Les Brigands (opéra bouffe)
Les Brigands est un opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, créé au théâtre des Variétés le . Une seconde version sous forme de féerie fut élaborée au théâtre de la Gaîté en .
Pour les articles homonymes, voir Les Brigands.
Genre | Opéra bouffe |
---|---|
Nbre d'actes | 3 |
Musique | Jacques Offenbach |
Livret |
Henri Meilhac et Ludovic Halévy |
Langue originale |
Français |
Dates de composition |
1869 |
Création |
Théâtre des Variétés, Paris |
Versions successives
- Version de 1869 en 3 actes
- Version de 1878 en 3 actes et 4 tableaux
Genèse
Le , alors que la Grande-Duchesse de Gérolstein est à l’affiche du théâtre des Variétés, la presse[1] annonce la création des Brigands dans ce même théâtre.
Première phase
Dès , Henri Meilhac et Ludovic Halévy présentent à Hippolyte Cogniard, directeur du théâtre, deux actes des Brigands qui doivent alors être créés en [2]. Le , sans doute à la suite de cette présentation, Jacques Offenbach demande à Ludovic Halévy la distribution de la pièce pour pouvoir finaliser la musique[3].
La partition est vendue dès à l’éditeur parisien Colombier[4].
Le projet est reporté lorsque Hortense Schneider, qui a rompu son contrat avec le théâtre du Châtelet le , réintègre le théâtre des Variétés[5]. L’opéra bouffe Les Brigands ne comportant pas de rôle pour elle, il laisse la place à La Périchole qui est créée le [6].
Seconde phase
Le travail sur Les Brigands reprend l’année suivante.
Le , dans une lettre à Ludovic Halévy, Jacques Offenbach se plaint à ses librettistes de l’avancée de leur travail alors que la lecture est prévue le et qu’il « demande trois mois pour les mettre en musique. »[7]. Le , à son librettiste qui lui reproche « une lettre si plaintive », il répond : « Revois le 1er acte pour les morceaux ; ils ne sont pas d’aplomb, et ceux qui y sont ne sont pas bons. »[8].
Le , il propose une session de travail à ses librettistes à Étretat et réclame le texte du 3e acte[9].
La collaboration semble assez houleuse. Le , Offenbach demande de « remettre fin août » la lecture de la pièce. Il déclare à Ludovic Halévy : « Ce n’est pas de toi que j’ai peur, mais de ce paresseux de Meilhac. »[10] Le , il s’explique de nouveau : « je prends l’engagement aux époques fixées par toi, des opérettes, mais à condition d’avoir les pièces à temps pour les mettre en musique. ». Il termine sa lettre en félicitant à mi-mot son librettiste et déclare : « Ce que tu m’as envoyé est très bon, mais il me faut un effet au second acte, et je ne l’ai pas. »[11].
Fin , Offenbach explique de nouveau ses souhaits à ses librettistes : « Tu me parles toujours du 2e acte de La Belle Hélène, parce que tous ces morceaux sont en situation et à effet. Je ne demande pas la quantité, mais la qualité. Sans situation, la musique devient absurde et embêtante pour le public. Je demande des situations à mettre à musique et non pas couplets sur couplets (…). ». Il poursuit : « dans ce second acte, vous ne m’avez pas donné une situation ; il faut la chercher ; ce doit être facile, le 2e acte fourmillant de situations comiques. (…) ». Il conclut sa lettre avec des instructions pour le 1er acte : « Introduction : la ballade de Dupuis [N°1C. Couplets de Falsacappa] à refaire. Quant au chœur ([N°3] (“Nous avons pris ce petit homme”), il faut le conduire jusqu’au moment ou Fragoletto aperçoit Ginévra [nom primitif de Fiorella], pour que je puisse reprendre le premier motif. Le duo [N°5] est complètement à refaire, pour le premier récit de Ginévra, lui indiquant le chemin. L’air de Fragoletto (le courrier) [N°6] : beaucoup de détails à ajouter. Le finale [N°7] : un tas de détails, puis les autres couplets de Ginévra. Tu vois qu’il nous faut deux jours au moins. »[12].
