La Danse (Carpeaux)

La Danse est un groupe en haut-relief en pierre réalisé par Jean-Baptiste Carpeaux en 1869 dans le cadre d'une commande de quatre œuvres destinées à orner la façade de l'opéra Garnier à Paris.

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La Danse
Jean-Baptiste Carpeaux, La Danse (1869), Paris, musée d'Orsay. Le groupe original.
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Historique

Trois ans après avoir remporté à la surprise générale le chantier de l'Opéra, qui aujourd'hui porte son nom, Charles Garnier proposa à son ancien camarade de la Petite-École, et désormais prix de Rome, la réalisation de l'une des quatre sculptures de la façade de l'édifice[1], soit de gauche à droite :

Carpeaux en fait de nombreuses esquisses durant trois années, prenant pour modèles les danseuses et actrices du Palais Royal. Le modèle définitif date de 1868 et la taille en pierre de l'Échaillon est achevée une année plus tard[2].

Indécis quant au sexe du Génie de la Danse, figure centrale du groupe, Carpeaux emprunta à Sébastien Visat (1837-1914), menuisier, son corps, et à la princesse Hélène von Dönniges Racowitza (1843-1911), son sourire[3].

Réception critique

La Danse, Paris, façade de l'opéra Garnier. Copie d'après Carpeaux (1963).

Le groupe de La Danse est constitué d'un jeune homme souriant dressé debout jouant du tambourin et de plusieurs bacchantes tournant et dansant nues autour de lui[1].

Découverte au public le , le groupe provoqua tout de suite le scandale[1], principalement en raison de la nudité des personnages et du traitement réaliste de la composition. Un passionné d'opéra témoigna : « J'ai une femme et des filles passionnées de musique et qui vont souvent à l'Opéra. Cela leur sera impossible désormais, car jamais je ne consentirai à les mener dans un monument dont l'enseigne est celle d'un mauvais lieu »[4].

Dans la nuit du 26 au , une main anonyme lança un encrier rempli d'encre noire sur le groupe, dont l'original porte la trace, même si une solution a été trouvée par un chimiste pour redonner à la pierre sa blancheur, en grande partie[1].

L'opinion publique, par voie de presse et diverses pétitions, demanda le retrait de l'œuvre[1]. Garnier proposa de déplacer la statue et de l'installer au foyer de la danse, mais les demoiselles du corps de ballet s'y opposèrent en signant elles aussi une pétition. Napoléon III était sur le point d'accepter en faisant commander une nouvelle sculpture à Gumery, mais la guerre de 1870 sauva l'œuvre[1].

La copie (1963)

Afin de le protéger de la pollution atmosphérique, le groupe original est transféré au musée du Louvre en 1964[2] , puis au musée d'Orsay[1] en 1986. Une copie réalisée en 1963 par le sculpteur Jean Juge (1898-1968)[5], commanditée par l'atelier de Paul Belmondo, se trouve à sa place sur la façade du palais Garnier.

Notes et références

  1. Magali Lesauvage, « La Danse de Carpeaux : histoire d’un scandale », Beaux Arts Magazine, (lire en ligne)
  2. Wassili Joseph, « La Danse », Dossier de l'art, n°220, juillet-août 2014, p. 50-53.
  3. Pierre Hebey, Les Passions modérées, Gallimard, 1995.
  4. J. L. Ferrier, S. Monneret, L'Aventure de l'Art au XIXe siècle, p. 635.
  5. « Un sculpteur, une œuvre : Jean Juge », sur blog (consulté le ) (Note : cette source ne mentionne pas ce travail, ni une collaboration avec l'atelier Belmondo).

Annexes

Bibliographie

  • (de) Anne Middleton Wagner (trad. Friedrich Gross), Jean-Baptiste Carpeaux, der Tanz : Kunst, Sexualität und Politik, Francfort-sur-le-Main, Fischer Taschenbuch, coll. « kunststück », , 107 p. (ISBN 3-596-23961-3).
  • Philippe Krief, Paris Rive Droite, Paris, Massin, coll. « Petites histoires et grands secrets », , 213 p. (ISBN 978-2-7072-0488-2).
  • Romi, Histoire des faits divers, Paris, Éditions du Pont-Royal, .

Liens externes

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