Marie Suize
Marie Suize, surnommée « Marie Pantalon », née le à Thônes (royaume de Piémont-Sardaigne aujourd'hui Haute-Savoie depuis l'annexion de la Savoie par la France en 1860), morte le dans la région de Jackson (Californie), est une femme de caractère qui s’installe en 1850 en Californie au temps de la ruée vers l’or.
Naissance | |
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Décès |
(à 67 ans) Comté d'Amador (Californie) |
Nom de naissance |
Marie Suize |
Surnom |
Marie Pantalon |
Activité |
Elle travaille comme n’importe quel homme, brandit le revolver pour défendre ses concessions et s’habille d’un pantalon, tenue plus commode que la robe pour gratter la terre. Cet accoutrement, impensable à l'époque en Californie, lui vaut de multiples procès. Tenace, elle finit par obtenir l’autorisation officielle de porter la culotte.
Biographie
Jeanne Marie Suize naît le [note 1] à Thônes, dans le duché de Savoie, au pied du plateau des Glières et de la chaîne des Aravis. Septième enfant – et seconde fille – d'une fratrie de douze (7 garçons et 5 filles), elle est la fille de Claude Suize, originaire de La Clusaz, propriétaire de l'auberge L'hôtel de la Russie de Thônes, et de Marie Adélaïde Machet, originaire de ce bourg[2].
Premières années en France
En 1846, elle quitte sa vallée pour « monter à Paris » où vivent deux de ses frères[note 2]. Elle s'y emploie comme ménagère mais subit un revers. Une femme la recueille affamée près du Pont Neuf et lui procure un emploi dans un journal. Quand elle apprend la découverte de l'or, elle n'a qu'une hâte, partir vers la Californie[2].
Le , Marie Suize embarque dans le port du Havre sur le Ferrière, un trois-mâts construit en 1847 à Bordeaux qui appartient à Alphonse de Rothschild et transporte plus de cent cinquante passagers[3]. Nul ne sait comment elle s'est acquittée du prix non seulement de son billet, mais également de celui de son compatriote François Jacquart de Châtillon-sur-Cluses[note 3]. Compte tenu des dates de traversée, Marie Suize n'a pas pu en tout état de cause profiter de la loterie des lingots d'or[note 4].
Sur le registre de bord[note 5], son nom figure en no 65, après celui de Louis Bulliod de Lyon et de François Jacquart, tous trois déclarés « munis d'un passeport » et « voyageurs de commerces ». Lors des formalités d'embarquement, Marie est enregistrée comme étant de sexe masculin[note 6] et surtout âgée de 23 ans, ce qui ne manque pas de surprendre lorsque l'on observe que ledit registre mentionne qu'elle a présenté un passeport, lequel, normalement, devrait permettre de noter qu'elle en aura 26 dans moins d'un mois[note 7].
Avant son départ pour San Francisco, elle se fait en effet couper les cheveux et revêt des habits masculins, mais on n'en connait pas les raisons[9]. Commencée le , la traversée n'a qu'une seule escale à Madère le , suivie du passage à « contresens »[note 8] du cap Horn, et cinq mois plus tard le , le Ferrière atteint le port de San Francisco[3].
Durant tout ce temps, dans la promiscuité que l'on imagine, Marie a dû dissimuler sa féminité[9].
Années suivantes en Californie
Rendue à San Francisco, Marie Suize ne s'attarde guère dans cette ville aux rues boueuses et grouillantes d'une foule bigarrée de pionniers, commerçants et aventuriers. Elle part vers la région de la Jackson Creek (en)[10], 37 miles au sud de l'endroit où James W. Marshall, l'ouvrier de Johann Sutter, a découvert le la première pépite dans l'American River, à Sutter's Mill[11].
Pour se rendre dans cette vallée, il lui faut remonter en bateau à vapeur le fleuve Sacramento, jusqu'à la ville de même nom, fondée en par Johann Sutter et située dans le comté éponyme, et de là, poursuivre ensuite en diligence ou à dos de mule pour parvenir à Jackson, née en 1848 de la ruée vers l'or. Chef-lieu du comté d'Amador, cette cité ressemble à toutes les villes de l'Ouest américain, celles des westerns : les maisons de bois sont alignées de chaque côté de la rue principale et sur la place centrale se dresse un arbre qui sert surtout aux pendaisons[12].