Le , face à la lenteur du travail, il s’étonne de nouveau : « Je désirerai savoir si nous faisons une pièce pour cet hiver »[13]. À la réponse de ses librettistes, il s’exclame le : « Donc, si je ne vous avais pas écrit, j’aurais appris par les journaux que grâce à vous, je n’ai pas de pièce aux Variétés cet hiver. »[14]
Malgré ces relations tendues, la genèse de l’œuvre arrive à son terme courant .
Répétition
Le Figaro annonce le qu’une indisposition d'Offenbach retarde la première des Brigands[15] puis, quelques jours plus tard que la première est remise au mois de décembre[16]. Fin novembre, la presse présente la distribution de la nouvelle pièce prévue « dans les premiers jours de décembre »[17].
La répétition générale du premier acte a lieu le vendredi , elle se termine par « une de ces ovations que l’on n’oublie pas » de la part des artistes à Jacques Offenbach[18].
Le théâtre des Variétés fait relâche à partir du mardi [19] pour présenter Les Brigands le mardi [20]. La création est reportée au [21], puis au [22] et enfin au [23].
Création
Accueil
Les Brigands sont présentés au théâtre des Variétés le , trois jours après la création de La Princesse de Trébizonde au théâtre des Bouffes-Parisiens !
Avant même son compte-rendu détaillé, Le Figaro reproduit le Chœur des carabiniers qui a été bissé le soir de la première[24]. Benedict renchérit dans sa critique le lendemain : « Le premier acte des Brigands a décidé du succès de la pièce. Un fou rire s’est emparé des spectateurs à l’entrée des carabiniers. Il faut voir, il faut entendre le brigadier Baron dire, avec une voix de basse parlée sur le dessin rythmique de l’orchestre : “Nous sommes les carabiniers, La sécurité des foyers ; Mais, par un malheureux hasard, Au secours des particuliers, Nous arrivons toujours trop tard !” ». Les deux actes suivants lui apparaissent, en comparaison, moins réussis : « ils sont traînants et un peu vides dans leur turbulence. »[25] écrit-il.
Musique
Le style musical est remarqué de l’ensemble des critiques : « La nouvelle partition de M. Jacques Offenbach est un mariage de raison entre l’opérette-bouffe et le style de l’opéra-comique. Le compositeur a voulu élever le genre qui avait fait sa popularité et ses succès. » note Le Figaro[25]. Le Ménestrel encourage d’ailleurs le compositeur « dans cette voie [et] peu à peu[,] l’opérette burlesque, de concession en concession, rentrera dans le giron du véritable opéra-comique… »[26]. L’Illustration, pour sa part, y voit plutôt une « parodie de l’opéra-comique »[27].
Le canon [No 10] et le duetto du notaire [no 11] sont tout particulièrement appréciés : « ce qu’on goûte le plus aujourd’hui dans les Brigands, c’est le joli chœur fugué qui ouvre le deuxième acte, et le joli duo de l’éclat de rire qui suit » écrit Henri Moreno[26].
La partition paraît malgré tout dense et « si l’on élaguait çà et là quelques airs, soit dit sans jeu de mot, l’air ci[r]culerait dans une partition un peu touffue. » conclut Benedict[25].
Costumes
Les costumes sont dessinés par Draner[28].
