Louisette Ighilahriz
Louisa Ighilahriz, dite Louisette (en kabyle : Lwizet Iɣil-aḥriz) née le à Oujda (Maroc), est une militante nationaliste algérienne durant la guerre d'Algérie.
Pour les articles homonymes, voir Louisa.
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Biographie
Issue d'une famille originaire de Kabylie, engagée dans le combat nationaliste, Louisette s'installe avec sa famille à Alger en 1948. Étudiante, elle s'engage à 20 ans dans les rangs du FLN de la Zone autonome d'Alger à la veille de la bataille d'Alger fin 1956 sous le nom de Lila. Elle participe à la grève des lycéens, puis prend la fuite dans le maquis lorsqu'elle est activement recherchée par la suite. Elle fait partie du réseau français de soutien au FLN des « porteurs de valises » pendant la bataille d'Alger. Grièvement blessée aux côtés de son chef de réseau, Saïd Bakel lors d'une embuscade, le à Chebli, dans la wilaya IV, elle est rapatriée d'urgence à la 10e DP (division parachutiste) où elle déclare avoir subi de nombreuses tortures qu'elle attribue notamment au capitaine Graziani[1],[2]. Souffrante, elle est transférée après l’intervention d'un médecin de l'armée française, le commandant Richaud, dans une prison algérienne[3],[4]. Plus tard, elle sera envoyée dans plusieurs prisons françaises des Baumettes, La Roquette, Amiens, Fresnes, Bordeaux, Pau, Toulouse. Mise en résidence surveillée en Corse, elle s'enfuit de Bastia le , aidée par de nombreux Français dont son avocat Marcel Manville et des militants communistes français qui l'hébergent à Nice jusqu'à l'indépendance de l'Algérie[5].
Elle retourne en Algérie où elle continue à mener différents combats politiques.
Louisette Ighilahriz, psychologue de formation et de métier, a été décorée à plusieurs reprises par des autorités de son pays pour sa participation à l'indépendance de l'Algérie.
Polémique
Louisette Ighilahriz est accusée d'affabulation en Algérie par Yacef Saadi ancien chef de la zone autonome d'Alger[6] et en France par le général Maurice Schmitt qui a été compagnon de captivité du capitaine Graziani dans les camps du Việt Minh et qui affirme que le capitaine était un homme tout à fait éloigné de ce genre d'actes, qu'il n’avait pas vocation à interroger les suspects et qu'il n’avait pas besoin d’interroger Louisette Ighilahriz, la bataille d’Alger étant terminée. Le général Schmitt pointe certaines contre-vérités : « le colonel Bigeard ne portait pas de béret rouge mais une célèbre casquette », « le capitaine Jean Graziani, n’avait pas de beaux yeux verts comme elle le prétend, mais les prunelles noires d’un Corse »[7]. Louisette Ighilahriz maintient qu'elle a été torturée mais reconnait que toutes les dates données dans son récit sont erronées[8]. Les militaires s'appuient aussi sur le témoignage de Zohra Drif qui reconnait que, quand elle est arrêtée en , la torture n'a plus cours à la 10e DP à la suite d'une campagne de dénonciation de la torture à laquelle elle a elle-même contribué.
Louisette règle alors ce contentieux en justice, accusant le général Schmitt de diffamation après que celui-ci eut qualifié son témoignage de « tissu d'affabulations, de contrevérités ». Elle est déboutée en appel en 2007, le général ayant été jugé dans son droit.
Pour approfondir
Bibliographie
- Louisette Ighilahriz et Anne Nivat, Algérienne, éd. Calman-Levy, 2001 (ISBN 978-2213609423)
- Jean-Louis Gérard, Dictionnaire historique et biographique de la guerre d'Algérie, éd. Jean Curtuchet, 2001 (ISBN 9782912932273)
- Achour Cheurfi, Dictionnaire de la Révolution Algérienne - (1954-1962), Casbah Editions, 2004 (ISBN 9961 64 4786)
- Florence Beaugé, Algérie, une guerre sans gloire, Histoire d'une enquête, Calmann-Lévy, 2005
Filmographie
- Dols, Alexandra (réalisatrice).(2007) Moudjahidate, des engagements de femmes pour l’Indépendance de l’Algérie [Film]. Hybrid Pulse. (n° ISAN //. 0000-0005-1104-0000-8-0000-0000-D )
Article connexe
Notes et références
- Florence Beaugé, « Comment "Le Monde” a relancé le débat sur la torture en Algérie », Le Monde, (lire en ligne)
- Torturée par l'armée française en Algérie, « Lila » recherche l'homme qui l'a sauvée, Le Monde, 20 juin 2000
- Louisette Ighilahriz, Algérienne, Fayard/Calmann-Lévy, (ISBN 2-213-60942-X et 978-2-213-60942-3, OCLC 47751374, lire en ligne), p. 105 à 124
- 20 juin 2000 : Louisette Ighilahriz raconte comment elle a été sauvée de la torture par un inconnu pendant la guerre d'Algérie, Le Monde, 28 juillet 2014
- « Lila réclame le jugement de ses tortionnaires », sur humanite.fr,
- « Une combattante de la guerre d'Algérie victime de propos "ignominieux" », sur lemonde.fr, (consulté le )
- « Le général Schmitt met à mal le témoignage d’une femme torturée en Algérie », sur lemonde.fr, (consulté le )
- Florence AUBENAS, «Je vous jure, j'ai été torturée», sur Libération.fr, (consulté le )
Liens externes
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