Les Passeurs de millénaires
Les Passeurs de millénaires est le sixième volume de la série spéciale de La Grande Anthologie de la science-fiction, publié en 2005.
Pour les articles homonymes, voir Passeur et Le Passeur (homonymie).
Les Passeurs de millénaires | ||||||||
Les six volumes de la série spéciale « Auteurs francophones » dans la Grande Anthologie de la science-fiction. | ||||||||
Directeur de publication | Gérard Klein Ellen Herzfeld Dominique Martel |
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Genre | Recueil de nouvelles Science-fiction |
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Éditeur | Le Livre de poche | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 2005 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Ce volume, consacré comme les autres ouvrages de la série spéciale aux auteurs francophones, réunit quatorze nouvelles parues principalement entre 1996 et 2000.
L'image de couverture a été réalisée par Manchu ; elle représente un robot tenant dans sa main une babiole pour touristes, en l'occurrence une boule en verre à l'intérieur de laquelle se trouve un petit robot, sous de la fausse neige.
Publication
- Gérard Klein, Ellen Herzfeld et Dominique Martel (dir.), Les Passeurs de millénaires, coll. « Le Livre de poche » no 7265, 2005.
Extrait de la préface
Les nouvelles sont précédées d'une courte préface, non signée.
« (…) La science-fiction française est en général plus intellectuelle, plus conceptuelle, plus littéraire, que ses sœurs britannique ou américaine. Il y aurait chez les auteurs français comme une difficulté à se représenter l'avenir et une très grande diversité et subtilité dans les façons d'éviter sa rencontre. Ce sixième volume ne fait pas exception. Sur quatorze textes, sept relèvent de l'insolite, du dépaysement littéraire, du doute sur la réalité du réel et de l'uchronie ; trois seulement de la réalité virtuelle et des univers informatiques (et encore tirent-ils vers l'étrange plutôt que vers la prospective) ; et les quatre autres effleurent la réalité sociale, voire religieuse, sur Terre ou sur d'autres planètes. Cette constatation ne préjuge en rien de la qualité intellectuelle et littéraire des textes retenus, qui feront sans le moindre doute encore bonne figure dans cinquante ans (...). Rendez-vous ailleurs et demain, en l'occurrence en 2055. (…) »
— Extrait de la préface, p. 11 et 12
Liste des nouvelles
CHAPO
- Nouvelle de Jean-Pierre Andrevon, parue dans le recueil Manuscrit d'un roman de S.-F. trouvé dans une poubelle, recueil, 1966.
- Remarque : Le sigle ou acronyme « CHAPO » est cité de manière incidente dans le récit. L'acronyme est sous-entendu quand le responsable de l'immeuble vient sermonner Jorgus après qu'il a tout cassé dans son module... : « Vous faites subir à votre Cellule Habitable Autonome Protégée Organiquement des dommages dont vous êtes… »
- Situation dans l'anthologie : p. 13 à 37.
- Résumé : Dans une ville aseptisée, au XXIIe siècle. La chasse aux animaux non domestiques bat son plein : aucun logement ne doit comprendre la moindre mouche, abeille, araignée, le moindre cafard, etc. Alors on a créé des robots chargés de faire une chasse impitoyable à ces animaux, qui sont tués à coups de rayon laser. Ces robots sont les Auxiliaires d'Intervention Domestiques Électroniques, les « AIDES ». Le narrateur, Jorgus, commence à se prendre d'affection pour une mouche, avant sa destruction. Puis pour une petite araignée inoffensive et mignonne, elle-aussi tuée par un robot. Alors Jorgus se révolte. Il met hors service tous les robots œuvrant dans son appartement, n'hésitant pas, au passage, à éventrer placards et murs. Lorsqu'il n'y a plus un seul robot-domestique, il va au sous-sol, près des poubelles. Là il recueille une douzaine de cafards, qu'il emmène chez lui. Pendant quelques jours, il est heureux de constater que ces bêtes sont jolies et se félicite de les avoir installées chez lui. Mais c'est sans