Le Sang noir
Le Sang noir est un roman de l'écrivain breton Louis Guilloux publié en 1935 aux éditions Gallimard.
Le sang noir | |
Auteur | Louis Guilloux |
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Pays | France |
Genre | Roman |
Éditeur | Gallimard |
Collection | Blanche |
Date de parution | 1935 |
Nombre de pages | 631 |
ISBN | 9782070372263 |
Lors de sa publication, le roman portait cette bande : « La vérité de cette vie, ce n'est pas qu'on meurt, mais qu'on meurt volé[1]. »
Sa republication de 1955 est préfacée par André Malraux[2].
Résumé
L'action se déroule sur une journée de 1917, dans une ville qui n'est pas nommée, mais il s'agit très certainement de Saint-Brieuc, la ville à laquelle Louis Guilloux sera toute sa vie attaché. Le personnage principal, François Merlin, est un professeur de philosophie, mais que tout le monde surnomme Cripure pour « Critique de la raison pure », d'après l'ouvrage célèbre de Kant que le professeur cite sans cesse. Cripure est un homme dont l'intelligence supérieure a le tort de rendre manifestes les ridicules et la bêtise de ses concitoyens. Aussi cet intellectuel, à l'ancienne notoriété acquise après quelques ouvrages érudits, dont une thèse sur un philosophe local, Turnier, qui s'est suicidé par amour, est-il raillé par ses élèves et une bonne partie de la ville qui se moquent de ses grands pieds et de sa dégaine, surtout lorsqu'il divague dans les rues, affublé d'une peau de bique. Il est en effet atteint d'acromégalie, comme le philosophe et sociologue Georges Palante, ancien professeur et ami de Guilloux, qui a inspiré le personnage. Il vit avec Maïa, une grosse femme rude et sotte et, dans le fouillis de son bureau, entouré de la puanteur des chiens, il rêve au chef-d'œuvre qu'il projette d'écrire et songe sans cesse à Toinette, cette femme qu'il a aimée, mais qui s'est détournée de lui pour un officier. La nuit, parfois, dans son sommeil, il entend une voix de femme lui demander : « pourquoi as-tu envie de pleurer ? ».
L'antagoniste de Cripure est Nabucet, professeur lui aussi. Ce petit bourgeois se voit en grand esprit penseur de la ville et, voyant en Cripure un rival, le jalouse et le déteste avec acharnement pour sa notoriété littéraire passée. Pour se faire bien voir, il organise au lycée une cérémonie de décoration de la femme du député, à laquelle participe l'élite de la ville. L'opposition de Cripure et Nabucet finira par les faire se provoquer en duel. Dans une scène d'une rare violence, Cripure entame le combat qui le mène à une mort à la fois grotesque et grandiose. Vautré dans une antique et lamentable troïka, d'où dépassent et se balancent ses grandes jambes, il est, agonisant, escorté lentement à travers la ville, jusqu'à l'hôpital, par deux agents cyclistes. La foule stupide, qui se presse le long du parcours, répète, terrifiée par l'incroyable nouvelle : « C'est Cripure ! Cripure est mort ! ».
Liste des personnages
Le nombre de personnages du roman est important. Comme pour d'autres auteurs, une liste de personnages est une aide à la compréhension.
- Les proches du héros
- François Merlin, dit Cripure (sobriquet issu du titre de l'ouvrage Critique de la raison pure), professeur au lycée, philosophe, a écrit une thèse sur le philosophe Turnier.
- Maïa, celle qui partage son quotidien. Ancienne prostituée.
- Amédée, le fils.
- Les quatre chiens : Mireille, une belle épagneule ; Turlupin, Petit-Crû et le Gros Judas, boule noire et aveugle...
- Basquin, un amour de jeunesse de Maïa, et voisin proche,
- Le Cloporte, personnage noctambule.
- Antoinette, dite Toinette, premier amour de Cripure... qui lui a préféré un beau capitaine...
- Les autorités locales
- Mr le maire.