- Barbavano à l'acte I
- Campo-Tasso à l'acte II
- Gloria-Cassis
- Le capitaine des carabiniers
- Le prince à l'acte I
- Antonio à l'acte III
- Falsacappa à l'acte I
- Fiorella à l'acte I
- Fragoletto à l'acte I
- Pietro à l'acte I
- Barbavano à l'acte I
- Le prince à l'acte I
- Le capitaine des Carabiniers
- Campo-Tasso à l'acte II
- La princesse de Grenade à l'acte II
- Adolphe de Valladolid à l'acte II
- Gloria-Cassis à l'acte II
- Les pages espagnols
- Fiorella à l'acte II
- Antonio à l'acte III
Créateurs
Malgré la réussite du duo Zulma Bouffar (Fragoletto) et Aimée (Fiorella) qui ont « chanté avec beaucoup de verve et de naturel », Le Figaro ne peut s’empêcher de noter l’absence d’Hortense Schneider : « Il y a deux premiers rôles de femmes dans Les Brigands : un seul eût suffi s’il se fût appelé Hortense Schneider. »[25].
Les rôles masculins n’émeuvent pas la critique à l’exception du « carabinier Baron, avec son bourdon, son casque et ses épaulettes ! C’est le triomphe de la charge qui traversa le théâtre. Que Paris goûte ou non Les Brigands de MM. Meilhac, Halévy et Offenbach, Paris voudra voir passer la patrouille des carabiniers commandée par le grand Baron ! »[25]
Succès
Le , la recette de la soirée est de 5 501 francs, record du théâtre des Variétés, à l’époque, devant La Grande-Duchesse de Gérolstein[29]. Elles se maintiennent au-dessus de 4 000 francs les jours suivants[30]. Les vingt-cinq premières des Brigands produisent 116 635 francs[31] soit une moyenne de 4 600 francs par représentation.
En remerciement de ce succès, les troupes de La Princesse de Trébizonde et des Brigands sont réunies le mercredi au Grand-Hôtel « où le maestro Offenbach leur [fait] les honneurs d’une fête gastronomique et chorégraphique dont il sera longtemps parlé dans l’histoire »[32].
Le , « les Variétés annoncent les dernières représentations des Brigands. »[33]. La 100e représentation a lieu le [34]. La dernière, et 107e représentation, est donnée le vendredi [35].
Reprises à Paris
Alors que la France est en guerre depuis le , Les Brigands sont repris du mercredi [39] au lundi [40]. Le jour de la reprise, « comme intermède [patriotique], nous avons entendu La Marseillaise, Le Rhin allemand et des strophes de circonstances » note Gustave Lafargue[41].
Huit mois après l’armistice du , le samedi , la pièce est de nouveau reprise avec succès. Le Figaro relate :« Les Brigands ont eu hier un succès, plus grand, peut-être qu’à la première représentation. »[42].
Les Brigands sont régulièrement repris au théâtre des Variétés durant la décennie des années 1870. Jacques Offenbach s’en émeut en 1874 auprès du directeur : « la reprise des Brigands est une mauvaise reprise. Vous reprenez maintenant et Les Brigands et La Vie [Parisienne], pour boucher les trous, nous n’avons plus les bénéfices d’une vraie reprise. »[43].
Version « féerie »
Une nouvelle version des Brigands, désormais en 3 actes[44],[Note 1] et 4 tableaux, est montée au théâtre de la Gaîté le mercredi .
Livret
Pour cette reprise, les effectifs sur scène sont augmentés : « tout a dû naturellement prendre des proportions grandioses. »[45].
Le troisième acte est désormais composé de deux tableaux. Après avoir un moment hésité à mettre en scène un combat de taureaux repris du Don Quichotte de Victorien Sardou[46], le choix se porte sur un « cortège final, [qui] correspond au Charles-Quint du fameux tableau de Mackart. »[45]. L’introduction de ce nouveau tableau fait dire à Auguste Vitu : « on a remplacé l’ancien dénouement, dont la rapidité faisait le principal mérite, par un défilé et une cavalcade dont le besoin ne se faisait pas absolument sentir. »[47].