Marie Pantalon
L'or, c'est ce qui l'intéresse. Elle s'allie avec André Douet, un Charentais, dans une de ces sociétés de mineurs fondée en deux poignées de main, peut-être un acte vaguement notarié, pas vraiment enregistré mais qui vaut son pesant d'or. Si à la fin de l'engagement le commanditaire n'est pas remboursé, l'engagement se poursuit jusqu'au décès du débiteur dont tous les biens deviennent alors la propriété du bailleur de fonds[4].
Marie Suize acquiert ainsi une concession et ne passe pas inaperçue ; les rares femmes que l'on rencontre sur les lieux d'extraction se cantonnent habituellement dans des rôles de bonnes à tout faire, de blanchisseuses ou de cuisinières. Marie fait désordre : une femme à la tête d'une concession est déjà un cas exceptionnel, mais un jour elle apparaît en pantalon, un solide pantalon de mineur car elle en a assez de piocher la terre avec des jupons au milieu des graviers humides. On ajoute même que mieux qu'un homme, elle manie la pelle et la pioche et n'hésite pas à sortir le revolver en cas de nécessité[12].
Qu'une femme se comporte en homme, boive, fume, crache et jure, pareil comportement ne peut qu'attirer les foudres d'une société où prospèrent le puritanisme et le machisme, tous les ingrédients pour incommoder les hommes de l'époque enclins à voir le sexe faible devant les fourneaux, accessoirement au saloon pour les loisirs du samedi soir. Qui plus est, elle est célibataire et doit se confronter aux autres chercheurs d'or. Marie n'a pas froid aux yeux et ceux qui vont s'y risquer apprennent à leur dépens qu'elle est prête à défendre sa personne et ses biens[12]
Chercheur d'or chanceux, Marie exploite des filons fructueux avec ses équipes[13]. C'est elle qui signe les accords, mène ses troupes et sait défendre ses tunnels les armes à la mains. D'autres prospecteurs et le « Kennedy gang (en) »[14] sauront bientôt combien il en coûte de s'attaquer à « Jeanne d'Arc », son premier surnom[4],[note 9]. Dans la plus pure tradition des meilleurs westerns, elle le prouve quand en 1860 des Canadiens veulent prospecter son propre placer limitrophe du leur. L'épisode a été ainsi rapporté par Le Petit Californien[note 10] :
« C'était en 1860, Marie Pantalon exploitait alors à Humbug Hill[note 11], près de Jackson, plusieurs claims ; l'un d'entre eux touchait à un terrain appartenant à une compagnie de Canadiens. Ceux-ci ayant travaillé jusqu'à leur limite, trouvèrent tout simple d'attaquer le terrain de leur voisine, sans tenir compte de ses représentations. Il y avait sur le placer beaucoup de Français, qui, naturellement, prirent le parti de leur compatriote. Les têtes étaient montées ; on était prêt à en venir aux mains. Le sang-froid de Marie Pantalon sauva la situation.
Les Canadiens s'étaient emparés du tunnel où travaillaient ses ouvriers, en leur absence, bien entendu, et ceux-ci se disposaient à les en expulser de vive force (on ne plaidait guère alors). Marie s'y opposa: "Laissez-moi faire, dit-elle, je m'en charge". Un soupirail donnait de l'air au tunnel ; elle le fit boucher. Les Canadiens, en danger d'être asphyxiés, sortirent d'eux-mêmes. Alors, elle fit rouvrir le soupirail, et, armée de deux revolvers et d'une soupière pleine de poivre, s'installa à l'entrée du tunnel où elle avait fait porter son lit. Elle avait loyalement prévenu l'ennemi : le poivre d'abord, en pleine figure, puis, à toute extrémité, les revolvers.
Huit jours et huit nuits, elle demeura bloquée par une compagnie de 14 hommes, qui, cependant, n'osèrent pas s'avancer assez près pour l'obliger à faire usage de ses armes. Pendant ce temps, ses ouvriers à elle exploitaient rapidement la langue de terre en litige, sans que les Canadiens pussent s'y opposer. La besogne terminée, ils s'avouèrent battus et la paix fut conclue[19]. »
C'est ainsi qu'elle devient rapidement une célébrité locale et le pantalon y est sûrement pour quelque chose puisque dès ce moment-là, on la surnomme « Marie Pantalon »[20],[21]. Il n'est pas impossible même que Marie soit la première Savoyarde à avoir porté le jean[22].