compter sur le Ratisseur Polyvalent de service, dit Rat-police, chargé de faire des rondes dans l'immeuble. Ce robot s'empresse, une fois encore, de liquider les petits cafards. En colère contre cet acte, Jorgus balance du 86e étage de l'immeuble le robot, qui s'écrase au sol. Quelques jours après, avoir fait des recherches sur internet, Jorgus a trouvé un homme qui, loin à la campagne, vend toutes sortes d'animaux. Il va voir cet homme et lui achète une petite souris, qu'il appelle Mina. Pendant une dizaine de jours, Jorgus est le plus heureux des hommes, avec sa petite souris qui, remarque-t-il, est assez intelligente. Mais c'est sans compter sur la Police sanitaire, qui veille…
« Citoyen Jorgus 189.675.342.1007.28, vous avez été reconnu coupable de l'hébergement volontaire et prolongé d'une créature animale de la classe des mammifères et de type Mus musculus, ou souris domestique. Par ce fait, vous contrevenez à l'article 703 de l'arrêté du 31.09.2099 sur l'Assainissement et l'hygiène des lieux publics et privés. La sentence, immédiatement exécutoire sous notre autorité, est la destruction par atomisation de l'objet biologique du délit. »
Une fois la petite souris massacrée, Jorgus sombre dans la mélancolie. Plusieurs mois après, il retourne voir le vieil homme à la campagne, et lui achète à nouveau un animal. Mais cette fois-ci, cet animal restera totalement caché, hors de portée de tout robot-sonde et de la Police sanitaire : qui trouvera, dans l'intestin de Jorgus, son ami ténia, son ver solitaire ? - Lien externe : « Fiche » sur le site NooSFere.
L'Ultime Réalité
- Nouvelle de Jean-Jacques Nguyen, parue dans le recueil Rêves d'Arkham, recueil, 1994 (la nouvelle a été reprise et remaniée dans le recueil Les Visages de Mars, paru en 1998).
- Situation dans l'anthologie : p. 38 à 61.
- Résumé : Olivier Perrin est astrophysicien. Il apprend que son meilleur ami, Jérôme Leverrier, ingénieur au CERN, vient de se tirer une balle dans la tête, lui laissant une lettre d'explications et son ordinateur. Jérôme travaillait sur l'étude des quarks et sur la force nucléaire faible. Dans son courrier, Jérôme annonce à son ami qu'après des décennies de recherche, il a découvert le secret ultime de la matière :
« (…) J'ai remonté ainsi toute la chaîne des quarks, et contemplé le paysage caché derrière cette illusion. Le secret ultime de la nature… Vieux frère, on ne peut pas avoir vu cela et survivre. C'est… atroce ! Crois-moi sur parole. Ce qui se cache derrière le voile des quarks n'est pas destiné à être contemplé par des yeux humains. (…)
Jérôme lui ayant donné son ordinateur ainsi qu'un indice sur le mot de passe permettant l'accès aux fichiers, Olivier ne met pas beaucoup de temps pour découvrir ces fichiers et les compulser. Lançant un logiciel paraissant très important, il voit une animation défiler : Jérôme avait rédigé un programme informatique retraçant le résultat de ses recherches. Et Olivier découvre stupéfait que sous les atomes, sous les quarks, sous les autres constituants infinitésimaux de la matière se cache ce que personne n'attendait, l'entité connue de tous les temps mais tapie dans l'ombre : le Diable et son Enfer. - Lien externe : « Fiche » sur le site NooSFere.
Bis
- Nouvelle de Vittorio Frigerio[1], parue dans la revue québécoise Solaris, numéro 118, .
- Situation dans l'anthologie : p. 62 à 89.
- Résumé : Et si l'on fabriquait une machine permettant de se souvenir de ses rêves, de les revivre, de triompher de ses erreurs passées, pour mieux les assumer au réveil ? Et que se passerait-il si un chef d'État transformait cette machine pour visualiser en rêve son futur ?
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Hôtels
- Nouvelle de Sylvie Denis et Francis Valéry, parue dans le recueil Territoires de l'inquiétude, Denoël - collection Présence du Fantastique no 55, 1996.
- Remarque : la nouvelle est de tonalité onirique.
- Situation dans l'anthologie : p. 90 à 105.
