Mari (Syrie)

Le site archéologique de Mari (en arabe : mārī, مــاري) (Tell Hariri, en arabe : tall al-ḥarīrī, تل الحريري) est situé à l'extrême sud-est de la Syrie sur le moyen Euphrate, à 11 kilomètres d'Abou Kamal et à une dizaine de kilomètres de la frontière irakienne. Située dans cette plaine, Mari fut une importante cité mésopotamienne dès le IIIe millénaire av. J.-C., contemporaine de la civilisation sumérienne d'Uruk. Capitale d'un pays appelé tardivement, au VIIe siècle av. J.-C., Laqe et s'étendant le long de l'Euphrate en amont et en aval du confluent du Khabour[1], elle est surtout connue pour son splendide palais du IIe millénaire av. J.-C. et grâce aux fouilles archéologiques entreprises depuis 1933 par l'archéologue français André Parrot[2], puis reprises par Jean-Claude Margueron en 1979. Après 40 campagnes de fouilles, on estime qu'environ un quinzième du site a été fouillé (8 hectares sur 110).

Sauf précision contraire, les dates de cette page sont sous-entendues « avant Jésus-Christ ».

Pour les articles homonymes, voir Mari.

Mari
Tell Hariri

Ziggourat ou haute-terrasse de Mari (près du palais)
Localisation
Pays Syrie
Gouvernorat Deir ez-Zor
Coordonnées 34° 33′ 04″ nord, 40° 53′ 18″ est
Superficie 110 ha
Géolocalisation sur la carte : Syrie
Mari
Géolocalisation sur la carte : Irak
Mari
Histoire
Époque IIIe et IIe millénaires av. J.-C.

Situation

En aval de Deir ez-Zor, l'Euphrate poursuit un parcours sinueux dans une vallée large comme un delta. La steppe a été irriguée depuis l'Antiquité avec des digues et des canaux, permettant l'entretien, la fourniture en eau et donc la mise en culture intensive, d'un damier de terres alluviales fertile.

L’Euphrate coule en zone aride, les précipitations sont inférieures à 150 mm, alors que 250 mm sont nécessaires à une agriculture sèche. Aucune culture n’était possible dans la vallée sans l’aménagement d’un réseau d’irrigation élaboré. Des travaux de grande envergure, destinés à assurer la survie des habitants de la cité et peut-être même à faciliter le cheminement par voie fluviale, ont été entrepris : un réseau d’irrigation en rive droite, branché sur un lac de retenue alimenté en hiver par les pluies, et selon J.-C. Margueron c'est du début du IIIe millénaire qu'il faut dater le grand canal long de 120 km reliant l’axe du Khabour à l’axe euphratique, à une dizaine de kilomètres en aval de Mari. Mais ce dernier point fait l'objet de débats (voir plus bas).

Certaines tablettes de l'époque amorrite attestent du fait que les souverains de Mari ponctionnent près de 20 % de la valeur des marchandises y transitant. Mari semble plus une cité de commerce terrestre que fluvial, l'Euphrate étant peu praticable en aval, et la route commerciale principale passe par voie terrestre via le triangle du Khabur.

Histoire du royaume de Mari

L'intendant Ebih-Il, dignitaire du royaume de Mari, v. 2400 av. J.-C., musée du Louvre

Mari dans les archives d'Ebla

Mari et les principaux sites de la Syrie et de la Haute Mésopotamie au IIIe millénaire av. J.-C.
En brun, extension du royaume de Mari de -2500 à -2290, à l'est du royaume d'Ebla, en bleu, lequel sera connu ultérieurement sous le nom de Yamkhad.

Mari est fondée autour de 3000 avant notre ère. Les premières mentions historiques de Mari apparaissent dans les textes d'Ebla, et datent du XXIVe siècle. Les souverains éblaïtes sont alors tributaires des Mariotes, avant de s'en défaire, ce qui témoigne de la puissance de Mari (confirmée sur place par l'archéologie). Elle apparaît alors dans la liste royale sumérienne. Cette période faste se finit avec la prise de la cité par le premier souverain d'Akkad, Sargon vers 2330[3].