Sans doute ne sait-elle pas qu'elle a changé de nationalité à la même époque et qu'elle est devenue française en vertu des dispositions du traité de Turin (1860)[note 12] qui officialise l'acte par lequel le duché de Savoie et le comté de Nice sont réunis ou annexés à la France.
Procès
Le pantalon lui va mieux que tout autre vêtement, aux dires de ses concitoyens. Car elle n'a rien d'une beauté grecque, ni de la douceur des traits que l'on prête aux femmes ; elle est sailor built (« bâtie comme un marin »), autrement dit hommasse[23]. Nul document ne laisse supposer qu'elle eut des hommes dans sa vie, hormis des associés. Sur les actes notariés à son nom figure également celui de son commanditaire André Douet, mais leurs liens se seraient limités aux seules relations d'affaires[22]...
Sa tenue vestimentaire, digne d'un « sans-culotte », n'est pas sans lui poser problème. La loi californienne interdit à l'époque le travestissement[note 13], à la différence de la France qui autorise les femmes « à s'habiller en homme » depuis l’ordonnance du 16 brumaire an IX ()[note 14]. Marie Suize est femme et porte le pantalon : elle est par conséquent travestie, donc en infraction avec la loi ! S'ensuivent une série de procès[25].
Le premier procès se déroule à Virginia City (Nevada) où elle souhaite ouvrir un commerce. Le tribunal la condamne à reprendre la robe et à quitter la ville. Plus tard en 1871, à San Francisco, lors d'une halte dans un café, elle est arrêtée et envoyée devant le tribunal[26]. Le juge Sawyer lui inflige une amende de cinq dollars[27]. À Jackson, le troisième et dernier procès prend une tournure différente. La gent féminine se sent concernée. Si la majorité des femmes désapprouvent son comportement, il semblerait qu'une association de suffragettes se soit intéressée à sa cause[25].
Féministes avant l'heure, ces dames descendent dans la rue pour la soutenir. Un jury est spécialement constitué pour régler son cas. Elle clame qu'elle portait le pantalon quand elle débarqua sur le sol américain. L'affaire tourne à son avantage. Les jurés finissent par considérer que son cas n'a rien de répréhensible, que c'est perdre son temps en trop de parlottes et qu'il est préférable d'aller à la chasse. Elle est relaxée. Pour en finir une bonne fois, elle adresse une demande officielle aux autorités de Virginia City afin d'obtenir le droit de porter le pantalon. Elle aura gain de cause et l'habit qui lui vaut maints ennuis, contribue par la même occasion à augmenter sa renommée[25].
Quand une centaine de mineurs lancent une pétition pour que soient entrepris des travaux d'adduction d'eau destinés à faciliter leur labeur, elle sera la seule femme à apporter sa signature sur le papier. Non seulement en appliquant son nom en toutes lettres, preuve qu'elle sait écrire, mais en le complétant par la formule qui importune, en signant « Marie Suize Pantalon ». Il en sera ainsi pour tous les actes qu'elle rédigera par la suite. Elle revendique son surnom. Elle s'en enorgueillit. Les journalistes s'intéressent à son cas. Les gazettes parlent d'elle[22].
Femme d'affaires avisée
En 1854, parce qu'ils ne roulent pas sur l'or, plusieurs habitants du Val de Thônes décident de faire le voyage à leur tour[28]. Eux aussi ont émigré dans une première étape à Paris. Eux aussi aspirent à la terre promise. Ils choisissent la région de Jackson Creek. Ils ont appris que Marie y rencontre le succès, deux de ses frères, Albert et Joseph, le petit dernier, font partie du groupe. Joseph est serrurier. En 1885 il habite San Francisco[29]. Puis sa trace s'égare. Il est peut-être resté à San Francisco où le travail est florissant dans les métiers du bâtiment[30].
Albert a rejoint sa sœur. Jusqu'en 1862, il partage les mêmes activités. Puis il quitte la Californie, après un procès dont Marie payera les amendes. Il rentre à Thônes avec suffisamment d'argent pour couler une fin de vie tranquille. On l'invite aux veillées pour l'entendre évoquer ses tribulations dans un pays inquiétant où l'on pend les condamnés sur l'arbre de la grand-place[30].
En femme d'affaires avisée, toujours en association avec André Douet, Marie va multiplier ses activités. Elle achète des terres non seulement pour exploiter le sous-sol, mais aussi pour mettre en valeur la riche terre en surface. Elle achète un ranch dans la région de Jackson, à Secreta Gulch (en)[note 15] près de Slabtown (en), qu'elle baptise "French Garden"[32],[33],[note 16]. Elle produit des arbres fruitiers et des mûriers, son projet est de se lancer dans l'élevage des vers à soie.
