Lycée français de Berlin
Le Lycée français de Berlin (en allemand : Französisches Gymnasium Berlin) fut fondé en 1689 par le prince-électeur Frédéric Ier de Prusse dans le contexte du refuge protestant qui faisait suite à la révocation de l'Édit de Nantes en 1685. Le lycée a toujours réussi à garder le français comme langue d'enseignement – même à l’époque du Troisième Reich. Il est homologué par le ministère de l'Éducation nationale via l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger).
Fondation | |
---|---|
Type | École publique |
Ville | Berlin |
---|---|
Pays | Allemagne |
Site web | www.fg-berlin.cidsnet.de |
Histoire
À la suite de la révocation de l'édit de Nantes par le roi Louis XIV, et l'interdiction de pratiquer la religion protestante, des milliers de huguenots émigrèrent à l'étranger et notamment en Allemagne. Près de 15 000 Français s'installèrent à Berlin, parmi eux de nombreux huguenots de Metz.
« Les huguenots avaient toujours pour principe de créer une école là où se trouvait un temple. D'une manière générale, ils étaient très soucieux de l'éducation des enfants. La qualité de l'enseignement dispensé à l'époque fit que bien des familles allemandes envoyèrent leurs enfants au collège français ne serait-ce que pour y apprendre la langue puisque l'enseignement y était exclusivement dispensé en français[1]. »
Au cours de son histoire, le lycée fut implanté dans différents quartiers de Berlin. Installé en 1701 dans le palais Wangenheim, sur la Niederlagstraße (près d'Unter den Linden), il y resta jusqu'en 1873, date à laquelle il déménagea, sur la Reichstagufer sur les rives de la Spree à côté de l'actuel palais du Reichstag, dans un bâtiment construit à cet effet dont les travaux furent financés par le consistoire huguenot en échange de la garantie du maintien du français comme langue d´enseignement. Ce bâtiment fut détruit pendant les bombardements de 1945, quelques semaines avant la fin de la Seconde Guerre mondiale[2].
Après le conflit, le lycée s'installa alors au nord de Berlin sur la Zeppelinplatz (de) dans l'arrondissement de Wedding dans ce qui fut le secteur français de la ville, qui accueillit bientôt 400 élèves. Un deuxième établissement placé sous l'égide du gouvernement militaire français de Berlin (GMFB) se trouvait également à Frohnau dans l'arrondissement de Reinickendorf et comptait une cinquantaine d'élèves. Les deux structures fusionnèrent en 1952, et les cours débutèrent l'année suivante dans de nouveaux bâtiments modernes près de la Kurt-Schumacher-Damm dans la cité Pasteur, à proximité de l'aéroport de Tegel (52° 33′ 25″ N, 13° 18′ 17″ E)[2].
Le lycée aujourd'hui
Depuis 1973, le lycée se trouve dans le quartier de Tiergarten (arrondissement de Mitte), au nord de la Nollendorfplatz. La plupart des élèves sont Allemands, Français ou Franco-Allemands, mais on trouve également des élèves francophones venant d'environ quarante nations. L'établissement compte environ 900 élèves actuellement.
François Mitterrand visita le lycée pendant son premier mandat et déclara : « Ce lycée est unique au monde ». Une plaque de commémoration de cet événement est installée dans les locaux du lycée.
Les cours suivent les programmes français et les élèves peuvent passer le baccalauréat dans les options L, ES ou S, aussi l’Abitur allemand ou, dans certains cas, l'Abibac afin d'avoir le double diplôme. L'État français prend en charge le salaire du personnel français à travers l'AEFE, qui forme à peu près la moitié du personnel total. Le lycée est cependant une école publique berlinoise, gratuite pour tous, et les locaux et l'autre moitié du corps professoral et de la direction sont pris en charge par le sénat de Berlin[3].
Le lycée est régulièrement classé parmi le top 3 des meilleures écoles publiques berlinoises, en raison des performances des élèves à l'Abitur. Le taux de réussite au Baccalauréat avoisine chaque année entre 97 et 100% et de nombreux lauréats au concours général des lycées sont issus du lycée. Après leur scolarité, les anciens élèves optent pour des formations supérieures très diverses en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et dans d'autres pays.
L'enseignement de l'allemand est obligatoire pour tous. Les élèves peuvent choisir entre l'anglais et l'allemand en sixième, doivent suivre les cours de latin en cinquième, puis ont le choix entre l'espagnol et le latin en quatrième avec le grec ancien en option, de même qu'en classe de seconde. Sont proposés le théâtre, les arts plastiques et la musique comme options facultatives au niveau lycée et comme partie intégrante de la formation au niveau collège.
