Linda Lovelace

Linda Lovelace, de son vrai nom Linda Susan Boreman, née le à New York et morte le à Denver, est, avec Marilyn Chambers, l'une des deux premières « stars » du cinéma pornographique, sa célébrité étant due au succès d'un seul film, Gorge profonde de Gerard Damiano, tourné en 1972[1].

Pour les articles homonymes, voir Lovelace et Boreman.

Linda Lovelace
Signature.
Nom de naissance Linda Susan Boreman
Alias
Linda Boreman, Linda Marchiano
Naissance
Bronx, New York
Décès (à 53 ans)
Denver, Colorado
Nationalité États-Unis
Conjoint
Chuck Traynor
Larry Marchiano
Caractéristiques physiques
Yeux Brun
Cheveux Brune
Carrière
Années d’activité 1969-1970
Nombre de films 21 films (iafd)
Films notables

Elle rejeta par la suite son nom de scène pour ne plus utiliser que son nom réel en public. Elle devient une farouche militante anti-pornographie. C'est ainsi que, tout en continuant à utiliser son nom de scène dans un but commercial, elle fait commencer l’une de ses autobiographies, Ordeal, par cette déclaration qu'elle répétait ensuite à la moindre occasion : « Mon nom n’est pas Linda Lovelace. » Son nom d'emprunt fait référence à la mathématicienne Ada Lovelace[2],[3].

Biographie

Débuts

L’enfance de Linda Boreman, pour ne pas dire sa vie tout entière, fut assez malheureuse. Née d’un père agent de police et d'une mère catholique puritaine, elle grandit dans la ville de Yonkers, dans le comté de Westchester, banlieue nord de New York, où sa famille s’était installée[4].

Elle rencontre, à l'âge de dix-neuf ans, son futur mari, Chuck Traynor, dans un bar dont il était le gérant à Fort Myers sur la côte de la Floride. Cet ancien marine peu scrupuleux, qui avait appris le métier en Extrême-Orient, se livrait alors occasionnellement au proxénétisme avec des jeunes filles rencontrées dans son bar. Sous sa férule, Boreman devient prostituée et pose parfois pour des photographies érotiques. Traynor l'épouse et l’emmène à New York pour la présenter à la célèbre Xaviera Hollander dans l’espoir qu’elle intègre son agence de call-girls. Mais cela échoue et Traynor, dépité, se tourne vers le cinéma pornographique alors en plein essor.

Gorge profonde

Affiche du film Gorge profonde

En 1972, Boreman entre dans l'histoire des États-Unis grâce au film de Gérard Damiano, Gorge profonde, dont la technique de fellation, inspirée de celle des avaleurs de sabres, la hisse jusqu'aux sommets. Son cachet de 1 250 dollars fut confisqué par Traynor. Deep Throat rapportera 600 millions de dollars dans le monde[5].

Polémiques sur le tournage

Huit ans plus tard, dans son autobiographie Ordeal (Supplice), publiée en 1980[6], Boreman dénonce les maltraitances, les viols et les tortures que lui a fait subir Chuck Traynor. « Quand vous voyez le film Deep Throat, vous me voyez en plein viol » raconte-t-elle[7],[8].

Boreman affirme que son mari lui aurait fait jouer certaines scènes du film sous la menace d'une arme à feu et aurait usé de violences physiques et psychologiques pour la contraindre. Boreman témoigne ainsi avoir été battue et violée si brutalement et si souvent qu'elle souffrait d'atteinte rectale et de lésions permanentes des vaisseaux sanguins dans les jambes[9]. De nombreuses ecchymoses sur ses jambes sont d'ailleurs bien visibles dans le film. Par ailleurs, elle a rapporté ses années d'esclavage sexuel en passant un test de détection de mensonge administré par le polygraphiste en chef du bureau de New York[10].

Si certaines de ses affirmations ont été contestées par Traynor, ce dernier n'en a pas moins avoué dans un article paru dans Vanity Fair consacré à sa nouvelle épouse Marilyn Chambers qu'il trouvait normal de gifler sa femme si celle-ci avait un propos qui lui déplaisait. Néanmoins, dans le documentaire Inside Deep Throat, consacré au succès surprenant de Gorge profonde, le réalisateur Gerard Damiano et l'acteur Harry Reems, interviewés, affirment que Linda Boreman n'a pas été forcée à participer au film et qu'ils n'ont jamais vu d'armes à feu sur les lieux du tournage. Cependant, dans les commentaires du même documentaire, un membre de l'équipe de tournage affirme que sa chambre d'hôtel était voisine de celle de Traynor et Boreman et qu'il avait entendu Chuck frapper sa femme une nuit.

