La Nonne sanglante
La Nonne sanglante est un opéra en cinq actes de Charles Gounod, livret de Eugène Scribe et Germain Delavigne, créé à Paris à la salle Le Peletier le . Onze représentations eurent lieu entre octobre et . L'Opéra de Paris traversait une période de crise et l'accueil mitigé que reçut l'œuvre contribua au limogeage de son directeur Nestor Roqueplan, qui fut alors remplacé par son adversaire, François-Louis Crosnier. Celui-ci fit immédiatement cesser les représentations de La Nonne sanglante, estimant que "pareilles ordures" ne seraient plus tolérées[1].
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Genre | Opéra |
---|---|
Nbre d'actes | 5 |
Musique | Charles Gounod |
Livret |
Eugène Scribe Germain Delavigne |
Langue originale |
français |
Dates de composition |
de 1852 à 1854 |
Création |
salle Le Peletier, Paris |
Versions successives
- 1854 : Création à Paris
Personnages
Le comte Ludorf, son fils Rodolphe, le baron Moldaw, Pierre l'Ermite Agnès, Arthur, serviteur de Rodolphe, la nonne sanglante
Aux origines de l’œuvre
L’adaptation à l’opéra du thème de La Nonne sanglante a été envisagée par plusieurs compositeurs, dont Giuseppe Verdi et Hector Berlioz, qui abandonna le projet ébauché entre 1841 et 1847[2].
Eugène Scribe sollicita plusieurs compositeurs ensuite avant de convaincre Charles Gounod, qui n'avait jusqu'alors composé qu'un seul opéra: Sapho
Argument
L’argument de La Nonne sanglante provient d’une légende allemande du Moyen Âge. Le livret s’inspire librement des versions qu’en ont données Matthew Gregory Lewis dans Le Moine (1796) et Charles Nodier ou Eugène Scribe au XIXe siècle.
Acte I
Au XIe siècle en Bohême, un conflit héréditaire oppose les familles Moldaw et Luddorf. L'union étant nécessaire dans la perspective d'un départ aux croisades, l'ermite Pierre obtient des deux seigneurs qu'ils s’allient par le mariage de leurs enfants : Théobald de Luddorf épousera Agnès de Moldaw. Les seigneurs et leurs suites entrent célébrer le projet dans le château de Moldaw. Or Agnès et Rodolphe, le cadet des Luddorf, s'aiment. Ils profiteront de l'apparition rituelle du fantôme de la Nonne sanglante, pour s'enfuir. Rodolphe tenant tête à son père, il est chassé du château.
Acte II
Au cœur de la nuit, tandis que son page Arthur prépare sa fuite, Rodolphe guette Agnès. À la femme voilée qui descend l’escalier, il jure une fidélité éternelle avant de l’emmener dans le château abandonné de ses ancêtres. Or à leur arrivée, les ruines se raniment, un riche banquet apparaît, les fantômes des aïeux prennent place à table : la femme voilée n’est autre que la Nonne sanglante qui entend à présent épouser Rodolphe.
Acte III
Rodolphe a trouvé refuge chez des paysans mais reste hanté, chaque soir à minuit, par la Nonne sanglante qui réclame son dû. Le page Arthur vient lui annoncer que son frère aîné est mort au combat. Rodolphe pourrait maintenant épouser Agnès, n’était le serment qui le lie au fantôme. Or la malédiction de la Nonne ne sera levée qu’à la mort du meurtrier dont elle fut la victime. Il s’engage à le tuer lorsqu’elle le lui désignera.
Acte IV
Sur le point d’épouser Agnès, en pleine fête nuptiale, Rodolphe voit paraître la Nonne sanglante, invisible aux yeux des autres. Elle lui désigne son propre père, le comte de Luddorf. Epouvanté, Rodolphe quitte la cérémonie, ce qui ranime l’animosité des Moldaw à l’égard des Luddorf : le mariage est suspendu, la vieille querelle renaît.
Acte V
Près de la tombe de la Nonne sanglante, le comte de Luddorf bourrelé de remords est prêt à payer de ses crimes pour sauver son fils. Il surprend un projet de guet-apens des Moldaw à l’égard de Rodolphe, puis entend la confession de Rodolphe à Agnès : maudit par la Nonne, incapable de tuer son père, il veut s’exiler à jamais. Emu, le père se jette dans le piège tendu à son fils. Frappé à mort, il meurt sur la tombe de la Nonne qui implore pour elle et pour lui la clémence de Dieu, et délivre enfin Rodolphe de ses vœux.
Création
Distribution
Rôle | Tessiture | Distribution lors de la première, le (Chef d'orchestre: - ) |
---|---|---|
Le comte Ludorf | basse | Jean-Baptiste Merly |
Le baron Moldaw | basse | Jacques-Alfred Guignot |
L'ermite Pierre | basse | Jean Depassio |
Rodolphe, fils de Ludorf | ténor | Louis Guéymard |
Agnès, fille de Moldaw | soprano | Anne Poinsot |
La nonne sanglante | mezzo-soprano | Palmyre Wertheimber |
Arthur, serviteur de Rodolphe | soprano | Marie-Dussy |
Vassaux, soldats, invités au mariage, paysans, chevaliers, fantômes |
Costumes
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Composition de l'orchestre
- Instruments à vent en bois: petite flûte, deux flûtes, deux hautbois (également cor anglais), deux clarinettes, clarinettes basses, deux bassons
- Instruments à vent en cuivre : quatre cors, quatre trompettes, trois trombones, ophicléide
- Timbales, instruments de percussion: grosse caisse, caisse claire, tambourin, triangle, tam-tam, cloche
- deux harpes
- Instruments à cordes
- Sur scène: trompette, cloche
Principales représentations dans le monde
- : création par l’opéra de Paris à la salle Le Peletier
- 2008 : Theater Osnabrück (en)
- 2018 : Opéra Comique de Paris[3]
Discographie sélective
CPO Osnabrücker Symphonieorchester Direction Hermann Bäumer-Marco Vassali-Genadius Bergorulko-Yoonki Baek-Natalia Atmanchuk-Iris Marie Kotzian-Frank Färber-Eva Schneidereit. 2008.
Michael Spyres (Rodolphe), Vannina Santoni (Agnès), Marion Lebègue (la Nonne), Jérôme Boutillier (Le Comte), Jodie Devos (Arthur), Jean Teitgen (Pierre Lermite), Luc Bertin-Hugault (Le Baron), Enguerrand De Hys (Fritz), Accentus, Insulaire Orchestra, Dir. Laurance Equilbey, mise en scène : David Bobée. DVD Naxos 2019.
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Dossier établi par Yonel Buldrini, Forum Opéra, janvier 2008
- Site sur Charles Gounod
Notes et références
- Andrew Gann, 'Théophile Gautier, Charles Gounod, and the massacre of La Nonne sanglante, Journal of Musicological Research 13, no. 1-2 (1993), 49-66. Voir aussi Anne Williams article La Nonne sanglante : Stephen Huebner, The Operas of Charles Gounod (Clarendon Press, Oxford 1990)
- « J’écris une grande partition en quatre actes sur un livret de Scribe intitulé La Nonne sanglante. Il s’agit de l’épisode du Moine de Lewis, que vous connaissez ; je crois que cette fois, on ne me plaindra pas du défaut d’intérêt de la pièce… » Berlioz, Lettre du 3 octobre 1841 Hervé Lussiez, « Berlioz. Les opéras avortés », sur ForumOpéra.com (consulté le )
- « La Nonne sanglante », Opéra Comique, (lire en ligne, consulté le )
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