiously Pluralistic African Society », Journal of Religion in Africa, vol. 26, no 3, , p. 308–329 (ISSN 1570-0666, DOI 10.1163/157006696X00307, lire en ligne)
  8. Amoah, I. S. (2015). Spiritual leadership in new immigrant situations: Ghanaian Mainline Protestant Churches in Germany and the Netherlands. [Doctoral Thesis, 2015]
  9. (en-GB) « Asantehene introduces new Asantehemaa », Graphic Online (consulté le )
  10. (en) Manu Herbstein, Ama, a Story of the Atlantic Slave Trade, Moritz HERBSTEIN, (ISBN 978-1-5080-4080-4, lire en ligne)
  11. (en) Manu Herbstein, Brave Music of a Distant Drum, Moritz HERBSTEIN, (ISBN 978-1-5080-4499-4, lire en ligne)
  12. Platvoet, « AFRICA & ITS RELIGIONS IN FICTION », AASR-Newsletter, vol. 19, , p. 47 (lire en ligne)
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