Lokaï

Le Lokaï (tadjik : Lakayskiy) est une race de petits chevaux de selle élevé dans le Tadjikistan, utilisée à la fois comme cheval de bât et pour la traction légère. Malgré sa taille réduite, cette race est agile et résistante. Elle a été développée par croisements entre des chevaux natifs des montagnes du pays, et des animaux venus d'Asie centrale et d'Europe.

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Lokaï
Région d’origine
Région Tadjikistan
Caractéristiques
Morphologie Cheval de selle
Taille 1,42 m à 1,47 m
Robe Généralement alezane, baie ou grise

Histoire

Les origines du Lokaï sont aussi anciennes que méconnues[1]. Ce cheval est probablement un lointain descendant des chevaux des Hittites, dispersés dans la région après la chute de l'empire Hittite 1200 ans avant notre ère[2]. Le Lokaï est originaire des régions montagneuses du centre et du sud du Tadjikistan[1], où la sélection a porté sur une race à la fois solide et agile pour l'utilisation au bât ou sous la selle. La race est connue depuis le XVIe siècle[3], et peut-être issu de chevaux mongols d'après quelques sources anciennes[4].

La tribu ouzbèke Lokaï l'a véritablement sélectionné[5] en opérant des croisements après son déplacement vers l'Est, depuis les rives de la mer d'Aral. Elle effectue des croisements entre les souches locales et un mélange de chevaux d'Asie centrale, dont des Jmoud, Karabaïr, des chevaux Turkmènes et Akhal-Teke[1],[6]. Plus tard, des étalons Arabes de Bukhara, des Pur-sangs et des Tersky sont employés dans ce but[7],[8].

Description

Cheval robuste et trapu[1] bien que fin, le Lokaï est de taille modeste[6], puisqu'il toise habituellement entre 1,42 m et 1,47 m d'après l'Université de l'Oklahoma[8]. D'après Edwards (1992), il ne dépasserait pas 1,43 m[1], cependant CAB International (2016) indique une fourchette de 1,42 m à 1,50 m[5]. Le guide Delachaux indique une taille fantaisiste de 1,45 m à 1,47 m chez les femelles pour 1,50 m à 1,62 m chez les mâles[6].

Le Lokaï possède une tête de profil rectiligne ou légèrement convexe[6]. L'encolure est plutôt longue[6], les épaules sont inclinées et musclées. Le garrot est bien sorti, attaché à un dos court et droit débouchant sur une croupe inclinée. Les jambes sont propres, solides et bien musclées. Son squelette, plus lourd que celui des chevaux arabes venus de régions voisines, est caractéristiques des chevaux employés par les Hittites[9].

Robe et pelage

La race American Bashkir Curly provient d'un Lokaï au pelage frisé.

Sa robe peut être alezane (souvent avec un reflet doré propres au races d'Asie centrale), baie ou grise, avec quelques robes noires occasionnelles, et quelques présences du gène dun[3],[5]. Certains représentants de la race possèdent un pelage frisé, dont l'origine a été retracée jusqu'à l'étalon Farfor, utilisé comme reproducteur entre 1955 et 1970[8]. Cette découverte est récente, puisqu'il a longtemps été admit que le cheval Bachkir russe était le porteur originel du pelage frisé chez le cheval, à l'origine de la race Curly, alors qu'il s'agirait d'un Lokai[10], importé aux États-Unis depuis la Russie en 1874[11].

Tempérament et entretien

Ces chevaux peuvent vivre par 2 000 à 4 000 m d'altitude[1]. Ils se montrent particulièrement endurants, agiles et vifs, avec une adaptation aux climats chauds[6]. Il est réputé s'attacher à un seul cavalier[6].

La race tend à avoir une maturité lente, en particulier quand elle est élevée dans son habitat d'origine. Lorsqu'ils naissent et sont élevés dans de bonnes conditions stables, avec amélioration de l'alimentation et des soins appropriés, ils grandissent plus vite et deviennent plus grands que leurs homologues indigènes.

