Marcel Goulette
Marcel François Goulette est un ingénieur, un poilu et un aviateur français né le à Charmes, dans les Vosges et mort dans l'écrasement de son avion le à Veroli, dans les Apennins en Italie. Détenteur de plusieurs records de vitesse en avion sur de très longues distances, il est le premier à avoir posé un appareil sur l'île de La Réunion le [1], il devient ensuite le premier aviateur à relier la France à Madagascar en avion.
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(à 38 ans) Veroli |
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Biographie
Études
D'abord élève à l'école professionnelle de Nancy puis à l'École des arts et métiers de Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne) à partir de 1911 ; Marcel Goulette en sort, en 1914, avec le diplôme d'ingénieur.
Parcours militaire
Il est élève-officier à Angers en [2] et, la Première Guerre mondiale ayant éclaté, il est alors mobilisé, en 1915, dans le génie[2] et combat à Verdun en 1916, affecté au 2e régiment du génie, compagnie 16/2 ; il est cinq fois asphyxié[2] pendant les combats auxquels il participe. Blessé par bombe, évacué du front, il demande à y remonter et rejoint sa compagnie ; reconnu mort à trois reprises par le médecin-major[réf. nécessaire], il est finalement réformé, mais contre son gré.
Refusant de quitter les combats, il s'engage dans le service de l'aviation de chasse pour continuer la guerre. Il part en formation à Avord dans le Cher où se trouve une des principales écoles de formation de pilotes de l'armée (le site est aujourd'hui occupé par la base aérienne 702 Avord) et en sort pilote diplômé[2], il est envoyé à Istres[2] dans les Bouches-du-Rhône, pour parfaire sa formation mais l'armistice de 1918 est signé avant qu'il ne rejoigne le front[2].
Il est titulaire de la Croix de guerre avec 6 citations, 2 à l'ordre de la division, 3 à l'ordre du corps d'armée et une dernière à l'ordre de l'armée, mais aussi chevalier de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas. Lorsque la guerre s'achève, il devient capitaine-aviateur de réserve.
Carrière aéronautique
Marcel Goulette se passionne pour l'aéronautique et est à ce titre à l'origine du premier avion français à aile haute épaisse et non haubanée. Il exerce plusieurs activités en plus d'être réserviste :
- ingénieur pour l'Office de reconstruction industriel (ORI) dans le Soissonnais, il travaille quelques mois avec René Couzinet, administrateur délégué aux Ets Popot à Soissons où il s'est installé à la fin de la guerre,
- pilote d'essai chez Lorraine, un motoriste d'avion,
- administrateur délégué de la Société de construction des moteurs d'avion Albert.
Par ailleurs, il se lance dans l'aviation coloniale et, le , il est le premier à poser un appareil sur l'île de La Réunion, en l'occurrence un Farman F-192 avec moteur Salmson de 230 ch, qu'il a acheté en s'endettant fortement. Il est ruiné lorsque l'avion se brise dans le désert, pris dans une violente tempête de sable, lors de son retour en France métropolitaine. Il est sauvé, avec son équipage, par le passage d'un autre aviateur, Jean Réginensi, qui revient d'un raid vers Madagascar.
Il effectue plusieurs raids aériens couronnés de succès, faisant régulièrement parler de lui dans les journaux de l'époque, pour avoir établi plusieurs records du monde de vitesse ou de distance :
- France - Madagascar - La Réunion
- France - Madagascar (3 voyages)
- France - Téhéran
- France - Saïgon
- France - Le Cap
- France - Alexandrie
Paul Reynaud, alors vice-président du Conseil, aurait poussé Marcel Goulette, peu de temps avant son décès, à se lancer en politique et à se présenter à la députation[3]. Il aurait envisagé, s'il avait été élu de le nommer ministre de l'Air[3], toute nouvelle fonction créée quatre ans plus tôt. Lors de discussions avec Reynaud, Goulette le poussait à mettre en place une vraie politique industrielle pour la construction aéronautique[3].
