Anti-Defamation League

L'Anti-Defamation League (ADL, « Ligue antidiffamation ») est une organisation non gouvernementale fondée par l'organisation B'nai B'rith aux États-Unis dont le but premier est de soutenir les Juifs contre toute forme d'antisémitisme et de discrimination, par tous les moyens légaux possibles et des campagnes d'information et de sensibilisation. Ses statuts précisent qu'elle « combat l'antisémitisme et toute forme d'intolérance, défend les idéaux démocratiques et sauvegarde les droits civiques pour tous »[1].

Pour les articles homonymes, voir ADL.

Anti-Defamation League
(en) Fighting Hate for Good
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Siège
Pays
Organisation
Fondateur
Sigmund Livingston (en)
Président
Jonathan Greenblatt (en) (depuis )
Affiliation
Coalition for Genetic Fairness (en)
Chiffre d'affaires
68 375 817 dollars américains (), 76 202 602 dollars américains (), 75 131 683 dollars américains (), 91 822 586 dollars américains ()
Site web
Identifiants
IRS

L'association possède 29 antennes aux États-Unis et trois dans d'autres pays. Son quartier général est installé à New York. Ses méthodes ont fait l'objet de diverses critiques.

Histoire

L'ADL est fondée par Sigmund Livingston en 1913 en réponse à l'arrestation en Géorgie de Leo Frank. Condamné à mort puis gracié par le gouverneur, convaincu de son innocence, Léo Frank est lynché par des habitants de Marietta[2].

Durant toute son histoire, l'ADL a eu pour but de s'opposer à toutes les organisations ou individus antisémites ou racistes et le fit avec les Nazis, le Ku Klux Klan, Henry Ford, le père Charles Coughlin (un évangéliste antisémite) et plus généralement les mouvements se réclamant du néonazisme. L'ADL enquête aussi sur les incidents antisémites en dehors des États-Unis.

Son combat contre Charles Coughlin débouche sur une réfutation complète de ses thèses inspirées de Joseph Goebbels[3] et la dénonciation des positions antisémites de Henry Ford aboutit à la rétractation officielle de ce dernier[4].

Après la guerre, l'ADL lutte pour une plus large admission aux États-Unis des Juifs, réfugiés de guerre, tout en continuant sa lutte contre le Ku-Klux-Klan[5].

Dans les années 1950, c'est à la cérémonie du 40e anniversaire de l'ADL que le président Dwight Eisenhower condamne pour la première fois le maccarthysme[6]. L'ADL continue son combat contre l'extrême droite dans les années 1960 en soutenant la lutte pour les droits civiques et en faisant publier en 1964 le livre Danger on the right par Benjamin Epstein et Arnold Forster[7] qui, dans les années 1970, inventent le concept de Nouvel antisémitisme, en dénonçant cette fois-ci l'antisémitisme venu de l'extrême gauche.

L'ADL continue son combat contre l'extrême-droite en dénonçant dans les années 1970 la dictature argentine[8] puis les propos racistes de Louis Farrakhan dans la décennie suivante[9]. Et six mois avant l'attentat d'Oklahoma City, l'ADL dénonce le danger que font courir les milices anti gouvernementales d'extrême-droite aux États-Unis[10].

Aussi, à partir des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973, l'ADL dénonce les propos anti-sionistes et s'engage dans le soutien à Israël. L'ADL considère qu'antisionisme et antisémitisme sont très proches[11]. En conséquence, elle dénonce les biais anti-israéliens, comme la résolution 3379 de l'Assemblée Générale des Nations unies, votée en 1975 et révoquée en 1991, qui assimilait le sionisme au racisme[12]. Son guide pour les activistes[13] peut être assimilé de la Hasbara.

En 1997, le directeur de l'ADL, Abraham Foxman, reçoit le prix de la Liberté et de la Justice Martin Luther King - Donald R. Mintz décerné par le Centre national pour les relations entre Noirs et Juifs de l'université Dillard de La Nouvelle-Orléans.

En , l'ADL est condamnée à verser 150 000 dollars de dommages et intérêts à Pete McCloskey, ancien membre républicain du Congrès, pour l'avoir espionné du fait de ses positions antisionistes[14]. En 2003, Serge Halimi énonce que l’Anti-Defamation League cultive des relations avec les fondamentalistes chrétiens afin de les amener à soutenir Israël[15].

En 2007, le président de l'ADL aux États-Unis est Glen S. Lewy[16] et le directeur, Abraham Foxman[17].

