Centquatre-Paris

Le Centquatre est un établissement public de coopération culturelle parisien, ouvert depuis le sur le site de l'ancien Service municipal des pompes funèbres, au 104 rue d'Aubervilliers, dans le 19e arrondissement de Paris. À son lancement, la faible fréquentation, ainsi que l'importance des subventions de la Ville de Paris, suscitera différentes polémiques dans la presse. Depuis le changement de direction en 2010 et l'arrivée de José-Manuel Gonçalves, la fréquentation du site a considérablement augmenté et il est devenu un lieu important de la culture dans le nord de Paris[1].

Pour 104, voir 104 (nombre)

Centquatre-Paris
Traversée centrale.
Informations générales
Type
Centre culturel, centre des arts (en)
Ouverture
Surface
39 000 m2
Site web
Collections
Collections
Art moderne
Sculptures
Peintures
Arts graphiques
Photographie
Nouveaux médias
Cinéma
Architecture
Design
Bâtiment
Protection
Localisation
Pays
Région
Commune
Adresse
104 rue d'Aubervilliers
75019 Paris
Coordonnées
48° 53′ 25″ N, 2° 22′ 12″ E
Localisation sur la carte de Paris

Histoire du bâtiment

En 1870, l'archevêché de Paris, responsable des inhumations pour la ville, installe un service de pompes funèbres sur le lieu-dit des Petits Noyers[2]. Il va alors commander la construction d'un nouveau bâtiment sur ce site, une parcelle de 26 000 m2, le long des voies ferrées de la gare de Paris-Est, entre la rue des Vertus (actuelle rue d'Aubervilliers) et la rue Curial[2] à la place des abattoirs de Villette-Popincourt[3].

En 1874, après deux ans de travaux[3], le nouveau bâtiment des pompes funèbres de Paris est inauguré au 104 de l’ancienne rue des Vertus (actuelle rue d'Aubervilliers). Il est l'œuvre des architectes Édouard Delebarre Debay[3] et Godon, sous la houlette de Victor Baltard, architecte de la ville de Paris. Ils ont conçu un bâtiment dans le style de l’architecture industrielle de l'époque (celle des grandes gares[3] et des halls d'exposition universelle[2]), utilisant largement le verre et la brique et des structures de fonte et de fer. Le bâtiment qui a une superficie équivalente à celle de la place de la République[2] est composé de deux grandes halles dotées de verrières, de quais de déchargement, de cours anglaises, d'écuries et de caves sur plus de 270 mètres de long[2].

Le bâtiment (les façades et toitures sur rues des bâtiments donnant sur les rues d'Aubervilliers et Curial ; les halles avec leurs cours en totalité) est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 21 janvier 1997[3]. Le lieu possède une forte charge symbolique. Sa théâtralité se traduit par une alternance de petites cours et de longues halles suivant un axe visuel qui traversait autrefois la parcelle d’une extrémité à l’autre. Le caractère fermé des façades sur les rues Curial et d’Aubervilliers renforce la sensation, une fois à l’intérieur du lieu, d’un dehors qui s’efface.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a décidé de protéger et de réhabiliter l’ensemble architectural du 104, rue d’Aubervilliers en l’inscrivant dans une démarche de renouvellement urbain sans en occulter la dimension mémorielle : tout en leur laissant carte blanche, la municipalité a demandé à deux historiens de la Sorbonne d'écrire une histoire du site[4].

Activités successives

Pompes funèbres

Pendant plus de 120 ans, le bâtiment servit à l'activité des pompes funèbres de Paris. Plus de mille personnes y travaillaient, organisant 150 convois mortuaires quotidiens. La première halle, rue d'Aubervilliers, servait à la préparation des cercueils et à la réalisation des catafalques[2]. La seconde halle, rue de Curial, abritait 80 corbillards et une centaine de chars au rez-de-chaussée et 18 écuries en sous-sol abritant 300 chevaux. On y trouvait également la réserve de cercueils, plus de 6000, des greniers à fourrage et un réservoir de 50 000 litres d'eau[2].

Les halles abritaient également une douzaine de magasins proposant toute sorte d'ornements funéraires et des ateliers de menuiserie, de tapisserie, de peinture ou d'armoirerie[2] (par exemple jusqu'au début des années 1980, les pompes funèbres installaient un catafalque à l'entrée des immeubles où venait de mourir une personne).

