Latrodectus geometricus
Latrodectus geometricus (nom vernaculaire : veuve brune) est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Theridiidae[1].
- Theridium zickzack Karsch, 1878
- Chacoca distincta Badcock, 1932
Distribution
Cette espèce est cosmopolite[1]. Certains chercheurs pensent qu'elle est originaire d'Afrique du Sud[2] bien que des spécimens aient été découverts ailleurs en Afrique et en Amérique du Sud[3]. On la trouve généralement autour des bâtiments dans les zones tropicales où elle peut rivaliser avec les populations de veuve noire[4].
Elle est présente dans de nombreuses régions d'Afrique du Sud, aux États-Unis y compris à Hawaï[3],[2],[5], en Australie[3], au Japon[6], en République dominicaine[7] ou encore à Chypre[3].
En 2012, des chercheurs de l'Université de Californie à Riverside suggèrent que la veuve brune, nouvellement établie dans le sud de la Californie, pourrait remplacer les veuves noires de la région en entrant en compétition pour l'occupation de leur territoire[8],[9] Ainsi, la veuve brune est susceptible d’être plus hostile et agressive que la veuve noire ; toutefois, le remplacement de la population de veuves noires par des veuves brunes rendrait les zones occupées moins dangereuses pour l'homme car Latrodectus geometricus injecte moins de venin que ne le ferait une veuve noire[9].
Description
Latrodectus geometricus est légèrement plus petit et généralement de couleur plus claire que la veuve noire[5]. Le mâle décrit par Levi en 1967 mesure 4 mm et la femelle 10 mm[10].
Sa couleur varie du brun foncé au noir avec parfois des nuances de gris. Comme la veuve noire des États-Unis, L. geometricus présente une importante marque en forme de sablier sur la face inférieure de son abdomen, cependant, celui de la veuve brune est généralement orange vif ou jaunâtre. Contrairement à la veuve noire, L. geometricus présente un motif géométrique noir et blanc sur le côté dorsal de son abdomen qui est à l'origine de sa dénomination latine. Néanmoins, la couleur de l'araignée peut s'assombrir avec le temps et le motif s'obscurcir. L. geometricus possèdent des rayures sur les pattes.
Les veuves brunes sont souvent la proie des guêpes fouisseuses. Elles peuvent être localisées grâce au repérage de leurs sacs d'œufs facilement identifiables avec des saillies pointues, touffues, pelucheuses ou piquantes[5]. Les œufs éclosent au bout de vingt jours environ[11]. Les femelles pondent de 120 à 150 œufs par sac et peuvent en fabriquer une vingtaine au cours de leur vie, soit environ deux ans[12].
Latrodectus rhodesiensis est une espèce proche, de couleur brune, originaire du Zimbabwe.
Reproduction
Une étude parue en mars 2018 dans la revue Animal Behaviour, menée par une équipe de scientifiques basée en Israël et composée de Shevy Waner et Uzi Motro de l'Université hébraïque de Jérusalem, Yael Lubin de l'Université Ben Gourion du Néguev et Ally R. Harari du Centre de recherche Volcani, montre que les mâles préfèrent se reproduire avec des femelles matures, choisissant même les plus âgées d'entre elles et sont prêts à dépenser plus d'énergie que s'ils tentaient de séduire des femelles subadultes (capables de se reproduire et d'avoir une descendance viable bien qu'encore juvéniles) ou des femelles matures moins âgées[13],[14],[15],[16],[17].
Cette orientation sexuelle laisse l'équipe scientifique de Shevy Waner perplexe pour plusieurs raisons. En effet, les femelles âgées sont bien moins fécondes que toutes les autres et, contrairement aux subadultes, cherchent à dévorer les mâles après la copulation[13],[14],[16],[17].
Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer le comportement « paradoxal » des mâles. Ils réussiraient mieux à obstruer le conduit génital des femelles les plus matures, ce qui les rend indisponibles pour les autres mâles[13]. Les femelles âgées émettraient des phéromones sexuelles plus puissantes, compensant par la chimie ce qui leur manque en fécondité[13],[14],[16],[17].
Shevy Waner précise : « Nous avons démontré que malgré un coût énergétique plus élevé, un succès reproducteur plus faible et par-dessus tout un plus grand risque de cannibalisme sexuel, les mâles Latrodectus geometricus préfèrent se reproduire avec les femelles âgées plutôt qu'avec les subadultes. Bien que nous ayons suggéré quelques explications possibles, l'énigme n'a pour le moment pas été résolue[13],[16]. »
Latrodectisme
Comme toutes les espèces de Latrodectus, L. geometricus a un venin neurotoxique qui agit sur les terminaisons nerveuses et provoque les symptômes très désagréables du latrodectisme. Cependant, les morsures de veuve brune ne sont généralement pas très dangereuses, et beaucoup moins que celles de Latrodectus mactans, la veuve noire[4].
