Les Deux Chèvres
Les Deux Chèvres est la quatrième fable du livre XII de Jean de La Fontaine situé dans le troisième et dernier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1693 mais daté de 1694.
Les Deux Chèvres | ||||||||
illustration de Gustave Doré | ||||||||
Auteur | Jean de La Fontaine | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Fable | |||||||
Éditeur | Claude Barbin | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1693 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Texte de la fable
Dés que les Chèvres ont brouté,
Certain esprit de liberté
Leur fait chercher fortune ; elles vont en voyage
Vers les endroits du pâturage
Les moins fréquentés des humains.
Là s’il est quelque lieu sans route et sans chemins,
Un rocher, quelque mont pendant en précipices,
C’est où ces Dames vont promener leurs caprices ;
Rien ne peut arrêter cet animal grimpant.
Deux Chèvres donc s’émancipant,
Toutes deux ayant patte blanche,
Quittèrent les bas prés, chacune de sa part.
L’une vers l’autre allait pour quelque bon hasard.
Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche ;
Deux Belettes à peine auraient passé de front
Sur ce pont :
D’ailleurs l’onde rapide et le ruisseau profond
Devaient faire trembler de peur ces Amazones.
Malgré tant de dangers l’une de ces personnes
Pose un pied sur la planche, et l’autre en fait autant,
Je m’imagine voir avec Louis le Grand
Philippes Quatre qui s’avance
Dans l’île de la Conférence[N 1].
Ainsi s’avançaient pas à pas,
Nez à nez nos Aventurières,
Qui toutes deux étant fort fières,
Vers le milieu du pont ne se voulurent pas
L’une à l’autre céder. Elles avoient la gloire
De compter dans leur race (à ce que dit l’Histoire)
L’une certaine Chèvre au mérite sans pair
Dont Polyphème fit présent à Galatée[N 2] ;
Et l’autre la Chèvre Amalthée[N 3]
Par qui fut nourri Jupiter.
Faute de reculer leur chute fut commune ;
Toutes deux tombèrent dans l’eau.
Cet accident n’est pas nouveau
Dans le chemin de la Fortune[N 4].
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Les Deux Chèvres, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 459
Notes
- Autre nom de l'Île des Faisans car sur cette île le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe IV et d'Élisabeth de France, a été âprement négocié.
- Allusion à l'amour du cyclope Polyphème pour la néréide Galatée
- Chèvre qui allaitât Zeus et ensuite métamorphosée en nymphe.
- Déesse de la chance ou du hasard.
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