Mariage à Mayotte
Le mariage à Mayotte, qui avant était plutôt axé sur la religion, se transforme en événement grandiose, participant à l'économie du petit département français d'outre-mer de l'océan Indien.
Évolution du mariage
La constatation de l'évolution des pratiques et des mœurs autour du mariage se fait tout d'abord ressentir au niveau de l'âge des femmes mariées. On constate que 60 % des femmes nées entre 1945 et 1954 étaient mariées à 20 ans. On remarque donc que le mariage était très tôt pour la majorité des femmes. Cette tendance est à la baisse car pour celles nées entre 1965 et 1974, elles ne sont plus que 40 %.
D'après une étude de l'INSEE on compte actuellement pour les femmes de 35 ans et plus[1], plus de 20 % qui ne sont plus mariées alors qu'à partir de cet âge là 86 % des hommes sont mariés et vivent en couple.
Continuant son élan vers l'évolution, qui a notamment été accéléré par sa départementalisation en 2011, l'île a vu la mise en place du mariage civil, permettant une reconnaissance des mariages faits auprès d'un officier d'état civil ; auparavant les mariages étaient célébrés religieusement et donc non reconnus par les administrations.
Toutes ces procédures ont aussi mis un terme à la polygamie[2] qu'a abolie la République française le (via la loi Pasqua). Cette étape étant ancrée dans les mœurs des Mahorais ; elle a mis plus de 15 ans avant d'être appliquée à Mayotte, où elle a été officiellement proclamée en 2010. Cette polygamie[2] ainsi que certaines pratiques dont le mariage ont été principalement inspirées du droit musulman et des coutumes africaines et malgaches.
Une nouvelle forme de célébration du mariage a vu le jour à Mayotte. Cette célébration appelée « Manzara[3] » ou « Manzaraka[3] ». En 2015, on a pu voir dans un article publié par la principale chaîne d'information Mayotte La Première, abordant la question de cette forme de mariage qui est « un cauchemar pour la famille des mariés et surtout de la mariée »[3]. »
Le mariage, outil économique
Cela a pour cause principale les tensions entre les familles mais surtout son organisation très coûteuse.
Effectivement la saison des mariages (vacances d'hiver et vacances d'été) entraîne l'organisation des festivités et les familles qui sont souvent en rivalité avec les autres familles ayant organisé le mariage de leur enfant dans le même village, alors les familles n'hésitent pas à faire de grosses dépenses pour la nourriture, les gâteaux et surtout les boissons car la population de Mayotte en consomme beaucoup ; des sommes pouvant aller jusqu'à 20 000 €. La problématique de la finance a été constaté dès 2007 par le journal Mayotte Hebdo. Outre ces dépenses pharaoniques, il y a la dot en moyenne estimé à 1 500 €[4] mais ces dernières années des sommes allant jusqu'à 30 000 € juste pour la dot en plus des bijoux que le futur marié doit fournir à sa future femme.
Le mariage est donc maintenant un outil économique. Bien qu'il permette le bon fonctionnement de l'économie, le mariage n'a plus de valeur sentimentale comme jadis, selon les anciens. D'autant plus que la majorité des mariages ne tiennent pas le coup et donc la séparation est plus fréquente. La population accuse donc des dépenses inutiles mais accuse aussi la conversion des personnes et leur implication de plus en plus forte car les anciens disent que la distanciation se créant entre les jeunes et la religion mais aussi la tradition et l'honneur est facteur de séparation. D'après eux la religion et le strict respect de la tradition rendent plus difficile moralement la séparation entre deux époux alors qu'avec l'arrivée de la France et du divorce sans juge la séparation étant trop souple crée la « destruction » de plusieurs familles.
Une ouverture et des mariages mixtes plus fréquents
Un nouveau phénomène plutôt positif s'est aussi permis une installation. On l'appelle le « melting-pot[4] » qu'on peut traduire comme mélange ou brassage ethnique et linguistique car à Mayotte c'est très répandu. « Les Mahorais, les Comoriens, les Africains, les Malgaches, Réunionnais, Métropolitains, Antillais, Hindous, Mauriciens, Britanniques, Brésiliens… », toutes ces origines ont permis un mélange des cultures, des coutumes, des religions et une cohabitation. Mayotte est aujourd'hui multicolore et bien évidemment cela a comme conséquence la disparition des frontières au niveau des sentiments. Mayotte est un territoire présentant beaucoup de mariages mixtes.
On remarque qu'entretenir une relation ne mène pas forcément à un engagement, néanmoins certains couples surmontent les difficultés et pardonnent l'impardonnable afin d'aller au bout de leur rêve, concrétiser leur union par un mariage et fonder leur famille.
Organisation du mariage
Le mariage coutumier à Mayotte existe sous deux types, le "petit" et le "grand" mariage.[5] Le petit mariage est une cérémonie organisée avec l'unique présence des deux familles et d'un représentant religieux (le cadi)[5]. La mariée reçoit une dot moins importante comparé au grand mariage.[5] Le grand mariage implique une célébration ouverte à tout le monde.[5]
Notes et références
- Rémi Rozié, « Mariages et enfants : L’Insee dévoile le modèle familial mahorais », sur Le Journal de Mayotte, (consulté le ).
- AFP, « La fin de la polygamie à Mayotte », Le Point, (consulté le ).
- Andry Rakotondravola, « Le Manzaraka (mariage traditionnel à Mayotte) menacé ? », sur Mayotte La Première, (consulté le ).
- Souraya Hilali, « Juillet 2007 - Mariages Mahorais - Entre dépenses somptuaires et amours mixtes », sur Mayotte Hebdo, (consulté le )
- Carole Barthès, L'état et le monde rural à Mayotte, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-84586-354-5, lire en ligne)
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