- Résumé : Un homme : John ; une femme : Élisabeth. Tous deux se trouvent dans une station balnéaire. Tous les êtres humains, à part eux, sont devenus « organominéraux ». Ils sont les seuls à se déplacer et à vivre. Ils errent, sans but, avec ennui, changeant d'hôtel chaque jour (d'où le titre de la nouvelle). Le lecteur ignore qui ils sont, d'où ils viennent, pourquoi ils ne sont pas comme les autres humains. À la fin de la nouvelle, John et Elisabeth se rencontrent, d'abord avec incrédulité, puis avec joie. Leur solitude est désormais terminée.
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L'Éternité, moins la vie
- Auteur : Jean-Jacques Girardot
- Publication : revue CyberDreams, numéro 10,
- Remarque : Cette nouvelle est à mettre en relation avec le courant de science-fiction relatif à la conscience robotique.
- Place dans l'anthologie : p. 106 à 128
- Résumé : L'informaticienne Helen Palmer a réussi un exploit technique incroyable : après avoir été touchée par un grave virus ne lui laissant que peu de temps à vivre, elle est parvenue à scanner son esprit au sein du disque dur d'un ordinateur. Le problème est que lorsque les fonctions vitales ont cessé, elle a été déclarée décédée, et que faute d'héritiers, tous ses biens ont été attribués à l'État. L'administrateur général du Laboratoire de recherche qui détient l'ordinateur contenant l'esprit et la mémoire d'Helen fait donc appel à un grand avocat, David Vanden, afin qu'il intente une action en justice aux fins de voir reconnaître la personnalité juridique d'une personne n'ayant plus de corps mais dont la conscience et la personnalité ont été remisées sur un support numérique. L'avocat n'est pas convaincu que cela puisse aboutir à un résultat : cela signifierait changer la notion juridique de « personne », et l'issue (négative) ne fait guère de doute. L'administrateur l'informe également qu'Helen, toutes les 30 heures environ, est « rebootée » : on remet à jour tous les paramètres de personnalité et sa conscience est réenregistrée ; sans cette opération technique, son esprit disparaîtrait totalement. Elle continue ses recherches pour progresser dans la connaissance de la conscience numérisée/robotisée, sachant que si les techniciens omettaient de la rebooter, son esprit mourrait. Face à cette femme qui ne sait pas si le jour qu'elle vit est le dernier, Vanden s'écrie Quel courage !. L'administrateur lui fait alors remarquer qu'il a employé un terme humain pour qualifier une mémoire numérique. Finalement, après réflexion, Vanden répond que le coup est jouable, mais qu'il faut s'y prendre finement : laisser la rumeur circuler, faire appel aux médias, contacter les hommes politiques. Lorsque la société et le monde politique seront mentalement « prêts », les tribunaux seront alors saisis de la question de la personnalité numérique.
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La Stratégie du requin
- Auteur : Jean-Claude Dunyach
- Publication : revue Galaxies, numéro 9, 1998
- Place dans l'anthologie : p. 129 à 157
- Résumé : La nouvelle est racontée sur le ton d'un monologue. Le narrateur est un « Esprit » issu d'un humain, mais déconnecté de son corps d'origine et vivant dans le « Monde numérique ». Esprit fugace, vif et acéré, le narrateur se compare à un requin qui va à la chasse dans les « Grands fonds » du Monde numérique. Il pourchasse et détruit toute sorte de programme, recueille des informations, les modifie, joue avec. C'est un prédateur, mais un prédateur intelligent et joueur. Un jour, il reçoit une proposition du gouvernement américain : un satellite scientifique russe a capté un message que l'on suppose venu d'une intelligence extraterrestre. Le Requin numérique pourrait-il être envoyé vers l'ordinateur de bord du satellite, et réexpédier une copie du message vers les antennes américaines ? Le narrateur accepte. Il se débarrasse de ses programmes et sous-programmes redondants, obsolètes ou inutiles, et se laisse envoyer sous onde radio dans l'ordinateur central du satellite. Il y découvre l'existence, en effet, d'un message extraterrestre. Mais ce message n'avait pas été envoyé exprès vers la Terre : les humains ont capté ce message parce qu'il passait à proximité de la planète, mais le message n'était pas destiné à être détecté des humains. Au lieu de renvoyer le message vers les antennes terrestres, le narrateur se dit que s'il arrivait à parvenir à la planète d'émission du message, il pourrait trouver quelque chose de nouveau, de neuf, susceptible de le divertir, mais aussi de le nourrir. Pourquoi rester dans le monde numérique terrestre alors qu'un monde inconnu s'ouvre à lui, recélant d'immenses possibilités ? Et puis, après tout il est un Requin numérique, et il a faim, très faim…
