Maria Giuseppina Benvenuti
Maria Giuseppina Benvenuti, née Zeinab Alif dans la province du Kordofan au Soudan vers 1845, morte le à Serra de' Conti en Italie, est une religieuse catholique soudanaise, ancienne esclave, devenue abbesse, réputée pour sa sainteté. Elle est déclarée vénérable par le pape Benoit XVI en 2011.
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Biographie
Zeinab Alif est née dans la province du Kordofan, au Soudan, en 1845 ou 1846[1].
Esclavage
Elle est enlevée à huit ans, vers 1853, par des négriers, en même temps que deux de ses frères[1]. Emmenée alternativement à pied et en bateau pour un parcours total de 3 000 km, elle est vendue comme esclave au marché d'Alexandrie, en Égypte[1].
Propriété successive de plusieurs maîtres soit violents soit plus humains, Zeinab Alif est finalement rachetée en 1856 par un prêtre, le Père Nicolò Olivieri, actuellement reconnu « serviteur de Dieu », fondateur d'une œuvre pour racheter les enfants esclaves, et qui lui rend la liberté[1].
Éducation chrétienne
Le P. Oliveriero et une dame nommée Nena l'emmènent en Italie avec sept autres filles[2]. Elle est confiée le à l'ordre des Clarisses urbanistes, dans leur monastère de Belvedere Ostrense, une petite ville près d'Ancône sur l'Adriatique, pour son éducation[1],[2]. Au contact des religieuses, la jeune Zenaib commence à apprécier le christianisme et demande à être instruite de la foi chrétienne[3].
Elle reçoit le les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, confirmation et eucharistie). Elle prend pour son baptême le nom de « Maria Giuseppina Benvenuti » : elle choisit Maria Giuseppina (Marie Joséphine) pour Marie et Joseph, le nom des parents de Jésus, pour elle qui ne se sait plus rien de ses parents ; et Benvenuti du nom de sa marraine[1].
Maria Giuseppina Benvenuti grandit au monastère, au milieu des autres jeunes filles ; elle se montre particulièrement douée pour la musique, notamment comme organiste[1]. Son caractère change sous l'influence de sa foi chrétienne et de l'éducation qu'elle reçoit[1]. Elle devient plus « humble » et « aimable », tout en restant vive et enjouée[1].
Vocation religieuse
Se sentant appelée à la vie religieuse, elle décide de rester au monastère et veut se consacrer à Dieu en entrant dans l'ordre des Clarisses, sur les pas de sainte Claire d'Assise[1]. Sa démarche n'est pas facilitée par le contexte, la République italienne considérant la vie religieuse comme un gâchis[1]. Elle doit patienter pendant treize ans[4] et c'est en secret qu'elle reçoit en 1874 l'habit franciscain[1].
Elle entame ainsi sa période de noviciat, mais elle hésite entre la vie à l'intérieur de la clôture monastique et la vie missionnaire[1]. Vivement intéressée par l'apostolat missionnaire de Daniele Comboni au Soudan, elle est tentée de retourner dans son pays natal pour annoncer la foi chrétienne et l'Évangile[1]. Mais elle choisit finalement de rester dans son monastère, et de s'associer par la prière à l'apostolat missionnaire[1]. Elle fait sa profession religieuse et prononce ses vœux en mars 1876[1],[5].
Responsabilités religieuses
En 1894, les communautés de trois monastères fusionnent : les communautés de Belvedere Ostrense et d'Ostra rejoignent celle de Serra de' Conti, en raison du faible nombre de religieuses[1] ; il n'a plus alors en effet que sept religieuses dans le monastère de Belvedere Ostrense[6]. Les religieuses qui y ont passé toute leur vie son peu enclines à partir, sœur Maria Giuseppina doit faire œuvre de persuasion pour orienter la communauté dans le sens de la bonne décision[6].
Dans la communauté de Serra de' Conti ainsi renforcée, sœur Giuseppina est choisie à la fois pour seconder la supérieure, et comme maîtresse des novices[1]. Elle est ensuite élue abbesse de 1910 à 1916[1]. Elle prend soin des pauvres qui frappent à la porte du monastère, des enfants, des religieuses[7]. Elle n'autorise pas à médire d'autrui[7]. Sa réputation de sainteté est établie au sein de sa communauté comme dans la population de la localité[1].
Mort
Mère Maria Giuseppina meurt le soir du [1]. La rumeur s'en répand le soir même dans la localité de Serra de' Conti : « la sainte est morte ! »[1]. Conscientes de la sainteté de leur supérieure, les religieuses notent par écrit leurs souvenirs et témoignages sur sa vie, pour servir sa cause de béatification[1].
Procédure de béatification
La cause pour la béatification de Maria Giuseppina Benvenuti est ouverte au niveau diocésain en 1987[1]. La phase diocésaine se termine l'année suivante[1], le dossier est alors transmis à Rome. En 1992, la Congrégation pour la cause des saints reconnaît officiellement la validité de la phase diocésaine du procès[1].
Le pape Benoît XVI reconnaît le les « vertus héroïques » de Maria Giuseppina Benvenuti [8]. Elle est ainsi reconnue « vénérable ».
Notes et références
- S. Maria Maddalena, « Suor Maria Giuseppina Benvenuti / Zeinab Alif », sur serradecontiturismo.it (consulté le ) ; voir aussi les repères biographiques en fin de page – Article paru dans Il Missionario Francescano de janvier-février 2010.
- Wheeler 1998, p. 36.
- Wheeler 1998, p. 37.
- Wheeler 1998, p. 38.
- Wheeler 1998, p. 39.
- Wheeler 1998, p. 40.
- Wheeler 1998, p. 42.
- « Un miracle attribué à un prêtre dominicain français – Vertus héroïques », sur eglise.catholique.fr, (consulté le ).
Bibliographie
- (it) Lorenzo Gaiga, Un fiore dal deserto: Suor Maria Giuseppina Benvenuti (Zeinab Alif), Bologne, EMI, .
- (it) Graziano Pesenti, Suor Maria Giuseppina Benvenuti (Zeinab Alif), Gorle, Velar, , 47 p. (ISBN 8866712078 et 9788866712077).
- (en) « Sr. Mary Josephine Zeinab, the Chosen one from the Nuba mountains », dans Andrew C. Wheeler, Announcing the Light: Sudanese Witnesses to the Gospel, Paulines Publications Africa, (ISBN 9966214186 et 9789966214188), p. 34-42.
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