Les effets de la toxine se limitent généralement à la région de la morsure et aux tissus environnants contrairement à ceux de la veuve noire[5]. La toxicité du venin n'est pas le seul facteur de dangerosité ; les morsures de veuve brunes sont mineures par rapport à celles des veuves noires car elles ne délivrent pas la même quantité de venin que la veuve noire[3].
La DL50 du venin de L. geometricus chez la souris est de 0,43 mg/kg[18] et séparément à 0,43 mg/kg (avec un intervalle de confiance à 95 % de 0,31–0,53)[19].
Publication originale
- (de) C. L. Koch, Die Arachniden : Getreu nach der Natur abgebildet und beschrieben, Nürnberg, , 8e éd. (lire en ligne)
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Latrodectus geometricus » (voir la liste des auteurs).
- WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- (en) Mark Reagan, « It's officially confirmed: There's a new spider in southwest Kansas » (version du 25 mars 2012 sur l'Internet Archive), sur Dodge City Daily Globe, .
- (en) Richard S. Vetter, « The brown widow spider, Latrodectus geometricus », Department of Entomology, Center for Invasive Species Research, University of California, Riverside, (consulté le ).
- (en) Eryn Brown, « Brown widow spiders 'taking over' in Southern California », Science Now, sur Los Angeles Times, (consulté le ).
- (en) Fred Santana, « Brown Widow Spiders », Sarasota County, Florida, Institute of Food and Agricultural Sciences, University of Florida, (consulté le ).
- H Ono, « Records of Latrodectus geometricus (Araneae: Theridiidae) from Japan », Acta Arachnologica, vol. 44, no 2, , p. 167–170 (DOI 10.2476/asjaa.44.167, lire en ligne)« Records of Latrodectus geometricus (Araneae: Theridiidae) from Japan »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), .
- (es) « Hallan araña Viuda Marrón en Salinas de Baní », sur El Nacional, (consulté le ).
- (en) « Are Brown Widow Spiders Displacing Black Widows? ».
- Richard S. Vetter, Leonard S. Vincent, Douglas W.R. Danielsen, Kathryn I. Reinker et Daniel E. Clarke, « The Prevalence Of Brown Widow And Black Widow Spiders In Urban Southern California », Journal of Medical Entomology, vol. 49, no 4, , p. 947–51 (PMID 22897057, DOI 10.1603/me11285).
- Levi, 1967 : Cosmopolitan and pantropical species of theridiid spiders (Araneae: Theridiidae). Pacific Insects, vol. 9, p. 175-186 (texte intégral).
- (en) J A Jackman, le 22 janvier 2019 « Spiders » (version du 22 août 2007 sur l'Internet Archive), Texas Agricultural Extension Service, .
- (en) Chris Murphy, « Welcome to your nightmares: Meet the spider so tough it eats SNAKES for breakfast », sur Daily Mail, (consulté le ).
- Anne-Sophie Tassart, « Certains mâles araignées préfèrent les femelles cannibales et peu fertiles », sur sciencesetavenir.fr, (consulté le ).
- Patricia Edmonds et Katie Watkins, « Il l'aime mûre, elle n'en fait qu'une bouchée », National Geographic, no 232, , p. 37.
- (en) Jasmin Fox-Skelly, « Daft male spiders prefer females who are more likely to eat them », sur newscientist.com, (consulté le ).
- (en) Shevy Waner, « Male mate choice in a sexually cannibalistic widow spider », sur sciencedirect.com, (consulté le ).
- Arthur Robin, « Veille scientifique et technologique Israël : Les risques du sexe sur la toile », sur diplomatie.gouv.fr, (consulté le ).
- Albert Rauber, « Black Widow Spider Bites », Clinical Toxicology, vol. 21, nos 4–5, , p. 473–485 (PMID 6381753, DOI 10.3109/15563658308990435).
- J.D. McCrone, « Comparative lethality of several Latrodectus venoms », Toxicon, vol. 2, no 3, , p. 201–203 (DOI 10.1016/0041-0101(64)90023-6).
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Latrodectus geometricus (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Latrodectus geometricus C. L. Koch, 1841 (consulté le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Latrodectus geometricus (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Latrodectus geometricus C.L. Koch, 1841 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Latrodectus geometricus C. L. Koch, 1841 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Latrodectus geometricus (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Latrodectus geometricus (consulté le )
- (en) Référence uBio : Latrodectus geometricus Zumpt, 1968 (consulté le )
- (en) Référence World Spider Catalog : Latrodectus geometricus C. L. Koch, 1841 dans la famille Theridiidae +base de données (consulté le )
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