Logone (cheval)
Le Logone (ou poney du Logone) est une race de poneys de selle légers originaire du Nord du Cameroun et du Sud-ouest du Tchad, traditionnellement élevée par les Musey. D'origine peu claire, il a développé une résistance naturelle à la trypanosomiase véhiculée par la mouche tse-tse qui infeste les rives de la rivière Logone. Il est employé tant sous la selle qu'à la traction, et fort respecté par les Musey, qui le traitent à l'égal d'un être humain.
Logone
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Région d’origine | |
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Région | Cameroun, Tchad |
Caractéristiques | |
Morphologie | poney |
Taille | 1,22 à 1,26 m |
Poids | Environ 175 kg |
Robe | Généralement alezane ou grise |
Tête | Profil concave |
Pieds | Petits |
Caractère | Doux |
Autre | |
Utilisation | Selle et traction |
Dénomination et sources
D'après Jean-Louis Gouraud, le meilleur spécialiste de la question des poneys d'Afrique est le chercheur du CNRS et de l'IRD Christian Seignobos, auteur de l'ouvrage Le poney du Logone[1]. L'auteure du guide Delachaux a opté pour la graphie « Moussey »[2], le nom répertorié en anglais étant Mousseye[3]. La base de données DAD-IS signale un très grand nombre de noms, tous en français, pour désigner ces animaux : Poney Kirdi, Logone, Mbai, Pagan, Poney Hoho, Poney de la Kabia, Sara et Lakka[4]. D'autres noms attestés sont poney du Cameroun, poney mousseye, et M'baye[2].
Histoire
Les origines du poney du Logone sont méconnues[2], sinon qu'il se rencontre dans le Cameroun et le Tchad, dans l'Ouest africain[3],[4]. La race descend peut-être du Barbe, et pourrait être apparentée au Nigérian, suivant une sélection naturelle qui lui a permis de s'adapter à son milieu hostile[2]. Utilisé pour la guerre et la chasse[2], l'isolement géographiquement de sa zone d'élevage l'a préservé des croisements avec d'autres races. Il existe de nombreuses descriptions des petits chevaux des Marba-Musey établis dans les plaines inondables des bords du Logone, au Sud-ouest du Tchad et au nord du Cameroun. Dixon Denham décrit cet animal en 1826, Gustav Nachtigal en 1880[5]. L'élevage équin évolue très peu dans la région jusque dans les années 1980[5]. En 1985, Seignobos évalue la population équine à environ 6 000–6 500 têtes[5]. En 1987, 7 500 poneys du Logone sont recensés au Tchad d'après DAD-IS, avec tendance à la diminution des effectifs[4].
Il vit principalement dans les alentours de la rivière Logone, réputée pour les mouches tse-tse qui véhiculent la maladie du sommeil. Ce poney semble y avoir développé une résistance particulière, là où bien d'autres races y succomberaient.
Description
La taille moyenne enregistrée pour les poneys du Tchad sur DAD-IS est de 1,24 m chez les femelles et à 1,26 m chez les mâles, pour un poids moyen de 175 kg[4]. Le dictionnaire de CAB International indique une médiane de 1,22 m[3]. Le guide Delachaux donne une moyenne de 1,25 m au garrot[2].
Il présente le type Barbe[3]. Les caractéristiques physiques du poney du Logone sont assez proches de celles du Nigérian. Petit et solide[2], il a une tête moyenne de profil concave, à l'arcade sourcilière peu marquée[2], et surmontée de petites oreilles[6]. L'encolure est courte et épaisse[6], le dos long. Les jambes sont courtes[6] mais fortes, terminées par de petits sabots[2]. La crinière est hirsute, la queue attachée bas[2].
Utilisations
Ces poneys servent essentiellement de montures[2], ou pour différents travaux des champs. Ils pourraient potentiellement faire de bonnes montures pour les enfants[2].
Diffusion de l'élevage
Il est enregistré comme race locale africaine du Sud-Ouest du Tchad, présente le long des deux rives de la rivière Logone[4] ; il se rencontre aussi dans le Nord du Cameroun[3]. En 2007, il n'est globalement pas menacé d'extinction, selon la FAO[7]. L'étude de Rupak Khadka de l'université d'Uppsala menée pour la FAO en 2010 considère le Logone comme une race locale africaine non-menacée d'extinction[8].
Au Cameroun, la race est cependant considérée comme un reliquat du passé, et menacée d'extinction (2003)[9], ce qui a motivé des mesures de la part des autorités camerounaises pour la préserver[2]. Sa résistance à la mouche tse-tse pourrait permettre d'implanter son élevage dans d'autres régions africaines[2].
Dans la culture
La race est particulièrement associée au peuple des Musey[10]. Pouvant servir de monnaie d'échange[3], elle est au centre d'un grand nombre de rituels qui ressemblent aux rites de passage. Ce poney est presque traité comme l'égal d'un être humain. Ses propriétaires en prennent généralement grand soin. À sa mort, il n'est pas rare que les propriétaires d'un animal l'enterrent et le pleurent[2]. Le poney était traditionnellement soigné de manière originale, sans recours à la chirurgie, mais cette pratique est en recul. L'hippophagie est inenvisageable pour les Musey[2].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Poney Mousseye » (voir la liste des auteurs).
- Gouraud 2002, p. 34.
- Rousseau 2014, p. 406.
- Porter et al. 2016, p. 442.
- DAD-IS.
- Seignobos 1995, p. 233.
- Rousseau 2014, p. 407.
- (en) « Breeds Currently Recorded In The Global Databank For Animal Genetic Resources » [PDF], Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, , p. 57; 67.
- (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 57 ; 67.
- Comité Consultatif National du Cameroun, « Rapport national sur les ressources zoogénétiques des animaux d'élevage du Cameroun », Rome, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, (ISBN 9789251057629, consulté en ), p. 49.
- Seignobos 1995, p. 233-253.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- [de Garine 1975] Igor de Garine, « Contribution à l'ethnozoologie du cheval chez les Moussey (Tchad et Cameroun) », dans L'Homme et l'animal, ler Colloque d'ethnozoologie, Paris, Institut international d'ethnosciences, , 16 p., p. 505-520
- [Gouraud 2002] Jean-Louis Gouraud, L'Afrique par monts et par chevaux, Éditions Belin, , 175 p. (ISBN 2-7011-3418-8, LCCN 2004541387)
- [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Barbe ».
- [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Moussey », p. 406-407
- [Seignobos 1987] Christian Seignobos, Le poney du Logone et les derniers peuples cavaliers : essai d'approche historique, Maisons-Alfort, Institut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, Dép. du Centre de coopération internationale et recherche agronomique pour le développement, , 213 p. (ISBN 2-85985-142-9)
- [Seignobos 1995] Christian Seignobos, « Les poneys du Logone à l'Adamawa, du XVIIe siècle à nos jours », dans Gigi Pezzoli (dir.)[, Cavalieri dell'Africa: storia, iconografia, simbolismo: atti del Ciclo di incontri organizzato dal Centro studi archeologia africana di Milano, febbraio-giugno 1994, Milan, Centro Studi Archeologia Africana, (lire en ligne), p. 233-253
- [Seignobos 1999] Christian Seignobos, « Élevage social du poney musey. Région de Gobo, Nord-Cameroun », dans Catherine Baroin et Jean Boutrais (dir.), L'homme et l'animal dans le bassin du lac Tchad (actes du colloque du Réseau Méga-Tchad, Orléans, 15-17 octobre 1997, Paris, IRD, (ISBN 2-7099-1436-0, lire en ligne), p. 394-407
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