Loge de mer (Perpignan)
La Loge de Mer de Perpignan est un édifice civil de style gothique catalan construit à partir de la fin du XIVe siècle et achevé au XVIe siècle. Pendant le Moyen Âge, la place de la Loge était le centre civique de la ville, et cumulait les différents pouvoirs locaux : tribunal de commerce (Consulat de mer), pouvoir municipal (Consulat : mairie), et Députation locale de la Generalitat : palais de la députation.
Situation
La Loge de mer est située place de la Loge, à l'intersection avec la rue des Marchands, au cœur de la vieille ville. L'actuelle mairie de Perpignan jouxte son côté ouest[1].
Histoire
Le , Jean Ier d'Aragon crée un consulat de la mer[2] avec deux consuls destiné à réglementer et à juger tous litiges concernant le commerce de Perpignan et des comtés de Roussillon et de Cerdagne, fortement lié à l'activité maritime. En outre, à partir de 1394, le consulat de mer est aussi chargé de la perception de l'impariage, droit d'entrée et de sortie des marchandises dans les Comtés. Ce n'est qu'en 1397 que Martin Ier d'Aragon autorise le consulat de mer à se bâtir un siège. Les travaux ont dû être réalisés au début du XVe siècle, mais l'édifice n'est complété par sa balustrade ouvragée qu'en 1439. Cette première loge de mer est construite sur l'emplacement de la pella, l'ancien marché aux peaux et draps. Elle se compose d'un rez-de-chaussée très élevé de quatre arcades (deux sur la rue des Marchands, deux sur la place) servant de bourse, et un étage occupé par le tribunal et le greffe, qui est le consulat proprement dit, auquel on peut accéder par un escalier en tourelle situé à l'extrémité de la façade sur la place. Une chapelle se trouve également dans la salle basse. Le bâtiment est doublé jusqu'à l'ancienne entrée latérale de l'hôtel de ville, en 1540, deux ans après l'entrée de Charles Quint à Perpignan, en détruisant l'escalier extérieur. La partie nouvelle ajoutée reproduit fidèlement l'architecture du bâtiment original. Une plaque commémorative posée entre les deux nouvelles arcades témoigne de cette extension : "Regnant gloriosament en Spanya Carles Quint, emperador de Roma, y esent consols de mar los honorables Honorat Forner, burges y Francesc Mates, mercader fou feta aquesta altra part l'any de la salut cristiana 1540", soit « Régnant glorieusement en Espagne, Charles Quint, Empereur de Rome, ainsi que les honorables consuls de mer, Honoré Fomer, bourgeois, et Francesc Mates, marchand, la seconde partie a été réalisée l'an de la rédemption chrétienne 1540 »[3]. Le grand plafond de la salle du rez-de chaussée était décoré et polychrome, reposant sur une file d'arcades intermédiaires.
En 1751, le Consulat de mer n'ayant plus d'activité, les consuls de Perpignan cèdent à sa demande l'édifice au comte de Mailly, commandant en chef du Roussillon, qui fait transformer la loge de mer en théâtre. Cette nouvelle destination a entraîné la destruction du plafond et la suppression de la chapelle, dont le retable est transféré à l'église Saint-Jacques. Il est aujourd'hui au Musée Rigaud.
Après la Révolution, le bâtiment est transformé en dépôt de messageries[3]. En 1841, à l'initiative du maire, Guiraud de Saint-Marsal, la ville de Perpignan restaure l'édifice après avoir songé à le démolir. Un nouveau plancher est construit pour rétablir deux niveaux, la façade est légèrement surélevée et la balustrade sommitale refaite. La seule partie de la balustrade qui subsistait était le pilier portant la célèbre girouette, représentant un navire[3]. La grande salle du rez-de-chaussée est mise en location pour y installer le café de France en 1842, et à l'étage est créée une salle de réunion, plus tard nommée "Salle Arago". Les arcades sur la place reçoivent de monumentales menuiseries de style gothique flamboyant.
La Loge de mer fait partie des huit premiers édifices des Pyrénées-Orientales classés comme monuments historiques en 1840[4].
En 1912, un nouveau plafond est substitué à celui de 1841[5]. Les façades sont restaurées en 1951 et perdent leurs menuiseries néo-gothiques. La place de la Loge reçoit alors son dallage en marbre. En 1992, la caravelle en fer a été remplacée par une réplique (l'original se trouve à l'hôtel de ville).
En 1984[6], l'enseigne de restauration rapide Quick[7],[6] prend possession du local commercial. Elle est remplacée par la brasserie Le France en 2001. Des difficultés financières oblige ce dernier occupant à cesser son activité et la mairie, propriétaire des murs, décide alors en 2017 de racheter le bail commercial pour la somme de 250 000 euros afin d'installer l'office de tourisme dans le bâtiment[8].
Évocation de la Loge de Mer de Perpignan et du port de Collioure. Retable de la Trinité (1489). Loge de la Mer en 1489.
Dessin de Grimm dans le livre de Pierre Vidal.Loge de mer dans
Voyages pittoresques et romantiques (Justin Taylor, Charles Nodier, Alphonse de Cailleux)
Adrien Dauzats (1834)Le bâtiment avec l'enseigne « Café de France » vers 1900.
Description - Architecture
La loge est un bâtiment rectangulaire :
- Longueur de la façade sur la place : 25 m
- Largeur de la façade sur le rue : 10 m
La façade du petit côté, sur la rue, comporte au rez-de-chaussée deux arcades en arc brisé. Au premier étage ont été percées deux grandes baies rectangulaires divisées en trois lancettes. La façade sur la place comprend quatre arcades au rez-de-chaussée et cinq groupes de deux fenêtres au premier étage.
- La Loge de Mer, à Perpignan
- Bas relief de Saint-Jean-Baptiste, rue des Marchands
Notes et références
- Carte IGN sous Geoportail
- Pierre Vidal, Histoire de la ville de Perpignan, p. 265-271.
- La Loge de mer sur www.mairie-perpignan.fr
- « Loge des Marchands ou Loge de Mer », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Sylvain Stym-Popper, « L'architecture civile à Perpignan. La Loge de Mer », p. 123.
- « [SONDAGE] Perpignan: quel avenir pour le café "Le France" ? », sur Lindependant.fr (consulté le ).
- « La Loge de mer débarrassée des hamburgers », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Loge de Mer – La ville de Perpignan acquéreur pour 250.000 euros », Made in Perpignan, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Puiggari, « État où se trouvait la Loge de Mer lors de son érection en salle de spectacle », Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, no 6.2,
- Pierre Vidal, Histoire de la ville de Perpignan depuis les origines jusqu'au traité des Pyrénées, H. Welter éditeur, Paris, 1897 (lire en ligne)
- Sylvain Stym-Popper, « L'architecture civile à Perpignan. La Loge de Mer », Congrès archéologique de France. 112e session. Le Roussillon. 1954, Société française d'archéologie, Paris, 1955, p. 119-126
- Olivier Poisson, «Les édifices du pouvoir civil du moyen âge à Perpignan» dans Assier-Andrieu (L.) et Sala (R.) (dir.), La Ville et les Pouvoirs, actes du colloque du huitième centenaire de la Charte de Perpignan, 23-. Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2000, p. 91-98.
Articles connexes
- Liste des monuments historiques de Perpignan
- Llotja
- Loge de mer de Barcelone
- Loge de Palma
- Loge de Saragosse
- Lonja de la seda (Llotja de la seda) ou Bourse de la soie de Valence.
- Royaume de Majorque
Liens externes
- La Loge de mer sur www.mairie-perpignan.fr
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