Médéric Lanctôt

Médéric Lanctôt ( - ) est un avocat, journaliste et homme politique canadien. Nationaliste, républicain, socialiste proche des ouvriers, il est surtout connu comme l'un des leaders du mouvement s’opposant au projet de Confédération, au milieu des années 1860. Plusieurs le considèrent comme l’un des premiers indépendantistes québécois[1],[2].

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Médéric Lanctôt
Biographie
Naissance
Décès
(à 38 ans)
Nationalité
Formation
Activités
Médéric Lanctôt, Président de la G.A.P.O.C.

Biographie

Jeunesse

Médéric Lanctôt est né le à Montréal, fils de Mary Miller et d’Hippolyte Lanctôt. Son père, notaire à Saint-Rémi, est emprisonné depuis le à la suite de son implication dans la Rébellion des Patriotes dans la vallée du Richelieu. Reconnu coupable de haute trahison en , il sera déporté en Australie et ne reviendra au pays qu’en 1845.

La personnalité du jeune Médéric sera profondément marquée par cette épreuve. Après le retour d’exil de son père, il sera élevé dans la «mystique» des insurrections de 1837-38 et héritera de ses positions démocrates, républicaines et nationalistes[3].

Arrivé au Collège de Saint-Hyacinthe en 1849, il le quitte en 1852, avant d’avoir complété ses études. On le disait fort brillant, mais il avait la réputation d’être dissipé. Selon Laurent-Olivier David, il était « de tous les complots, de toutes les révoltes contre l’autorité, de toutes les équipées »[4]. On dit même qu’il aurait comploté pour mettre le feu au collège.

Il s’installe alors à Montréal, où il agit comme commis chez le financier Augustin Cuvillier. C’est à ce moment qu’il commence à fréquenter l’Institut canadien. Après avoir œuvré au Courrier de Saint-Hyacinthe, il revient à Montréal en 1858 et y commence des études en droit. Il sera admis à la pratique légale deux ans plus tard[5].

Journaliste et homme politique

Après un voyage en Europe en 1862, Lanctôt acquiert une imprimerie ; c’est aussi à ce moment qu’il se marie avec Agnès Doutre, sœur de Joseph et Gonzalve Doutre. Par la suite, il fait ses premières armes dans le journalisme engagé en cofondant en 1863 avec Edmond Bouthillier et Jean-Toussaint Thompson la Presse (à ne pas confondre avec La Presse, fondée en 1884), un journal indépendant des partis politiques qui serait le premier quotidien français du Canada[6]. Il y défend l’idée d’union des canadiens français, au sein d’un parti national[7].

C’est l’époque où l’on commence à discuter d’un projet de confédération des colonies britanniques d’Amérique du Nord. Lanctôt considère que ce projet, s’il se concrétisait, mettrait en danger l’avenir des canadiens français. En , il crée un comité (formé de conservateurs comme Laurent-Olivier David et de libéraux tels Wilfrid Laurier et Louis-Amable Jetté) et fait publier un manifeste. En septembre de la même année, il change le nom de son journal pour L’Union nationale[3].

De par son implication nationaliste et son opposition au patronat, il acquiert un certain prestige à Montréal. En 1866 ont lieu des élections municipales à Montréal-Est; Lanctôt s’y présente et fait face à Alexis Dubord (partisan de George-Étienne Cartier). Sa victoire, par une majorité de huit voix, sera vite contestée par Dubord et annulée un an plus tard à la suite d'un procès[5]

L’année suivante, en 1867, Lanctôt s’implique dans la mise sur pied d’un regroupement d’ouvriers, la Grande Association de protection des ouvriers du Canada. Il en est élu président. Au mois de juin il s'implique dans la tenue d'une grande manifestation de 8000 ouvriers sur le Champ-de-Mars, où est brandi le drapeau des patriotes de 1837-38. Puis, en septembre se tient une élection dans la nouvelle circonscription fédérale de Montréal-Est, où Lanctôt fait face à Cartier. Après une difficile campagne, Lanctôt doit s’avouer vaincu. Acceptant mal sa défaite, convaincu que Cartier a triché, il décide d’organiser une campagne d’agitation pour faire contester le résultat. Une pétition de Lanctôt contre l'élection de son adversaire Cartier est d'ailleurs déposée en à la Chambre des communes par Moé Fortier, représentant du comté de Yamasaka[8]. Cette approche se retourne contre lui : peu à peu délaissé par ses alliés, il se trouve rapidement isolé. Il cesse la publication de L’Union nationale[3].