- Mme Faurel, la femme du député. Décorée pour les soins donnés aux blessés de guerre et malades typhiques.
- Me Point, notaire. Son épouse, sa fille Sabine juste majeure et Rose la bonne.
- Le Général, souffre d'un catarrhe
- L’évêque,
- Les élèves
- Étienne Couturier, élève du lycée, porte une lettre à Cripure rédigée par un surveillant d'études, l'avertissant d'un danger. À la suite de la rencontre, Étienne considère Cripure comme un escroc.
- Francis Monfort, élève du lycée, surveillant d'études et d'internat, poète à ses heures, pacifiste. Ami d’Étienne.
- Lucien Bourcier, élève du lycée, ex-lieutenant d'infanterie, démobilisé (balle dans le genou et éclat dans un poumon), qui veut partir à Londres,
- Pierre Marchandeau, élève du lycée, ami d'école de Lucien,
- Louis Babinot, élève du lycée, ami d'école de Lucien,
- Blondel, élève du lycée,
- Le-Bars,
- Gentric,
- Le personnel du lycée et l'équipe pédagogique
- Marchandeau, le proviseur du lycée. Sa femme Claire visite les mutilés de guerre. Pierre, le fils sur le front n'écrit pas à ses parents...
- Bourcier, censeur du lycée. Surnom : Peau d'âne.
- Adrien Nabucet, professeur. Surnom : la dame Blanche. Il a créé des activités culturelles dans sa commune. Ami du Général.
- Babinot, professeur. Surnom : Henri IV...
- Robillard, professeur de rhétorique.
- Glâtre (Surnom : Mr l'abbé) et Moka, répétiteurs.
- Noël, qui a quitté la terre pour être le concierge. Sa femme, Georges son fils mutilé des deux jambes, une fille et un petit frère, nourrisson.
- Werner, jeune cuisinier alsacien.
- L'économe,
- Mr Pullier, professeur de dessin,
- Mr Philippon, professeur d'anglais,
- Mr Laplanche, professeur de cosmographie,
- Occupants de la maison de Turnier
- Mme de Villaplane, logeuse dans la maison qui fut occupée par le philosophe Turnier avant qu'il ne se perde en mer.
- Ernestine, la bonne,
- Otto Kaminsky, locataire, employé de préfecture et amant de Sabine, la fille du notaire Point. C'est avec son ami le médecin-chef Bacchiochi qu'il rejoignent une villa au bord de la mer à bord de la limousine du préfet conduite par le chauffeur Léo. Ils y reçoivent Sabine et Marcelle
- Autres personnages
- Le capitaine Paul Plaire, ami d'enfance de Nabucet,
- Mme Bourcier, épouse du censeur du lycée, tous deux parents de Lucien ; Marthe la jeune sœur de Mr Bourcier-père, qui vit dans leur maison,
- Le père Yves, le vieux cocher,
- Mr Pinche, à la retraite, écrit de petits romans et poèmes,
- Mr Couturier, clerc de notaire (étude de Me Point) et père d'Etienne,
- Henriette, pauvresse bossue.
Adaptations
Le roman a fait l'objet d'une adaptation télévisée, Le Sang noir, produite par France 3 en 2006. Adaptation : Michel Martens, réalisation : Peter Kassovitz. Rôles principaux : Rufus (Cripure), Didier Sandre (Nabucet), Myriam Boyer (Maïa).
Il est adapté en 2011-2012 par François Fayt dans un opéra en allemand intitulé Das schwarze Blut. Mis en scène par le Strasbourgeois Marc Adam, il fut joué pour la première fois le au théâtre d'Erfurt en Thuringe[3], sous la direction de Jean-Paul Penin.
Notes et références
- Nouveau Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, tome V, Paris, Bompiani/Robert Laffont, 1995, p. 6552.
- Notice SUDOC
- Marc Munch, « L’opéra Le sang noir de François Fayt », sur dna.fr,
Annexes
Bibliographie
- Nouveau Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, tome V, Paris, Bompiani/Robert Laffont, 1995, p. 6552-6553.
Liens externes
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