Lydia Ewandé
Lydia Ewandé, née le à Douala (Cameroun français) et morte le à Meung-sur-Loire[1] (Loiret), est une comédienne, avec une carrière de 50 ans, et une chanteuse franco-camerounaise. Comme comédienne, elle a notamment joué au théâtre avec Peter Brook et Roger Blin, au cinéma ensuite et dans des séries télévisées. Elle est l’une des premières actrices africaines de la scène française.
Naissance |
Douala (Cameroun français) |
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Nationalité |
Française Camerounaise |
Décès |
(à 78 ans) Meung-sur-Loire |
Profession |
Actrice Chanteuse |
Biographie
Née le à Bali[2], un quartier de Douala, elle vient en France à l’âge de 20 ans, initialement pour une formation en expertise comptable. Mais elle découvre un peu par hasard le plaisir et la comédie, par un petit rôle dans le film Pot-Bouille de Jean Duvivier[3], une expérience qui l'incite à prendre des cours de théâtre[4]. Elle se passionne pour cette activité. « C’est la comédie qui l’a trouvée », résume sa fille[5]. Pour autant, elle est bien décidé à ne pas se laisser cantonner à des rôles de domestiques noires et de faire-valoir[3].
Elle est remarquée pour son interprétation dans Les Nègres de Jean Genet, lors de la création de la pièce par Roger Blin en 1959[6],[7], puis en 1964 dans La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire mis en scène par Jean-Marie Serreau, une création à nouveau[6],[7]. Elle retrouve le théâtre d'Aimé Césaire et la mise en scène de Jean-Marie Serreau en 1967 pour Une saison au Congo, et joue dans Mesure pour mesure de William Shakespeare mis en scène par Peter Brook en 1978[6]. Elle travaille également avec le Béninois Tola Koukoui dans le Théâtre Kaidara, et avec le martiniquais Julius Amédée Laou[8]. Mais elle intervient aussi dans des répertoires tout autre, au théâtre de boulevard par exemple, et dans l'émission Au théâtre ce soir[8]. En 1961, elle est ainsi une des jeunes comédiennes interprétant une pièce de François Campaux , Des enfants de cœur, avec dans les rôles principaux deux comédiens de la génération précédente, Robert Murzeau et Simone Paris (ancienne maîtresse de Sacha Guitry) [9].
Aimant les rôles difficiles, elle privilégie le théâtre, comme actrice, jusqu'aux années 1980 où elle revient au cinéma. En 1984, elle joue dans Marche à l'ombre de Michel Blanc, et dans Tranches de vie de François Leterrier[3]. En 1986, elle tient un des rôles principaux du film de Thomas Gilou, Black Mic-Mac, aux côtés de Jacques Villeret, une comédie sur la vie des immigrés africains en France. Parmi ces autres rôles peuvent être cités son interprétation dans Toxic Affair de Philomène Esposito, dans Métisse de Mathieu Kassovitz cette même année 1993, dans Élisa de Jean Becker en 1995, dans J'ai horreur de l'amour de Laurence Ferreira Barbosa en 1997 et dans Yamakasi d’Ariel Zeitoun en 2001[6]. En 1995, le Zaïrois Zeka Laplaine lui ouvre l’opportunité de tourner pour la première fois en Afrique pour le tournage de Macadam Tribu, où elle interprète le rôle de Mother Bavusi[10].
À partir des années 1990, elle joue également dans des téléfilms et des séries télévisées, tels que L’Instit, Les Grands Frères, Une famille formidable, Navarro ou encore Inspecteur Lavardin[6]. Sa dernière interprétation est en 2007 dans un téléfilm de Euzhan Palcy, Les Mariées de l'isle Bourbon, consacré à la colonisation de l’île Bourbon (aujourd'hui La Réunion). Euzhan Palcy dit à son propos « C'était quelqu'un qui avait beaucoup d'humour, qui a vraiment enrichi le personnage que je lui ai donné dans le film. » Et elle poursuit en précisant « Ce qui m'attriste, c'est qu'on ne se rende pas compte en France du gâchis que cela représente de ne pas lui avoir donné plus de rôles importants. »[6].
Par plaisir, elle a été également chanteuse, enregistrant aux Disques Barclay, notamment Ebi Weka, ou encore A muna tete, sous l'intitulé Lydia Ewandé and her Family, mais aussi Dibato la ndôlô et Ebow’a tete[4],[6].
Elle meurt le à l’âge de 83 ans dans le Loiret, en France[5].
Références
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- (en) Raph Uwechue, Africa Who's Who, Africa Journal Limited, 1991, p. 633
- Juompan-Yaka 2016, Jeune Afrique.
- Site encyclopedisque.fr
- Baldé 2016, Afrik.
- Bargach 2016, Rfi.
- Cournot 1986, Le Monde.
- Chalaye 2013, p. 1469.
- Poirot-Delpech 1961, Le Monde.
- Biographie sur le site Africultures
Voir aussi
Bibliographie
- Bertrand Poirot-Delpech, « Des enfants de cœur de François Campaux », Le Monde, (lire en ligne).
- Michel Cournot, « Sonate en solitudes majeures, de Julius-Amédé Laou La mélodie de la douleur », Le Monde, (lire en ligne).
- Rédaction LM, « Le français tel qu'on le joue. Premières Nuits de mai francophones au Théâtre de la Platte », Le Monde, (lire en ligne).
- Sylvie Chalaye, « Ewandé, Lydia [Cameroun 1933] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (lire en ligne), p. 1469.
- Maati Bargach, « Lydia Ewandé, une des premières comédiennes noires du cinéma français, est morte », Rfi, (lire en ligne).
- Assanatou Baldé, « Décès de Lydia Ewandé, l’une des premières comédiennes africaines du cinéma français », Afrik, (lire en ligne).
- Clarisse Juompan-Yaka, « Lydia Ewandé et Anne-Marie Nzié : hommage à deux Wonder Women camerounaises », Jeune Afrique, (lire en ligne).
Liens externes
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