Les šakkanakku

Avec l'effondrement de l'Empire d'Akkad au XXIIIe siècle av. J.-C., Mari recouvre son indépendance. Les gouverneurs installés par les rois d'Akkad conservent le pouvoir, et la titulature sumérienne. Ils se nomment ŠAGIN (sumérien), ou šakkanakku (akkadien), ce qui correspond à l'ancienne charge de gouverneur militaire. Les rois d'Ur III, qui dominent la Mésopotamie, pour un siècle, à partir de la fin du XXIIe siècle av. J.-C., n'entravent pas l'indépendance de Mari. L'histoire de cette période est mal connue en raison de la rareté des sources écrites. Mais les sources archéologiques témoignent de la prospérité que connaît la ville à cette époque. La dynastie des šakkanakku s'effondre probablement dans le courant du XXIe siècle av. J.-C.. La période couvrant le XXe siècle av. J.-C. est obscure. La ville paraît avoir vécu une période difficile. Trois de ces šakkanakku sont connus au travers de statues retrouvées sur le site, notamment Ishtup-ilum, Idi-ilum et Puzur-Ishtar dont les statues sont exposées respectivement au musée national d'Alep (Syrie), au musée du Louvre à Paris (France) et au musée archéologique d'Istanbul (Turquie).

Yahdun-Lîm

Disque inscrit portant une inscription commémorant la victoire de Yakhdun-Lîm contre les Benjaminites et son expédition jusqu'à la Méditerranée, Musée du Louvre

Yahdun-Lîm est le premier roi de Mari de la période amorrite que l'on connaisse bien. De son père Yaggid-Lîm, on ne sait rien. Il règne de 1810 à 1793. Sa première tâche est d'étendre son royaume vers l'ouest, où il soumet Terqa et Tuttul. Puis il se tourne vers le triangle du Khabour, au nord, où au même moment le roi Samsî-Addu d'Ekallâtum cherche à s'implanter, et qu'il bat. Il se brouille ensuite avec le roi d'Alep, en préférant l'alliance d'Eshnunna à la sienne, et celui-ci soutient en représailles une révolte des nomades Benjaminites. Le règne de Yahdun-Lîm s'achève par un coup d'État donnant le pouvoir à son fils Sûmû-Yamam.

Samsî-Addu et Yasmah-Addu

Cette période trouble s'achève par l'invasion du royaume de Mari par Samsi-Addu. Ce dernier choisit finalement de laisser Mari être la capitale d'un royaume, en y plaçant vers 1782 son fils Yasmah-Addu sur le trône, tout en gardant la prééminence. La faible personnalité du nouveau maître de Mari, son jeune fils, facilite sa tâche. Samsî-Addu entretient des rapports tendus avec le roi Sumu-epukh d'Alep, du fait de son alliance avec l'ennemi de ce dernier, le roi de Qatna, dont la fille a épousé Yasmah-Addu. Le roi d'Alep apporte son soutien à Zimrî-Lîm, descendant de la famille régnante de Mari, ainsi qu'à d'autres rois chassés par Samsî-Addu. Quand ce dernier meurt en 1775, son fils n'arrive pas à tenir le trône de Mari, d'où il est chassé par Zimrî-Lîm.

Zimrî-Lîm et la chute de Mari

Une fois monté sur le trône, Zimrî-Lîm doit choisir entre être le vassal d'Eshnunna, comme Yahdun-Lîm auparavant, ou celui d'Alep. Il choisit ce-dernier, qui l'a aidé à prendre Mari, et se retrouve donc en conflit avec Eshnunna qui suscite à son tour une révolte des Benjaminites. Zimrî-Lîm réussit à triompher de cette épreuve et renforce ainsi son pouvoir, s'imposant comme l'un des grands rois du Proche-Orient. La suite de son règne consiste à asseoir le rôle de premier plan de Mari dans le concert international. Il choisit de s'allier au roi d'Élam quand celui-ci attaque Eshnunna. Une fois cette ville tombée, le roi élamite choisit cependant de continuer vers le sud et le nord de la Mésopotamie, menaçant les positions de Mari dans la région du Khabur. Zimrî-Lîm s'allie alors avec le roi Hammurabi de Babylone, qui a lui aussi soutenu le roi élamite avant de s'en mordre les doigts. Les deux parviennent à susciter une coalition contre l'Élam, qui réussit à renvoyer l'assaillant chez lui.

Fort de ce succès, Zimrî-Lîm renforce sa domination en haute Mésopotamie. Mais son alliance avec le roi de Babylone se retourne contre lui : il aide ce dernier à prendre la ville de Larsa, ce qui en fait le roi le plus puissant de basse Mésopotamie et lui permet de lorgner vers le nord, où il menace les positions de Mari. La suite des évènements est mal connue, mais elle aboutit à un conflit entre les deux anciens alliés et Mari est détruite par les armées babyloniennes en 1760 av. J.-C..

