L'Abeille du nord
L’Abeille du nord (Северная пчела) est une gazette politico-littéraire qui fut éditée à Saint-Pétersbourg de 1825 à 1864 et paraissait au début trois fois par semaine. Elle avait une grande influence sous le règne de Nicolas Ier dans tout l'Empire russe.
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L’Abeille du nord fut fondée par Faddeï Boulgarine qui la dirigea conjointement avec Nikolaï Gretsch de 1831 à 1859. D'abord paraissant trois fois par semaine, elle devint quotidienne à partir de 1831. L’Abeille du nord, au tout début, avait une orientation libérale : Pouchkine, Kondrati Ryleïev (qui fut pendu en 1826), Fiodor Glinka, proche des décabristes, y écrivirent. Cependant après la révolte des officiers décabristes, la gazette défendit le point de vue officiel du régime impérial. Elle s'efforçait de répondre aux attentes de stabilité de la petite bourgeoisie et des classes cultivées conservatrices, plutôt de province, ou des fonctionnaires ou marchands de la capitale et des villes de province.
L’Abeille du nord prit peu à peu le monopole des nouvelles politiques, toujours favorables au régime, et ne manquait pas de critiquer les systèmes constitutionnels, comme en Angleterre ou en France. En plus des nouvelles nationales et internationales, le journal faisait paraître des extraits de récits ou des nouvelles, des feuilletons, et des gravures de mode commentées. À la suite d'un certain nombre de romantiques français, la Révolution française était considérée comme la source des maux de la modernité. Le journal tenait des positions réactionnaires dans le domaine littéraire, critiquant par exemple Nicolas Gogol, dont les romans faisaient voir « la vie humaine par la porte de l'arrière-cour », et employant parfois un langage fort rude à l'égard des écrivains soupçonnés de libéralisme. Boulgarine polémiquait avec La Gazette littéraire (Literatournaïa gazeta), parfois violemment, avec Le Télescope ou avec L'Observateur de Moscou. Son adversaire le plus résolu était Les Annales de la Patrie, dont Vissarion Belinski tenait le service de critique littéraire.
Après la guerre de Crimée et la radicalisation d'une frange de l'élite intellectuelle, le journal perdit de son influence. Oussov, nouveau rédacteur, tenta de changer le format à l'exemple des journaux étrangers et de modifier l'organisation et le contenu des rubriques. Ainsi il publia des œuvres de démocrates comme Vassili Sleptsov, Fiodor Rechetnikov et des recensions sur Nikolaï Nekrassov ou Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine, mais ces innovations ne furent pas couronnées de succès. L’Abeille du nord cessa de paraître en 1864.
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