Anciens élèves
- Jacques Égide du Han (1685-1746)
- Jean Henri Samuel Formey (1711-1797, théologien, philosophe et historien)
- Ludwig Robert (de) (1778-1832, écrivain)
- Franz Theremin (de) (1780-1846, théologien)
- Adelbert von Chamisso (1781-1838, naturaliste et poète)
- Albert Gern (de) (1789-1869, acteur)
- Franz von Gaudy (de) (1800-1840, écrivain)
- Karl Ludwig Michelet (1801-1893, philosophe)
- Julius Ludwig Ideler (1809-1842, philologue et naturaliste)
- Heinrich Girard (de) (1814-1878, géologue et minéralogiste)
- Werner von Siemens (1816-1892, inventeur et industriel)
- Albert Friedrich Berner (de) (1818-1907, juriste)
- Emil Heinrich du Bois-Reymond (1818-1896, médecin)
- Carl Bolle (1821-1909, naturaliste et collectionneur)
- Max von Brandt (1835-1920, diplomate, spécialiste de l'Extrême-Orient)
- Gustav Mützel (1839-1893, animalier)
- Paul Güssfeldt (1840-1920, géologue et aventurier)
- Johannes Eusebius Samuel Schmidt (de) (1841-1925, philologue)
- Alfred Woltmann (de) (1841-1880, historien d'art)
- Richard Kahle (de) (1842-1916, acteur)
- Prince Edmund von Radziwiłł (de) (1842-1895, théologien, homme politique et moine)
- Julius Falkenstein (1842-1917, médecin)
- Paul Wilhelm Schmidt (de) (1845-1917, théologien)
- Ernst von Wildenbruch (1845-1909, écrivain et diplomate)
- le comte Maximilian Yorck von Wartenburg (de) (1850-1900, officier, diplomate et historien)
- Wilhelm Erman (de) (1850-1932, bibliothécaire et géographe)
- Gotthilf Weisstein (de) (1852-1907, journaliste et écrivain)
- Albert Moritz Wolff (de) (1854-1923, sculpteur)
- Johann Peter Adolf Erman (1854-1937, égyptologue)
- Richard Witting (de) (1856-1923, juriste, magistrat, directeur de banque et homme politique)
- Heinrich Erman (de) (1857-1940, juriste)
- Maximilian Harden (1861-1927, journaliste et écrivain)
- Ernst Heilborn (de) (1867-1942, acteur)
- Paul von Lettow-Vorbeck (1870-1964, général de brigade et écrivain)
- Victor Auburtin (de) (1870-1928, journaliste et écrivain)
- Martin Wolff (1872-1953, juriste)
- Adolf Windaus (1876-1959, chimiste et biochimiste)
- Edmund Landau (1877-1938, mathématicien)
- Erich Kaufmann (de) (1880-1972, professeur de droit public)
- Victor Klemperer (1881-1960, chercheur en littérature et écrivain)
- Walter Mirauer (de) (1882-1948), chirurgien et gynécologue)
- Leonard Nelson (1882-1927, philosophe)
- Eduard Heimann (de) (1889-1967, économiste et sociologue)
- Kurt Tucholsky (1890-1935, journaliste et écrivain)
- Adrien Turel (de) (1890-1957, écrivain)
- Erich Auerbach (1892-1957, chercheur en littérature et romaniste)
- Adam von Trott zu Solz (1909-1944, juriste, diplomate et résistant)
- Joachim Werner (de) (1909-1994, archéologue)
- Wernher von Braun (1912-1977, technicien de fusée)
- Gottfried Reinhardt (1913-1994, producteur de cinéma et metteur en scène)
- Stephen M. Kellen (de) (1914-2004, banquier et mécène)
- Klaus-Peter Schulz (de) (1915-2000, homme politique)
- Albert Otto Hirschman (1915-2012, sociologue)
- Hartmut von Hentig (de) (né en 1925, pédagogue)
- Wolfgang Gewalt (de) (1928-2007, zoologue)
- Reinhard Mey (né en 1942, auteur compositeur interprète)
- Jörg-Otto Spiller (de) (né en 1942, homme politique)
- Gesine Schwan (né en 1943, homme politique)
- Ulrich Roski (1944-2003, auteur compositeur)
- Jasmine Bonnin (de) (né en 1952, auteur compositeur)
- Heike W. Reichenwallner (de) (née en 1957, actrice)
- Christian Berkel (né en 1957, acteur)
- Dominique Horwitz (né en 1957, acteur et chanteur)
- Sylvia Geist (de) (née en 1963, poétesse)
- Roswitha Schreiner (de) (née en 1965, actrice)
- Peter Fox (né en 1971, musicien)
- Alexander Schnell (né en 1971, philosophe)
- Marie Bierstedt (née en 1974, actrice)
- Raphaël Vogt (de) (né en 1976, acteur)
- Matthias Fekl (né en 1977, secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, de la promotion du Tourisme et des Français de l'étranger)
- Alexandra Maria Lara (née en 1978, actrice)
- Florian Knorn (de) (né en 1981, acteur et traducteur simultané)
- Antoine Brison (de) (né en 1992, acteur)
Anciens professeurs
- François Bancelin
- Wernher von Braun
- Alfred Clebsch
- Mathurin Veyssière de La Croze
- Jean Pierre Erman (de)[4]
- Paul Erman (de)
- Ernst Lindenborn (de)[5]
- Philippe Naudé l'Ancien[6]
- Philippe Naudé le Jeune[6]
- Karl Ploetz
- Christian Prigent
Références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Französisches Gymnasium Berlin » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- Rédaction Le Monde, « Les 300 ans du "collège françois" de Berlin. Depuis sa fondation en 1689, le lycée franco-allemand de Berlin a formé des générations de "médiateurs" entre la France et l'Allemagne », Le Monde, (lire en ligne).
- Susanne Lachenicht, « Les enjeux de la création et de la gestion des écoles dans l’enracinement des diasporas huguenotes (XVIe – XVIIIe siècles) », Allemagne d'aujourd'hui, no 216, , p. 132-142 (lire en ligne, consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
- Portail du Royaume de Prusse
- Portail des écoles
- Portail de Berlin