Marie Mancini

Marie Mancini (Rome, - Pise, ), épouse du connétable Lorenzo Colonna, est une nièce du cardinal Mazarin, fille de Geronima Mazzarini et du baron Michele Mancini, et sœur de Laure-Victoire, Paul, Olympe, Philippe, Alphonse, Marie-Anne et Hortense Mancini.

Pour les articles homonymes, voir Mancini et Marie Mancini (homonymie).

Marie Mancini
Portrait de Marie Mancini (Jacob Ferdinand Voet)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Famille
Père
Michele Lorenzo Mancini (d)
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfant
Prononciation
Blason

Biographie

Un amour du Roi

Nièce de Mazarin qui l'a fait venir de Rome à la cour de France, Marie Mancini est réputée pour avoir été le premier véritable amour du jeune Louis XIV[1]. En juillet 1658, après le siège de Dunkerque, Louis XIV tombe gravement malade et Marie, pensant que la fin est proche, manifeste l'intérêt qu'elle a pour lui en versant des larmes qui ont fait date dans l'Histoire. Ce sont ses pleurs qui attirent sur elle l'attention du jeune roi, attention qu'elle conserve ensuite par son esprit et sa culture, littéraire notamment.

Si certains, au même titre que le roi, voient dans ces larmes la preuve d’un amour désintéressé et sincère, d’autres, moins romanesques, y voient plutôt la déception d’une jeune femme qui, après avoir longtemps été le faire-valoir de sa sœur la comtesse de Soissons, voit sa campagne amoureuse menée à l'intention de Louis s’anéantir. En effet, alors que Marie venait à peine de s’attirer l’attention du roi par son esprit brillant, elle apprend qu’il peut mourir d’une minute à l’autre. Elle qui avait tout misé sur l’amour de Louis, effleurant même le projet de monter un jour sur le trône de France, voit ses aspirations se dissiper. Si elle était devenue reine, quelle revanche aura-t-elle prise sur ses sœurs, sur son oncle, le cardinal Mazarin, et sur toute la Cour qui ne la prend pas au sérieux. C’est pourquoi, durant le temps de la maladie du roi, Marie « se tuait de pleurer », selon les mots de la Grande Mademoiselle[2].

Lorsque la Cour regagne Fontainebleau, Marie Mancini en est devenue le point d'attraction, présidant aux fêtes et aux bals, succédant à sa sœur Olympe, qui avait précédemment la faveur du roi. Comme elle, Marie est une précieuse, et entoure sa relation avec le roi d'un luxuriant imaginaire romanesque, inspiré de l'Arioste et du Tasse.

La mère du Roi, la Reine Anne d'Autriche, et le Cardinal Jules Mazarin s'opposèrent à une éventuelle union des deux jeunes gens, qui aurait représenté une mésalliance inacceptable, d'autant plus que le cardinal est en pourparlers afin de négocier un mariage royal avec l'infante Marie-Thérèse d'Autriche.

L'éloignement forcé de Marie pendant quelques mois, d'abord à l'Abbaye du Lys de Dammarie-lès-Lys[3](77), à La Rochelle puis à Brouage, et sa dernière entrevue avec Louis XIV avant son départ de la cour, le , auraient inspiré un vers célèbre de Racine dans sa tragédie Bérénice :

« Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez ! »

 Bérénice, Acte IV, scène 5

Mariage et errance

En 1661, Marie accepte d'épouser le prince Lorenzo Colonna, Louis XIV n'ayant rien fait pour la retenir en France. Elle part vivre à Rome. Mais sa relation conjugale ne tarde pas à se dégrader. Après avoir donné trois fils à son époux (Filippo en 1663, Marcantonio en 1664 et Carlo en 1665), Marie estime pouvoir se soustraire à son devoir conjugal, tout en courant les galants. Les infidélités de son mari sont par ailleurs connues, mais ce dernier, de caractère ombrageux et violent, n'en refuse pas moins la vie dissolue de sa femme. Prétendant craindre pour sa vie[4], Marie quitte époux et enfants pour parcourir l'Europe avec sa sœur Hortense Mancini, duchesse de Mazarin et Philippe, duc de Nevers, son frère.

Elle meurt en 1715, sans que jamais Louis XIV n'accepta de la revoir. Elle repose à l'entrée de l'église du Saint-Sépulcre de Pise.

Elle sera l'arrière-arrière-grand-mère du prince Camille Borghèse (1775-1832), second époux de Pauline Bonaparte (1780-1825).

