Ladin

Le ladin (autonyme : ladin ; en italien : ladino) est une langue romane du groupe rhéto-roman. Proche du romanche et du frioulan, le ladin est la langue maternelle d'environ 30 000 locuteurs dans le nord-est de l'Italie (région des Dolomites, pour l'essentiel dans le Frioul, le Trentin-Haut-Adige et en Vénétie). C'est donc l'une des langues les plus rares d'Europe, au même titre que le féroïen et le same.

Pour les articles homonymes, voir Ladino.

Ladin
Ladin
Pays Italie
Région Trentin-Haut-Adige, Vénétie, Frioul
Nombre de locuteurs 31 000 (2013)[1].
Typologie SVO, flexionnelle, accusative, syllabique, à accent d'intensité
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Trentin-Haut-Adige (localement, dans les communes officiellement reconnues ladinophones)
Codes de langue
IETF lld
ISO 639-3 lld
Étendue langue individuelle
Type langue vivante

Les Ladins appartiennent aux minorités linguistiques reconnues par l'Union européenne et jouissent donc des dispositions de protection des minorités linguistiques, notamment celles prévues par la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992, particulièrement en ce qui concerne l'emploi de leur langue dans les écoles, les administrations, la justice et les médias.

La plupart des locuteurs du ladin maîtrisent aussi l'allemand et l'italien.

Présentation

Le ladin est une langue romane dont le nom est dérivé du latin latinus[2],[3]. Cette langue est issue du latin populaire et de la langue primitive rhétique, au temps de la conquête des Alpes par les Romains (Ier siècle av. J.-C.)[4].

Elle est parlée dans certaines régions de la Suisse, de l'Autriche et de l'Italie[3]. En Italie, le ladin est fréquent dans les Dolomites. En Suisse, on emploie parfois le terme « ladin » pour désigner les parlers orientaux du romanche (dans la vallée de l'Engadine)[2].

Les Ladins représentent moins de 5 % de la population du Sud-Tyrol, et sont ainsi le plus petit groupe linguistique même si la langue en soi est la plus ancienne[4].

Domaine

Région où le ladin est parlé.

Le domaine linguistique du ladin est partagé entre quatre régions administratives, et les vallées alpines expliquent son morcellement. Il est parlé :

Statut

Répartition des Ladins par commune en 2011 dans les provinces du Sud-Tyrol et de Trente.

Le ladin est légalement reconnu dans les vallées orientales où il est parlé et les communes dont il est le langage habituel pour l'administration et l'école. Au niveau de sa pratique, par exemple dans la station alpine renommée de Cortina d'Ampezzo, 40 % de la population parle ladin[5].

Pour garantir une distribution équilibrée des emplois dans l'administration publique, il y a un système appelé « proportionnalité ethnique » (italien proporzionale etnica, allemand ethnischer Proporz, ladin proporzion etnica). Lors du recensement décennal de la population, chaque citoyen doit déclarer son appartenance à un groupe linguistique : italien, allemand ou ladin.

La signalisation est presque entièrement bilingue ou parfois trilingue malgré la volonté du gouvernement provincial de Bolzano de privilégier la version allemande dans ce qu'elle gère directement. Dans les stations des chemins de fer gérées directement par la province, il y a quelquefois seulement la signalisation en allemand et le ladin n'est pas présent.

Au niveau des noms de communes qui toutes se trouvent dans la région autonome du Trentin-Haut-Adige :

  • dans la province autonome de Bolzano, on note que dans l'aire ladine (ladinia (en)) les communes avec une majorité de locuteurs de ladin ont eu leur nom toutefois germanisé, en plus de l'italianisation officielle. Par exemple (nom ladin puis nom italien et allemand) : Sëlva (italien Selva di Val Gardena, allemand Wolkenstein in Gröden), Badia (italien reprenant le ladin Badia, allemand Abtei), Corvara (italien et allemand reprenant le ladin Corvara in Badia, Kurfar), Urtijëi (italien reprenant le ladin Ortisei, allemand Sankt Ulrich), Maréo (italien Marebbe, allemand Enneberg) ;
  • dans la province autonome de Trente, les communes avec une majorité de locuteurs de ladin ont leur nom seulement italianisé. Par exemple : Cianacei (italien reprenant le ladin Canazei), Vich (italien reprenant le ladin Vigo di Fassa), Poza (italien reprenant le ladin Pozza di Fassa).

