Le Songe de Cléopâtre

Le Rêve de Cléopâtre

Le Songe de Cléopâtre
op. 180
Le Rêve de Cléopâtre

Portrait de Cléopâtre par Heinrich Faust, huile sur toile, 1876.

Genre musique pour piano à quatre mains, musique symphonique
Musique Mel Bonis
Durée approximative 9 minutes
Dates de composition 1909

Le Songe de Cléopâtre aussi appelé Le Rêve de Cléopâtre, op. 180, est une œuvre de la compositrice française Mel Bonis, datant de 1909.

Composition

Mel Bonis compose Songe de Cléopâtre pour orchestre, mais il en existe aussi une version réduite pour piano à quatre mains. La version pour orchestre n'est pas datée, elle est publiée à titre posthume par les éditions Furore en 2018[1]. La version pour piano, datée de 1909, est signée H. V. Liadoff. Il existe une copie sans signature avec pour titre « Nocturne ou le rêve de Cléopâtre ». L'œuvre est publiée à titre posthume dans cette version par les éditions Furore en 2009[2].

Analyse

Le Rêve de Cléopâtre fait partie d'un corpus d'œuvres que la compositrice a composé en se basant sur de grandes héroïne mythologiques. Ces pièces offrent des figures archétypales pour penser la place des femmes et le sort que les hommes leur réservent. Ce sont des « bijoux symbolistes » et des œuvres à clefs[3]. Cette pièce fait partie d'un cycle posthume : « Femmes de légende », qui comprend aussi Mélisande, Ophélie, Viviane, Desdemona, Phœbé, Salomé et Omphale[4]. La version pour piano à quatre mains demande une certaine exigence technique[5].

La version pour orchestre est celle qui mobilise le plus grand effectif orchestral parmi les œuvres orchestrales de Mel Bonis. Elle est aussi la plus importante des « Femmes de légendes », puisque l'œuvre dure presque une dizaine de minutes. La tonalité principale est celle de ré majeur, qui est, pour certains, la tonalité des triomphes, des Alléluias, des cris de guerre et de victoire. Pour d'autres, c'est une tonalité piquante, brillante, vive, opiniâtre, obstinée ou bruyante. Mel Bonis projette en musique une Cléopâtre puissante et séductrice[6].

Dès l'introduction, les harmoniques de violons, d'altos et de harpe ouvrent un nocturne féérique. La tonalité y est imposée sur une pédale, avant qu'un solo de clarinette ne transforme le rêve en doute. La tonalité est contrariée notamment par des do et des fa naturels. Après un court conduit chromatique, la tonalité de majeur s'impose par la mise en avant du cor anglais et de sa sonorité languissante[7].

L'œuvre est bâtie sur une structure bipartite parfaitement équilibrée et dont les parties semblent se répondre. Elle s'articule et se développe autour de nombreuses idées et de deux thèmes principaux : le premier, simple et interrogatif, est exposé au cor anglais dans la première partie, puis au cor dans la seconde ; le second est gracieux mais plus complexe, faisant montre de chromatisme et de sinuosité il semble vouloir s'élever tout en retombant inexorablement avant de conquérir le registre aigu des premiers violons. Les idées et cellules thématiques sont nombreuses et montrent la modernité de son écriture, qui semble avoir accès à des ressources infinies de thématiques nouvelles[8].

Pour la première fois, Mel Bonis recourt au duolet et il semble vouloir entretenir le flou rythmique par sa volonté de ne pas choisir entre binaire et ternaire. Cela montre aussi la grande liberté de la compositrice[9].

Félix Ziem, Cléopâtre.

L'orchestration de la pièce est la plus aboutie et révèle la maturité acquise par la compositrice. Elle maîtrise le temps et le prend pour mener le discours musical jusqu'à des sommets d'expressivité et de triomphe. La précision d'écriture, la variété rythmique, le travail des textures sonores montrent son attachement à la perfection. Les parties de harpes sont très soignées et montrent la connaissance acquise auprès de Charles Koechlin. Elle utilise notamment les pédales de la harpe pour ponctuer une entrée, créer un flou sonore ou encore faire une transition. Cette œuvre n'affiche aucune ambition programmatique ou illustrative, avec un orientalisme poussé et où les impressions visuelles et sonores foisonnent. Elle opère sa propre synthèse intellectuelle en posant l'orchestration comme une pensée globale et unifiante. L'œuvre possède une architecture où chaque élément demande une attention propre, dans le détail comme dans l'intégration au tout[9].

Discographie

Version pour orchestre

  • Mel Bonis : Symphonic Works, Bucharest Symphony Orchestra, Benoît Fromanger (dir.), Le Chant de Linos CL 1287.

Références

  1. Jardin 2020, p. 79.
  2. Jardin 2020, p. 68.
  3. Jardin 2020, p. 29.
  4. Jardin 2020, p. 45.
  5. Jardin 2020, p. 307.
  6. Jardin 2020, p. 433.
  7. Jardin 2020, p. 434.
  8. Jardin 2020, p. 435.
  9. Jardin 2020, p. 436.

Sources

  • Étienne Jardin, Mel Bonis (1858-1937) : parcours d'une compositrice de la Belle Époque, (ISBN 978-2-330-13313-9 et 2-330-13313-8, OCLC 1153996478, lire en ligne)

Liens externes

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