Marcel Hordenneau

Marcel Hordenneau, né le à Olonne-sur-Mer (Vendée) et mort le aux Sables-d'Olonne (Vendée), est un résistant français[1],[2]. Il a témoigné toute sa vie de ce qu'il a vécu dans le bagne de Griebo (lieu de déportation situé au sud-ouest de Berlin sur l'Elbe, près de Wittemberg et de Coswig (Anhalt)), prison s'apparentant à un camp de concentration.

Marcel Hordenneau
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinction

Il a contribué à la mémoire collective en témoignant de son histoire et de son vécu auprès des jeunes apprentis, lycéens et collégiens de sa région.

Biographie

De son mariage avec Micheline, ils ont eu ensemble trois enfants, 11 petits-enfants et 16 arrière-petits-enfants[3].

Marcel a 18 ans lorsque les nazis prennent Brest en 1940. À 21 ans, il doit faire le service du travail obligatoire (STO). Il doit donc partir en Allemagne mais il se cache puis essaie de rejoindre l'Angleterre par des réseaux de résistants. Sur place, il risque d’être dénoncé. Gachelin, un résistant, essaie de lui trouver un endroit où se cacher, sans succès. L'oncle d'une amie possède un café à Quimperlé qui pourrait constituer une étape avant d’aller vers Londres ; sa tante, craintive et consciente du danger de le loger, refuse. Aucune piste ne lui permet d’intégrer une filière clandestine. Marcel décide alors de revenir à Olonne-sur-mer où un certain Émile Marchand dit Milo, un voisin cheminot parisien aux sentiments communistes[4], pourrait l'aider (sans succès) à entrer en contact avec la résistance intérieure.

Il se retrouve en à Stettin en Poméranie en Pologne, une importante base de sous-marins allemands de la Kriegsmarine. Il doit fabriquer des pièces pour les sous-marins allemands. Il essaye de saboter un maximum les pièces sans se faire remarquer. Dans les WC, il montre son opposition au régime hitlérien : « À bas Hitler à bas Laval, vive de Gaulle, vive Giraud. Celui qui de ses mains bâtit ce lieu malpropre a fait pour les humains mieux qu’Hitler pour l’Europe »[5]. Il écrit certaines lettres envoyées à un membre de la Résistance en France où il décrit les numéros des sous-marins ainsi que le trafic dans le port. Malheureusement, les lettres ont été interceptées par la Gestapo. Arrêté le au matin par la Gestapo locale, il est accusé de trahison envers l'Allemagne nazie et de terrorisme. Il est torturé pendant des interrogatoires de longs mois durant, il en garde encore des cicatrices : « Je me suis retrouvé les pieds à 10 ou 20 cm du sol. À chaque fois qu'il frappait, je me balançais. J'avais l'impression que la peau du crâne se décollait. J'ai dû m'évanouir »[6]. Il se rend compte également que les Allemands le soupçonnent d'être un agent infiltré. Heureusement, le procureur a mal lancé l'accusation. Par conséquent, au lieu de subir la peine capitale par décapitation, il est condamné à 3 ans de travaux forcés au bagne de Griebo.

Il est donc transféré au camp nazi de Griebo (de). Il doit apprendre son numéro de matricule en allemand, il ne doit pas s'écrouler à l'appel sinon les gardiens l’emmènent dans les fours crématoires. Son travail est de décharger des déchets chimiques brûlants. En peu de temps, il se met à cracher du sang, il est fatigué. Un jour, il s’écroule, et deux kapos jouent littéralement au ballon avec son corps décharné. Beaucoup de ceux qui allaient à l’infirmerie n'en revenaient pas. Il voyait les fumées s’échapper des fours crématoires. Il s’enfuit de l’infirmerie. Le lendemain matin, un vieux soldat l’emmène dans une fermette où il doit mettre des carottes dans un silo. Quand il approche une carotte de sa bouche, il lui dit « Ja » (« oui » en allemand). Grâce à lui, il a pu se nourrir un peu plus chaque jour. Parfois, il partageait son pain avec lui. Il en partageait même avec les prisonniers mais un jour, alors qu'il avait accroché des carottes dans son pantalon, une est tombée durant l'appel, il a eu la peur de sa vie.

En , à la libération de ce camp, il a une tuberculose et il ne pèse que 42 kg[7]. Après un retour dans sa famille en Vendée, pour sa guérison il doit se rendre dans un sanatorium durant seize mois à Davos, en Suisse[4].

Témoignages

Au fur et à mesure des années, Marcel Hordenneau, président de l’Amicale sablaise des déportés[4], a témoigné de son vécu, son histoire en allant dans différents collèges de Vendée chaque année jusqu'à sa mort. Il racontait son histoire durant deux heures et les collégiens pouvaient poser des questions afin d'en savoir plus. En effet, tout au long de sa vie depuis son retour des camps de la mort, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a témoigné beaucoup sur sa vie notamment auprès des collèges, média ou bien même sur sa page Facebook sur laquelle il écrivait des blogs. Il souhaitait transmettre un message de paix aux nouvelles générations.

Ouvrages

Marcel Hordenneau a écrit un premier livre, paru en avec le soutien du Centre vendéen de recherches historiques[7], une biographie où il explique son parcours, le cours de sa vie au bagne de Griebo et comment il s'en est sorti ainsi que sa réintégration dans la vie courante qui a été longue est difficile :

  • Marcel Hordenneau, Déporté survivant des geôles nazies d’épouvante, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, , 140 p. (ISBN 978-2-911-25398-0)

Il a écrit un second livre paru après sa mort, en  :

  • Marcel Hordenneau et Martial Limouzin (préf. Pierre Mauger), Un siècle avec mon ange gardien, La Roche-sur-Yon, Éditions des Oyats, , 270 p. (ISBN 979-1-094-74420-8).

Hommages

Le maire des Sables d'Olonne annonce proposer au conseil municipal de nommer un espace public pour lui rendre hommage[6].

Notes et références

  1. « Les Sables-d’Olonne Vendée. Décès de Marcel Hordenneau: la perte d’un homme remarquable », sur lereportersablais.com, Le Reporter sablais, (consulté le )
  2. « Les Sables-d'Olonne : Marcel Hordenneau, ancien déporté, est décédé », sur actu.fr (consulté le )
  3. « Monsieur Marcel Hordenneau », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  4. « Marcel Hordenneau », sur google.com (consulté le )
  5. S. Lelong, « Envoyé en Allemagne, torturé, déporté… Marcel, 96 ans, témoigne », sur lactu.playbacpresse.fr, L'Actu, (consulté le )
  6. Christophe Amouriaux, « Les Sables d'Olonne : mort de Marcel Hordenneau, ancien déporté et grand témoin auprès des jeunes », sur france3-regions.francetvinfo.fr, France Info, (consulté le )
  7. « L’émouvant témoignage d’un déporté », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )

Liens externes

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