Le Chabanais

Le Chabanais, situé au no 12 rue Chabanais dans le 2e arrondissement de Paris, était l'une des maisons closes les plus connues et les plus luxueuses de Paris entre 1878 et 1946, date à laquelle elles devinrent illégales en France.

Pour l’article homonyme, voir Chabanais.

Le Chabanais
L'immeuble où se trouvait le Chabanais, au no 12 rue Chabanais.
Présentation
Type
habitation
Destination initiale
hôtel particulier
Destination actuelle
entreprise
Fondation
Style
Ouverture
Fermeture
Localisation
Pays
région
commune
Adresse
Coordonnées
48° 52′ 03″ N, 2° 20′ 13″ E
Localisation sur la carte de Paris
Caricature d'Edouard VII au Chabanais, publiée en 1903 dans L'indiscret.

Histoire

Fondé par Madame Kelly (pseudonyme d'Alexandrine Joannet) en 1878[1], le Chabanais était situé dans un immeuble discret au no 12 de la rue Chabanais, non loin du Palais-Royal. Le personnel de la maison comptait entre vingt et trente‑cinq pensionnaires de qualité soigneusement sélectionnées.

Fréquenté par les membres du Jockey Club, il accueillit de nombreuses personnalités, dont le futur roi Édouard VII qui fit construire sur mesure une baignoire en cuivre et un fauteuil à étriers métalliques.

Le Chabanais connaît son heure de gloire le soir du , jour de l'inauguration de l'exposition universelle, accueillant des ministres et ambassadeurs du monde entier. Sur leurs agendas, cette « virée » était renseignée « visite au président du Sénat »[2].

Les visiteurs illustres

De très nombreuses personnalités fréquentèrent le Chabanais[1]. C'était une étape obligée des hôtes de marque prestigieux qui venaient découvrir Paris à la Belle Époque, hommes d'État, diplomates, ministres, hauts fonctionnaires[3]. Outre les membres du très sélect Jockey Club qui le fréquentaient régulièrement, notons :

L'occupation allemande

Le Chabanais faisait partie des cinq maisons closes parisiennes les plus réputées pour leur luxe et le choix de leurs prestataires féminines à Paris.

Il fut donc réquisitionné en 1940 pour les plaisirs et les loisirs des officiers du IIIe Reich, ainsi que :

Les chambres

En 1880, l’aménagement du Chabanais coûta 1 700 000 francs. Le décor des chambres était exubérant et le monde entier se bousculait pour découvrir cette maison de passe de légende.

Le Chabanais reçut un prix pour sa chambre japonaise lors de l’Exposition universelle de 1900.

On y trouvait la chambre Louis XV, la chambre hindoue, la Directoire, la médiévale et la chambre mauresque, la Napoléon III.

La vente aux enchères de 1951

L'ensemble des décors de l’hôtel fut vendu après la fermeture en 1946 à l'occasion d'une vente aux enchères d'anthologie en 1951[7],[8]. Cette vente aux enchères extraordinaire conduite par Maurice Rheims, le , permit au public d’admirer les pièces de mobilier et le matériel du Chabanais. Par exemple, la fameuse « chaise de volupté » d’Édouard VII, fabriquée par Louis Soubrier, artisan ébéniste de renom de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, ou encore sa fameuse baignoire à champagne de cuivre rouge, ornée d’une sphinge[7].

Cette baignoire fut achetée 110 500 francs par un antiquaire de la rue Jacob, avant de devenir un objet publicitaire d’un fabricant de meuble du boulevard Montmartre[9]. Finalement, elle fut acquise en 1972 par des admirateurs de Salvador Dalí, qui lui en firent don et l’installèrent dans sa chambre de l’hôtel Meurice.

Il ne subsiste de l'ancienne maison que deux portes et la rampe en fer forgé de l'escalier[10].

Notes et références

  1. http://toffeewomble.blogspot.com/2005/06/brothels-of-old-paris.html.
  2. « Les maisons closes », émission Deux mille ans d'Histoire sur France Inter, .
  3. « http://byronkho.com/blog/?p=1050 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  4. Il laissa en souvenir une baignoire en cuivre faite sur mesure et une chaise de volupté fabriquée par un ébéniste du faubourg Saint-Antoine.
  5. Christine Rousseau, « La reine Amélie, une Française au Portugal », Le Monde, (lire en ligne).
  6. Véronique Willemin, La Mondaine, histoire et archives de la Police des Mœurs, Hoëbeke, 2009, p. 102.
  7. http://urbantripparis.blogs-de-voyage.fr/archive/2010/06/25/le-chabanais-haut-lieu-de-la-galanterie1.html « Copie archivée » (version du 2 août 2012 sur l'Internet Archive).
  8. Eric Bietry-Rivierre, « Édouard VII bien remis en selle », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  9. « Le chabanais, devenu centre touristique », sur canesegas.com (consulté le ).
  10. Christian Benoit, 250 réponses aux questions d'un flâneur parisien, Le Gerfaut, , p. 82.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marc Lemonier et Alexandre Dupouy, Histoire(s) du Paris libertin, La Musardine, 2003 (ISBN 978-2842711771).
  • William Somerset Maugham, Vacances de Noël, 10-18, 1999 (ISBN 978-2264024350).
  • Véronique Willemin, La Mondaine, histoire et archives de la police des Mœurs, Hoëbeke, 2009 (ISBN 978-2842303594).
  • Nicole Canet, Maisons closes, 1860-1946, 328 pages, (ISBN 978-2-9532351-0-4), [édition simultanée à l'exposition éponyme de ]
  • Nicole Canet, Décors de bordels, entre intimité et exubérance. Paris, Province, Afrique du Nord, 1860-1946, 408 pages, préface de Claude Croubois, textes d'Étienne Cance et Nicole Canet, (ISBN 978-2-9532351-3-5). [Tiré à 1 000 exemplaires].
  • Nicole Canet, Histoire de la célèbre Maison close le Chabanais, 1877-1946, 368 pages, (ISBN 978-2-9532351-9-7), [Tiré à 950 exemplaires, Reproduisant une centaine de rapports provenant des Archives de la préfecture de Police de Paris. 175 illustrations : documents, dessins, photographies].

Articles connexes

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