ADL en Europe

En 2005, l'ADL a écrit aux 25 ambassadeurs de l'Union Européenne pour que cette dernière rajoute le Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes en argumentant que « [son] objectif est de détruire l'État d'Israël et qu'[il] soutient activement les terroristes palestiniens [ce qui] affaiblit les efforts exercés actuellement par l'Autorité Palestinienne […] pour consolider le cessez-le-feu et mettre fin à la violence dans la région »[18].

Fichiers et listes contestés

Depuis les années 1930, l'ADL collecte et publie des rapports sur les organisations antisémites, racistes, extrémistes ou prônant la violence. Le résultat en est selon l'ADL une « célèbre base de données exactes, détaillées et indiscutables d'information sur les individus et groupes extrémistes »[3].

En 1983, l'ADL distribue à des étudiants juifs américains un livret tamponné « confidentiel », listant sur 49 pages les noms de personnes et organisations supposées être des « militants pro-arabes », masquant sous un antisionisme leur profond antisémitisme. Cette liste comporte des noms connus de professeurs d'université et d'hommes politiques américains. Devant les protestations de 1 400 membres de la Middle East Studies Association, l'ADL se rétracte, attribuant la parution de cette liste à un bénévole trop zélé[19].

Le , puis le , les locaux de la Ligue anti-diffamation du B'nai B'rith à San Francisco et à Los Angeles sont perquisitionnés simultanément par le FBI qui prouvera au vu des documents saisis qu'un employé de l'ADL a constitué depuis les années 1970 un vaste ensemble de fiches concernant 950 organisations et près de 10 000 individus, tels le Ku Klux Klan, le Djihad islamique, la Jewish Defense League, la NAACP, le Congrès national africain (ANC), l'ACLU (American Civil Liberties Union), le syndicat United Auto Workers, le mouvement Act Up New York, l'agence Tass, des représentants au Congrès, dont Nancy Pelosi, l'activiste Lyndon LaRouche, etc. L'affaire se conclut par le paiement d'environ 200 000 dollars américains par l'ADL aux parties civiles[20],[21].

Critique

Pour Noam Chomsky, qui a souvent été pris à partie par l'ADL[22],[23], cette organisation, comme d'autres, ne se préoccupe pas d'antisémitisme mais seulement « de l'opposition aux politiques d'Israël, ou plus exactement l'opposition à leur propre vision belliqueuse des politiques d'Israël »[24].

Annexes

Notes et références

  1. (en) « About ADL » (consulté le )
  2. (en) « Leo Frank Case », sur New Georgia Encyclopedia, (consulté le )
  3. (en) « 1930-1940 The World and ADL Were Changing... », sur adl.org (consulté le )
  4. (en) Henry Ford, « Henry Ford's Letter of Apology », sur adl.org, (consulté le )
  5. (en) « 1940-1950 During and After the War... », sur adl.org (consulté le )
  6. (en) « 1950-1960 The Early Post-War Years... », sur adl.org (consulté le )
  7. (en) « 1960-1970 ADL Marched for Civil Rights... », sur adl.org (consulté le )
  8. (en) « 1970-1980 An Expanding World Role », sur adl.org (consulté le )
  9. (en) « 1980-1990 Introducing A WORLD OF DIFFERENCE® Institute », sur adl.org (consulté le )
  10. (en) « 1990-2000 Spotlight on Terrorism », sur adl.org (consulté le )
  11. (en) « Anti-Zionism at Anti-Semitism », sur adl.org (consulté le )
  12. (en) « Background on Anti-Zionism at the U.N » sur le site de l'ADL.
  13. (en) « Israel. A guide for activists » sur le site de l'ADL.
  14. (en) ADL Found Guilty Of Spying By California Court, Barbara Ferguson, rense.com, 27 avril 2002
  15. « Aux Etats-Unis, Ariel Sharon n'a que des amis », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « ADL Annual Report 2007 », sur adl.org (consulté le )
  17. (en) « Biography of Abraham H. Foxman », sur adl.org (consulté le )
  18. L’Anti Diffamation League (ADL) souhaite que l'Union Européenne ajoute le Hezbollah dans la liste des groupes terroristes, Communiqué du Ministère français des Affaires étrangères, 14 février 2005.
  19. (en) Jeffrey Blankfort, ADL Spies: The Strange History of the Anti-Defamation League, counterpunch, 12 juin 2013
  20. (en) « Anti-Defamation League Settles Spying Lawsuit », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  21. The Anti-Defamation League: A protector of civil rights or silencer of free speech?. An AMP research project.
  22. (en) Deborah Lipstadt, « Deniers, Relativists and Pseudo-Scholarship », Dimensions, vol. 14, no 1.
  23. (en) « Terrorism Strikes America: What They are Saying », 24 septembre 2001.
  24. Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir : Tome 1, Aden, 2005, p. 104.

Liens externes

Articles connexes

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