Marie Rollet

Marie Rollet (1580 à Paris en France - mai 1649 à Québec au Canada) est une Française qui a émigré vers la Nouvelle-France en 1616 avec son mari, Louis Hébert. Les deux ont été les premiers colons français à s'établir au Canada[1].

Pour les articles homonymes, voir Rollet.

Marie Rollet
Marie Rollet et ses enfants, monument Louis-Hébert, parc Montmorency, Québec.
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Conjoint
Enfant
Guillemette Hébert (d)

Biographie

Marie Rollet épousa Louis Hébert, apothicaire-épicier, à Paris le [2]. L'année suivante, elle donna naissance à sa première fille, Anne[3].

En 1606, Louis Hébert partit pour un voyage d'un an en Acadie (située aujourd'hui au Canada). Il fit de même en 1610 pour un voyage de trois ans[4].

En 1616, Marie Rollet et ses trois enfants survivants, alors âgés de 14, 9 et 3 ans, se joignirent à Louis Hébert pour un troisième voyage qui devait les conduire dans ce qui est aujourd'hui la ville de Québec[5].

À Québec, Louis Hébert travaillait pour une compagnie des marchands de fourrures : en sa qualité d'apothicaire, il prodiguait des soins aux malades[6]. Il entreprit également de défricher la terre, sans bœuf ni charrue, avec l'aide de son beau-frère Claude Rollet[6].

En 1618, Louis Hébert et Marie Rollet virent leur fille Anne contracter le premier mariage à survenir au Québec alors qu'elle épousa Étienne Jonquet. Cependant, Anne décéda en 1619 à l'âge de 16 ans, à son premier accouchement[7].

En 1620, Champlain nomma Louis Hébert procureur du roi dans la cité de Québec et en 1625, Louis Hébert devint le premier propriétaire de ses terres agricoles. Marie Rollet et Louis Hébert devinrent ainsi les premiers colons français à posséder et cultiver leurs terres pour y élever leur famille[8].

En 1621, Louis Hébert et Marie Rollet marient leur seconde fille Guillemette à Guillaume Couillard[9]. Le couple aura dix enfants et verra ses filles aînées se marier à onze et douze ans[10]. Les mariages de filles si jeunes étaient exceptionnels, mais des mariages de filles à peine plus âgées étaient fréquents durant les deux premières générations de la jeune colonie à cause de la pénurie de femmes[11].

Durant l'hiver 1626-1627, Marie perdit son compagnon, Louis Hébert, qui décéda des suites d'une mauvaise chute sur la glace[12]. Deux ans plus tard, elle épousa à Québec Guillaume Hubou, un nouvel arrivant que tous admiraient[13].

Madame Hébert enseignant.

Dans les années qui suivirent, elle s'occupa de former à l'européenne au moins 2 jeunes Amérindiennes, nées vers 1630 : la fille d'un chef indien nommé Manitouabéouich et la fille que Jean Nicolet eut de sa première épouse, une Algonquine du lac Nipissing (une excroissance vers le nord-est de l'actuel Lac Huron, près de Sturgeon Falls en Ontario)[14]. Ces Amérindiennes épousèrent des Français et comptent aujourd'hui une assez nombreuse postérité.

Marie Rollet et sa famille furent les seuls à demeurer en permanence à Québec de 1629 à 1632 ou 1633, durant l'occupation anglaise alors que des forbans franco-anglais, les frères Kirke, avaient fait prisonniers et déporté en Angleterre tous les autres résidents de Québec, y compris Champlain et Abraham Martin[15] (certaines sources indiquent qu'Abraham Martin et son épouse sont aussi restés en Nouvelle-France durant cette période[16]).

Marie Rollet eut la douleur d'assister au déclin et à la mort de Champlain (paralysé à l'automne 1635 et décédé le ) et de son jeune fils Guillaume, marié à 20 ans en 1634 et décédé en 1639. Mais elle eut la joie de connaître et de voir grandir plusieurs de ses petits-enfants, ses voisins immédiats.

Marie Rollet fut inhumée à Québec le , à l'âge d'environ 69 ans — ce qui était pour l'époque un âge très avancé[17].

