Eau dans le monde

La maîtrise des approvisionnements en eau est un facteur de conflits. Depuis longtemps, les hommes ont su tirer profit des ressources en eau en s'installant près des grands fleuves, des lacs et des littoraux. En utilisant les fleuves pour se déplacer, et en créant des aménagements pour capter l'eau.

Grandes chutes d'eau

Au Moyen-Orient, les régions du Croissant Fertile allant de l'Égypte en Mésopotamie bénéficient de l'eau apportée par trois grands fleuves : le Tigre, l'Euphrate et le Nil. Ces fleuves ont été le berceau des grandes civilisations du Proche et du Moyen-Orient. En Asie du Sud-Est, la civilisation d'Angkor s'est elle aussi développée autour de la maîtrise de l'eau.

Une ressource abondante sur Terre mais inégalement accessible

La Terre est appelée « la planète bleue » car l'eau recouvre 71 % de sa surface. La surface des mers et des océans est donc plus importante que celle des terres émergées. Mais l'eau douce, n'en recouvre qu'une partie infime. En effet, l'eau de mer constitue 97,5 % de l'eau mondiale. Ne laissant ainsi qu'une petite quantité d'eau douce répartie de la manière suivante :

Les hommes puisent l'eau douce dans les nappes phréatiques, les nappes fossiles, et dans les eaux de surface.

Une ressource inégalement répartie

Les ressources hydriques sont mal réparties entre les pays, les régions et les hommes. Certaines régions subissent un stress hydrique : une situation critique caractérisée par une indisponibilité en eau, ça implique une pénurie.

Les zones froides sont faiblement peuplées alors qu'elles disposent de beaucoup d'eau. Les régions arides sont au contraire très peuplées et ne disposent que d'une très petite quantité d'eau.

Cinq pays disposent de la moitié des ressources mondiales en eau : la Russie, la Chine, le Canada, l'Indonésie et les États-Unis.

Ainsi, au nord les besoins en eau sont largement satisfaits, la population surconsomme et gaspille l'eau. Alors qu'au sud 1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à une eau potable à cause de l'aridité et faute d'infrastructures suffisantes.

Les usages variés et les aménagements pour capter l'eau

L'agriculture absorbe plus de 70 % de l'eau consommée dans le monde. L'industrie elle en utilise 20 % et seulement 10 % de l'eau nous sert à boire, cuisiner, nous laver, etc. L'ONU estime que chaque personne a besoin de 20 à 50 litres d'eau par jour pour satisfaire ses besoins. Certaines productions sont plus gourmandes en eau que d'autres :

  • 1 kilogramme de pommes consomme 500 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de blé consomme 1 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de poules consomme 1 200 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de lait consomme 2 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de sucre consomme 3 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de riz consomme 4 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de fromage consomme 5 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de tee-shirt en coton consomme 7 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de thé consomme 9 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de bœuf consomme 12 000 litres d'eau.
  • 1 kilogramme de café consomme 20 000 litres d'eau.

La consommation mondiale d'eau a doublé en 40 ans. De ce fait, la croissance de la population mondiale et celle des activités poussent les hommes et les États à aménager les espaces. Fournir régulièrement de l'eau exige des aménagements coûteux pour :

  • Capter l'eau.
  • Traiter l'eau.
  • Transporter l'eau.
  • La redistribuer aux consommateurs.

Les risques environnementaux et politiques

En plus des risques de pénurie, l'humanité est confrontée à un autre problème; la qualité de l'eau se dégrade. Ce qui entraîne des risques sanitaires pour les populations, même dans les pays développés. Dans les pays en développement (la Chine et l'Inde), l'eau est polluée par les rejets industriels dans les fleuves et par les produits chimiques utilisés par l'agriculture qui s'infiltrent dans le sol jusqu'aux nappes phréatiques. En Europe, en Amérique du nord et en Asie, la moitié des lacs et des rivières sont pollués par les algues qui empoisonnent les milieux naturels.

Dans les pays du Sud, les installations d'assainissement manquent. La population doit utiliser une eau qui n'est pas saine. 4 maladies sur 5, et un décès sur 3 sont dus à des eaux contaminées. Les maladies transmises par l'eau tuent chaque jour plus de 15 000 personnes dans le monde à cause de la diarrhées, du choléra ou de la typhoïde. Ainsi que 5 millions de personnes par an, dont la moitié sont des enfants.

L'eau est devenue un bien rare, ce qui entraîne des rivalités entre les États. Mais aussi entre différents usagers et régions d'un même pays. En Espagne par exemple, les régions du nord ne manquent pas d'eau, tandis que les régions du sud sont déficitaires à cause du climat aride et des agricultures irriguées dans les serres.

Les tensions entre les États

Dans le monde, les tensions augmentent entre les pays qui se partagent une ressource d'eau. Exemples :

  • La Turquie, la Syrie et l'Irak se partagent l'eau d'un même fleuve, l'Euphrate. Celui-ci prend source en Turquie et débouche en Irak. De grands aménagements hydrauliques ont lieu en amont pas très loin de la frontière avec la Syrie : Le GAP grand projet anatolien (Projet d'Anatolie du Sud-Est) entre autres celui du Birecik, qui constitue un grand barrage avec un lac de retenue. Lors de la constitution des barrages dans le cadre du GAP, les pays se trouvant en aval de ces deux fleuves subiront une perte de 70 % du débit naturel de l'Euphrate et une perte de 50 % de celui du Tigre. Cette situation crée des tensions entre les pays en amont et ceux en aval particulièrement entre la Turquie et la Syrie. Cette situation touche aux affaires politiques les plus sensibles. Plus de 15 milliards de mètres cubes d'eau de l'Euphrate passent à travers les frontières, cette quantité d'eau est ensuite partagée entre la Syrie et l'Irak, celui-ci en prend 58 %, alors que la Syrie 42 %. Le barrage de Birecik assure aux paysans anatoliens très pauvres un accroissement de leurs produits de blé (104 %), de coton (390 %) et de tomates (500 %). Ces retombées économiques permettent la création de plusieurs emplois et font augmenter le niveau de vie des habitants en attirant les investissements dans le tourisme.
  • Plusieurs pays se disputent les eaux du Mékong.
  • Éthiopie, Soudan et Égypte sont en conflit pour l'eau du Nil et ses affluents.
  • Israël et ses voisins se disputent les eaux du Jourdain, du Golan et des nappes aquifères profondes.

L'eau est devenue un enjeu géopolitique, les États cherchent à contrôler les ressources hydriques, ce qui entraîne des tensions internationales pouvant déclencher des « guerres de l'eau ».

Voir aussi

Bibliographie

  • David Blanchon, Atlas mondial de l'eau, Autrement, 2017
  • David Blanchon, Géopolitique de l'eau, Entre conflits et coopération, le Cavalier bleu, 2019
  • David Blanchon, L'accès à l'eau en Afrique, Presses de l'université de Nanterre, 2019
  • Pascal Le Pautremat, Géopolitique de l'eau, L'« Or bleu » et ses enjeux, entre prospectives, crises et tensions, L'Esprit du temps, 2020, 216 p.

Articles connexes

Liens externes

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