Marcel Treich-Laplène
Marcel Treich-Laplène, né le à Ussel, en Corrèze (France) et mort le devant Grand-Bassam, alors capitale administrative de la Côte d'Ivoire, est le premier explorateur européen de la Côte d'Ivoire et son premier administrateur colonial.
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(à 29 ans) Grand-Bassam |
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Biographie de Treich-Laplène
Marcel Treich-Laplène est le fils de Gustave Treich-Laplène, un notaire de Meymac, devenu maire d'Ussel, qui fut également magistrat à Tizi Ouzou, en Kabylie, puis aux Comores.
À la mort de son père en 1882, le jeune Marcel, à son retour de service militaire en Algérie, suspend ses projets d'études de droit. Il devient soutien de sa famille. Grâce à l'intervention d'un ami de son père, il devient répétiteur au lycée de La Rochelle. C'est là qu'il rencontre Arthur Verdier. Ce dernier, un officier de marine-aventurier-commerçant-planteur-armateur-conseiller municipal rochelais est implanté sur la côte du golfe de Guinée depuis 1860 où il a introduit les premiers plans de café Libéria.
En 1883, à l'âge de 23 ans, il est engagé comme premier commis sur les plantations d'Elima d'Arthur Verdier, alors résident de France et responsable des forts Nemours de Grand-Bassam et Joinville d'Assinie, deux fortins en rondins démilitarisés depuis 1870. Il doit alléger à la plantation d'Élima, sur la lagune Aby, la mission d'Amédée Brétignère.
Le Congrès de Berlin sur l'Afrique se tiendra du au . Imaginé par le prince de Bismarck pour freiner l'expansion coloniale britannique, ce congrès relance le débat colonial et définit les règles du jeu dans ce domaine. Il impose, entre autres, aux 14 puissances occidentales présentes de matérialiser leurs "zones d'influence" par des traités avec les chefs locaux. Du fait de cette nouvelle contrainte et sous la pression britannique, Treich-Laplène est bientôt appelé à effectuer des missions d'exploration à l'intérieur de la future Côte d'Ivoire et se lie d’amitié avec les chefs traditionnels. De retour en France, il présente des rapports d'exploration à la Société de géographie. En 1886, il remplace Verdier comme résident de France. En 1887, une course aux traités le lance vers l'intérieur du pays avec l'aide du roi de Krindjabo. Il signe les traités de Bettié, de l’Indiéné, de l’Alanguoua et le traité de Yakassé (où il doit rester dix-huit jours, terrassé par la malaria). Ces traités bloquent à l'actuelle frontière occidentale du Ghana l'avancée coloniale britannique. Les Anglais, en effet, convoitaient la Côte d'Ivoire et prévoyaient de s'approprier l'Afrique occidentale de Lagos au Sénégal. À Alépé, Treich-Laplène retrouve la canonnière Diamant et son commandant Bourmaux. Il séjourne ensuite quelque temps à Elima, puis passe deux mois en France pour essayer de rétablir sa santé.
En 1888, il repart en direction du nord avec une escorte de 12 Anhyi (Agnis), dont le fils du roi de Krindjabo, à la rescousse du capitaine Louis-Gustave Binger parti du Sénégal pour assurer la jonction Dakar-Grand Bassam en passant par le pays mossi. En chemin, à Zaranou, et à Kawaré, il conclut deux traités avant d’atteindre Kong où le rejoint Binger. Ce dernier relate la rencontre dans son récit de voyage qui a lieu le samedi : « L'émotion que je ressentis est difficile à décrire. Je tombai dans les bras de ce brave compatriote, qui, à peine remis d'un long séjour à la Côte de l'Or, s'était spontanément offert pour aller me ravitailler. Il m'apportait, en plus d'une lettre de ma mère, des nouvelles de quelques bons amis, qui me firent oublier toutes mes fatigues et privations »[1].
Treich-Laplène y prépare alors la question d'un traité commercial avec Karamokho-Oulé Ouattara[2].
Il conduit Binger – transporté en hamac – et sa colonne de Kong à Grand-Bassam qu'il atteint lui-même à l'article de la mort. Le , il est élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur.
Il rentre en France via Gorée où il est soigné avec des doses importantes de quinine. Au retour de sa convalescence en France, où il avait été nommé résident de France administrateur civil de première classe, il prend ses nouvelles fonctions administratives à Bassam. À ce titre, il est le premier administrateur colonial de la Côte d'Ivoire. En , un conflit avec les Jack Jack, les habitants Alladians de Jacqueville, manipulés par des agents anglais, l'amène à lancer une opération punitive sur ce village. Peu après le retour de cette expédition, le , épuisé par une fièvre hématurique bilieuse (une réaction allergique à la quinine bloquant les fonctions rénales), il décède lors de son embarquement sur le steamer Ville de Maceio. Le lendemain, il est enterré face à la lagune, dans l'ancien cimetière des Européens de Bassam, là où un obélisque rappelle encore sa mémoire. Grâce à Verdier et au comité qu'il met en place, la dépouille de Marcel Treich-Laplène est ensuite rapatriée au cimetière d'Ussel où il repose près de son père et de sa mère.
La mort prématurée du jeune explorateur permettra à Louis-Gustave Binger (1856-1936), son successeur en 1893 à la tête de la colonie, de s'approprier ses travaux et leur mérite. Dans tous les manuels français, Binger est improprement présenté comme le premier explorateur de la Côte d'Ivoire, alors que Marcel Treich-Laplène est ignoré. Pourtant, par tous ses traités qui ont donné à la Côte d'Ivoire ses frontières actuelles et qui l'inscrivent dans la francophonie, Marcel Treich-Laplène peut être considéré, en dehors de tout jugement de valeur sur l'entreprise coloniale, comme le fondateur de la Côte d'Ivoire.
Mémoire et hommages
Les efforts de sa sœur Valentine (qui signait Odette V.) pour faire connaître et reconnaître le parcours héroïque et l'œuvre pionnière de Marcel, ainsi que l'action d'un comité de soutien aboutissent, le , en écho à la création de Bingerville, à la création de Treichville sur le site d'Anoumabo, aujourd'hui une commune d'Abidjan.
De même :
- Un boulevard d'Ussel porte son nom et son portrait (photo illustrant l'article) est affiché dans la mairie, ainsi qu'un petit buste dans le jardin de cette dernière.
- Une rue du quartier Saint-Éloi de La Rochelle porte également son nom. Dans cette ville, son profil figure sur le monument dit « aux Éléphants » place de Verdun au côté d'Arthur Verdier et Amédée Brétignère, deux autres pionniers de la présence française en Afrique occidentale et particulièrement en Côte d'Ivoire.
Un timbre poste de 1952 honore la mémoire de Marcel Treich-Laplène.
Notes et références
- L.G.Binger, Du Niger au golfe de Guinée, vol. 2, Hachette, 1892, p. 200
- Binger, op. cit, p. 202
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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