- Liens externes :
- Fiche sur iSFdb
- « Fiche » sur le site NooSFere
La Première Œuvre
- Auteur : Olivier Paquet
- Publication : revue Galaxies, numéro 14, 1999
- Place dans l'anthologie : p. 158 à 190
- Résumé : Mathias Jerner est un artiste-peintre mondialement connu pour ses tableaux non figuratifs. Mais Jerner est une intelligence artificielle, qui a été programmée pour peindre, en fonction des commandes des clients et de ses logiciels de création picturale. Tout se déroule sans problème jusqu'au jour où Yui Ninomiya, une journaliste, interviewe Jerner et lui pose quelques questions : parmi toutes les œuvres qu'il a peintes, laquelle préfère-t-il ? laquelle le représenterait au mieux ? qu'est-ce qui le différencie des autres peintres ? qu'est-ce que le « style Jerner » ? Jerner est tout d'abord amusé par ces questions, qu'il ne comprend pas : il répond à des commandes de clients, et si ceux-ci sont satisfaits, tout va bien, non ? Quelques jours après, il se remémore cette conversation, et découvre avec stupeur qu'il ne sait pas y répondre. Est-il un artiste ou un simple exécutant ? En proie à une crise existentielle, il se rend à l'atelier de travail d'un peintre concurrent, Arthur Van Fanel, qui lui est un peintre humain. Jerner voit tout de suite la différence entre le travail de ce peintre et le sien : Van Fanel a le trait moins sûr, les couleurs moins vives, l'abstraction moins osée. Il n'empêche qu'après une conversation avec ce peintre, les questions existentielles de Jerner sont accrues : Van Fanel, lui au moins, crée à partir de rien, et a un style personnel. Jerner se déconnecte alors de ses banques de données, de ses logiciels, et se met en quête de la création de sa grande œuvre personnelle, de sa Première Œuvre (d'où le titre de la nouvelle). Après une période de création intense où il donne le maximum de lui-même, Jerner explose en une gerbe étincelante, gravant la toile de circuits électriques, de mémoire positronique, de câbles, de boulons de son corps robotique. Lorsqu'on le découvre le lendemain, personne ne comprend son geste, et sa secrétaire Daphné hurle en voyant la toile, qu'elle trouve laide et monstrueuse. Yui Ninomiya récupère cette toile et l'expose dans un musée, à l'occasion d'une rétrospective concernant les grands peintres du XXIe siècle. La nouvelle se termine ainsi : « Le bois était meurtri, rainuré. Dans le haut du tableau, on voyait l'empreinte du masque de métal qui avait constitué le visage du peintre Mathias Jerner. L'empeinte était nette, creusant profondément le bois. Chaque segment du masque était visible, chaque muscle artificiel était reproduit de manière parfaite. Le métal avait disparu, remplacé uniquement par sa trace sur le bois. Van Fanel s'approcha du tableau, recula, fit quelques pas de côté, cherchant l'angle le plus approprié. Puis il se retourna vers Yui, totalement bouleversé par ce qu'il voyait. « C'est incroyable, on dirait qu'il sourit !» »
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Canards du doute
- Auteur : Philippe Curval.
- Situation dans l'anthologie : p. 191 à 219.
Le Prix du pardon
- Auteur : Matthieu Walraet[2],[3].
- Publication : Les Vagabonds du rêve, anthologie, 2000.
- Situation dans l'anthologie : p. 220 à 229.
- Résumé :
En 2032, le Vatican vend des Indulgences papales concernant les péchés capitaux. Il existe donc une Bourse des indulgences concernant la luxure, l'envie, la gourmandise, la cupidité, etc., etc., avec des phénomènes de hausse et de baisse des cours, de krachs boursiers, de délits d'initiés. De même qu'il y a le CAC 40 ou le Nasdaq, il existe l'Indice des indulgences qui permet de mesurer les taux de l'offre et de la demande.