Mais c'est vers la vigne qu'elle s'oriente. Elle plante un cépage d'origine hongroise, le zinfandel, venant probablement de l'est des États-Unis, toujours cultivé de nos jours et devenu traditionnel en Californie. Elle emploie cinq personnes et sa production s'élève à cinquante mille litres de vin par an[35]. Afin de la commercialiser, elle ouvre deux magasins, l'un à Virginia City (Nevada)[note 17] et l'autre à San Francisco.
Elle vante son vin et son brandy par le biais de la publicité dans les journaux. Ses annonces parlent tantôt de Madame Marie Suize Pantalon, tantôt de Mrs Pants, selon la respectabilité qu'elle veut se donner. Elle ira même jusqu'à se vieillir à Virginia City, une ville de perdition à cette époque-là[23],[note 18].
Spéculatrice moins avisée
On peut affirmer que Marie a pleinement réussi. Mais elle aime jouer en bourse, pouvant aller jusqu'à perdre 150 000 dollars en une seule séance. Finalement, elle se laisse entraîner dans l'aventure du Comstock Lode, ce filon d'or et d'argent qui promet monts et merveilles et qui la ruine, comme tous les autres. Elle avouera à un journaliste avoir amassé de son vivant un mètre cube d'or. Mais elle perdra sa fortune en spéculant, en achetant et revendant[23].
Le , elle meurt d'une pneumonie dans sa propriété de Secreta Gulch[30], près de Jackson dans le comté d'Amador. La Patrie, journal de Montréal (Québec), relate la fin de sa vie : « Le corps usé par le travail, l'esprit fatigué par le souci des affaires, elle sentit peu à peu ses forces décliner, et il y a un an, elle prit le parti de se retirer dans son ranch, dans l'espoir d'y rétablir sa santé. Il semblait qu'elle fût tout à fait remise, quand à la suite d'une rechute, elle s'est éteinte, pour ainsi dire, en moins d'une semaine[8]. ».
Son ranch devient immédiatement le ranch Douet, mais il faut dix ans à André Douet avant de pouvoir le revendre en 1902[36] à d'autres Français, les Lintillac ; il meurt subitement en 1904 près de Clinton[37].
Sépulture anonyme
Morte pauvre, le , Marie Suize n'a pas eu droit à une stèle dans le cimetière Saint Patrick de Jackson où elle repose dans une tombe anonyme. Ainsi, celle qui, selon Maurice Lacombe, « nous dit souvent à moi et à Tardy qu'elle a rempli une caisse d'un mètre cube d'or. Mais où est ce temps ; il y en a encore mais plus rare[38] », est morte sans un sou, enterrée dans une tombe inconnue. Celle qui en 1870 déjà, est présentée comme la championne de la revendication pour les droits de la femme en Californie, n'a pas droit à la moindre pierre tombale.
Le temps a passé, plus d'un siècle s'est écoulé. Aujourd'hui le ranch de Secreta Gulch est toujours en activité et l'on commercialise toujours un vin dont l'étiquette porte son nom[39]. La maison édifiée par Marie est la seule bâtisse de l'époque encore debout, pour la raison simple qu'elle fut conçue à l'image des chalets du Val de Thônes. Constituée de bois, elle est posée sur un soubassement de pierres, alors que les autres bâtisses étaient faites de planches jusqu'au sol[40].
Dans le cimetière de Jackson, il n'existe aucune trace de la tombe de Marie Suize[note 19]. Mais la Savoyarde n'a pas été oubliée : le , à l'occasion du 150e anniversaire de la création du comté d'Amador, une pierre tombale est posée cent douze années après sa mort[note 20] à la mémoire de la femme au pantalon[note 21], militante active de la revendication et de la lutte pour les droits de la femme en Californie, dans un État où le droit de vote pour les femmes fut reconnu dès l'année 1911.
Hommages
Susan G. Butruille a tiré de son ouvrage Women's voices from the Mother Lode[43] un spectacle sur Marie Pantalon qu'elle a présenté à Thônes en 1999 puis donné ensuite dans plusieurs lieux de Californie, Oregon, etc. De son côté, pour différentes associations, Monique Fillion[41], présidente d'honneur des Amis du Val de Thônes, a présenté maintes fois une conférence avec projection sur l'héroïne de la ruée vers l'or en Californie.