Dernières années

Ruiné et discrédité, Lanctôt s’exile dans le Vermont[9] aux États-Unis, où il passera deux ans. Ses idées et ses projets de journaux (notamment le journal anglais-français l'Impartial, qu'il fonde à Détroit en 1869[10]) échouent à intéresser les Franco-Américains[11]. À la suite de son retour à Montréal, il recommence à pratiquer le droit. Il est candidat aux élections provinciales de 1871, sans succès. Il sombre alors peu à peu dans la misère. Après avoir à nouveau tenté de refaire sa vie aux États-Unis, il devient rédacteur du journal le Courrier d'Outaouais tout en travaillant comme de sténographe à la Chambre des communes[5].

Surmené et diminué physiquement, il s’établit sur une terre à Lucerne (par la suite Aylmer) au printemps 1877. C’est là qu’il s’éteint, le .

Notes et références

  1. Denis Monière, Histoire intellectuelle de l'indépendantisme québécois, t. 1, Montréal, VLB, , « Médéric Lanctôt », p. 51-61
  2. Gaétan Gervais, « Un souverainiste du XIXe siècle : Médéric Lanctôt 1838-1877 », Recherches sociographiques, vol. 10, nos 2-3, , p. 409-418 (lire en ligne)
  3. Jean Hamelin, Dictionnaire biographique du Canada (lire en ligne), « Lanctot, Médéric »
  4. Laurent-Olivier David, Mes contemporains, (lire en ligne), p. 43
  5. « Lanctôt, Médéric », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le )
  6. L.S.C., « Le premier sténographe canadien-français », Bulletin des recherches historiques, N.D. de Lévis, vol. XXIX, no 12, , p. 358 (lire en ligne)
  7. Marie-Marthe Filion-Montpetit, Mederic Lanctot, journaliste engagé (1838--1877): Une biographie intellectuelle (thèse de doctorat, Département des lettres françaises), Université d'Ottawa, (lire en ligne)
  8. « Chambre des communes », Gazette de Sorel, , p. 2 (lire en ligne)
  9. Eleuthere Ladouceur, « [Lettre] », Le Courrier de St-Hyacinthe, , p. 2 (lire en ligne)
  10. « [Le notoire Médéric Lanctôt fonde encore un autre journal anglais-français aux États-Unis] », Le Courrier de St-Hyacinthe, , p. 2 (lire en ligne)
  11. Cet échec a un écho dans les pages des journaux québécois qui continuent de railler Médéric Lanctôt. Le journal Le Courrier du Canada le traitera par exemple en 1868 de «coureur d'ovation» aux États-Unis: «Le notoire Médéric Lanctôt fait actuellement une tournée aux États-Unis, en compagnie d'un agitateur non moins notoire, le célèbre Dr. Cadieux, canadien-français yankéfié. Le passage des deux grands hommes a été signalé a Springfield par la phénoménale affiche suivante évidemment rédigée par les deux modestes coureurs d'ovations: ASSEMBLÉE DES ÉTRANGERS ET DES AMÉRICAINS EN GÉNÉRAL."Une assemblée publique de Français, d'Irlandais, d'Allemands et d'Américains en général aura lieu à la Salle de ville, Vendredi soir 9 Oct., 1868, à 7 1/2 P. M. “L'éloquent orateur et ami des Irlandais, le Dr. J.N. Cadieux, d'Utica, New- York,et L'ÉMINENT PATRIOTE Médéric Lanctôt, Ecr., de Montréal, adresseront la parole en anglais et en français. “Que tous les étrangers et les Américains s'y rendent en masse pour entendre CES CHAMPIONS DE LA LIBERTÉ UNIVERSELLE." [...] Si les deux éminents patriotes ne passent pas à la postérité, ce ne sera pas, assurément, faute d’avoir poussé à la roue de la brouette sur laquelle ils se sont embarqués.» Le Courrier du Canada,14 octobre 1868, p. 2.

Bibliographie

Essais, lettres, etc.

  • L'indépendance pacifique du Canada, [Montréal] 1867 (en ligne)
  • Rome: The Great Usurper over God, Church, and Man, [Detroit] 1870
  • Association du capital et du travail, Montréal: John Wilson, 1872 (en ligne)
  • Programme indépendant, [s.l..] 1876 (en ligne)

Journaux cofondés par Médéric Lanctôt

  • La Presse (1863-64)
  • L'Union nationale (1864-67)
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