L’intrigue est modifiée : « Falsacappa acceptant le billet de 1 000 francs du caissier Antonio, on se prépare à célébrer le mariage du prince et de Fiorella lorsque arrive la véritable ambassade de Grenade. Un changement à vue transporte l’action sur la grand-place de Mantoue que borde un arc de triomphe. (…) Le cortège défile, spectacle agrémenté d’un ballet (…) et d’une cavalcade. »[48]
Musique
Pour cette nouvelle version, Jacques Offenbach augmente l’orchestre qui atteint 52 musiciens[45]. Il demande à Ludovic Halévy dans une lettre en : « dis au chef d’orchestre de la Gaîté que j’ai besoin de compléter l’orchestration des Brigands en ajoutant un hautbois, un basson, 2 cors et 2 trombones. »[49].
Il « compose trois ballets : un premier à la fin du premier acte [“brigandes au clair de lune”[48]], un ballet “espagnol” au deuxième acte et un dernier [“des Italiennes”[48]] »[50] au deuxième tableau du troisième acte.
Il ajoute aussi un air pour Fiorella en reprenant La Malagueña [no 15] de son opéra bouffe Maître Péronilla créé moins d’un an auparavant le .
Scénographie
Le spectacle est monté avec tout le faste que demande une féerie. « Parmi les innombrables costumes qu’il a fallu exécuter pour tout ce monde, ceux des ballets surtout ont été remarqués. Les costumes du divertissement espagnol du second acte offrent à l’œil un charmant fouillis de couleurs claires de différents tons. C’est gai, chatoyant, et surtout fort gracieux. »[45]
Jean-Baptiste Lavastre crée le décor du premier acte, Joseph-Antoine Lavastre et Eugène Carpezat créent les décors du deuxième acte et du premier tableau du troisième acte, Eugène Fromont dessine le dernier décor. Pour ce dernier tableau, Le Gaulois affirme, peut-être à tort, que le décor est repris du Roi Carotte[44], un opéra bouffe-féerie de Jacques Offenbach a créé dans ce même théâtre en 1872.
Accueil
La première est un « immense succès de directeur, d’auteurs et d’artistes ! »[44].
Le Gaulois note le soir de la première : « La musique de la partition primitive se retrouve là tout entière, revue, corrigée, augmentée. Elle est absolument aussi fraîche que le premier jour, et chacun sait que les Brigands sont de la belle et bonne époque d’Offenbach. »[44].
Parmi les acteurs, seul Léonce retrouve son rôle de caissier[47].
Laurence Grivot qui tient le rôle de Fragoletto est particulièrement appréciée : « elle est gaie, intelligente et spirituelle. » note Le Figaro[45]. Sa Saltarelle [no 6] est bissée le jour de la première.
Le Gaulois conclut : « Christian, Mme Peschard, le couple Grivot, et vingt autres rivalisent de talent et de gaieté. C’est un entrain, un diable-au-corps, qui part du chef d’orchestre pour arriver, toujours grandissant, du dernier choriste à Christian Falsacappa lui-même. »[44].
Le spectacle, prévu à 20 heures[51], se termine à une heure moins le quart[45] ! Jacques Offenbach, malade, ne dirige pas la représentation, mais, le soir même, il « remercie ses “chers artistes” de leur zèle, de leur dévouement et “du travail surhumain” des répétitions. “Il fallait, ajoute-t-il, tout votre courage pour arriver aussi vite et aussi sûrement”. »[45].
Malgré ce bon accueil, cette deuxième version des Brigands ne sera jouée que 34 fois jusqu’à la dernière le . Du vivant de Jacques Offenbach, ce sera sa dernière œuvre à être donnée au théâtre de la Gaîté[52].