Par son arrière-petite fille Felice Colonna (épouse de Giuseppe Alliata, prince de Buccheri) et par la petite-fille de celle-ci Maria Felice Alliata, épouse de Fulco Giordano Ruffo di Calabria, 8e prince de Scilla, Marie Mancini est aussi l'aïeule à la 9e génération de Paola Ruffo di Calabria, reine des Belges, de 1993 à 2013 en tant qu'épouse d'Albert II.

Interprétations

Éditions des Mémoires

  • Marie Mancini, Les Mémoires de M. L. P. M. M. Colonne, G. connétable du royaume de Naples (texte apocryphe), Cologne, P. Marteau, 1676
  • Marie Mancini, La Vérité dans son jour, ou Les véritables mémoires de M. Manchini, connétable Colonne, paru en Espagne, 1677
  • Marie Mancini, Apologie, ou Les véritables mémoires de Mme Marie Mancini, connétable de Colonna, écrits par elle-même (version corrigée et remaniée de La Vérité dans son jour[5]), Leyde, J. Van Gelder, 1678
  • Les Illustres aventurières ou Mémoires d'Hortense et de Marie Mancini, préface et notes de Pierre Camo, Paris, H. Jonquières, 1929
  • Hortense et Marie Mancini, Mémoires d'Hortense et de Marie Mancini, édition présentée et annotée par Gérard Doscot, Paris, Mercure de France, 1965, rééd. collection « Le temps retrouvé », 1987 (ISBN 2-7152-1451-0)

Notes et références

  1. Claude Dulong, Marie Mancini, la première passion de Louis XIV, Paris, Perrin,
  2. Anne-Marie-Louise d'Orléans-Montpensier, Mémoires, vol. 3, Paris, Chéruel, , p. 270
  3. Reines, Maîtresses & Favorites : MARIE MANCINI, Hachette histoire, , 55 p., Page 49 : L'ingratitude de Marie : "Il est convenu que Marie doit se retiter à l'abbaye de Dammarie-lès-Lys"
  4. Marie Mancini, Mémoires d'Hortense et de Marie Mancini, Paris, Mercure de France, , p. 97-207
  5. Voir l'introduction de Lucien Perey, Le Roman du Grand Roi : Louis XIV et Marie Mancini, d'après des lettres et documents divers, Paris, Calmann-Lévy, 1894, p. II-IV.

Annexes

Sources et bibliographie

  • Henry Bordeaux, Marie Mancini, le premier amour de Louis XIV, Les Livres Merveilleux, Monaco, 1944.
  • Michel Bernard, Brouage, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1967.
  • Gerty Colin, Un si grand amour - Louis XIV et Marie Mancini, Paris, Robert Laffont, 1957.
  • Claude Dulong, Marie Mancini, la première passion de Louis XIV, Paris, le Grand livre du mois, 1993, rééd. Perrin, 2002.
  • Claude Dulong, « Les dernières années de Marie Mancini et son inventaire après décès », in Bibliothèque de l'école des chartes, no 152-1, 1994, p. 129-157, [lire en ligne].
  • Françoise Mallet-Joris, Marie Mancini, Paris, Hachette, 1964, rééd. Pygmalion, 1998, (ISBN 2-85704-539-5)
  • Simone Bertière, Les Femmes du Roi Soleil, Paris, Éditions de Fallois, 1998, (ISBN 2877063275)
  • Pierre Combescot, Les Petites Mazarines, Paris, Grasset, 1999 (ISBN 2-246-47761-1), et Livre de Poche, 2001, (ISBN 2-253-14982-9)
  • Rita Monaldi et Francesco Sorti, Secretum, Plon, 2004, traduit de l'italien. Thriller historique se jouant à Rome en 1700. Marie Mancini en est protagoniste.
  • Groupe F, les Noces Royales de Louis XIV, spectacle pyrotechnique produit sur le bassin de Neptune à Versailles en août et
  • Frédérique Jourdaa, Le Soleil et la Cendre, Flammation 2013, Roman historique retraçant le voyage de Louis XIV et de sa Cour en 1660. (ISBN 2081249243)
  • Emile Ducharlet, La ballade de Marie Mancini, suivi de Marie Mancini, itinéraire d'un impossible amour, Les Amis de la Lucarne ovale, 2018 (ISBN 978-2-914648-23-3)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’histoire
  • Portail du XVIIe siècle
  • Portail de l’Italie
  • Portail du royaume de France
  • Portail de la France du Grand Siècle
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.