Décès
Marcel Goulette meurt le à l'âge de 38 ans lors de l'écrasement de son avion, un Farman F.190[4], sur la chaine des montagnes des Apennins dans la commune italienne de Veroli, dans le Latium, à une centaine de kilomètres au sud de Rome. À la demande du grand quotidien parisien L'Excelsior[4], il ramenait alors à Paris depuis Brindisi (dans les Pouilles, dans le "talon" de la botte italienne), le couple Alfred et Suzanne Lang-Willar qui venaient d'échapper au naufrage du navire Georges Philippar dans lequel leur ami, le célèbre journaliste et écrivain Albert Londres avait trouvé la mort. Plusieurs pilotes de grande renommée avaient refusé de partir chercher les Lang-Willar[réf. nécessaire]. Au cours du vol retour, l'avion s'écrase sur un flanc d'un mont des Apennins et les quatre occupants de l'appareil sont tués.
À cette époque, plusieurs journaux évoquent l'hypothèse d'un attentat mais sans que cela soit démontré. En effet durant le voyage en paquebot qui ramenait les Lang-Willar et Albert Londres, de Chine vers Marseille, le couple aurait reçu les confidences du célèbre journaliste sur le reportage « explosif » qu'il s'apprêtait à publier dès son retour en France. Il y racontait son enquête sur les événements qui se déroulaient alors en Chine, avec entre autres une possible implication des Soviétiques. La mort des Lang-Willar dans cet accident aérien, quelques jours après la disparition d'Albert Londres dans l'incendie et le naufrage du Georges Philippar, conforta donc toutes les rumeurs d'un complot ourdi pour étouffer les révélations d'Albert Londres, quoique l'hypothèse d'un incendie accidentel du navire, qui connaissait depuis son lancement deux années plus tôt de sérieux problèmes électriques, soit la plus probable.
Marcel Goulette est enterré à Charmes, sa commune natale, le . Son vol aller-retour à Brindisi étant considéré comme une période d'entrainement militaire de réserviste, il est officiellement mort en service commandé.
Sa veuve se remarie quelques années plus tard puis part vivre aux États-Unis, une de ses filles s'y installant également en Caroline du Nord.
Distinctions
Marcel Goulette est titulaire d'une vingtaine de décorations civiles et militaires, dont entre autres :
- Officier de la Légion d'honneur
- Croix de Guerre 1914-1918 avec 6 citations
- Insigne des blessés militaires
- Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
- Chevalier de l'Ordre de Saint-Stanislas
- Commandeur de l'Ordre de l'Étoile noire
- Commandeur de l'Ordre du Million d'Éléphants et du Parasol blanc
- Grande médaille d'or de l'Aéro-Club de France
- Grande médaille d'or de la Société des ingénieurs Arts et Métiers
- Grande médaille d'or de l'Académie des sports
- Grande médaille d'or de l'Institut colonial
- Trophée national de la ligue internationale des aviateurs
- Médaille de la Sté des industries de l'Est
Postérité
Le nom de Marcel Goulette a été donné à :
- un collège et à une rue à Tamatave (Madagascar) ;
- un collège à Piton Saint-Leu, à la Réunion ;
- une place et une rue à Charmes, sa commune natale dans les Vosges. Le lycée professionnel de cette commune porte son nom depuis 1988[1] ;
- un B-777, avion long-courrier d'Air Austral depuis les années 2000.
Quand la ville de Charmes fut brûlée lors des combats pour la Libération en 1944, Madagascar envoya d’importants dons pour sa reconstruction.
Références
- « Qui était Marcel Goulette ? », Lycée Marcel-Goulette.
- Marcel Catillon, Qui était qui ? : mémorial aéronautique, t. 2, nef (lire en ligne), p. 104.
- Jean-Paul Ollivier, Mon père, Albert Londres et le Georges Philippar, Grenoble, Glénat, coll. « Document », , 218 p. (ISBN 978-2-7234-7334-7, lire en ligne)
- Gérard Piouffre, Les femmes et les enfants d'abord : Les grands naufrages de l'histoire, Paris, First éditions, , 311 p. (ISBN 978-2-7540-8698-1, lire en ligne)
Annexes
Articles connexes
Sources
- Service Historique de l'Armée de l'Air
- Service des archives de Soissons
- Sté des Arts et Métiers
- Journaux d'époque(1929-1932)
- Quelques journaux ou revues : Le phare de Majunga, Le Quotidien, Le Peuple, L'Est républicain, La Dépêche de l'Aisne, Le Madécasse, L'Aéro, Les Vieilles tiges, Le Miroir
- Air Austral
- Musée de l'air et de l'espace.
Liens externes
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