L'Aqueduc de Marly

L'Aqueduc de Marly est un tableau d'Alfred Sisley de 1874. Acheté par Paul Durand-Ruel à Sisley deux ans plus tard, il passa dans la collection de Edward Libbey (en) qui en fit don au musée d'art de Toledo aux États-Unis où il se trouve actuellement. Peint à Louveciennes, il est reproduit sur le lieu de sa création sur un parcours du Pays des Impressionnistes[1].

L'Aqueduc de Marly
Artiste
Date
Technique
Dimensions (H × L)
54 × 81 cm
No d’inventaire
1951.371
Localisation
Commentaire
D. 133

Contexte

Environs de Louveciennes, 1872, par Sisley
Le Chemin des aqueducs par Sisley

Sisley de nationalité anglaise ne pouvait participer à la guerre franco-allemande de 1870. Au début de l'occupation prussienne, fuyant le siège de Paris, Sisley fit un premier séjour à Louveciennes à l'automne 1870, y peignant notamment Premières neiges à Louveciennes[2] représentant la rue de Voisins, près de la maison de la mère de Renoir, dans le hameau où se situe son atelier, ainsi qu'une série de tableaux représentant le haut de la côte du Cœur-Volant. Au printemps 1871[3], il revient habiter à Louveciennes, 2 rue de La Princesse. Il découvre son atelier saccagé par les Prussiens, raison pour laquelle peu de toiles antérieures à 1871 nous sont parvenues. À Louveciennes où il habita jusqu'à l'hiver 1874-75, il peignit de nombreux paysages sous la neige teintée de reflets roses, jaunes ou bleus[4].

L'aqueduc de Marly fut construit sur les plans d'Arnold de Ville[5], par Jules Hardouin-Mansart assisté de Robert de Cotte[4] sous la direction de Louvois de 1681 à 1684 pour surélever de 134 m l'eau depuis la Seine où elle était pompée par la machine de Marly, construite à la même époque[4]. Elle était ensuite acheminée jusqu'à la route de Marly, pour emprunter ensuite un parcours souterrain[5] et remplir les réservoirs des coteaux de Louveciennes qui alimentaient les bassins et fontaines de Marly et Versailles. L'aqueduc comporte 36 arches et mesure 643 m de long[6]. Composé pour le gros œuvre en moellons de meulières et pour le chaînage et les voûtes en pierre de taille, il est en légère pente d'est en ouest et bordé de deux tours massives. La tour du Levant, baptisée Tour de la Machine, culmine à 23 m au dessus du sol tandis que la tour du Couchant nommée Petite Tour, n'atteint que 12 m de haut. L'inclinaison permettait à l'eau d'atteindre les réservoirs de Louveciennes et de Marly[4]. L'aqueduc cessa de fonctionner en 1866, tandis que l'ancien bâtiment de la Machine avait été remplacé par la pompe de Dufrayer, représenté sur au moins 8 tableaux de Sisley. Le parc de Marly et l'aqueduc apparaissaient comme des ruines, en dépit du rôle stratégique de ce dernier édifice lors de la guerre de 1870, les Prussiens ayant installé une batterie d'artillerie à l’extrémité est de l'aqueduc sur la tour du Levant (à droite sur le tableau de Sisley), ce qui en accru la fréquentation touristique[5].

Sur de premières toiles de Renoir, Monet et Pissarro, l'aqueduc y est figuré enjambant les collines au loin, tel un élément du décor, rappelant le passé royal de la région[5].

Sisley peignit l'aqueduc sous trois angles distincts (D. 49, D. 133 et D. 213)[7].

En 1872, il peint une 1re fois l'aqueduc dans Environs de Louveciennes (D. 49), une toile proche de Printemps à Louveciennes (1868-1869, National Gallery, Londres) de Camille Pissarro et de la photo d'Henri Bevan de 1870 L'Aqueduc de Louveciennes[6].

Il a été suggéré que L'Aqueduc de Marly était le tableau exposé à la deuxième exposition des impressionnistes sous le titre Le Chemin des Aqueducs. La même source propose qu'alternativement Au pied de l'aqueduc de Louveciennes au Musée Oskar Reinhart « Am Römerholz » est le tableau qui fut exposé. MaryAnne Stevens (en) réfute cette hypothèse, car ce dernier tableau peint en été 1876 n'a pu être réalisé qu'après l'exposition, et suggère que Environs de Louveciennes (1872) qui appartenait également à Durand-Ruel est le tableau exposé rue Le Peletier en avril 1876[6].

Description

C’est une huile sur toile qui mesure 54 × 81 cm. Elle représente l'aqueduc de Louveciennes à une période estivale[6] ou automnale[5].

Sisley a choisi un angle radical pour peindre l'aqueduc, posant son chevalet au pied de la construction sur la route de Versailles[6], à 10 minutes de marche de sa demeure[5].

Il représente l'aqueduc vu d'en bas, avec ses arches qui fuient, sous un ciel d'un bleu intense[5], en une diagonale spectaculaire, se perdant dans les arbres à gauche de la composition[6], évoquant l'histoire passé de la construction. Un soldat isolé passe dans les ombres du soir. Il le dépeint comme s'il venait de le découvrir[5]. Le contraste entre le bleu brillant et l'ocre rosé, qu'équilibre le feuillage sombre des arbres renforcent l'impression de splendeur du bâtiment avec ses "belles arcades qui donnent à ce paysage un grand air italien"[8], de même que l'abandon qui le caractérise, aux portes d'un village animé[5].

Reproduction sur un parcours du Pays des Impressionnistes

Une reproduction du tableau grandeur réelle est exposée depuis les années 1990 près de l'endroit de sa création, le long d'un parcours du Pays des Impressionnistes[4].

Vue de Louveciennes par Camille Pissarro, 1870, National Gallery, Londres


Origine[6]

Références

  1. Le circuit Pissarro
  2. Musée des beaux-arts de Boston
  3. (Commune de Paris, Sisley se réfugie en 1871 au village de Louveciennes, 2 rue de La Princesse)
  4. Anthony Lacoudre, Ici est né l'impressionnisme: guide de randonnées en Yvelines, préface Claude Bonin-Pissarro, Éd. du Valhermeil, 2003, (ISBN 2913328415 et 9782913328419), p. 127-128, p. 148-149 et p. 157
  5. Richard Shone (en), Éditions Phaidon, (ISBN 0714894117), 2004, p. 80-81
  6. MaryAnne Stevens (en), in Sisley: Royal Academy of Arts, Londres, 3 juillet-18 octobre 1992, Musée d'Orsay, Paris, 28 octobre 1992-31 janvier 1993, Walters Art Gallery, Baltimore, 14 mars-13 juin 1993, Réunion des musées nationaux, 1992, p. 136
  7. MaryAnne Stevens, in Alfred Sisley: poète de l'impressionnisme : Lyon, musée des beaux-arts, 10 octobre 2002-6 janvier 2003, Réunion des musées nationaux, 2002, p. 55
  8. Victorien Sardou, 1867, cité in Laÿ, J et M, Louveciennes, mon village, Paris, 1989, p 46

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail des années 1870
  • Portail des Yvelines
  • Portail du Royaume-Uni
  • Portail de l’Ohio
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.