Le royaume de Zimrî-Lîm

Tablettes des archives du palais royal de Mari, règne de Zimrî-Lîm

Grâce aux archives retrouvées dans le palais royal, l'administration du royaume de Mari est bien connue, même si certains aspects restent obscurs.

Les tablettes cunéiformes de Mari ont été écrites en akkadien[4].

Les archives royales ont livré quelque 25 000 tablettes. Plus de 3 000 d'entre elles sont des lettres, le reste inclut des textes administratifs, économiques et judiciaires[5]. Selon André Parrot, ces tablettes ont "apporté une révision complète de la chronologie du proche orient ancien, et apporté plus de 500 nouveaux noms de lieux, suffisamment pour redessiner, ou même dessiner la carte du monde ancien."[6]

Quasiment toutes ces tablettes sont datées du temps de l'indépendance de Mari (c. -1800 –1750)[5], et la plupart ont été publiées[7]. Le langage est l'akkadien mais les noms propres et des indices de syntaxe montre que la langue des habitants est ouest-sémitique[8].

L'organisation administrative

À la tête du royaume se trouve le roi (šarrum). Il dispose d'une administration centrale composée par son entourage. Le plus important dignitaire est le vizir (šukkallum). Le šandabakku a pour rôle de contrôler l'économie du royaume. Un conseil (pirištum, « secret »), assiste le souverain dans sa prise de décisions. En plus de sa fonction de « roi de Mari », Zimri-Lîm est également le « roi du pays bédouin », c'est-à-dire qu'il est le chef des tribus amorrites des Bensimalites.

Le royaume de Mari est divisé en quatre provinces, autour des villes de Mari, Terqa, Saggarâtum et Qattunân (en), et le territoire de Suhum (en), qui disposait d'un statut à part. À la tête de la province se trouve un gouverneur (šapitum). Il est secondé par un intendant (abu bītim) et un responsable des domaines (ša sikkatim). Les tribus nomades bensimalites étaient contrôlées par le chef des pâtures (merhūm). L'administration du royaume de Mari est assez bien connue grâce à l'abondante documentation retrouvée lors des fouilles. Le rôle des gouverneurs est abondamment documenté dans ces documents épistolaires[9].

  • La province de Mari a été confiée à Itûr-Addû (dynastie Yamhad (en)), qui est apparemment décédé la quatrième année du règne de Zimrî-Lîm[10]. Après lui, c'est Bahdî-Lîm qui sera responsable de l'administration du district central.
  • Terqa est placée sous la direction de Kibrî-Dagan.
  • Saggarâtum est dirigée par Suhmu-rabi (mort la cinquième année du règne de Zimrî-Lîm) puis Yaqqim-Addu.
  • Qattunân est dirigée par Ilushu-natsir (ou Ilušu-naṣir) (mort lors de la septième année de règne de Zimrî-Lîm), puis Zakira-Hammû et Zimrî-Addu (qui semblent avoir coexisté selon des modalités qui nous échappent) puis Yatarum, à partir de la onzième année de règne de Zimrî-Lîm.

Au nord comme au sud du royaume, les nomades bensimalites sont contrôlés par un « chef des pâtures » (merhūm).

  • Au nord, ce rôle est tenu par Bannum, qui meurt en tout début de règne, puis se suivent Ibâl-El et Ibâl-pî-El.
  • Au Sud, dans le Suhûm, cette charge est occupée par Meptûm.
L'armée

L'armée de Mari est bien connue. À la base, elle reprend les divisions instituées par le royaume d'Ur III. Les soldats (rēdû) sont regroupés par unités de dix (eširtum), commandées par un chef (waklum). Cinq eširtū (soit environ cinquante soldats) forment une unité dont le nom est inconnu, dirigée par un « lieutenant » (laputtum). Dix eširtū forment une « section » (pirsum) d'environ cent hommes, dirigée par un « capitaine » (rab pirsim). Deux ou trois sections forment une « division » (lītum) de deux cents à trois cents soldats, que commande un « général » (rabi amurrim). Puis un corps d'armée d'environ mille soldats, ummānum, est commandé par un « chef d'armée » (âlik pān ṣābim), qui est un grand dignitaire du royaume. Différents types d'unités existent, selon leur affectation. Il y a ainsi des garnisons urbaines (sāb birtim), une garde du palais (sāb bāb ekallim), des troupes du génie (sāb tupšikkānim) et des corps expéditionnaires, certains constitués par des ethnies spécifiques.