En 1905, après la séparation des Églises et de l'État, les Pompes funèbres deviennent municipales.

Au cours du XXe siècle, le bâtiment connait son activité maximale. 1400 personnes y travaillent, presque exclusivement du personnel masculin (seulement une quarantaine de femmes)[2].

Après la Seconde Guerre mondiale, les pompes funèbres se motorisent, la halle Curial devenant un immense garage accueillant 150 fourgonnettes et 92 berlines, toutes des corbillards, avec ses ateliers et mécaniciens[2].

Le bâtiment n'avait pas de morgue et ne servait pas à l'accueil des corps des défunts à l'exception des périodes de guerre. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie, à la demande des pouvoirs publics, le bâtiment accueillit les corps rapatriés pour être présentés aux familles[2].

En mai 1968, les pompes funèbres ne firent pas grève mais fonctionnèrent en autogestion pendant un mois[5].

Après la fin du monopole municipal en 1993, l'activité a décliné pour disparaître en 1997.

Le Centquatre, une reconversion artistique

En 2003, après avoir lancé une procédure de marchés de définition simultanés mettant en concurrence trois agences d’architecture, la Ville de Paris a confié la maîtrise d’œuvre des travaux de réhabilitation aux architectes Marc Iseppi et Jacques Pajot (Atelier Novembre), dont la proposition a été jugée comme respectant le mieux l’authenticité du site[6]. Le projet est défendu par Christophe Girard, adjoint au maire de Paris chargé de la culture[7].

Le Cent Quatre a été inauguré le samedi 11 octobre 2008.

Descriptif du projet

Sur 35 000 m2 de planchers, le 104 disposera de seize plateaux de fabrication artistique de tailles variables et aux équipements modulables, dans lesquels il est prévu d’accueillir chaque année trente à trente-cinq projets artistiques pour des résidences temporaires de un à douze mois. Des espaces mutualisés (bureaux de production, vestiaires, stockage, salles de formation…) et des régies techniques complètent l’accompagnement de la création artistique.

Deux salles de diffusion de 200 et 400 places sont situées au cœur du bâtiment. Au sous-sol, les anciennes écuries sont rénovées pour pouvoir accueillir des manifestations telles que salons, expositions, événements d’entreprise ou défilés de mode.

Journées portes ouvertes du chantier, le 29 décembre 2007.

Le 104 s’étend sur une parcelle de 15 848 m2. Sa surface totale est de 39 000 m2 dont 7 300 m2 de parkings et 4 500 m2 de traversée centrale, soit 25 000 m2 de surfaces exploitables[8].

  • 1 900 m2 de services et de commerces,
  • un pôle évènementiel et commercial de 2 500 m2 qui peut se déployer sur deux niveaux,
  • dans la nef centrale, deux salles de spectacles de 200 à 400 places avec leurs foyers,
  • 4 000 m2 de plateaux de fabrication et de production répartis en 16 ateliers et 18 bureaux,
  • un incubateur d’entreprises, le 104factory, occupant environ 800 m2,
  • un équipement de pratiques artistiques amateurs de 500 m2,
  • 6 appartements allant du studio au 4 pièces,
  • plus de 1 400 m2 de stockage répartis sur le site,
  • un parking réservé aux professionnels de 162 places et un plateau de logistique avec une ample zone de quais de déchargement,
  • un parking public de 162 places situé à proximité,
  • environ 2 500 m2 de locaux techniques nécessaires pour entretenir, éclairer, chauffer, climatiser et connecter le 104,
  • 200 artistes en permanence sur le lieu,
  • 60 permanents,
  • jauge maximum : 5 000 personnes,
  • 110 millions d'euros d'investissement financé à 100 % par la Ville de Paris,
  • 15 millions d'euros de fonctionnement annuel, dont 8 millions financés par la Ville de Paris,
  • 35 000 m2 ouverts au public dont 500 m2 dédiés à un travail en lien avec le quartier : Le Cinq.

