Majdi Naameh

Majdi Naameh (ou Majdi Mustafa Nema) né en 1988 en Syrie, est un militaire syrien et un chef rebelle de Jaych al-Islam pendant la guerre civile syrienne.

Majdi Naameh
Surnom Islam Allouche
Naissance 1988
Douma (Syrie)
Origine Syrien
Allégeance République arabe syrienne (avant 2011 ou 2012)
Jaych al-Islam (2011/2012-2018)
Commandement Porte-parole de Jaych al-Islam
Conflits Guerre civile syrienne
Faits d'armes Bataille de la Ghouta orientale

Lors du conflit syrien, il déserte l'armée et rejoint le groupe Jaych al-Islam, sous le nom de guerre Islam Allouche, dont il devient le porte-parole, pendant la bataille de la Ghouta orientale.

Il est arrêté le 29 janvier 2020 en France et mis en examen car soupçonné d’« actes de torture et complicité », « crimes de guerre » et « complicités de disparitions forcées » commis durant le conflit syrien, en particulier l'enlèvement de quatre militants des droits humains à Douma le dont Razan Zaitouneh et Samira Khalil.

Biographie

Majdi Naameh, à l'extrême gauche, lors de la formation du Front islamique, en 2013.

Majdi Naameh, ancien capitaine de l'armée syrienne, dont il a fait défection, se fait connaître comme combattant du groupe armé salafiste Jaych al-Islam, au sein duquel il prend le pseudonyme d'Islam Allouche, en référence au fondateur du groupe armé Zahran Allouche dans la Ghouta orientale. Majdi Naahmeh est le porte-parole du groupe armé jusqu'en 2016. Selon les trois ONG ayant porté plainte contre le groupe armé, il figurait « parmi les hauts responsables de Jaysh al Islam »[1], proches de son chef, Zahran Allouche et « aurait été à la tête d’une brigade qui fut régulièrement accusée d’enrôler des enfants »[2].

En juin 2017, il annonce avoir démissionné et reprend son nom. Ensuite, il rejoint la Turquie, où il effectue des études en science politique. Diplômé à l’été 2019, il arrive en France en novembre, avec un visa court séjour pour poursuivre ses études dans le cadre d’un échange Erasmus à l’université d’Aix-Marseille[3],[4],[5],[6],[7].

Justice

Plainte

En juin 2019, trois ONG, Ligue des droits de l’Homme (LDH), le groupe d’action judiciaire pour la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), et le Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM), ainsi que la famille de Razan Zaitouneh portent plainte contre Majdi Naameh[8],[9]. Les organisations représentent les familles des « Quatre de Douma  » Razan, Wael, Samira et Nazem, ainsi qu'une vingtaine d’autres victimes et leurs familles. Plusieurs victimes mettent directement en cause Majd Naameh pour des faits d’enlèvements et de torture[2].

Majdi Naameh est en effet notamment soupçonné d'être impliqué dans la disparition forcée, le 9 décembre 2013, de quatre militants des droits humains : l’avocate et journaliste Razan Zaitouneh, son mari Wael Hamadeh, la militante des droits humains Samira al-Khalil, femme de Yassin al-Haj Saleh, et l’avocat des droits humains et poète Nazem Hammadi. Tous les quatre sont toujours portés disparus, ils avaient fondé le Centre de documentation des violation, dont ils avaient déménagé les bureaux à Douma, car ils étaient menacés par le régime syrien[3].

Le rôle qu'a pu jouer par Majdi Naameh dans l’enlèvement des « Quatre de Douma » n'est pas clair « Certains pensent qu’il n’a jamais joué un rôle de leadership, explique le chercheur Ziad Majed. Mais il est certainement au courant du sort des quatre disparus. Il y a eu plusieurs tentatives de négociations avec des proches des disparus où il était partie prenante[10] ». Majdi Naameh conteste les accusations, il affirme avoir quitté la Ghouta orientale en mai 2013, soit plusieurs mois avant les enlèvements qu'on lui reproche, pour la Turquie[11].

Arrestation et mise en examen

Majdi Naameh est reconnu en France par un autre Syrien[3]. Le 29 janvier 2020, il est arrêté par l’OCLCH, la section de recherches de Marseille et le GIGN. Selon Paris-Match, l'homme est interpellé en pleine rue, et Majdi Naameh, croyant d'abord à un enlèvement, hurle, lutte et résiste avant d'être maîtrisé[12].