Le site archéologique

Au début du mois d'août 1933, un bédouin, en creusant la terre au sommet d'une colline, le tell Hariri, pour déterrer une pierre et inhumer un des siens, trouve la statue acéphale d'un personnage aux mains jointes avec une inscription en cunéiforme. Il se présente au lieutenant français Cabane, inspecteur-adjoint de la région Abou-Kémal, qui prévient la direction des Antiquités à Beyrouth, laquelle alerte le musée du Louvre dont le conservateur en chef René Dussaud propose un archéologue pour aller étudier le site, le conservateur du Département des Antiquités orientales André Parrot[11].

Le 23 janvier 1934, les premières statues sortent de terre : l'une d'elles dans le temple d'Ishtar porte l'inscription « Lamgi-Mari, roi de Mari, grand issakku, dédie sa statue à la déesse Istar », cette découverte épigraphique permettant d'identifier le site de Tell Hariri comme l'antique Mari[12].

Mari I

Les premiers niveaux d'occupation semblent remonter à la fin du IVe millénaire (période proto-syrienne, Djemdet-Nasr en Mésopotamie). La ville prend de l'importance au IIIe millénaire, mais cette période est mal connue car elle est recouverte par les niveaux plus récents. Mari est fondée dans une zone aride où l'agriculture sèche est impossible.

Il a fallu développer un ingénieux système d'irrigation pour permettre une extension de la surface agricole, et faciliter le trafic fluvial jusqu'à Mari. Selon J.-C. Margueron, un canal servant à la navigation a été creusé sur 120 km, et relie la Khabour à l'Euphrate, le trajet naturel étant difficile. Cette hypothèse est néanmoins loin de faire l'unanimité, cet ouvrage très important n'apparaissant pas dans les sources écrites de l'Antiquité, il pourrait ne dater que de la période islamique. Sur la rive droite de l'Euphrate au niveau de Mari, un important réseau d'irrigation est mis en place.

La ville est située en retrait par rapport au fleuve, sans doute pour éviter les risques d'inondations. Une digue entoure la cité, pour limiter encore plus ce risque. Un canal permet son approvisionnement en eau et l'accès au port de la ville. La cité est défendue par un rempart de 1 300 mètres de diamètre. Hormis quelques maisons, rien ne subsiste de cette époque. On a cependant retrouvé des objets en bronze de très bonne facture, attestant d'une pratique développée de la métallurgie à Mari.

Mari II

La ville connaît un affaiblissement à la fin de la période I pour une raison inconnue. Elle redevient une métropole importante au milieu du IIIe millénaire. L'urbanisme de la ville est bien connu pour cette période.

Un temple dédié à Ishtar a été exhumé dans la partie ouest du tell principal. Plusieurs temples sont regroupés vers le centre du tell : ils sont dédiés à Ninhursag, Shamash, Ninni-zaza, Ishtarat et peut-être Dagan, et le « Massif rouge », une haute terrasse soutenant un temple. Juste à côté, se situe un bâtiment dit « enceinte sacrée » (à l'emplacement du futur grand palais royal), constitué d'un ensemble de petites pièces entourant un espace central. On n'a en revanche pas retrouvé le temple d'Itur-Mêr, la divinité tutélaire de Mari.

À proximité se trouve un palais datant du milieu du IIIe millénaire palais présargonide »), recouvert par le grand palais royal du IIe millénaire. Quelques habitations de la même époque ont été fouillées à proximité de ces édifices. On a aussi retrouvé des statues de belle facture, et quelques objets précieux pour la période précédent l'invasion akkadienne.

La destruction de la ville II semble être due à la répression que Naram-Sîn, roi d'Akkad, fit subir à Mari en raison de sa participation à une révolte.

Mari III

Statue de lion, cuivre, IIe millénaire découvert à Mari dans le Temple des Lions (la tête de la statue a été en partie écrasée lors de la destruction du site, ce qui explique son aspect actuel). Conservé au musée du Louvre
Déesse au vase jaillissant, de musée national d'Alep.

Les constructions des šakkanakku

À l'époque des šakkanakku, un grand rempart en briques crues entoure la cité. La ville subit de grandes rénovations. Le grand palais royal est rebâti selon un nouveau plan, seule l’Enceinte sacrée subsistant de l'époque précédente. Un second palais a été bâti, pour servir de résidences à des membres de la famille royale, ou au roi lui-même. Au sous-sol, deux grands hypogées devaient abriter les tombes de la famille royale, mais ils ont été pillés. Certains temples sont rénovés. Un nouveau temple, dit « temple aux lions », est bâti, associé à une haute terrasse.