Dans le reste de la province de Trente, bien qu'étant des variétés ladines occidentales, le nones et le solandro, au même titre que le fassano du Val di Fassa, ne sont pas considérées à l'échelle provinciale sur un pied d'égalité avec les autres minorités linguistiques historiques. Depuis plusieurs années, les ladinophones du Val di Non et du Val di Sole demandent avec une insistance croissante une reconnaissance officielle du ladin[6].

Dans la région autonome du Frioul-Vénétie Julienne, ce droit des minorités ladinophones n'est pas reconnu.

Histoire

Le mot « ladin » est dérivé du latin latinus[2],[3]. Le ladin est un reliquat de la langue romane qui était autrefois parlée de façon beaucoup plus étendue dans cette région alpine.

Tout le monde n'est pas d'accord sur le fait que cette langue rhéto-romane était unifiée, ou non : c'est la Questione Ladina (it). Depuis le VIe siècle, les Bavarois sont arrivés du nord et ont pénétré profondément dans le domaine linguistique rhéto-roman, où leur langue s'est substituée au parler antérieur. C'est seulement dans les vallées les plus reculées et les plus isolées que le ladin a pu se maintenir. Avec l'unification italienne, les territoires où étaient parlés les dialectes ladins passèrent de l'autorité autrichienne à celle de l'Italie. Les mouvements nationalistes italiens du XIXe siècle et du XXe siècle ont toujours considéré les dialectes ladins comme des dialectes italiens, ce que réfute la minorité ethnique (les Ladins) qui les parle et qui défend obstinément son identité culturelle. C'est seulement lorsque l'autonomie administrative du Tyrol du Sud fut reconnue que les ladinophones ont vu leurs droits reconnus en tant que minorité culturelle.

En 1988, les instituts culturels ladins « Micurá de Rü (en) » et « Majon di Fascegn (nds) » chargèrent le professeur zurichois Heinrich Schmidt de leur élaborer une langue écrite commune. C'est seulement en 1998 que parut finalement la directive longtemps attendue concernant la création d'une langue écrite commune au ladin des Dolomites.

Différents dialectes

Inscription trilingue ladin-allemand-italien.

Le ladin comprend aujourd'hui trois aires linguistiques, à cheval sur deux régions dont quatre provinces :

Seules certaines zones (noms en gras ci-dessus) ont leurs dialectes reconnus politiquement comme de langue ladine.

Exemples

Quelques mots ladins traduits en français[2] :

bun dé ! bonjour !
a s‘odëi ! aroeder ! au revoir !
(bel) dilan ! merci (bien) !
franzesc français
todësch allemand
talian italien


Liste de nombres en ladin[7] :

  • 1 – un
  • 2 – doi
  • 3 – trei
  • 4 – cater
  • 5 – cinch
  • 6 – sies
  • 7 – set
  • 8 – ot
  • 9 – nuef
  • 10 – diesc
  • 11 – undesc
  • 12 – dodesc
  • 13 – tredesc
  • 14 – catordesc
  • 15 – chindesc
  • 16 – seidesc
  • 17 – dejesset
  • 18 – dejedot
  • 19 – dejenuef
  • 20 – vint
  • 30 – trenta
  • 40 – caranta
  • 50 – cincanta
  • 60 – sessanta
  • 70 – setanta
  • 80 – otanta
  • 90 – nonanta
  • 100 – cent
  • 1 000 – mile
  • un million – un milion
  • un milliard – un miliard

Personnalités connues parlant le ladin

Notes et références

  1. Ladin sur Ethnologue.
  2. « ladin », dans Wiktionnaire, (lire en ligne).
  3. « LADIN : Définition de LADIN », sur www.cnrtl.fr (consulté le ).
  4. « Langues du Sud-Tyrol : l’allemand, l’italien et le ladin », sur www.suedtirol.info (consulté le ).
  5. Dell'Aqulia / Iannàccaro 2006.
  6. « Province autonome du Trentin », sur tlfq.ulaval.ca.
  7. Alexis Ulrich, « Nombres en ladin », sur Des langues et des nombres (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des langues
  • Portail de l’Italie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.