L'Orange mécanique
L’Orange mécanique (titre original : A Clockwork Orange dans l’édition originale britannique) est un roman de science-fiction d’Anthony Burgess publié en 1962 et traduit en français en 1972[1]. Burgess s’inspire d'un événement marquant de sa propre vie, sa première femme, Lynne, ayant été agressée par quatre G.I.s déserteurs en 1944[2].
Pour le film de Stanley Kubrick, voir Orange mécanique. Pour l'essai de Laurent Obertone, voir La France Orange Mécanique.
L'Orange mécanique | |
Illustration de Christopher Dombres inspirée de celle de Barry Trengrove publiée en couverture de la première édition du roman | |
Auteur | Anthony Burgess |
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Pays | Royaume-Uni |
Genre | Roman Science-fiction |
Version originale | |
Langue | anglais |
Titre | A Clockwork Orange |
Le roman a été adapté au cinéma par Stanley Kubrick en 1971 sous le titre Orange mécanique.
Résumé
L’action se déroule à Londres, dans un futur proche. Un jeune délinquant âgé de 15 ans, Alex DeLarge, part avec sa bande de drougs (amis dans l'argot du livre) Pierrot, Jo et Momo occuper sa soirée. Il torture, vole, se bat, viole... Un jour, il se fait trahir par ses droogs et il est arrêté.
En prison, on va lui faire subir le traitement Ludovico. À la suite de celui-ci, la violence et le sexe le rendent malade. Mais à sa libération, il doit faire face à ses anciennes victimes...
Signification du titre
D'après Anthony Burgess lui-même, le titre Orange Mécanique vient d'une vieille expression cockney « il est bizarre comme une orange mécanique » (« He’s as queer as a clockwork orange »)[3], c'est-à-dire très étrange ou inhabituel. En Malaisie, où Burgess a travaillé, « orang » signifie également un « être humain » et cette connotation existe dans le mot, de même que l'anagramme « organ »[3]. Le terme « orange » est d'ailleurs repris dans le vocabulaire Nadsat, dans sa signification « Homme » (voir le lexique). Le titre pourrait donc aussi signifier « L'homme Mécanique », ce qui décrirait l'état d'Alex après sa thérapie.
En effet, l'Homme est une orange parce qu'il est organique, vivant de par sa conception, son fonctionnement (il mange, il se reproduit, comme les êtres vivants). Dans une interview, Burgess expliqua que l'homme, depuis le péché originel, est pécheur, violent, anti-social mais que cela fait partie de sa nature. Cependant, il ajoute que le péché originel a été choisi par l'homme, et que cette nature violente de l'homme est donc sa propre volonté. Or, la volonté, le choix, le libre-arbitre sont des qualités, des éléments positifs. Ce choix permet à l'homme de choisir sa propre vie, de faire des erreurs mais aussi de créer du beau, l'art... L'Homme est donc caractérisé par le choix, la violence et l'amour du beau. On retrouve ces trois éléments chez Alex. C'est en cela qu'Alex est une orange. Cependant, il devient "mécanique" lorsqu'on le prive de choix, donc de la possibilité d'être violent mais également de cet amour pour le beau (il ne supporte plus la musique). Il n'est plus un homme puisqu'il n'a plus ces trois caractéristiques. Il devient "mécanique", dans l'opposition à ce qui est organique. Le mot mécanique peut également faire penser à un automate, ce qui, à la déshumanisation, ajoute le contrôle. Un automate est contrôlé par quelqu'un, il est créé pour agir d'une façon prévue, comme Alex est contrôlé par le Gouvernement pour fuir la violence. Il est donc étonnant de constater que l'Homme n'est réellement Homme que lorsqu'il est violent, mais qu'il vaut mieux être ainsi qu'être mécanique, parce qu'être mécanique c'est ne plus être Homme[4],[5],[6].
Le roman et le film portent le même titre (A Clockwork Orange) dans leurs versions originales, mais les titres français diffèrent : L’Orange mécanique pour le roman et Orange mécanique pour le film.
Argot
Un détail notable de ce livre est qu’Alex parle un méta-argot, le Nadsat, composé de russe, de manouche (le parler romani) et d’anglais. Tout au long du livre, le narrateur (Alex lui-même) n’utilisera que ce langage. À la fin du livre est annexé un lexique de ce langage.
Adaptations
Au cinéma
L’Orange mécanique a fait l’objet d’une adaptation au cinéma, dans un film réalisé par Stanley Kubrick : Orange mécanique (A Clockwork Orange), sorti sur les écrans en 1971.
À la télévision et radio
La BBC a réalisé la première adaptation filmée du roman - le premier chapitre seulement - pour l'émission Tonight, à la sortie du livre en 1962. Elle a également créé en 1998 la première adaptation sous forme de dramatique radio.
Au théâtre
Anthony Burgess a adapté lui-même son roman en une version musicale pour la scène, en 1986. Cette adaptation de l'œuvre au théâtre est une première mondiale.
En Grande-Bretagne, plusieurs troupes de théâtre ont proposé leur propre vision de l'œuvre : la première adaptation connue a été montée par John Godber au festival d'Édimbourg en 1980. En 1998, The Ensemble Theatre from the North of England filmait une interprétation très contemporaine du roman, dans laquelle les drougs sont des skinheads accomplissant leurs méfaits sur de la musique techno.
Une performance scénique, Machinations of Choice, a été présentée par la troupe de Craig Quintero à l'occasion d'un colloque sur Orange mécanique à Angers, le .
En France, Orange mécanique a été adapté au théâtre à Paris (au Cirque d'Hiver) en février 2006 par Alexandre Berdat et Nicolas Laugero Lasserre, mis en scène par Thierry Harcourt et produit par Philippe Hersent, avec Isabelle Pasco dans le rôle de la jeune femme violée, Sagamore Stévenin dans le rôle principal et le DJ Philippe Corti dans celui d'un gardien de prison et d'un clochard. Marc Cerrone a composé la musique. La pièce, annoncée comme très crue, est interdite aux moins de 16 ans en raison du caractère ultra-violent de l'œuvre.
Une adaptation théâtrale a également eu lieu à Linz, en Autriche, en 2012[7]. Elle était également interdite aux moins de 16 ans.
Distinction
Le roman est cité dans La Bibliothèque idéale de la SF (1988).
Notes et références
- Jean Pochon, Analyse de la traduction française de L’Orange mécanique : comment traduire la création lexicale ?, Maîtrise : Université de Genève, 2010, p. 40
- Anthony Burgess, A Clockwork Orange, Penguin UK, 2011, introduction de Blake Morrison, p. 17 : « his first wife, Lynne, was beaten, kicked and robbed in London by a gang of four GI deserters ».
- (en) Juice from A Clockwork Orange - Anthony Burgess, Rolling Stone, 8 juin 1972
- https://www.youtube.com/watch?v=JH3IZSM7J2U Interview d'Anthony Burgess
- http://www.malcolmtribute.freeiz.com/aco/review.html Script de l'interview d'Anthony Burgess
- L'Orange Mécanique, Anthony Burgess ; Partie 3, Chapitre 5
- (de) A Clockwork Orange : Stückinfo - Landestheater Linz
Liens externes
- Les différences entre le livre et le film (34 différences répertoriées)
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