Le palais de Zimrî-Lîm

Cour intérieure du palais royal de Mari

Le grand palais royal constitue le monument le plus imposant de Mari. Il a été constamment rénové jusqu'à sa destruction par les troupes d'Hammurabi en 1759. Le niveau le mieux connu est donc son dernier, celui du règne de Zimrî-Lîm. Il a pu être conservé dans un état remarquable, jusqu'au moment des fouilles (depuis, l'exposition à l'air libre a accéléré sa dégradation, comme pour les autres bâtiments de Mari).

Son emprise au sol atteint plus de 3 hectares et quelque 260 salles ou cours ont été dénombrées. Compte tenu des parties lacunaires, et comme un étage recouvrait la quasi-totalité du bâtiment, c’est vraisemblablement un ensemble de 550 pièces de taille diverses qui composait le palais. Cet ensemble est parfaitement organisé en unités bien délimitées architecturalement, desservies par de grandes cours : écuries, réserves économiques, conciergerie administrative, temples, cour, chapelle d’Ishtar, salles officielles dans la partie occidentale ; cour du palmier, salle du trône (25 m sur 11,5 et haute d’au moins 12 m) dans la partie orientale, entourées de la Maison du Roi (appartement du Roi au-dessus d’un secteur de magasins, logements du personnel, cuisines, unité de gestion administrative) et de la Maison des Femmes.

Cet univers complexe mais parfaitement hiérarchisé permet d’assurer la sécurité du roi et de l’administration du royaume. Contrairement à des suppositions, ce n’est pas un lieu de travail comportant des ateliers.

Les dernières phases d'habitation

Après sa destruction par Hammurabi, Mari sort de l'histoire de la Mésopotamie. Elle n'est plus qu'une petite bourgade sans importance, à la suite des déplacements des routes commerciales, qui évitent dès lors le Moyen Euphrate (et l'axe de l'Euphrate en général), qui devient dès lors une région de second plan du Moyen-Orient. Mari continue néanmoins à abriter une petite communauté, mentionnée dans quelques textes de la seconde moitié du IIe millénaire jusqu'à l'ère séleucide, après quoi le site est définitivement abandonné.

Situation actuelle

Avec le déclenchement de la guerre civile syrienne, les fouilles sont arrêtées[13] et le site passe sous le contrôle de groupes armés et subit un pillage à grande échelle. Un rapport officiel révèle que les pillards se concentrent sur le palais royal, les bains publics, les temples d'Ishtar et de Dagan[14].

Après la reprise par les forces gouvernementales début 2018, on ne peut que constater les dégâts importants provoqués par les pilleurs à la recherche de trésors : « Tunnels creusés sous des murs vieux de 4 500 ans, sol éventré de cavités béantes, excavations sauvages opérées au bulldozer, à la tractopelle et, sans doute, aux explosifs comme le suggèrent les blocs déchiquetés de plusieurs tonnes de l’enceinte sacrée[15]. »

Notes et références

  1. T. Bryce, The Routledge Handbook of the Peoples and Places of Ancient Western Asia: The Near East from the Early Bronze Age to the fall of the Persian Empire., p. 408, Taylor & Francis, Abingdon sur Tamise, 2009.
  2. Pierre Barthélémy, « Patrimoine : la résurrection des calques de Mari, mythique cité de Mésopotamie », sur lemonde.fr, Le Monde,
  3. (en) A. Archi et M. G. Biga, « A Victory over Mari and the Fall of Ebla », dans Journal of Cuneiform Studies 55, 2003, p. 1-44. D. Charpin, « Textes », dans SDB 2008 col. 223-224.
  4. Trudy Ring,Robert M. Salkin,Sharon La Boda, International Dictionary of Historic Places : Middle East and Africa, Volume 4, (lire en ligne), p. 214.
  5. Lester L. Grabbe, Alice Ogden Bellis, The Priests in the Prophets : The Portrayal of Priests, Prophets, and Other Religious Specialists in the Latter Prophets, (lire en ligne), p. 48.
  6. « Jack M. Sasson, The King and I a Mari King in Changing Perceptions. Journal of the American Oriental Society Vol. 118, No. 4 (Oct. - Dec., 1998), pp. 453-470 », American Oriental Society, (consulté le )
  7. Lluís Feliu, The God Dagan in Bronze Age Syria, (lire en ligne), p. 63
  8. Charles Gates, Ancient Cities : The Archaeology of Urban Life in the Ancient Near East and Egypt, Greece and Rome, (lire en ligne), p. 62.
  9. P. Villard, « Les administrateurs de l’époque de Yasmah-Addu », dans D. Charpin et J.-M. Durand (dir.), Mari, Ébla et les Hourrites : dix ans de travaux. Actes du colloque international (Paris, mai 1993). Deuxième partie, Amurru 2, Paris, 2001, p. 9-140 ; B. Lion, « Les gouverneurs provinciaux du royaume de Mari à l’époque de Zimrî-Lîm », dans D. Charpin et J.-M. Durand, op. cit., p. 141-210
  10. Les années sont notées par rapport à l'année de début de règne de chaque roi.
  11. Charles François Jean, Six campagnes de fouilles à Mari, 1933-1939, Castermann, , p. 3
  12. André Parrot, Mari, Ides et calendes, , p. 122
  13. (en) « Damaged by War, Syria's Cultural Sites Rise Anew in France », The New York Times, (lire en ligne).
  14. (en) Patrick Cockburn, « The Destruction of the Idols: Syria's Patrimony at Risk From Extremists », The Independent, (lire en ligne).
  15. « En Syrie, le plus ancien palais de l’humanité détruit par l’organisation Etat islamique », sur Le Monde.fr (consulté le )

