Richard von Krafft-Ebing

Richard Freiherr von Krafft-Ebing[1], né le à Mannheim et mort le à Graz, est un psychiatre germano-autrichien qui compte parmi les tout premiers sexologues par son étude des perversions sexuelles intitulée Psychopathia Sexualis, publiée en 1886 à Stuttgart, qui popularisa les termes masochisme et sadisme, passés depuis dans le langage courant, en référence aux œuvres respectives de Leopold von Sacher-Masoch et du Marquis de Sade. Il fonda près de Graz un hôpital où il soigna l'élite européenne notamment la sœur de l'impératrice, Sophie-Charlotte en Bavière, duchesse d'Alençon.

Richard von Krafft-Ebing
Biographie
Naissance
Mannheim
Décès (à 62 ans)
Graz
Sépulture Autriche
Nationalité Allemande et autrichienne
Thématique
Formation Université de Heidelberg (jusqu'en ), Université de Zurich et université de Vienne
Profession Psychologue, psychiatre, médecin, professeur d'université (d), philosophe, écrivain ou écrivaine, neurologue (en) et auteur ou autrice
Employeur Université de Vienne (depuis ) et université de Graz (depuis )
Membre de Académie Léopoldine

Biographie

Von Krafft-Ebing est l’aîné des cinq enfants d’un haut magistrat du Grand-duché de Bade, Friedrich Karl Conrad Christophe von Krafft-Ebing.

Sa mère, Klara Antonia Carolina, est la fille du juriste Carl Joseph Anton Mittermaier.

Le titre de noblesse paternel, conféré en 1770 par l’impératrice Marie-Thérèse, est élevé au rang de baronnie par l'empereur d'Autriche François Ier en 1805.

Après des études de médecine, il se spécialise en psychiatrie et est l’élève de Wilhelm Griesinger à Zurich. Il exerce dans plusieurs institutions psychiatriques, avant de conclure que leur mode de fonctionnement ne lui permettent pas de comprendre la nature des problèmes qu’il étudie.

Il est l'un des premiers à considérer la notion de bisexualité, avec Havelock Ellis et Magnus Hirschfield comme une condition physique ou psychique introduisant des aspects masculins et féminins[2].

Il décide alors de se tourner vers l'éducation. Il enseigne à Strasbourg, Graz et Vienne où il devient expert en médecine légale. Il contribue à vulgariser la psychiatrie en donnant des conférences et des démonstrations en public du pouvoir de l’hypnose. Il ouvre, près de Graz un sanatorium réservé aux classes sociales élevées, qu'il dirige jusqu'à sa mort.


Œuvres

Krafft-Ebing écrit et publie nombre d’articles sur la psychiatrie, mais c’est son livre Psychopathia Sexualis (« Psychopathia sexualis : Étude médico-légale à l'usage des médecins et des juristes », 1886), qui reste le plus connu de ses écrits[3]. L'ouvrage, destiné à servir de manuel de référence aux médecins légistes et aux magistrats, est rédigé dans une langue universitaire et l’introduction insiste sur le choix d’un titre savant, destiné à décourager les profanes. Dans le même esprit, il rédige certains passages en latin. En dépit de ces précautions, le livre connaît un grand succès populaire. Il est maintes fois réédité et traduit. Une marque de la popularité de l'ouvrage est le fait que les éditions successives de l’ouvrage s'enrichissent de nouveaux témoignages : Krafft-Ebing recevra, plus que tout autre auteur, un nombre impressionnant de lettres à prétention autobiographique, écrites par des lecteurs s'étant « reconnus » dans les cas figurant dans les précédentes éditions[4].

L’édition française de référence est jusqu’à présent la suivante :

  • Psychopathia sexualis (Etude médico-légale à l'usage des médecins et des juristes), texte des 16e et 17e éditions allemandes, traduction française par René Lobstein, préface du Dr. Pierre Janet, Payot, 1931, réédité jusqu’en 1999, 910 pages.

L’œuvre de Krafft-Ebing comporte d’autres ouvrages, notamment :

(fr)

  • Psychopathia sexualis, Pgreco éditeur, 2011. (ISBN 8895563409)
  • Sadisme de l'homme, sadisme de la femme., Petite Bibliothèque Payot, 2011. (ISBN 2228906956)
  • Les Formes du masochisme. Psychopathologie de la vie sexuelle (I), édition établie et préfacée par André Béjin, Paris, Payot, coll. Petite bibliothèque Payot, 2010. (ISBN 2228905712)

(de)

  • Die Melancholie: Eine klinische Studie (La Mélancolie, une étude clinique), 1874 ;
  • Grundzüge der Kriminalpsychologie für Juristen (Bases de la psychologie criminelle pour les juristes), seconde édition : 1882 ;
  • Die progressive allgemeine Paralyse (La paralysie générale progressive), 1894 ;
  • Nervosität und neurasthenische Zustände (Nervosité et états neurasthéniques), 1895.

(en)

  • Psychopathia Sexualis, 1886, rééditée par Bloat Books, 1999. (ISBN 0-9650324-1-8).
    Traduite en français, préfacée par Pierre Janet et puis complétée par Albert Moll en 1928. Dans cette traduction, l'ouvrage a alors passé de 592 pages à 907.

Notes et références

  1. Freiherr signifie baron ; on doit donc comprendre Baron Richard de Krafft-Ebing.
  2. Eisner, Shiri., Bi : Notes for a Bisexual Revolution, , 352 p. (ISBN 978-1-58005-474-4 et 1-58005-474-9, OCLC 813394065, lire en ligne)
  3. Richard von Krafft-Ebing, Psychopathia sexualis, (1886), trad. 8e édition allemande (1893), É. Laurent et S. Csapo, G. Carré, Paris, 1895.
  4. En totalité, Krafft-Ebing comptabilisera 20 000 observations. cf. Harry Oosterhuis, Stepchildren of Nature, Krafft-Ebing, Psychiatry, and the Making of Sexual Identity, Chicago, University of Chicago Press, 2000. L'auteur a eu accès à la quasi-totalité des observations, non publiées pour la plupart, conservées par la famille du baron.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Harry Oosterhuis, Stepchildren of Nature, Krafft-Ebing, Psychiatry, and the Making of Sexual Identity, 2000, University of Chicago Press. (ISBN 0-226-63059-5)

Articles connexes

Psychiatres contemporains qui l'ont influencé

Liens externes

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