En 2004, pour le 150e anniversaire de la création du comté d'Amador, un insolite Bastille Day franco-américain se déroule le à Jackson, chef-lieu du comté, en plein cœur du pays des chercheurs d'or, dans le cimetière catholique de cette petite ville où Marie Suize a vécu. Ce jour-là, le Sesquicentennial Committee, le comité d'organisation des festivités, et la société d'Histoire The Questers ont décidé d'honorer les pionniers de la création du comté et parmi ceux-ci une célébrité de la ville, au temps de la ruée vers l'or : Madame Pantaloon, comme la désignent les Américains, Marie Pantalon telle qu'elle demeure dans la mémoire des Thônains. Marie Suize Pantalon est déclarée femme de l'année 2004 du comté d'Amador[23].
En ce jour du 180e anniversaire de la naissance à Thônes de Marie Suize est dévoilée une stèle funéraire entièrement financée par les Américains, non loin de celle de Jean Allard, originaire de Saint-Jean-de-Sixt, un de ses compagnons de travail dès 1854[28]. Les amis du Val de Thônes ont fait réaliser la plaque posée sur le monument sur laquelle est gravée l'unique « portrait » que l'on a d'elle : sa signature, cas unique parmi des centaines de tracés plus ou moins malhabiles des autres chercheurs d'or, au bas d'une pétition pour l'amélioration de l'adduction d'eau sur les exploitations. À l'époque les femmes n'étaient pas autorisées à signer un tel document[23],[44].
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jules Rossignon, Guide pratique des émigrants en Californie et des voyageurs dans l'Amérique espagnole, Paris, Adolphe René, , 108 p. (OCLC 11735653, présentation en ligne)
- Édouard Charton (dir.) et Louis Simonin, Le Tour du monde : nouveau journal des voyages, vol. V, Paris, Hachette, , 416 p. (lire en ligne), p. 2-48. .
- Robert Corbier, Horizons et visages de Savoie, Annecy, Gardet, , 221 p. (ISBN 978-2-7049-0000-8, OCLC 715531443, présentation en ligne)
- Martine Jonnard, Migrants et émigrés, Chambery, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, , 40 p. (OCLC 715977640)
- d'après Robert Corbier et Gérard Bastard-Rosset, Émigrants de la Vallée de Thônes dans le monde : Les chercheurs d'or en Californie et en Alaska, Thônes, Imprimerie J. Jacquet, coll. « Collectif des Amis du Val de Thônes » (no 16), , 167 p. (présentation en ligne), p. 91-98. L'article sur Marie Suize s'inspire de celui de Robert Corbier publié dans le journal Le Dauphiné libéré de , d'après l'article « CALIFORNIE - Mort de Marie Pantalon » publié dans le no 1997 daté du du journal du commerce et de l'agriculture de la Haute-Savoie L'Industriel Savoisien[4].
- Claudine Chalmers, L'Aventure française à San Francisco pendant la ruée vers l'or, 1848-1854, Lille, A.N.R.T, , 420 p. (OCLC 493806726, présentation en ligne)
- Christian Sorrel, Les Savoyards dans le monde : recherches sur l'émigration : actes du colloque d'Annecy, 13 et 14 décembre 1991, Chambery, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, , 331 p. (OCLC 602838270, présentation en ligne)
- Elisabeth Rabut, Les Savoyards dans le monde : exposition réalisée par les Archives Départementales de la Haute-Savoie : Conservatoire d'Art et d'Histoire, Annecy, décembre 1991 - septembre 1992, Annecy, Conseil général de la Haute-Savoie, Direction des Archives départementales, , 187 p. (ISBN 978-2-86074-011-1, OCLC 165195599, présentation en ligne)
- Jacques Leleu, De Haute-Savoie en Californie, Marie Pantalon, une chercheuse d'or, Grenoble, Édition Le Dauphiné libéré, coll. « Alpes Loisirs magazine » (no 15), , p. 27-30
- (en) Susan G. Butruille, Women's voices from the Mother Lode : tales from the California gold rush, Boise (Idaho), Tamarack Books, , 272 p. (ISBN 978-1-886609-14-3, OCLC 247146813)
- Jean Christophe Demard, Río Nautla : étapes de l'intégration d'une communauté française au Mexique, 1833-1926, Langres, Dominique Gueniot, , 351 p. (ISBN 978-2-87825-176-0, OCLC 708530835, présentation en ligne)
- Graham Marsh, Paul Trynka et June Marsh, Denim : l'épopée illustrée d'un tissu de légende, Paris, Éditions du Collectionneur, , 128 p. (ISBN 978-2-909450-94-0, OCLC 963481388)
- Jean-Marie Jeudy, Femmes et rebelles : Du XVe et XXIe siècles en Savoie, Chambery, En train de lire, , 200 p. (ISBN 978-2-9528349-1-9, OCLC 314332975, présentation en ligne), p. 109-117.