Utilisations

Les Lokaï ont connu une grande variété d'utilisations au fil du temps. Ces chevaux permettent de se déplacer dans les contrées montagneuses, ils sont aussi montés pour des courses, pour le jeu du kokpar (ou « hair-raising »), où les cavaliers se disputent la carcasse d'une chèvre morte), et souvent servent de chevaux de bât[1]. Parfois, ils sont employés à la traction légère[12]. La race est recherchée pour pratiquer la chasse, et pour l'endurance[1]. Elle présente des qualités pour le [6]. Enfin, ces chevaux sont élevés pour leur viande et le lait des juments[5].

Il reste très utilisé dans sa région d'origine pour le jeu de kokpar, et est croisé avec l'Arabe et le Pur-sang pour créer un nouveau type de cheval de selle, le Tadjik[7].

Diffusion de l'élevage

Les zones montagneuses du Sud du Tadjikistan constituent le berceau de la race[1], notamment la province de Khatlon[6]. Elle se trouve aussi en Ouzbékistan, dans les montagnes[1]. Le Lokaï est à priori bien répandu[6].

En 1980, le recensement effectué par l'URSS fait état de la présence de 8 900 Lokais, dont 7 344 de pure race[13]. L'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) classe le Lokai parmi les races de chevaux de selle peu connues au niveau international[14].

Notes et références

  1. Edwards 1992, p. 47.
  2. Bennett 1998, p. 395.
  3. Bongianni 1988, p. 63.
  4. (en) A. Henry Higginson, The book of the horse, édition 3, Nicholson & Watson, 1949, p. 109-110
  5. Porter et al. 2016, p. 482.
  6. Rousseau 2014, p. 308.
  7. (en) « Lokai », Oklahoma State University (consulté le )
  8. (en) « Lokai », Equine Kingdom (consulté le ).
  9. Bennett 1998, p. 31.
  10. (en) Fran Lynghaug, The Official Horse Breeds Standards Guide: The Complete Guide to the Standards of All North American Equine Breed Associations, Voyageur Press, 2009, (ISBN 0760334994 et 9780760334997), p. 148
  11. (en) Lisa Dines, The American Mustang Guidebook: History, Behavior, and State-By-State Directions on Where to Best View America's Wild Horses, Willow Creek Press, 2001, (ISBN 1572234032 et 9781572234031), p. 105
  12. Edwards 2000, p. 8.
  13. Kosharov, Pern et Rozhdestvenskaya 1989.
  14. (en) Rick Parker, Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd., 608 p. (ISBN 1-111-13877-X), p. 62.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Bongianni 1988] (en) Maurizio Bongianni (trad. de l'italien par Ardèle Dejey), « Lokai », dans Simon & Schuster's guide to horses & ponies of the world, Simon & Schuster, Inc., , 255 p. (ISBN 0-671-66068-3 et 9780671660680, OCLC 16755485, lire en ligne), p. 63. 
  • [Edwards 1992] Elwyn Hartley Edwards (trad. Philippe Sabathé, ill. Bob Langrish), Les Chevaux, Éditions Solar, , 244 p. (ISBN 2-263-01821-2), « Boudienny », p. 46-47
  • (en) Elwyn Hartley Edwards, The New Encyclopedia of the Horse, Dorling Kindersley Publishers Ltd, , 2, révisée éd., 464 p. (ISBN 0-7513-1236-3), p. 88
  • [Kosharov, Pern et Rozhdestvenskaya 1989] (en) A. N. Kosharov, E. M. Pern et G. A. Rozhdestvenskaya, « Horses », dans Animal Genetic Resources of the USSR. Animal Production and Health Paper Publ., Rome, FAO, , 517 p. (lire en ligne)
  • (en) Deb Bennett, Conquerors : The Roots of New World Horsemanship, Amigo Publications, Inc., , 422 p. (ISBN 0-9658533-0-6 et 9780965853309, lire en ligne). 
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Lokai », p. 482. 
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Lokaï », p. 308-309. 
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