Le Châtelet de Gourzon
Le Châtelet de Gourzon est un site archéologique situé sur l'actuelle commune de Bayard-sur-Marne, au nord de la Haute-Marne, à proximité de Fontaines-sur-Marne, entre Saint-Dizier et Joinville. Il occupe un plateau d'une vingtaine d'hectares et s'étend en contrebas sur la commune de Fontaines-sur-Marne. Le plateau, accessible seulement en deux points à l'ouest et à l'est, surplombe la vallée de la Marne.
Pour les articles homonymes, voir Châtelet.
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48° 33′ N, 5° 05′ E |
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Le site a connu des occupations successives, au Néolithique, à l'Âge du Bronze, puis, de manière continue, de la fin de l'Âge du Fer au Haut Moyen Âge. Le plateau du Châtelet est actuellement sous couvert forestier.
Historique des recherches
Le site archéologique du Châtelet est exploré depuis la fin du XVIIIe siècle. Les principales fouilles ont été réalisées de 1772 à 1774 par Pierre-Clément Grignon.
Le Châtelet retrouvé – les fouilles de Grignon
Au XVIIIe siècle, le maître de forge des usines voisines de Bayard-sur-Marne, Pierre-Clément Grignon, érudit et passionné, va organiser les fouilles de la colline.
Il a souvent remarqué d’importants débris de pierres aux formes diverses, des restes de briques et conclu vite à l’ancienneté du site (« un lieu jadis habité et détruit » in Dissertations).
En 1772, il entreprend les premières fouilles, faites de façon très méthodique : elles sont précédées de sondages et donnent lieu à des rapports détaillés. Ces exposés sont un ensemble de faits et de constatations, loin des interprétations parfois poétiques des découvreurs de l’époque : c’est une première dans l’archéologie française qu’un site soit fouillé d’une façon méthodique, scientifique et analytique.
Ces travaux vont vite intéresser l’Académie des Belles Lettres et Grignon va poursuivre ses campagnes de recherche, grâce à un financement octroyé par le roi Louis XV. Les fouilles du Châtelet de Gourzon sont donc les premières fouilles subventionnées de France.
Les fouilles au XIXe au XXIe siècle
Après l’important travail mené par Grignon, quelques archéologues ont poursuivi son œuvre :
- L’abbé Gélin – travaux sur l’aqueduc et la nécropole,
- L’abbé Fourot,
- Régis Colson,
- Yvon Gaillet,
- Louis Lepage – plusieurs campagnes sur la ville elle-même.
- À l’heure actuelle, le site est entièrement envahi par la végétation. Les fouilles successives n’ont dégagé qu’une infime partie de la ville (quelques hectares sur les 24 du plateau), ce qui laisse imaginer si une ou plusieurs campagnes pouvaient à nouveau être menées sur la colline. Une étude est en cours avec la méthodologie Lidar.
Préhistoire et Âge du Bronze
Bien que les fouilles attestent de la découverte de mobiliers dès le Néolithique (outillage et armes), c'est à partir de l'Âge du bronze (localement -1800 à -900) que l'habitat humain se développe sur la colline du Châtelet. Quelques trouvailles isolées permettent cette datation : une hache avec anneau, des outils, des couteaux, poignards et épingles.
Âge du Fer
C'est ensuite l'introduction de la technique de transformation du minerai de fer, largement présent dans la région, qui va favoriser l'essor économique du site au Hallstatt final et au début de la Tène : c'est l'époque des Celtes. Sur l'oppidum, ils édifient des constructions quadrangulaires (à quatre poteaux).
Le Châtelet, situé dans la partie occidentale du territoire du peuple gaulois des Leuques, devient un centre d'échanges commerciaux comme en témoigne son inventaire numismatique. L'oppidum est situé à proximité du territoire des Rèmes et de celui des Lingons, il contrôle probablement la circulation humaine dans la vallée de la Marne.
Période romaine
Durant l'époque romaine, le plateau du Châtelet accueille une importante agglomération secondaire du peuple des Leuques, située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Nasium. L'ensemble du plateau, environ 24 hectares, semble alors entièrement occupé.
