Malformation
Une malformation est une anomalie (dysgenèse, anomalie du développement, altération morphologique) congénitale d'un tissu ou d'un organe du corps humain ou de tout être vivant, due à un trouble du développement du fœtus ou de l'embryon.
Selon le type de malformation (et son caractère primaire ou secondaire), elle est découverte lors du diagnostic prénatal ou à la naissance voire plus tard. Il existe des malformations majeures et mineures. Les malformations majeures donnent à l'individu un handicap très grave voire causent sa mort. Les malformations mineures (exemple : brachymétatarsie) n'ont pas de conséquences sérieuses pour l'individu.
Typologies de malformations, classifications
Il existe une grande variété de malformations : de la simple disgrâce mineure aux malformations sévères qui conduisent à la mort, in utero parfois. Les malformations sont uniques ou multiples, symétriques ou non, accidentelles ou d'origine génétique. Elles sont presque toujours congénitales ou « constitutionnelles »[1]. On distingue généralement :
- les malformations primaires (aussi dites "vraies") ; repérées chez 2 % des enfants nés vivants et chez 12 à 14% des mort-nés, mais le taux réel est plus important car toutes ne sont pas repérées ou déclarée[1] (il existe peu de registres des malformations et certaines anomalies restent cachées la vie durant du patient) ;
- les malformations secondaires (on parle alors plutôt d'anomalie congénitale), qui ont une cause extrinsèque (malformations secondaires, disruption dans la croissance d'un organe[2]... sans origine génétique) ;
Elle peut résulter de phénomènes (déterminés par le génome d'un des parents ou des deux parents, transmises selon les lois de Mendel) se manifestant à différents moments [1] :
- avant la fécondation ;
- en péri-conceptionnel ou lors de la conception (en présence d'aberrations chromosomiques ou de mutations géniques récentes (de novo)) ;
- en post-conceptionnel, lors des premières divisions du blastomère
- après la fécondation : on peut alors distinguer chronologiquement les embryopathies et les fœtopathies.
Polymalformations
Un enfant né malformés sur six est polymalformé (plus précisément : 4,5 % des enfants mort-nés et moins de 0,5 % des enfants vivants), c'est-à-dire porteur de plusieurs malformations (qui peuvent parfois - chez le même enfant - être héréditaires pour certaines et secondaires pour d'autres)[1]
On classe les polymalformations en 3 catégories[1] :
- séquences de malformations (anomalies groupées, effet en cascade issu d'une anomalie primaire (perturbation mécanique éventuellement, par exemple dans le cas de la séquence de Potter ou séquence oligo-amnios causée par un manque de liquide amniotique ;
- syndrome malformatif (groupe d'anomalies a priori sans liens entre elles autre qu'une cause commune et ne correspondant pas à une séquence : c'est le cas par exemple de la trisomie 21 qui conduit à un groupe malformation connu sous le nom de syndrome de Down ;
- association de malformations ; groupe non-fortuit de deux malformations ou plus, non connues comme séquence ni syndrome : exemple : VACTER, acronyme décrivant l'association de malformations « vertébrales, anales, cardiaques, trachéales, œsophagiennes, radiales et/ou rénales ».
Ces distinctions ont une importance pour le conseil génétique aux parents ou futurs parents[1].
Causes
Les causes d'anomalie du développement sont multiples : éléments ou composés toxiques de l'environnement (tératogènes, mutagènes), radioactivité, fumée du tabac, alcool, drogues, certains médicaments ou encore des causes génétiques (héréditaires ou dues à des mutations spontanées). Par exemple les malformations génitales sont souvent dues à l'action d'un perturbateur endocrinien à une étape clé du développement des organes génitaux chez le fœtus. Ces facteurs sont appelés facteurs tératogènes.
Dans un sens plus spécifique, et contrairement à d'autres pathologies du développement (déformation, disruption, dysplasie), les malformations vraies sont des événements génétiquement déterminés : elles sont intrinsèques et non la conséquence d'un facteur externe ou d'une autre pathologie[3].