Créateurs
Rôle | Tessiture | Créateur (Théâtre des Variétés, ) |
---|---|---|
Falsacappa, chef de brigands | ténor | José Dupuis |
Fragoletto, jeune fermier | mezzo-soprano (rôle travesti) | Zulma Bouffar |
Pietro, confident et sous-chef de Falsacappa | ténor | Kopp |
Antonio, caissier du duc de Mantoue | ténor | Léonce |
Le comte de Gloria-Cassis, chambellan de la princesse de Grenade | ténor | Gourdon |
Le baron de Campotasso, premier écuyer du duc de Mantoue | ténor | Charles Blondelet |
Le duc de Mantoue | ténor | Lanjallay |
Le chef des carabiniers du duc de Mantoue | basse | Baron |
Carmagnola, brigand | ténor | Gobin |
Pipo, aubergiste | ténor | Boulangé |
Adolphe de Valladolid, premier page de la princesse de Grenade | ténor | Cooper |
Barbavano, brigand | basse | Daniel Bac |
Domino, brigand | ténor | Bordier |
Le précepteur de la princesse de Grenade | basse | Videin |
Un courrier / Un huissier | rôle parlé | Millaux |
Fiorella, fille de Falsacappa | soprano | Aimée |
La princesse de Grenade | soprano | Lucciani |
Zerlina, paysanne | soprano | Julia H |
Fiammetta, paysanne | soprano | Bessy |
La duchesse | soprano | Alice Regnault |
La marquise | mezzo-soprano | Gravier |
Bianca, paysanne | mezzo-soprano | Oppenheim |
Cicinella, paysanne | mezzo-soprano | Drouard |
Pipetta, fille de Pipo | soprano | Génat |
Pipa, femme de Pipo | mezzo-soprano | Léonie |
Argument
Version de 1869 en 3 actes.
Acte I
Paysage à la Salvator Rosa.
Falsacappa, chef de brigands, déguisé en ermite, amène dans son repaire quelques paysannes. Mais cela ne suffit pas à sa troupe de voleurs qui trouve que le brigandage ne rapporte pas suffisamment. Fiorella offre à son père Falsacappa, dont c’est la fête, un portrait d’elle. Les brigands viennent interrompre ce moment familial en amenant Fragoletto, un jeune fermier que Falsacappa a vandalisé la semaine précédente, et qui vient pour se faire enrôler dans la bande. Il vient aussi pour retrouver la belle Fiorella qu’il n’a pas quittée des yeux pendant le cambriolage et qu’il demande en mariage. Falsacappa accepte sa candidature s’il réussit son premier coup de brigand. Alors que l’ensemble des brigands les accompagne, un jeune prince, le duc de Mantoue, perdu dans la montagne, rencontre Fiorella. Devant son charme, elle l’invite à fuir au plus vite pour ne pas tomber dans les mains de son père et de la bande. Fragoletto revient de sa chasse ayant capturé un « courrier de cabinet » transportant le portrait de la princesse Grenade qu’il doit amener au prince de Mantoue, son futur. Ce portrait est accompagné d’une dépêche qui signale que la cour de Mantoue doit trois millions à la cour de Grenade et qu’ils « seront remis à la personne qui accompagnera la princesse ». Falsacappa a un plan : sa bande va prendre la place de la cour espagnole. Sa fille prendra la place de la princesse de Grenade, et ils iront récupérer les trois millions à la cour de Grenade. Il relâche le courrier après avoir échangé le portrait de la princesse par celui de sa fille Fiorella. Fragoletto est reçu en tant que deuxième bras droit de Falsacappa lors d’une cérémonie interrompu par le passage de carabiniers dont le « bruit de bottes » permet aux brigands de se cacher avant de reprendre leurs festivités.
Acte II
Devant une auberge à la frontière entre l’Espagne et l’Italie.
Pipo, l’aubergiste, et ses marmitons attendent leurs clients. Les brigands déguisés en mendiants les capturent et les enferment dans la cave de l’auberge. Fiorella accepte de prendre part au plan de son père en échange de son mariage avec Fragoletto. Les brigands se déguisent en marmitons pour accueillir l’ambassade de Mantoue, composée du baron de Compotasso et du Capitaine des Carabiniers et de ses hommes. Ils sont eux aussi enfermés dans la cave de l’auberge : Falsacappa prend le costume du Capitaine des Carabiniers tandis que Pietro prend celui du baron de Compotasso. L’ambassade de Grenade arrive, composée du comte de Gloria-Cassis, de la princesse de Grenade, de son précepteur, d’Adolphe de Valladolid, son page. Ils sont eux aussi enfermés dans l’auberge. Alors que les brigands, déguisés avec les vêtements de la cour de Grenade, s’apprêtent à partir vers Mantoue, Pipo parvient à lancer l’alerte. La cour de Grenade s’affole et pense être sauvée par les Carabiniers mais ceux-ci sortent de la cave… saouls !
