Mademoiselle de Maupin (actrice)
Mademoiselle de Maupin, née Julie d'Aubigny, est une actrice, cantatrice et duelliste française, née en 1670 ou 1673[1] et morte en Provence en 1707. Sa vie tumultueuse a donné lieu à quantité de légendes et a inspiré plusieurs biographies romancées.
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Gravure anonyme (v. 1700).
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Biographie
Famille et jeunesse
Mademoiselle de Maupin, de son vrai nom Julie d'Aubigny (ou Emilie[2]), est la fille unique de Gaston d'Aubigny, secrétaire de Louis de Lorraine-Guise, comte d'Armagnac. Elle naît probablement en 1673[3]. Son éducation masculine et féminine lui permit entre autres d'apprendre l'escrime.
Débuts, fuite et retour
Elle débute à l'Opéra de Paris en 1690, dans le rôle de Pallas du Cadmus et Hermione de Lully.
À la suite d'un différend avec un lieutenant de police de Paris, Mlle de Maupin doit fuir la capitale. Arrivée à Marseille avec son amant Séranne, le couple gagne sa vie dans des démonstrations d'escrime : un homme contre une femme habillée en homme.
Selon un récit publié par la Revue Musicale de Fétis, afin de mieux gagner sa vie la couple se fait engager à l'Opéra municipal de Marseille, ouvert en 1685 par le compositeur Pierre Gaultier. Elle y tombe amoureuse d'une jeune fille que les parents finissent par placer dans un couvent à Avignon pour protéger son honneur. Mlle de Maupin s'y présente alors comme novice et délivre son amoureuse : elle subtilise le corps d'une nonne décédée, avant de mettre le feu à la chambre de son amante. Après 3 mois de voyage, elle retourne à Paris seule[4].
Là, sa voix grave lui permet d'entamer une brillante carrière à l'Opéra. Ses nombreux duels, se terminant souvent dans le sang, défrayent la chronique, ce qui l'oblige à quitter Paris pour se faire oublier[5]. Elle aurait séjourné à Bruxelles du printemps 1692 au début de l’année suivante et aurait été entretenue par l'électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière.
Si elle n'a sans doute jamais chanté à l'opéra de Marseille[citation nécessaire] elle a, en revanche, passé huit mois à Bruxelles, où elle chante à l'Opéra du Quai au Foin de novembre 1697 à juillet 1698. Elle y paraît notamment dans Amadis, Armide et Thésée, opéras de Lully et Quinault[6].
Consécration
Elle revient ensuite à Paris et remplace à l'Opéra Marthe Le Rochois, admise à la retraite. Dès la fin de l'année 1698 et jusqu'en 1705, Mlle de Maupin chante soit dans les reprises des tragédies lyriques de Lully, soit dans les nouveaux opéras de Collasse, Destouches et Campra. Ce dernier écrit pour elle le rôle de Clorinde dans Tancrède (1702), qui est traditionnellement regardé comme la première partie de bas-dessus (contralto[7]) solo dans l'histoire de l'opéra français, même si en effet elle ne descend jamais au-dessous du ré3[8] et qu'elle est écrite en clef d’ut 1re. Mademoiselle de Maupin paraît pour la dernière fois dans La Vénitienne de Michel de La Barre (1705)[9].
Fin de vie
Mademoiselle de Maupin meurt dans l'oubli en 1707, à environ 35 ans.
Dans la culture
Cinéma
- Mademoiselle de Maupin, réalisé par Mauro Bolognini en 1966, avec Catherine Spaak et Robert Hossein.
- Julie, chevalier de Maupin, téléfilm réalisé par Charlotte Brandtström en 2004, avec Sarah Biasini, Pietro Sermonti et Pierre Arditi.
Roman
- Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, Paris, E. Renduel, 1835-1836, 2 vol. in-8°
- Jean-Laurent Del Socorro, Une pour toutes, Paris, L'Ecole des Loisirs, 2022, (ISBN 9782211317566)
Sources
Notes
Références
- 1670 d'après les notices d'autorité du type VIAF, 1673 selon d'autres sources (cf. Les Relations amoureuses entre les femmes de Marie-Jo Bonnet (Odile Jacob, 1995) ; Femmes travesties: un "mauvais" genre, de Christine Bard & Nicole Pellegrin (Presses Univ. du Mirail, 1999)
- Roger Blanchard et Roland de Condé, Dieux et divas de l'opéra, Plon, , p.116
- François et Claude Parfaict, Dictionnaire des théâtres de Paris, Rozet, (lire en ligne)
- « Maupin (Mlle) cantatrice, sa biographie », Revue musicale, Paris, M.F.J. Fétis, vol. 6, , p. 344–346
- Fougeroux de Campigneulles, Histoires des duels anciens et modernes, Paris, 1835
- Archives de la Ville de Bruxelles, Fonds ancien, no 2233 et 3458 (« papiers Gasparini »).
- Ou, plus précisément, mezzo-soprano.
- Qui correspond de nos jours à un ut3 si l'on considère qu'à l'époque baroque le diapason était environ un ton plus bas qu'aujourd'hui.
- Sadie.
Annexes
Bibliographie
- Émile Campardon, L’Académie royale de musique au XVIIIe siècle, Paris, 1884, tome II, pages 177-181 (documents d'archives)
- Gabriel Letainturier-Fradin, La Maupin (1670–1707) : sa vie, ses duels, ses aventures, Paris, 1904 (roman)
- Fernande Gontier, Homme ou femme ? La confusion des sexes, Perrin, 2006. Le 5e chapitre lui est consacré.
- (en) Julie Anne Sadie, Maupin, en Stanley Sadie (éd.), The New Grove Dictionary of Opera, New York, Grove (Oxford University Press), 1997, III, p. 274 (ISBN 978-0-19-522186-2).
Liens externes
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