Militantisme anti-pornographie

Avec la publication d'Ordeal, en 1980, Linda Boreman rejoint les opposants à la pornographie, qui dénoncent les effets néfastes du porno. Lors d'une conférence de presse à l'occasion de la publication de son livre, elle dénonce pour la première fois haut et fort les abus sexuels et physiques dont elle a été victime. Elle est soutenue par Andrea Dworkin, Catharine MacKinnon, Gloria Steinem ainsi que des membres de Women Against Pornography (en).

Devenue une figure importante du mouvement féministe, elle est montrée du doigt par le scénariste et réalisateur porno Hart Williams, qui invente l'expression « Linda Syndrome » pour désigner les actrices porno repenties qui renient leur passé en accusant l'industrie pornographique de les avoir exploitées. Ainsi, Ordeal en dénonçant le mythe du masochisme féminin qui veut que toutes les femmes prennent plaisir à la domination sexuelle et à la souffrance s'attaque directement à la pornographie qui est un gros marché bâti sur ce mythe[11].

Un « après » difficile

Linda Lovelace, son mari Larry Marchiano et leur fils

Après Gorge profonde, on voit Linda Boreman dans différents films érotiques qui s'avèrent des échecs financiers de 1973 à 1974. Elle pose aussi dans des magazines érotiques tels que Playboy, Bachelor ou Esquire.

En 1976, elle est choisie pour jouer dans le film érotique Laure, mais elle refuse de se prêter à de nouvelles scènes de nu : elle est alors remplacée par Annie Belle[12].

Elle divorce de Chuck Traynor en 1973 et se remarie l’année suivante avec un réparateur de téléphones, Larry Marchiano, avec lequel elle a deux enfants : Dominic en 1977 et Lindsay en 1980. Elle est secrétaire le jour et femme de ménage la nuit afin de gagner sa vie. Quelques mois avant sa mort, elle revit le film qui avait fait sa célébrité et déclara : « Tout ça pour ça ! »[réf. nécessaire]

Elle meurt dans un accident de voiture en 2002, à l'âge de cinquante-trois ans.

Filmographie sélective

Linda Lovelace n’a en fait tourné que dans huit « loops » entre 1969 et 1970, et pour le film Gorge profonde. Tous les autres sont soit des montages de rushes, soit réalisés avec des scènes inédites de Gorge Profonde, soit non pornographiques.

Publications

  • Inside Linda Lovelace (1974), pro-porno
  • Avec Carl Wallin, The Intimate Diary of Linda Lovelace (1974), pro-porno
  • Ordeal (Épreuve), autobiographie (1980)
  • Out of Bondage (1986), anti-porno

Notes et références

  1. Sidonie Sigrist, « Qui était vraiment “Gorge profonde” ? : Retour sur la vie de Linda Lovelace, la première icône porno des années 1970 », Madame Figaro, (lire en ligne).
  2. Cf. Inside Deep Throat, documentaire de 2005.
  3. Playing with Feelings: Video Games and Affect de Aubrey Anable, sur books.google.fr, consulté le 26 décembre 2018.
  4. Joe Bob Briggs, « Linda's Life », National Review Online, 25 avril 2002, extrait le 16 mars 2007.
  5. « Received no royalties or residuals from "Deep Throat" and died poor despite the fact the film made at least $600 million in profits worldwide » sur adultfilmdatabase.com .
  6. Linda Lovelace, Ordeal, New York, Citadel Press, 1980.
  7. Témoignage de Linda Boreman cité dans MacKinnon, Catharine A., & Dworkin, Andrea, In Harm’s Way: The Pornography Civil Rights Hearings, Boston: Harvard University Press, 1987.
  8. Extraits de Ordeal de Linda Lovelace, Mike McGrady sur books.google.fr, consulté le 27 décembre 2018.
  9. Gloria Steinem (trad. de l'anglais), Actions scandaleuses et rébellion quotidienne, Paris, Les Éditions du Portrait, , 426 p. (ISBN 978-2-37120-012-8), p. 280.
  10. Gloria Steinem (trad. de l'anglais), op. cit., p. 282.
  11. Gloria Steinem (trad. de l'anglais), op. cit., p. 283.
  12. Statement by producer Ovidio Assonitis in the featurette Emmanuelle Exposed on the 2007 DVD release of Laure (1976), Universal Product Code 891635001230.
  13. Voir sur imdb.fr.

Voir aussi

Bibliographie

  • 2009 : Legs McNeil, The Other Hollywood
  • 2001 : Eric Danville, The Complete Linda Lovelace

Roman graphique

Filmographie

Musique

  • 2008 : Lovelace : A Rock Musical spectacle musical d'Anna Waronker et Charlotte Caffey
  • 1979 : Nothing Sacred de David Allan Coe, dans lequel la chanson intitulée Linda Lovelace lui est dédiée.

Liens externes

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