La postérité actuelle de Louis Hébert et Marie Rollet

La postérité de Louis Hébert et Marie Rollet est aujourd'hui très nombreuse en Amérique, par deux de leurs enfants :

En 1800, le couple formé de Louis Hébert et Marie Rollet arrivait au 10e rang au Québec pour le nombre de descendants mariés :

Tiré de la base du PRDH[18], la liste des immigrants qui comptent le plus grand nombre de descendants mariés avant l'année 1800
Ancêtre Nombre de descendants

mariés avant l'année 1800

Zacharie Cloutier (v. 1590-1677),

arrivé du Perche (Orne) en 1634,
marié en 1616
— 6 enfants, 5 mariés

10 850
Jean Guyon [Dion] (1592-1663),

arrivé du Perche (Orne) en 1634,
marié en 1615
— 10 enfants, 8 mariés

9 674
Marin Boucher (v. 1587-1671),

arrivé du Perche (Orne) en 1634,
marié en 1611 puis en 1628 ou 1629
— 14 enfants, 7 mariés

8 502
Jacques Archambault (v. 1604-1688),

arrivé de l'Aunis (Charente-Maritime) entre 1642 et 1648,
marié au Poitou (Vendée) en 1629
— 7 enfants, 5 mariés

8 445
Noël Langlois (v. 1605-1684),

arrivé du Perche (Orne) en 1634,
marié à Québec le
- 10 enfants, 8 mariés

7 847
Abraham Martin (v. 1590-1664),

arrivé en 1619,
marié en France vers 1618
— 9 enfants, 6 mariés

7 765
Pierre Miville (v. 1602-1669),

arrivé d'Hiers-Brouage, Saintonge (Charente-Maritime) entre 1640 et 1650,
marié à Brouage vers 1631
— 6 enfants, 6 mariés

6 552
Pierre Desportes (v. 1595-après 1628),

arrivé en 1619,
marié en France vers 1618
— 1 fille, mariée 2 fois

6 515
Jean Roussin (1597-après 1680),

arrivé du Perche (Orne) en 1650 ou 1651,
marié en 1622
— 5 enfants, 4 mariés

4 730
Louis Hébert (v. 1575-1627),

arrivé de Paris en 1617,
marié à Paris en 1601
— 3 enfants, 3 mariés

4 592

Hommages

Dans le parc Montmorency de la ville de Québec, le socle du monument Louis-Hébert représente Marie Rollet avec ses trois enfants. On y voit aussi Louis Hébert tenant les emblèmes de sa vie de colon, une faucille et une gerbe de blé. Le même monument représente leur gendre, Guillaume Couillard, appuyé sur une charrue, instrument qu'il a été le premier à utiliser en Nouvelle-France[19].

De plus, plusieurs édifices, parcs et rues portent le nom de Marie Rollet au Québec.

En son honneur, Rollet, un quartier de Rouyn-Noranda, porte son nom[20].

Marie Rollet est désignée personnage historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec le [21].

Références

  1. Ethel M. G. Bennett, « Marie Rollet » dans Dictionnaire biographique du Canada, Université Laval/Université de Toronto, 2003–..
  2. Annie Mathieu, « L'histoire d'amour de Louis Hébert et Marie Rollet rectifiée | Annie Mathieu | Société », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Jacques Mathieu et Alain Asselin, La vie méconnue de Louis Hébert et Marie Rollet, Québec, Septentrion, , 245 p., p. 46.
  4. Francine Legaré, Louis Hébert, Montréal, XYZ éditeur, , 155 p., p. 27.
  5. Jacques Mathieu et Alain Asselin, La vie méconnue de Louis Hébert et Marie Rollet, Québec, Septentrion, , 245 p., p. 103.
  6. Francine Legaré, Louis Hébert, Montréal, XYZ éditeur, , 155 p., p. 93.
  7. Francine Legaré, Louis Hébert, Montréal, XYZ éditeur, , 155 p., p. 146.
  8. Benoît Grenier, « Louis Hébert, premier seigneur canadien », Cap-aux-Diamants, , p. 13-16 (lire en ligne).
  9. Francine Legaré, Louis Hébert, Montréal, XYZ éditeur, , 155 p., p. 147.
  10. « COUILLARD DE LESPINAY, GUILLAUME », sur biographi.ca, (consulté le ).
  11. Site Chronologie historique des femmes du Québec.
  12. Jacques Mathieu et Alain Asselin, La vie méconnue de Louis Hébert et Marie Rollet, Québec, Septentrion, , 245 p., p. 128.
  13. Marie Rollet sur le site genealogiequebec.info.
  14. Jacques Mathieu et Alain Asselin, La vie méconnue de Louis Hébert et Marie Rollet, Québec, Septentrion, , 245 p., p. 119.
  15. Francine Legaré, Louis Hébert, Montréal, XYZ éditeur, , 155 p., p. 149.
  16. « MARTIN, ABRAHAM (dit « l’Écossais » ou « Maître Abraham ») », sur biographi.ca, (consulté le ).
  17. « ROLLET, MARIE (Hébert ; Hubou) », sur biographi.ca, (consulté le ).
  18. Statistiques compilées et fournies par le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) sur sa page Les pionniers.
  19. Un document sur Marie Rollet-Hébert.
  20. « Quartier Rollet », sur ville.rouyn-noranda.qc.ca (consulté le ).
  21. « Louis Hébert et Marie Rollet désignés comme personnages historiques », sur https://www.premier-ministre.gouv.qc.ca, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

  • Portail de la Nouvelle-France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.