- (en) Deborah Coleen Cook, Jackson, Charleston, Arcada Publishing, coll. « Images of America », , 127 p. (ISBN 978-0-7385-4724-4, OCLC 135674128, présentation en ligne)
- (en) Kimberly Wooten et R. Scott Baxter, Shenandoah Valley and Amador Wine Country, Charleston, Arcada Publishing, coll. « Images of America », , 127 p. (ISBN 978-0-7385-5603-1, OCLC 177000487, présentation en ligne)
- Monique Fillion, Des lieux, des Hommes, des histoires... : Des nouvelles de Marie Suize alias Marie Pantalon, Péronnas, Imprimerie Sepec, coll. « Collectif des Amis du Val de Thônes » (no 31), , 192 p. (ISBN 978-2-9540892-1-8, présentation en ligne), p. 64-66.
Liens externes
Sites Internet
Presse
- (en) Notes of Travel in Amador CountyArticle daté du du Pacific Rural Press, journal de San Francisco (Californie).
- (en) Marie Suize arrestedArticle daté du du Gold Hill Daily News, journal de Gold Hill (Nevada) (en)
- (en) Marie Suize arrestedArticle daté du du Daily Alta California, journal de San Francisco (Californie).
- (en) Marie Susie in Virginia CityArticle daté du du Daily Alta California, journal de San Francisco (Californie).
- Marie PantalonArticle nécrologique daté du de La Patrie, journal de Montréal (Québec).
Audio
Série de cinq émissions de Christine Martinez, diffusées sur France Bleu Pays de Savoie du au
Vidéo
- [vidéo] Visionner la vidéo sur Vimeo
Notes et références
Notes
- « L'an mil huit cent vingt quatre et le quatorze juillet, sur une heure du matin, est née et le même jour a été baptisée Jeanne Marie fille de Claude Suize et d'Adélaïde Machet mariés. Parrain Jean Jacques Suize, marraine Geneviève Suize. Lavorel, Curé plébain[1]. »
À la naissance, elle est déclarée Jeanne Marie, puis on la repère sans ambiguïté en l'appelant par son second prénom, tout comme ses sœurs : Marie Virginie est Virginie, Marie Clémentine Clémentine, enfin Marie Louise Louise. - Salomon Suize, son frère no 4, se marie le en l'église Saint-Merri.
- Maurice Lacombe, lui aussi de Savoie, de Scionzier, un de ses employés de son ranch Secreta Gulch, écrit à sa famille en 1891 : « De ce moment, je travaille avec une demoiselle de Tône qui m'a raconté l'histoire de Gimet du Reposoir et de Jackard de Châtillon. C'est elle qui la donné l'argent pour le voyage. En 1850 elle c'est fait couper les cheveux, acheté des bottes, elle c'est habillée en homme et a partit a la recherche de l'or[4],[5]. »
- Doté d'un gros lot qui consistait en un lingot d'or d'une valeur de 400 000 francs exposé boulevard Montmartre à Paris, l'argent récupéré par la loterie permit en réalité aux autorités françaises d'envoyer à San Francisco plus de 3 300 chercheurs d'or français, de 1851 à 1853.
- Le nombre de femmes est très réduit. On ne dénombre en effet parmi les passagers du Ferrière que 19 femmes au milieu de 140 hommes (et non pas 11 femmes au milieu de 125 hommes[6]...). Un homme passe par-dessus bord le , une fille naît le [3].
- Cette interprétation repose sur le fait qu'une passagère de la même page voit le « âgé » de sa fiche complété avec un « e » manuscrit (acte no 66[7]). De fait, d'autres passagères enregistrées le sont tantôt avec un « e » manuscrit, tantôt sans comme Marie Suize. Il est hasardeux dans ces conditions de tirer des conclusions définitives !