Acte III
Chez le duc de Mantoue.
Le prince dit adieu à ses dames d’honneur, car il est obligé par la raison d’État de se marier. Il demande à son caissier de régler quelques notes de ces dames et de préparer les trois millions dus à la cour de Grenade. Le caissier ne réplique pas, mais il ne reste plus que 1 283 francs et 25 centimes dans sa caisse – le reste, il l’a mangé avec des femmes. La cour de Mantoue accueille les brigands qui ont pris les apparences de l’ambassade de Grenade. Falsacappa qui joue le rôle du comte de Gloria-Cassis demande au caissier les trois millions. Ce dernier espère lui faire acheter son silence par un billet de 1 000 francs, mais Falsacappa réclame le reste. Voyant qu’il a affaire à un homme honnête, le caissier lui annonce qu’il ne peut le payer. Devant le bruit de la colère de Falsacappa, la cour arrive et la fausse ambassade arrive sur les lieux, un huissier annonce alors une « seconde ambassade de Grenade ». Les brigands sont démasqués, mais Fiorella obtient le pardon du prince dont elle a sauvé la vie auparavant. Le prince ordonne l’amnistie, Gloria-Cassis se satisfait du billet de 1 000 francs qu’il gardera pour lui. Quant aux brigands, ils décident de devenir d’honnêtes gens pour ne plus frissonner « en entendant les bottes des carabiniers ! ».
Partition
D'après le piano-chant Colombier publié en 1870[53].
N° | Titre | |||
---|---|---|---|---|
Acte I | ||||
Ouverture | ||||
1 | Introduction | A. Chœur des brigands | ||
B. Couplets des jeunes filles | ||||
C. Couplets de Falsacappa | ||||
D. Strette | ||||
1 bis | Mélodrame | |||
2 | Couplets de Fiorella | |||
3 | Morceau d'ensemble | « Nous avons pris ce petit homme » | ||
4 | Couplets | « Quand tu me fis l'insigne honneur » | ||
4 bis | Chœur de sortie | |||
5 | Rondo | « Après avoir pris à droite » | ||
6 | Saltarelle | « Falsacappa voici ma prise » | ||
6 bis | Mélodrame[Note 2] | |||
7 | Finale | A. Chœur de la réception | ||
B. Couplets | ||||
C. Orgie | ||||
D. Chœur des carabiniers | ||||
E. Strette | ||||
Acte II | ||||
8 | Entr'acte | |||
9 | Chœur | « Les fourneaux sont allumés » | ||
9 bis | Sortie | |||
10 | Canon | « Soyez pitoyables » | ||
11 | Duetto du notaire | |||
11 bis | Chœur de sortie | |||
12 | Trio des marmitons | |||
13 | Chœur et mélodrame | |||
14 | Chœur et couplets de l'ambassade | |||
15 | A. Chœur | |||
B. Mélodrame et scène | ||||
C. Couplets des Espagnols | ||||
16 | Couplets | « Pourquoi l'on aime » | ||
17 | Final | A. Chœur | ||
B. Ensemble | ||||
C. Scène | ||||
D. Strette | ||||
Acte III | ||||
18 | Entr'acte | |||
19 | A. Chœur de fête | |||
B. Couplets du prince | ||||
19 bis | Chœur de sortie | |||
20 | Couplets du caissier | |||
21 | Morceau d'ensemble | |||
21 bis | Chœur de sortie | |||
22 | Final |
Version germanophone
Le piano-chant Die Banditen paru dans les années 1870 aux éditions Berlin & Posen / Ed. Bote & C. Bock présente plusieurs différences avec l'édition parisienne :
- Le solo de cor dans l’Introduction (no 1) est présent sous deux versions dont l'une est la version parisienne.