Changement de registre. Un rendez-vous galant a lieu entre Michaël Filandre et la belle Isa. Ils sont dans un restaurant et commandent le menu. Michaël avoue à la jeune femme qu'il est une IA, une intelligence artificielle. Ne voulant pas déjeuner avec un robot ni le revoir ultérieurement, Isa quitte la table. On apprend alors que ces deux personnes n'étaient pas sur place dans le restaurant, mais par une réalité virtuelle, chacun d'eux étant chez soi.
Dernier changement de registre. Le concile œcuménique Vienne II, convoqué à l'initiative du pape Pie XIV, a décidé par la bulle De Machinis que les intelligence artificielles étaient dotées d'âmes. Elles peuvent donc devenir chrétiennes, recevoir le baptême et la communion. Mais n'ayant pas de sexe, elles ne pourront ni se marier ni devenir prêtres. Il existe désormais des modules logiciels permettant de doter les IA de sentiments religieux, et notamment chrétiens.
Les trois dernières phrases de la nouvelle sont les suivantes :
« Les évêques n'ont pas été insensibles aux conséquences économiques de leur décision. Les IA ne négligent pas le denier du culte, et surtout elles consomment une grande quantité d'indulgences.
La réaction du porte-parole de l'association Esprit libre est lapidaire : Nous avons voulu imiter l'intelligence humaine, nous en avons reproduit la bêtise. »
Craqueur
- Auteur : Alain Le Bussy
- Publication : revue québécoise Imagine…, juin 1996
- Distinction : la nouvelle a obtenu le Prix Septième Continent en 1996
- Place dans l'anthologie : p. 230 à 258
- Résumé : On a découvert une exoplanète habitable, que les humains ont décidé de coloniser. Un vaisseau spatial est envoyé vers cette planète, et une première centaine de colons commence à y vivre. Un village en bois est construit. On cultive les champs. On se marie, on s'aime, on a des enfants. Une école est ouverte. Trois ans après, un deuxième vaisseau spatial terrien apparaît. Une autre centaine de colons viennent vivre. Mais au bout de quelques semaines, la zizanie naît entre les colons initiaux et ceux de la seconde vague ; ces derniers se plaignent d'avoir des habitations en bordure du centre du village, et des conflits de voisinage ont lieu. Mais survient alors un événement que nul n'avait prévu : une jeune femme se fait violemment agresser au visage. On pense trouver le coupable en la personne d'un villageois fruste et égoïste, qui est tué par vengeance par un ami de la victime. On constate alors qu'aucune institution n'a été pensée : il n'y a pas de maire, pas de juge, pas de tribunal, pas de prison. Mais pour punir qui, et comment ? Puis des événements bizarres ont lieu : des animaux parqués dans l'enclos sont attaqués mystérieusement, des incendies se déclarent, des traces de pas étranges sont découvertes en bordure du village, etc. Un mythe se crée : un « Craqueur », animal extraterrestre natif de cette planète, attaquerait les colons pour les chasser de son territoire. Une clôture en bois est édifiée autour du village, mais les attaques persistent. Au bout de quelques mois, afin d'augmenter les défenses du village, un barrage est édifié et une mini-centrale électrique est créée, afin d'alimenter en électricité le village et d'installer une barrière électrifiée. Les conflits entre colons disparaissent et tous ont peur de ce Craqueur invisible et menaçant. Finalement, les colons décident de monter une expédition de recherche afin de trouver le Craqueur et le tuer. L'équipe se met en route. À un moment les six membres de l'équipe se divisent en deux trios. L'un des deux trios, mené par Jersy, est alors attaqué par le Craqueur. Le problème est que lorsqu'on lui tire dessus, les balles ne l'atteignent pas. Doué d'une force surhumaine, le Craqueur met hors d'état deux des hommes, sans les tuer ni les blesser sérieusement. Mais Jersy parvient à éviter les attaques du Craqueur, et parvient à l'immobiliser, le plongeant dans une rivière. Désemparé, le Craqueur n'arrive pas à faire face aux coups de Jersy, qui parvient à enfoncer la lame d'un couteau dans la fourrure de l'animal, le blessant grièvement au torse. Soudain, Jersy découvre que la peau-fourrure du Craqueur s'ouvre et qu'il s'agit d'une peau synthétique ! Le Craqueur s'adresse à Jersy et lui révèle qu'il est un humain, comme lui, arrivé lors de la seconde vague de colonisation. Il a été chargé par le psychologue du vaisseau de jouer le rôle d'un animal extraterrestre jusqu'à l'arrivée du troisième vaisseau spatial et de créer de léger dégâts, afin que la communauté villageoise se soude autour d'un ennemi commun. Sa grande force n'est pas magique, et résulte de micromachines couplées à des écrans de force. La preuve de sa réussite est que les colons ont cessé de se chamailler entre anciens et nouveaux colons, que des institutions ont été mises en place, qu'un barrage a été édifié afin de créer une barrière électrique, etc. À l'agonie, l'homme déguisé en Craqueur demande alors à Jersy de le cacher des autres membres de l'expédition, afin que le mythe du Craqueur perdure et que sa mort n'ait pas eu lieu en vain. Convaincu par l'homme, Jersy l'emporte dans la forêt et l'enterre. Il décide de se cacher quelques semaines ou quelques mois, et de réapparaître plus tard au village, en indiquant qu'il s'est évadé du repaire de leur ennemi.