Topographie de l'agglomération romaine
Les plans de fouilles du XVIIIe siècle montrent un urbanisme caractéristique des bourgades rurales de la Gaule romaine, avec un centre public jouxtant une place, entouré de nombreuses maisons groupées en îlots, séparées par des rues plus ou moins bien quadrillées et rectilignes. Les nombreuses carrières du secteur (les sites gallo-romains de Brauvilliers, à quelques kilomètres), vont permettre la construction de la ville.
Au milieu du site a été dégagé un temple de type gallo-romain ou fanum avec une cella d'environ 65 m2 et des thermes chauffés par un système d'hypocauste.
Les fouilles ont permis de mettre au jour de nombreuses maisons avec cours, caves à édicules, puits ou citernes. Le matériel archéologique est dense : mosaïques, bas-reliefs, sculptures, colonnes, vases, bijoux divers et monnaies de différentes époques.
À l'opposé, les fouilles ont dévoilé le quartier artisanal, dont les activités étaient principalement axées sur la poterie et la transformation du fer (ateliers de forgeron, serrurier ou cloutier). Les travaux de fonderie devaient probablement se faire plus en retrait, dans la vallée.
L'environnement péri-urbain
À l'est de l'agglomération, le long de la voie en direction de Nasium, des fouilles réalisées au milieu du XIXe siècle ont permis de dégager un ouvrage hydraulique romain, constitué d'un conduit souterrain possédant des puits de service tous les 6,21 mètres. L'exutoire, fortement restauré, est encore visible (la photo ci-dessous en montre l'entrée). Les restes de l'aqueduc ont été classés au titre des monuments historiques en 1883[1]. Les recherches récentes montrent qu'il ne s'agit pas d'un aqueduc classique captant une source, mais d'un qanat, qui capte les eaux de la nappe phréatique.
La ville de Châtelet de Gourzon était à la croisée de deux voies romaines : celle, probable, de la vallée de la Marne (Langres à Perthes) et surtout celle de Segessera (Bar-sur-Aube) à Nasium (Naix-aux-Forges). Ces voies étaient d'importance moyenne mais facilitaient les échanges commerciaux avec les autres sites de la Gaule.
À la sortie de la ville, le long de la voie romaine menant à Nasium, encore bien visible aujourd'hui, des fouilles ont permis de mettre au jour quelques nécropoles.
À proximité du site, quelques villas ont été découvertes. Elles assuraient largement la ville en produits de première nécessité.
Antiquité tardive et époque mérovingienne
Lors des grandes migrations des IIIe et IVe siècles, la cité va être partiellement détruite (de nombreuses traces d'incendies datés de cette époque en témoignent). Le site est cependant toujours occupé à l'époque mérovingienne. Deux nécropoles, situées sur le plateau et au pied de son versant oriental, témoignent de l'importance du site à cette époque.
Le site semble décliner à la fin de l'époque mérovingienne, peut-être au profit du site d'Olonna / Saint-Dizier qui apparaît dans les sources au IXe siècle
- Temple découvert par Grivaude de la Vincelle,
- nécropole par Gélin,
- des scramasaxes.
- Fibules de grenats et d'argent.
- Boucles de ceinture.
- bagues présentés au musée municipal de Saint-Dizier.
Notes et références
- « aqueduc », notice no PA00079059, base Mérimée, ministère français de la Culture
Voir aussi
Bibliographie
Plusieurs livres sur le Châtelet de Gourzon :
- Pierre-Clément Grignon :
- Dissertations sur les ruines de la ville du Châtelet, en Champagne – BNF – 1772.
- Bulletin des fouilles faites par ordre du roi d’une ville romaine sur la petite montagne du Châtelet, entre Saint-Dizier et Joinville-en-Champagne - 1774.
- Second Bulletin des fouilles faites par ordre du roi d’une ville romaine sur la petite montagne du Châtelet, entre Saint-Dizier et Joinville-en-Champagne - 1775.
- Louis Lepage :
- La Ville gallo-romaine du Châtelet. Les fouilles du XVIIIe siècle. Tome 1 – éditions CERPHM – 1990.
- La Ville gallo-romaine du Châtelet. Les fouilles du XIXe et XXe siècle. Tome 2 – éditions CERPHM – 1991.
- Les fouilles du Châtelet de Gourzon (Haute-Marne, France) au XIXe siècle. Travaux réunis par Louis Lepage, 1992.
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