À l’issue de quarante-huit heures de garde à vue, il est présenté à un juge d’instruction parisien qui le met en examen pour « actes de torture et complicité », « crimes de guerre » et « complicité de disparitions forcées » commis durant le conflit syrien[3],[13]. Quelques jours après son arrestation, Jaych al-Islam appelle à la libération et à l'abandon des charges contre Majdi Naameh, et affirme que tout lien entre l'ancien porte-parole et le groupe armé est rompu[9],[7].

Majdi Naameh ne cache pas son appartenance à Jaych al-Islam. Peu après son arrestation, une partie de la presse et quelques personnalités politiques le qualifient de djihadiste, cependant, le spécialiste Ziad Majed précise que si les chefs de ce groupe salafiste « faisaient partie des plus réactionnaires », leurs objectifs se limitaient au cadre syrien. Jaych al-Islam centrait sa lutte contre le régime syrien, et n’a ainsi jamais menacé les Occidentaux. Pour Clémence Bectarte, avocate des familles des disparus, potentielles victimes de Madji Naameh, en France « il ne s’agit pas de sécurité intérieure, mais de crimes commis sur la population syrienne »[3].

En janvier 2022, Naameh saisit la cour d'appel de Paris : il conteste sa mise en examen pour torture, crimes de guerre et complicité d'enlèvements, car la France n'aurait pas la compétence pour juger de ces crimes survenus en Syrie et ne concernant ni ressortissants français ni personnes vivant habituellement sur le territoire français. La cour de cassation a en effet statué en novembre 2021, l'arrêt dit « Chaban », concernant l'affaire Abdulhamid C., ancien militaire syrien accusé de complicité de crime contre l'humanité remis en liberté en raison de l'absence de double incrimination, les crimes contre l'humanité n'étant pas reconnus par la Syrie. L'avocat général estime que l'appel de Majdi Nameeh ne devrait pas aboutir[11].

Le 4 avril 2022, la cour d'appel de Paris rejette la demande du prévenu et confirme qu'il pourrait être mis en examen, pour « torture ou acte de barbarie, disparition forcée, crime de guerre et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit de guerre » commis entre mi-2013 et fin 2016[14],[15].

Articles connexes

Références

  1. « Un ex-responsable d’un groupe islamiste syrien arrêté en France et accusé de torture », sur La Presse, (consulté le )
  2. « Syrie : Un haut responsable de Jaysh al Islam arrêté en France et mis en examen pour crimes de guerre, torture et disparition forcée », sur Fédération internationale pour les droits humains (consulté le )
  3. Thomas Clerget, « Un Syrien poursuivi en France pour la disparition d’opposants à Bachar al-Assad », sur Mediapart (consulté le )
  4. « Questions sur la présence en France d'un ex-cadre d'un groupe salafiste syrien », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  5. « Un rebelle islamiste syrien soupçonné de crimes de guerre arrêté en France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. Agence France-Presse, « L’ex-responsable salafiste Islam Allouche a reçu un visa délivré par le consulat de France à Istanbul (officiel) », sur Mediapart (consulté le )
  7. « Un ex-responsable islamiste interpellé fin janvier présent en France grâce à un visa », sur L'Obs (consulté le )
  8. « Un ex-membre d'un groupe salafiste syrien mis en examen en France », sur LEFIGARO (consulté le )
  9. « Un groupe islamiste armé syrien appelle Paris à relâcher un ex-responsable », sur SudOuest.fr (consulté le )
  10. « Les disparus de Douma - CQFD, mensuel de critique et d'expérimentation sociales », sur cqfd-journal.org (consulté le )
  11. « La cour d'appel de Paris saisie sur la compétence universelle de la justice française », sur Le Figaro, (consulté le ).
  12. Paris Match, « Le double visage d'Islam Allouche, bourreau et étudiant Erasmus », sur parismatch.com (consulté le )
  13. « Un djihadiste syrien, ancien porte-parole de Jaysh Al-Islam, arrêté à Marseille et mis en examen », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  14. « La justice française maintient les poursuites contre un Syrien accusé de torture et crimes de guerre », sur TV5MONDE, (consulté le )
  15. « Crimes de guerre en Syrie : la justice tente de réhabiliter la compétence universelle en France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
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