- Voir aussi : Le Village, film de Night Shyamalan
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Ce qui n'est pas nommé
- Auteur : Roland C. Wagner
- Publication : revue SFère (numéro 24), 1985 ; republiée dans une version remaniée dans le recueil Musique de l'énergie, éditions Nestiveqnen, 2000
- Place dans l'anthologie : p. 259 à 289
- Résumé : Sur une lointaine planète, les Shôrs sont des créatures humanoïdes qui vivent en tribus. Hélas, les humains de la Terre, en débarquant sur la planète et en la colonisant, ont relégué les Shôrs dans des terres lointaines et peu fertiles. La démographie des Shôrs a lentement mais sûrement décliné. Il reste néanmoins des rites de passage et des coutumes ancestrales. La nouvelle débute sur un rite de passage que doit subir Laëny. La première moitié de la nouvelle évoque les conditions de vie de ce jeune Shôr, ses espoirs, ses craintes. Il est notamment gêné par le fait que la langue shôr n'a qu'un vocabulaire très réduit, et que cette langue ne lui permet pas d'exprimer ce qu'il aimerait exprimer. La seconde partie du récit est consacrée à l'explication de l'histoire des Shôrs, et au rôle des Siangs, sorte de prêtres ou druides chargés de guider l'évolution spirituelle de la société. On apprend que depuis des générations, les siangs qui se sont succédé ont fait de leur mieux pour supprimer la plus grande partie du vocabulaire originaire, en vertu d'un principe très simple : ce qui n'est pas nommé n'existe pas. À titre d'exemple, le mot indiquant le fait de mentir ayant été supprimé, il n'existe plus la possibilité de dire que quelqu'un a menti. Il reste dans la langue shôr environ 200 mots, sur près de 20 000 mots deux siècles auparavant. On apprend dans les dernières pages de la nouvelle que Laëny est devenu Siang, et qu'il estime que le rôle des siangs est désormais terminé : on a atteint l'étiage minimal de la langue, devenue en tant que telle une langue parfaite.
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La Fin du big bang
- Auteur : Claude Ecken.
- Publication : Escales 2001, anthologie, éditions Fleuve noir, 2000.
- Distinction : la nouvelle a obtenu le Prix Rosny aîné de la meilleure nouvelle en 2001.
- Place dans l'anthologie : p. 290 à 358.
L'Apopis républicain
- Auteur : Ugo Bellagamba.
- Publication : Aventures lointaines, anthologie, Denoël - collection Présence du futur, no 618, 1999.
- Remarques : Nouvelle uchronique. Le titre fait référence au dieu égyptien antique Apophis, dieu du chaos, représenté sous la forme d'un grand serpent.
- Situation dans l'anthologie : pages 359 à 435.
Nulle part à Liverion
- Auteur : Serge Lehman.
- Publication : Genèses, éditions J'ai lu, no 4279, anthologie, 1996.
- Remarque : La nouvelle a obtenu le Prix Ozone de la meilleure nouvelle de science-fiction francophone en 1997.
- Situation dans l'anthologie : p. 436 à 510.