Statut et missions officiels actuels

Statuts et administration

Le Centquatre-Paris est statutairement un établissement public à caractère industriel et commercial de coopération culturelle[9] sous le nom officiel du 104, ou Le CENTQUATRE-PARIS. Les deux directeurs, Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, ont été nommés en 2005 par le maire de Paris Bertrand Delanoë. Leur mandat arrivant à expiration au printemps 2010, une nouvelle direction est mise en place sur la base d'un appel d'offres public. Le , José-Manuel Gonçalves est nommé directeur du Cent Quatre[10] et est toujours en exercice aujourd'hui après sa réélection pour un nouveau mandat en juillet 2018.

Missions

Tous les arts pour chacun

Le projet consiste à inviter des artistes de toutes disciplines à venir produire des œuvres en ouvrant régulièrement au public les portes de leurs ateliers pour montrer le cheminement de l'art.

Un réseau national et international
Journées portes ouvertes du chantier, le 29 décembre 2007.

Le CENTQUATRE s'inscrit dans un réseau de lieux d’art européens ayant les mêmes objectifs. Ces nouveaux sites d’art s’attachent à repenser la place de l’artiste dans la société, les conditions de production et les modes d’accès à l’art[11].

Le CENTQUATRE accueille régulièrement certaines manifestations artistiques telles que :

Le projet économique

Un restaurant et un café assureront la convivialité de cet équipement, des commerces de proximité s'implanteront prochainement. Il est prévu que des entreprises utilisent le 104 pour y tenir des congrès, salons, évènements, pour y présenter de nouveaux produits.

Le projet social & action territoriale

Associé à la réhabilitation profonde du quartier (ouverture des Jardins d'Éole), l'implantation d'un équipement culturel revendiquera un rayonnement international qui pourra apporter une réelle plus-value sociale pour les habitants du quartier, tout en essayant de maintenir une mixité sociale..

Fonctionnement, budget et polémiques de la première direction

En dépit d'une importante subvention de 8 millions par an, sur un budget de 12 millions de la part de la Ville de Paris, le Centquatre n'a pas été capable de trouver son public[12],[13],[14]. Télérama dénonce une « vision naïve et coûteuse de la culture » et un « anti-musée » qui n'était « qu'une chimère »[15].

Les Inrocks constatent l'échec de l'ambition de départ de désenclaver le quartier, notant le vide de l'établissement, « sans vraiment de public et sans lien avec le quartier »[16].

Néanmoins, en juin 2010 l'arrivée de José-Manuel Gonçalvès à la direction du Centquatre impulse une nouvelle dynamique au lieu.[17]

Références

  1. Laurent Carpentier, « L'homme qui a mis le Centquatre sur la carte », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne , consulté le )
  2. "Les Pompes funèbres de Paris", p. 128, L'Expansion, octobre 2008 no 734.
  3. Notice no PA75190001, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Bruno Bertherat et Christian Chevandier, Paris dernier voyage. Histoire des Pompes funèbres (XIXe – XXe siècles), Paris, La Découverte, , 198 p.
  5. L'histoire du 104 rue d'Aubervillers, Le Cent Quatre
  6. CENTQUATRE, CENTRE DE CRÉATION ARTISTIQUE, Atelier Novembre
  7. LE CENTQUATRE, PASSAGE DES ARTS, liberation.fr, 11 octobre 2008
  8. Le 104 Cent Quatre, p. 3.
  9. http://www.104.fr/module/pdf/statuts_epcc.pdf
  10. J.M Gonçalves nommé directeur du 104 dépêche AFP du 9 juin 2010.
  11. Les résidences artistiques en Europe, Paris: Cité de la musique, 2008, p. 3.
  12. AU CENTQUATRE PARISIEN, LES POLÉMIQUES FONT LE SPECTACLE, liberation.fr, 23 avril 2010
  13. La Gaîté-Lyrique, nouveau théâtre parisien des arts numériques, telerama.fr, 16 décembre 2010
  14. Un nouveau départ pour le Centquatre, 20minutes.fr, 9 juin 2010
  15. Centquatre et cent reproches, télérama.fr, 8 mai 2010.
  16. Le Centquatre à la recherche d’une nouvelle direction, lesinrocks.com, 11 mai 2010
  17. Laurent Carpentier, « L'homme qui a mis le Centquatre sur la carte », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Bruno Bertherat et Christian Chevandier, Paris, dernier voyage ; histoire des pompes funèbres, Paris, La Découverte, , 196 p.
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