Des causes parfois très différentes peuvent causer une même apparence[1]. Par exemple :
- une atrésie de l'intestin peut avoir une cause ischémique, ou être l'effet d'une maladie récessive autosomique (mucoviscidose source de sécrétions digestives si épaisses qu'elles forment un obstacle digestif causant une atrésie intestinale)[1] ;
- l'hydrocéphalie (cavités ventriculaires cérébrales anormalement dilatées) peut résulter d'une toxoplasmose ou avoir une origine génétique (transmission autosomique récessive ou liée à l'X)[1].
La recherche de la cause nécessite souvent une analyse poussée (tests et enquête génétiques...) et, fréquemment, n'est jamais retrouvée.
Boisson alcoolisée
La consommation de boisson alcoolisée pendant la grossesse, même en faible quantité, peut provoquer des malformations[4],[5]. Les risques dépendent du moment, de la quantité, de la résistance de la mère et de celle du fœtus. Un pictogramme de prévention est apposé sur l'ensemble des bouteilles de boissons alcoolisées commercialisées en France.
Facteurs médicamenteux
L'influence des médicaments sur l'embryogenèse est connue depuis les années 1960 à la suite de l'affaire de la thalidomide, médicament prescrit chez les femmes enceintes entraînant une phocomélie chez le fœtus[6]. Depuis, les médicaments doivent, pour obtenir leurs autorisations de mise sur le marché, obligatoirement présenter aux autorités de régulation du médicament un rapport sur la tératogenicité de leur produit. Le valproate de sodium (Dépakine, Dépamide, Dépakote,..) a été donné à des dizaines de milliers de femmes enceintes en France[7] pour traiter leur épilepsie ou leur bipolarité, alors qu'on savait depuis le début des années 1980 que cette molécule augmente le risque de malformation[8]. Certains autres antiépileptiques augmentent aussi le risque de malformations congénitales.
Une étude du British Medical Journal publiée le montre qu'il n'y a pas de lien entre contraception orale et malformations congénitales[9].
Facteurs environnementaux
Ils sont encore mal connus et mal compris mais ils existent. Ils peuvent faire intervenir des produits à faible dose (polluants organométalliques tels que le mercure méthylé comme on l'a constaté lors de la catastrophe de Minamata au Japon.
Notes et références
- Pathologie du développement : malformations congénitales ; Campus d'Anatomie Pathologique - Collège Français des Pathologistes (CoPath), consulté le 1er Nov. 2018
- Dimmick & DK Kalousek (1992) Developmental pathology of Fetus & Embryo. Chap. 5 132, JB Lippincott Company
- Pathologie du développement : malformations congénitales, Collège Français des Pathologistes
- « Alcool et grossesse », sur esculape.com (consulté le ).
- (en) Ramsay M, « Genetic and epigenetic insights into fetal alcohol spectrum disorders », Genome Med, vol. 2, no 4, , p. 27 (PMID 20423530, PMCID PMC2873805, DOI 10.1186/gm148, lire en ligne)
- (de) von Schwerin, A. (1961) « Die Contergan-Bombe. Der Arzneimittelskandal und die neue risikoepistemische Ordnung der Massenkonsumgesellschaft ». Eschenbruch et al. (2009), 252-282. [PDF]
- (Blotière et al. Development of an algorithm to identify pregnancy episodes and related outcomes in health care claims databases: An application to antiepileptic drug use in 4.9 million pregnant women in France. Pharmacoepidemiol Drug Saf. 2018 Jul;27(7):763-770. doi: 10.1002/pds.4556. Epub 2018 May 15.)
- (Bjerkedal et coll. Valproic acid and spina bifida. Lancet. 1982 Nov 13;2(8307):1096)
- « La pilule n'augmente pas le risque de malformations congénitales », sur Santé Magazine, https://plus.google.com/113319432727717328544 (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Phocomélie
- Développement embryonnaire
- Apoptose
- Tératogène
- Agénésie
- Diabète et grossesse
- Macrosomie fœtale
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