- La contradiction entre l'âge réel de Marie Suize et celui enregistré lors de l'embarquement ne laisse pas sans interrogation (elle présente un passeport établi à son nom[7] !). Ne s'agirait-il pas plutôt de sa sœur Marie Clémentine, née également à Thônes et qui a précisément 23 ans en 1850 ? À la naissance, Marie Suize est appelée Jeanne Marie, puis selon les usages de l'époque, on la repère sans ambiguïté avec son second prénom, tout comme ses sœurs : Marie Virginie est appelée Virginie, Marie Clémentine Clémentine, Marie Louise Louise ; cette hypothèse serait donc à exclure, d'autant plus que les seules sources attestant en Californie de sa date de naissance se trouvent a priori dans les articles de journaux publiés à sa mort, comme celui de La Patrie, journal de Montréal (Québec) : « Elle se nommait, de son nom de famille Marie Suize. C'était une fille du peuple, une paysanne, née à Thônes, en Savoie, en 1823.[8] »
- Les vents dominants et les courants marins sont particulièrement problématiques pour les navires qui veulent passer le cap à « contresens », c’est-à-dire d’est en ouest. De tous les types de navires, c’était pour les voiliers traditionnels que la traversée était la plus difficile, car, dans le meilleur cas, ils ne parvenaient qu’à progresser très lentement contre les vents.
- « Après avoir si longuement parlé des hommes, pourquoi ne pas dire quelques mots des femmes, quoiqu'elles soient assurément encore très peu nombreuses en Californie, surtout dans les mines. J'en citerai une entre autres, que les mineurs avait appelée du nom de Jeanne d'Arc, et qui laissera dans l'histoire californienne un type légendaire. Elle travaillait comme un homme sur les placers et fumait la pipe. Une autre, qui est encore en Californie, où elle exploite en ce moment un claim productif, répond au nom de Marie Pantalon. Elle a emprunté ce sobriquet du vêtement auquel elle a donné la préférence. Elle est Française comme Jeanne d'Arc ; et il n'y a en effet que les Françaises pour se plier avec autant de sans façon et de gaieté à une situation aussi nouvelle. Les Américains qui ne comprennent pas que la place de la femme puisse être hors du foyer domestique ou des emplois de son sexe, les Américains qui n'admettent ni paysanne, ni cuisinière, ont beaucoup admiré en Californie le courage tout viril de Jeanne d'Arc et de Marie Pantalon[15]. »
- Le Petit Californien est un journal semi-hebdomadaire en français, politique, littéraire, commercial et d'annonces, qui paraît depuis 1886 le mercredi et le samedi et contient de nombreuses publicités pour les résidents français de San Francisco. [lire en ligne]
- « Beaucoup de mineurs sont restés à The Gate[16] pour exploiter des claims de surface, de tunnel et de quartz et ont créé le Jacksoning Mining District[17] en 1854. Ce document de base contient des noms de demandeurs comme Gibbons, Andrew Kennedy, Agostino Chichizola, Antonio Massa et Marie Suize Pantalons[18]. »
- L'article 6 du traité de réunion de la Savoie à la France stipule « Les sujets sardes originaires de la Savoie qui entendront conserver la nationalité sarde jouiront pendant l’espace d’un an à partir de l’échange des ratifications et moyennant une déclaration préalable à l’autorité compétente de la faculté de transporter leur domicile en Italie et s’y fixer auquel cas la qualité de citoyen sarde leur sera maintenue. Ils seront libres de conserver leurs immeubles sur les territoires réunis à la France ». En clair, ceux qui souhaitent ne pas devenir français peuvent conserver leurs propriétés en Savoie mais ils doivent aller s'installer en Italie. D'après cet article, si Marie Suize ne s'est pas manifestée, elle est devenue sans le savoir ipso facto française dès 1861 !
- La loi californienne n'a cessé d'évoluer depuis puisque le le gouverneur californien Jerry Brown a ratifié le « SB 179 »[24], aussi appelé « Gender Recognition Act », autorisant les habitants de Californie à se déclarer « non-binaire ».
- La loi date du tout début du Consulat. Les coupures de presse nous apprennent qu'entre 1850 et 1860, seules douze femmes bénéficièrent d'une autorisation et qu'en 1890, on dénombrait une dizaine de femmes titulaires de la permission.
- Secreta Gulch (gulch (en) : le ravin) est le nom du lieu près de Slabtown appelé aussi camp des français. Le ranch acheté à cet endroit sera appelé French Garden par Marie Suize[31].
