Marie-Anne Gaboury

Marie-Anne Lagimodière, née Gaboury ([1] - ) est une Canadienne-française connue à la fois en tant que grand-mère de Louis Riel[2] et en tant que première femme d'ascendance européenne à avoir exploré ce qui est aujourd'hui l'Ouest canadien[3] et à s'y être établie.

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Marie-Anne Gaboury
Marie-Anne et Jean-Baptiste Lagimodière rencontrent les premières nations, vers 1807.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Conjoint
Enfant
La rue Marie-Anne Gaboury et le campus francophone de la faculté Saint-Jean d'Edmonton.

Jeunesse

Marie-Anne Gaboury naquit à Maskinongé, un village près de Trois-Rivières, au Québec. Aucun événement notable du début de sa vie ne nous est connu. Elle reste à Maskinongé jusqu'à son mariage à Jean-Baptiste Lagimodière le . Lagimodière est originaire de Saint-Ours, pas très loin de Maskinongé, où il est coureur des bois employé dans la traite des fourrures dans la terre de Rupert de la compagnie de la Baie d'Hudson.

Voyages dans l'ouest

Immédiatement après leur mariage, et contre les coutumes de l'époque, Gaboury voyage dans l'ouest avec son nouveau mari. Ils vont dans la région dans la confluence des rivières Rouge et Assiniboine près de ce qui deviendra plus tard la colonie de la rivière Rouge, puis la ville de Winnipeg. Ils passent l'hiver dans un camp métis près de Pembina dans le Dakota du Nord, où le premier de leurs huit enfants nait le [4].

Le printemps suivant, les Lagimodière vont à la vallée de la rivière Saskatchewan, s'établissent dans ce qui est aujourd'hui le nord de la Saskatchewan, où ils demeurent jusqu'en 1811, vivant en semi-nomades avec d'autres trappeurs canadiens-français et leurs femmes autochtones. Durant cette période, elle accompagne son mari dans ses nombreuses expéditions de chasse et de trappage au bison d'Amérique du Nord, allant vers l'ouest parfois jusqu'à l'Alberta d'aujourd'hui. Les sources historiques décrivent une vie remplie d'aventures : son deuxième enfant nait dans une prairie, la charge d'un cheval contre un troupeau de bisons, le tir sur un grand ours qui avait attaqué l'un de ses compagnons.

Une fois en trappant, la jeune famille fut faite prisonnière par des membres de la nation Tsuu T'ina, en raison de leur associations avec des Cris de la région. Bien qu'ils purent s'échapper à dos de cheval, ils furent poursuivis pendant cinq jours avant de trouver la sûreté du fort de la Prairie, près de l'Edmonton contemporain.

Avant son mariage, Jean-Baptiste avait eu une relation à la façon du pays avec une femme autochtone qui porta ses enfants. Marie-Anne fut tolérante et put accepter d'élever les enfants métis de son mari, bien que l'autre femme fut jalouse et aurait menacé de l'empoisonner[4]. En dépit de cet incident, les Lagimodière avaient habituellement de bonnes relations avec les Premières Nations qu'ils rencontraient. Elle était souvent considérée comme un objet de curiosité par les autochtones lors de ses voyages, car elle était visiblement la première femme blanche qu'ils avaient jamais rencontrés – certains furent même portés à croire qu'elle possédait des pouvoirs surnaturels.

Retour à la rivière Rouge

En voyant la nouvelle que Lord Selkirk établissait une colonie permanente sur la rivière Rouge, ils y revinrent pour établir la nouvelle colonie de la rivière Rouge au printemps de 1812. Les débuts de la colonie sont caractérisés par des luttes entre la compagnie de la Baie d'Hudson et son rival, la Compagnie du Nord-Ouest, culminant avec la bataille des sept chênes en 1816. Bien que les Lagimodière purent éviter d'être impliqués dans les confrontations violentes, Colin Robertson, un représentant de la CBH, demanda à Jean-Baptiste d'informer Selkirk sur les événements qui se produisaient. À l'hiver 1815-1816, Lagimodière voyagea 2 900 kilomètres à cheval et à pied pour accomplir sa mission. Pendant ce temps, Gaboury fut obligée de chercher refuge auprès des Indiens lorsque les chefs de la Nord-Ouest prirent possession du Fort Douglas. À son retour de l'est, Jean-Baptiste fut capturé par la Nord-Ouest et fut emprisonné à Fort William jusqu'au mois d'. Gaboury fut seulement réunie auprès de son mari au mois de , quand la paix eut été rétablie.

En reconnaissance de son service, Selkirk remit une terre à Jean-Baptiste près de la rivière Rouge, où les Lagimodière demeurèrent paisiblement pendant plusieurs années. Ils eurent six autres enfants, dont, en 1822, Julie Lagimodière, la future mère de Louis Riel. Mourant à l'âge de 95 ans en 1875, Gaboury vécut suffisamment longtemps pour voir le Manitoba devenir une province canadienne après la rébellion de la rivière Rouge en 1869-1870. Elle est parfois remémorée en tant que Grand-mère de la rivière Rouge, et beaucoup de Métis peuvent retracer leurs origines à elle.

Notes et références

  1. « Acte de baptême de Marie Anne Gabourie, vue 157/284 (tout en bas de la page de gauche), de l'année 1780 de la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue-de-la-Rivière-du-Loup. Baptisée le et elle est née d'hier. Parents : Charles Gabourie et Marie Anne Thesié. », sur FamilySearch, (consulté le ).
  2. Ismène Toussaint, « Riel, Jean-Louis », L'Encyclopédie canadienne, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Tanya Lester, « A Strong Woman », Indian Record, vol. 48-50, Oblate Fathers, 1985, p. 10.
  4. Bouchard, Serge. et Lévesque, Marie-Christine, Marie-Anne Gaboury. Dans De remarquables oubliés. Tome 1, Elles ont fait l'Amérique, Montréal (Québec)/Arles, Lux Éditeur, , 442 p. (ISBN 978-2-89596-097-3 et 2895960976, OCLC 739838031, lire en ligne), p.350-352

Voir aussi

Article connexe

  • Isabel Gunn, une travailleuse de la CBH qui aida à la découverte de la terre de Rupert déguisée en homme.

Bibliographie

  • (fr) Goulet, Agnès. Marie-Anne Gaboury: Une femme dépareillée, Éditions des plaines, 1989, (ISBN 0920944914)
  • (en) Dugas, Georges. The first Canadian woman in the Northwest, Manitoba Free Press, 1902. 1

Liens externes

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