- Résumé : Fin du XXIe siècle. Dans cette Terre étrange, les gouvernements légaux ne sont que fétus de paille. Seuls comptent d'énormes conglomérats ou entreprises géantes qui accaparent la Terre, appelées « les Puissances ». Ces entreprises multinationales se sont regroupées en un pôle commun, « l'Instance », vrai maître du monde. L'Instance, par ses satellites d'observation, est capable d'avoir une vision de toute la planète : nul endroit hors d'atteinte de son regard, nul endroit où se cacher… Le héros de la nouvelle, Paul Coray, apprend qu'un homme, Jean-Baptiste Barthélémy-de-Lesseps, il y a environ deux siècles, a trouvé un lieu hors du temps, caché des hommes, qu'il avait appelé « Liverion ». Il apprend aussi que l'Instance a tenté de détruire tous documents concernant cet homme et son œuvre. Mais qu'est-ce que Liverion ? Une réalité, ou un endroit qui n'existe pas, tel l'Utopie de Thomas More ? Il décide de se lancer sur les traces de Liverion, à supposer que cet endroit existe, et sur l'œuvre de De Lesseps. Après une longue recherche, il a un déclic : le terme « Liverion », lu de droite à gauche, donne « Noirevil », soit Noire Vil(le). Remontant la piste de ce terme, il découvre l'ouvrage « Noireville la cité introuvable », essai de Markus Hassberg publié en 2029. En lisant cet ouvrage, Paul apprend que des données géographiques sur lesquelles sont fondées la cartographie moderne remontent au XXe siècle, ou encore au XIXe siècle, voire au XVIIIe siècle ! Des endroits sur la planète ne sont connus que par des relevés topographiques très anciens, repris depuis par les géographes modernes et par les satellites d'observation. Il existe donc sur Terre des zones blanches dont on ignore tout. Hassberg soutient qu'il existe une cité située dans le Caucase, entre Tbilissi et Bakou, cachée de tous. Il donne même ses coordonnées : 40° 81' Nord, 43°55' Est [4]. Très secrètement, Paul entreprend de se rendre en cet endroit : soit il ne trouvera qu'herbes et roches, soit il trouvera, qui sait, cette ville occultée et mystérieuse ? Après un long voyage, arrivé sur place, il découvre effectivement Liverion. Il y passe un hiver, puis retourne en France. Il met en ordre ses affaires, prépare sa disparition définitive, et retourne à Livérion pour y vivre le restant de sa vie. La nouvelle se termine par cette citation d'Oscar Wilde : « Une carte du monde qui n'inclurait pas l'Utopie n'est pas digne d'un regard, car elle écarte le seul pays auquel l'humanité sans cesse aborde. »
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Dictionnaire des auteurs
- Pages 511 à 523.
Notes et références
- La notice biographique placée en fin de volume précise que cet auteur, né le 28 juin 1958 à Mendrisio (Suisse), universitaire canadien, n'a publié que quelques nouvelles de science-fiction.
- La notice biographique placée en fin de volume précise que cet auteur, né le 6 août 1973 à Lannion, n'était l'auteur, en 2005, que d'une nouvelle connue, celle qui est présentée.
- Matthieu Walraet sur le site NooSFere.
- La consultation de Google Earth, qui indique les coordonnées en latitude et longitude de tous lieux du Globe, montre que cette indication de l'auteur est intentionnellement fausse : il n'existe pas de latitude 40° 81' Nord, puisqu'un degré de latitude (comme de longitude) se subdivise en 60 minutes : la 81e minute n'existe pas. Si on « réduit » la latitude à 40° 59' Nord, et si on recherche la longitude 43°55' Est, le lieu ainsi localisé n'est pas entre Tbilissi et Bakou, mais en Arménie, au centre approximatif d'un triangle composé des villages de Karmravan, Musayelyan et Zuygaghbyur. L'auteur a sans doute voulu signifier par là que l'utopie est un lieu qui n'est pas « trouvable » sur les cartes terrestres habituelles et par la géolocalisation classique.
Liens externes
- Ressources relatives à la littérature :
- « titres des nouvelles, pages de début et de fin dans le recueil, liens vers les fiches bio des auteurs, critique (très favorable) sur l'ouvrage avec quelques phrases de commentaires sur chaque nouvelle » sur le site NooSFere
- Sur le blog SF Marseille-mecreant
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