Lazhar Chraïti

Lazhar Chraïti (arabe : الأزهر الشرايطي), né le à Baten El Aïech et exécuté le , est un combattant nationaliste tunisien.

Lazhar Chraïti
Portrait de Lazhar Chraïti en 1954.
Biographie
Naissance

Baten El Aïech, Tunisie
Décès
(à 43 ans)
Surnom
Lion des montagnes Arbat
Nationalité
Activité
Conjoint
Autres informations
Condamné pour
Distinction
Ordre de l'Indépendance (d) ()

Mineur, parti en 1947 pour prendre part à la guerre israélo-arabe, il revient en Tunisie en 1949 et participe activement à la lutte armée menée contre les autorités du protectorat français (1952-1954), devenant le chef des fellagas.

Début 1963, il est condamné à la peine de mort et fusillé pour sa participation à un complot avorté contre le président Habib Bourguiba l'année précédente.

Biographie

Combats en Palestine

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Né à Baten El Aïech dans le djebel Orbata, à une quinzaine de kilomètres de Gafsa, il appartient au clan des Ouled Chraït de la tribu des Hamama. Il travaille dès la fin de sa scolarité dans les mines de phosphates de Mdhilla, et ce jusqu'en 1947. C'est alors qu'il rejoint avec d'autres camarades les rangs d'une armée arabe, composée de volontaires maghrébins, pour la Palestine. Malgré le refoulement d'une partie des combattants, il figure parmi ceux qui parviennent à atteindre le front et à rejoindre les camps d'entraînements ; il s'y spécialise dans l'espionnage et le renseignement sous les ordres de spécialistes comme Hassan Zaïm, Rachid Koutabi ou Najel Koutabi, héros marocain de la guerre du Rif. Sa participation à plusieurs opérations militaires lui permettent d'acquérir une expérience militaire et plusieurs décorations.

Résistance au protectorat français

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Il décide de rentrer en Tunisie en 1949 sur les conseils du militant Youssef Rouissi. Dès son arrivée à Ouled Chraït, près de Gafsa, il est assigné à résidence par les autorités du protectorat. Après l'intervention du docteur italien Sacozzali, il retrouve son travail à la mine et se fait oublier. Il commence alors à réfléchir à son projet de résistance armée contre la colonisation française en Tunisie.

En 1951, il commence à contacter ses anciens frères d'armes du Proche-Orient et des membres du Néo-Destour, mais aussi des gens influents sur le plan financier comme Ahmed Ben Doula et Mohamed Ben Ahmed Guedouar. À l'occasion de la visite du leader destourien Habib Bourguiba à Gafsa en , durant laquelle le leader nationaliste prononce un discours à la Grande Mosquée, un accord secret est conclu entre Chraïti et Bourguiba, à Wahet Sidi Salem, autour du lancement de la lutte armée. 1952 marque le début des opérations armées : le nombre de combattants augmente rapidement alors que les autorités françaises répondent par des punitions collectives. D'autres groupes, basés à Om Lakhal et commandés par Amar Getar, Tahar Lassoued et Belgacem El Basli, rejoignent Chraïti dans son combat.

Lazhar Chraïti dans la résistance, en 1955.

En , un rassemblement de dirigeants du mouvement, au nombre de 360 à 500 selon les sources, décide de la tactique à suivre : l'établissement d'une charte et la nomination de treize chefs de divisions (Mabrouk El Akermi, Abdelwaheb Essendi, Mohamed Tourmi, Mohamed El Ayachi, El Ferchichi, Abou El Ares, etc.), avec Lazhar Chraïti comme leader et Sassi Lassoued comme adjoint. Fin 1954, le territoire est partagé en trois zones dirigées par Chraïti, Sassi et Tahar Lassoued, sous la direction de Chraïti lui-même en tant que « chef suprême »[1]. Appelé « chef de l'armée de la libération »[2], Lazhar Chraïti est surnommé le « Lion des montagnes Arbat » (massif situé dans le sud-ouest du pays)[3].

Complot de 1962 et exécution

Avec l'avènement de l'indépendance, le , il continue son combat à la frontière algéro-tunisienne, en soutenant les combattants algériens du FLN. Une fois l'indépendance algérienne proclamée en 1962, il revient à la vie civile.

Outré par le pouvoir personnel et laïc du président de la République, Habib Bourguiba, et le peu de considération pour les fellagas morts pour leur patrie[4], Lazhar Chraïti est impliqué dans un complot ayant tenté sans succès d'attenter à la vie du chef de l'État[5] afin de lancer un mouvement insurrectionnel et de liquider les membres du gouvernement ; il est ainsi passé à la postérité pour une phrase prononcée lors d'une réunion préparatoire, tenue dans la nuit du 18 au  : « Il suffit de couper la tête pour que les racines se dessèchent »[3]. Il est arrêté cinq jours plus tard avec 24 autres conjurés et jugé devant le tribunal militaire permanent de Tunis[3]. Condamné à la peine de mort avec douze autres des accusés, il est exécuté par un peloton de soldats le [6] et inhumé sans que la localisation de la tombe ne soit divulguée[3]. Selon son coaccusé Moncef El Materi, ses dernières paroles furent : « Ce n'est pas possible, j'ai tout sacrifié pour mon pays. Ô mes enfants ! Lâchez-moi, bandes de criminels ! ». Ses biens — une villa à Ezzahra et une ferme à Medjez el-Bab — sont saisis, laissant sa famille sans ressources et poussant sa femme Viviane et ses enfants à quitter la Tunisie[2].

Hommages

À l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance, un groupe de Tunisiens anonymes crée, le , un site web recueillant témoignages et informations sur l'ancien maquisard mais appelant également à la réhabilitation des fellagas, à l'ouverture des archives de la sécurité nationale, à l'identification et à l'exhumation du corps afin de lui offrir une sépulture digne[3]. Le , sa fille Rebah fonde une association, le Centre méditerranéen Lazhar Chraïti, pour réhabiliter sa mémoire[7].

À l’occasion du 57e anniversaire de l’indépendance, le président Moncef Marzouki le décore à titre posthume des insignes de grand officier de l'Ordre de l'Indépendance[8].

Vie privée

Marié à une Tunisienne prénommée Taous avec il a deux filles, Rebah et Yamina, il épouse ensuite une Suissesse prénommée Viviane, avec qui il a cinq enfants — Dalila, Slim, Hamza, Djemâa et Karim — tous installés en Suisse[2].

Références

  1. René Gallissot, Mouvement ouvrier, communisme et nationalismes dans le monde arabe, éd. Éditions ouvrières, Paris, 1978, p. 271.
  2. « Lazhar Chraïti et sa vie », sur lazharchraiti.org (consulté le ).
  3. Ridha Kéfi, « Peut-on réhabiliter un putschiste ? », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  4. « La tentative du coup d'État de 1962 », sur lazharchraiti.org (consulté le ).
  5. « La tentative de coup d’État de 1962, quarante ans après », Réalités, 26 décembre 2002.
  6. « Le complot de 1962 s'invite dans l'actualité », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  7. « Que justice soit faite ! », sur lapresse.tn, .
  8. « Marzouki décore des militants nationalistes et yousséfistes »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur lapresse.tn, .

Articles connexes

Liens externes

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