Lentin

Lentin est un nom vulgaire, issu du genre latin Lentinus, qui désignait un regroupement taxinomique désormais caduc de champignons à lames. Les lentins sont principalement lignicoles et présentent un pied excentrique et un chapeau écailleux. On les croyaient proches des pleurotes, mais aussi de certains polypores (pourtant non lamellés). Les analyses moléculaires ont montré qu'il s'agissait en réalité d'un groupe polyphylétique et que les affinités morphologiques entre champignons « lentinoïdes » ont été obtenues par convergence évolutive. Plusieurs espèces de champignons conservent néanmoins un nom normalisé formé à partir du terme « lentin », bien qu'elles ne soient pas apparentées.

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Lentin
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Lentin » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Lentin tigré (Lentinus tigrinus)

Taxons concernés

Dans l'ordre des Agaricales et la famille des Marasmiaceae, le genre :

Dans l'ordre des Russulales et la famille des Auriscalpiaceae, le genre :

Dans l'ordre des Polyporales et la famille des Polyporaceae, les genres :

Dans l'ordre des Gloeophyllales et la famille des Gloeophyllaceae, les genres :

Description

Les lentins sont des champignons à lames assez charnus, au chapeau couvert d'écailles et au pied court et excentrique. Ils sont lignicoles et présentent certaines ressemblances avec les polypores, y-compris au niveau de la structure miscroscopique de leurs hyphes[1]. Leurs lames sont décurrentes et leur chair plus ou moins coriace[2].

Histoire taxinomique

Elias Magnus Fries crée le genre Lentinus en 1825. Le nom évoque leur chair tenace et flexible (en latin : lentus). Le mycologue suédois reconnait dès l'origine les affinités entre ce groupe et les genres Polyporuspores) et Flavolus (à alvéoles). Mais comme sa classification est fondamentalement basée sur la configuration des hyménophores, il place les lentins dans la tribu des omphales, au sein des agarics (champignons à lames)[3].

Le Portugais Camille Torrend (en) est le premier en 1920 à placer les lentins parmi les polypores stipités[4]. Ce point de vue devient peu à peu consensuel durant le XXe siècle, mais est exprimé différemment en fonctions des auteurs. Ainsi, le Britannique David Pegler (en) suggère que les lentins représentent un développement agaricoïde (à lames) à partir d'ancêtres polyporoïdes (à pores)[5]. En contraste, Rolf Singer estime que certains polypores (dont les lentins) n'ont rien à voir avec les Aphyllophorales (qui regroupe tous les champignons sans lames) et il le classe dans les Agaricales[6]. Quant à E. J. H. Corner, il propose que les lentins sont des agarics primitifs, qui ont évolué à partir d'ancêtres hydnoïdesaiguillons)[7].

Au début des années 1990, les lentins sont parmi les premiers Agaricomycetes à faire l'objet d'analyses moléculaires[8]. Ces dernières démontrent l'existence des quatre clades indépendants. Ainsi, Lentinus sensu stricto est étroitement lié au Polypore alvéolé (Polyporus arcularius), alors que Neolentinus est plus proche des lenzites du genre Gloeophyllum[9]. On découvre une proximité insoupçonnée entre Lentinellus et des champignons à forme hydnoïde (Auriscalpium vulgare) et clavarioïde (Clavicorona pyxidata)[10]. En parallèle, les pleurotes qu'on croyait apparentés aux lentins sont confirmés dans les « agarics vrais »[1]. En conclusion, les affinités morphologiques macro- et microscopiques qui semblaient justifier de considérer les lentins comme un groupe homogène s'avèrent en réalité être un cas de convergence évolutive[9], et ses membres sont désormais répartis entre les ordres des Agaricales, des Russulales, des Polyporales et des Gloeophyllales[1].

Liste alphabétique

Références

  1. (en) David S. Hibbett, « After the gold rush, or before the flood? Evolutionary morphology of mushroom-forming fungi (Agaricomycetes) in the early 21st century », Mycological Research, vol. 111, no 9, , p. 1001–1018 (DOI 10.1016/j.mycres.2007.01.012, lire en ligne, consulté le ).
  2. C. Meyer, « lentins (n. m.) », sur Dictionnaire des sciences animales, (consulté le ).
  3. (en) Ivan V. Zmitrovich et Alexander E. Kovalenko, « Lentinoid and Polyporoid Fungi, Two Generic Conglomerates Containing Important Medicinal Mushrooms in Molecular Perspective », International Journal of Medicinal Mushrooms, vol. 18, no 1, , p. 23–38 (ISSN 1521-9437, DOI 10.1615/IntJMedMushrooms.v18.i1.40, lire en ligne, consulté le ).
  4. Camille Torrend, « Les Polyporaceés du Brésil: Polyporaceés stipitées », Brotéria, vol. 18, , p. 121-142 (lire en ligne)
  5. (en) David Norman Pegler, The genus Lentinus : a world monograph, H.M.S.O (no 10), , 241 p. (ISBN 978-1-84246-560-8 et 1-84246-560-0, OCLC 891485721, lire en ligne).
  6. (en) Rolf Singer, The Agaricales in modern taxonomy, Koenigstein, Koeltz Scientific Books, , 4e éd., 981 p. (ISBN 3-87429-254-1 et 978-3-87429-254-2).
  7. (en) Corner Edred J. H., The agaric genera Lentinus, Panus, and Pleurotus, with particular reference to Malaysian species, J. Cramer, , 169 p. (ISBN 3-7682-5469-0 et 978-3-7682-5469-4, OCLC 8099915, lire en ligne).
  8. (en) David S. Hibbett et Rytas Vilgalys, « Evolutionary Relationships of Lentinus to the Polyporaceae: Evidence from Restriction Analysis of Enzymatically Amplified Ribosomal Dna », Mycologia, vol. 83, no 4, , p. 425–439 (ISSN 0027-5514 et 1557-2536, DOI 10.1080/00275514.1991.12026032, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) David S. Hibbett et Rytas Vilgalys, « Phylogenetic Relationships of Lentinus (Basidiomycotina) Inferred from Molecular and Morphological Characters », Systematic Botany, vol. 18, no 3, , p. 409 (DOI 10.2307/2419417, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Elizabeth M. Pine, David S. Hibbett et Michael J. Donoghue, « Phylogenetic Relationships of Cantharelloid and Clavarioid Homobasidiomycetes Based on Mitochondrial and Nuclear rDNA Sequences », Mycologia, vol. 91, no 6, , p. 944 (DOI 10.2307/3761626, lire en ligne, consulté le ).
  11. « Index des noms français », sur Mycoquebec.org (consulté le ).
  12. Christian Deconchat et Jean-Marie Polèse, Champignons : l'encyclopédie, Paris, Artémis Éditions, , 607 p. (ISBN 2-84416-145-6 et 978-2-84416-145-1, OCLC 424011070, lire en ligne), p. 170.
  13. Société mycologique de France, « Les noms français des champignons », sur Mycofrance.fr (consulté le ).
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