- Les numéros 6 bis, 9 bis et 21 bis sont absents du piano-chant.
- Le Trio des marmitons (no 13) est lui aussi absent.
Postérité
- D’après une anecdote publiée en 1875, le chœur des carabiniers « Nous sommes les carabiniers, / La sécurité des foyers ; / Mais, par un malheureux hasard, / Au secours des particuliers / Nous arrivons toujours trop tard » aurait été inspiré aux librettistes par une remarque du régisseur lors d’une répétition. Alors les carabiniers devaient entrer pour se battre contre les brigands, il aurait crié « Trop tard, les carabiniers ! »[54]. La locution « arriver comme les carabiniers » devient emblématique et populaire : elle est présente dans Le Larousse du XXe siècle[55] et Hergé la place dans la bouche du Capitaine Haddock dans son album Les Bijoux de la Castafiore[56].
Notes et références
Notes
- L’affiche de Jules Chéret de 1878 indique « opéra-bouffe en 4 actes », cf. .
- Mention sur la partition : « À la représentation, on peut passer ce mélodrame ».
Références
- Le Figaro, mardi 15 octobre 1867
- Le Figaro, samedi 4 janvier 1868
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 126
- Le Figaro, lundi 10 février 1868
- Le Figaro, mardi 14 janvier 1868
- Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 365
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 145
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 147
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 150
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 154
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 156
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 159
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 162
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 163
- Le Figaro, 2 novembre 1869
- Le Figaro, lundi 8 novembre 1869
- Le Figaro, dimanche 21 novembre 1869
- Le Figaro, lundi 29 novembre 1869
- Le Figaro, samedi 27 novembre 1869
- Le Figaro, vendredi 3 décembre 1869
- Le Figaro, dimanche 5 décembre 1869
- Le Figaro, jeudi 9 décembre 1869
- Le Figaro, vendredi 10 décembre 1869
- Le Figaro, dimanche 12 décembre 1869
- Le Figaro, lundi 13 décembre 1869
- Le Ménestrel, dimanche 19 décembre 1869
- L’Illustration, 18 décembre 1869 cité in Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 391
- Le Figaro, samedi 11 décembre 1869
- Le Figaro, mercredi 15 décembre 1869
- Le Figaro, mardi 21 décembre 1869
- Le Figaro, jeudi 6 janvier 1870
- Le Figaro, jeudi 24 février 1870
- Le Figaro, mardi 8 mars 1870
- Le Figaro, lundi 21 mars 1870
- Le Figaro, vendredi 25 mars 1870
- Le Figaro, mercredi 2 mars 1870
- Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 393
- Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 442
- Le Figaro, jeudi 5 août 1870
- Le Figaro, mardi 16 août 1870
- Le Figaro, mercredi 17 août 1870
- Le Figaro, dimanche 3 septembre 1871
- J. Brindejont-Offenbach, Offenbach mon grand-père, Plon, 1940, p. 210
- Le Gaulois, vendredi 27 décembre 1878
- Le Figaro, jeudi 26 décembre 1878
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 207
- Le Figaro, vendredi 27 décembre 1878
- Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 585
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 209
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 210
- Le Figaro, mercredi 25 décembre 1878
- Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Gallimard, 2000, p. 586
- BNF
- Le Figaro, mardi 12 janvier 1875
- Larousse du XXe siècle en 6 volumes, Tome A-Carl, 1928, p. 1022
- Les Bijoux de la Castafiore, Hergé, p. 37
Liens externes
- Ressource relative à la musique :
- Les Brigands : partition intégrale (piano-chant) sur le site de la Médiathèque musicale de Paris
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