Bibliographie

Syrie et Mésopotamie antiques

  • Syrie : Mémoire et Civilisation, Paris, Institut du monde arabe - Flammarion,
  • Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • (en) Peter M. M. G. Akkermans et Glenn M. Schwartz, The Archaeology of Syria : From Complex Hunter-Gatherers to Early Urban Societies (c.16,000-300 BC), Cambridge, Cambridge University Press,
  • Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis Joannès, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 1040 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8)
  • Martin Sauvage (dir.), Atlas historique du Proche-Orient ancien, Paris, Les Belles Lettres,
  • (en) Ilya Arkhipov, « The Middle East after the Fall of Ur: From Assur to the Levant », dans Karen Radner, Nadine Moeller et Daniel T. Potts (dir.), The Oxford History of the Ancient Near East, Volume 2: From the End of the Third Millennium BC to the Fall of Babylon, New York, Oxford University Press, , p. 310-407

Introductions

  • J. R. Kupper, J. M. Aynard et A. Spycket, « Mari », dans Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie, vol. VII : Libanukasabas - Medizin, Berlin, De Gruyter, , p. 382-418
  • (en) Jean-Claude Margueron (trad. Harriet Crawford), « The Kingdom of Mari », dans Harriet Crawford (dir.), The Sumerian World, Londres et New York, Routledge, , p. 517-537
  • Pascal Butterlin, « Mari, capitale sur l’Euphrate », dans La science au présent 2014 : Une année d'actualité scientifique et technique, Encyclopaedia Universalis, , p. 198-207

Généralités sur Mari

  • André Parrot, Mari, capitale fabuleuse (coll. Bibliothèque historique), Paris, Payot, 1974, 224 p., 96 fig., 32 pl.
  • Jean-Claude Margueron, Mari : métropole de l'Euphrate au IIIe et au début du IIe millénaire av. J.-C., Paris, Picard/ERC,
  • « Tell Hariri », dans Jacques Briend et Claude Tassin (dir.), Supplément au Dictionnaire de la Bible vol. 14, Letouzey & Ané,

Autres études sur Mari

  • Jean-Marie Durand, Les Documents épistolaires du palais de Mari, 3 vol., Paris, Le Cerf, coll. « Littératures anciennes du Proche-Orient », 1997, 1998, 2000
  • Jean-Marie Durand, « La religion à l'époque amorrite d'après les archives de Mari », dans Gregorio del Olmo Lete (dir.), Mythologie et religion des sémites occidentaux : Volume I. Ébla, Mari, Louvain, Peeters, coll. « Orientalia Lovaniensia Analecta », , p. 161-716
  • Pascal Butterlin, « Cinq campagnes à Mari : nouvelles perspectives sur l’histoire de la métropole du Moyen Euphrate », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 154, no 1, , p. 171-210 (lire en ligne)
  • Syria Supplément II : Mari, ni Est, ni Ouest, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2 vol.
  • Sophie Cluzan et Pascal Butterlin (dir.), Voués à Ishtar : Syrie, janvier 1934, André Parrot découvre Mari, Beyrouth, Presses de l’Ifpo,

Annexes

Liens externes

Articles connexes

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