- « On est pas mal ici, du vin, de l'eau-de-vie à discrétion que diable et pas souvent fatigué[34] »
- Après celle située no 7 South B Street (Mau's old store) comme l'indique sa publicité, Marie Suize ouvre une nouvelle boutique 140 South C Street, sans doute après le grand incendie de Virginia City en 1875. [lire en ligne]
- Dans le recensement de Viginia City daté de , Marie Suize est domiciliée dans la maison no 140 où elle tient une boutique de vente de liqueurs et déclare 65 ans (se vieillissant par conséquent de 10 ans). Le nom suivant est celui d’un français, Frank Douet, originaire de Ruffec (Charente) et déclaré comme comptable. [lire en ligne]
- Le Reno Gazette-Journal signale dans son édition du que des tombes ont été récemment vandalisées dans le cimetière de Jackson City, dont notamment celles de Marie Suize et d'Andrew Kennedy, le fondateur de la Kennedy Mine (en).
- Une habitante de Thônes s'est prise d'affection pour Marie Suize. Monique Fillion[41], présidente d'honneur des Amis du Val de Thônes, s'est rendue à plusieurs reprises à Jackson. En relation avec Larry Cenotto[42], conservateur des archives du comté d'Amador — et avec Susan Butruille[43], écrivain de l'Oregon et auteur d'un ouvrage consacré aux femmes ayant participé à la ruée vers l'or, elle est partie sur les traces de sa concitoyenne. Elle a contribué à la pose de la pierre commémorative au cimetière de Jackson.
- « En 1869, signature de Marie Suize alias Pantalon, sur une pétition que seul un homme aurait normalement signée.
À la mémoire de Madame Pantalon, Jeanne Marie Suize, née le à Thônes, maintenant en France. Décédée le , près de Clinton.
Enterrée dans une tombe non identifiée de ce cimetière. Pionnière de la première heure, propriétaire d'une mine d'or. Sans doute la première femme de Californie à produire du vin et du Brandy[44]. »
Références
- Acte de naissance, Archives départementales de la Haute-Savoie, Thônes, baptêmes 1816-1837, acte no 59, (vue 144/390)
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 111
- Rôle de l'équipage du Ferrière (1850) (vues 340-378/841)
- Des nouvelles de Marie Suize alias Marie Pantalon, p. 64
- Rio Nautla, p. 186, « Gimet » sur Google Livres
- Villes fantômes de l'Ouest américain: leur vie, leur mort, leur survie, p. 184. sur Google Livres
- index_in_visu no 65 Suize Marie (vue 357/841)
- La Patrie, [lire en ligne]
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 112
- Carte de Jackson Creek [lire en ligne]
- Sutter's Mill Replica [lire en ligne]
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 113
- Jackson, p. 83. sur Google Livres
- Jackson, p. 82. sur Google Livres
- Voyage en Californie, p. 30 [lire en ligne]
- (en) The (Jackson) Gate
- (en) Jacksoning Mining District
- (en) Kennedy Mine Tailings Wheels, The (Jackson) Gate
- Marie Pantalon, chercheuse d'or en Californie, p. 93
- L'Or : La merveilleuse histoire du général Johann August Suter p. 40. sur Google Livres
- Article nécrologique du journal La Patrie du [lire en ligne]
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 115
- Des nouvelles de Marie Suize alias Marie Pantalon, p. 65
- SB-179 SB-179 Gender identity : female, male, or nonbinary.
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 114
- (en) Gold Hill Daily news,
- (en) Daily Alta California, Vol. 23, no 7703,
- Les chercheurs d'or en Californie et en Alaska, p. 91-98
- Annuaires de San Francisco de 1864 à 1892 [lire en ligne]
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 116
- John Doble's Journal and Letters from the Mines, p. 299. sur Google Livres
- ,Shenandoah Valley and Amador Wine Country, p. 74. sur Google Livres
- Jackson, p. 119. sur Google Livres
- Rio Nautla, p. 186, « discrétion » sur Google Livres
- (en) Pacific Rural Press, Vol. 1, no 14,
- (en) Amador Ledger, Vol. 1902, no 7,
- (en) Amador Ledger,
- Río Nautla, p. 186
- (en) Favia Suize Viognier 2014
- Marie Suize (Thônes 1824 - Californie 1892), p. 117
- Hommage à Monique Fillion [lire en ligne]
- Lawrence "Larry" Cenotto, historien et archiviste du comté d'Amador [lire en ligne]
- Women's voices from the Mother Lode, p. 145
- Tombe en mémoire de Jeanne Marie Suize [lire en ligne]
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