Marius Hurard
Marius Hurard ( à Saint-Pierre - à Saint-Pierre) est un avocat et homme politique martiniquais. Il fut député de la Martinique de 1881 à 1893.
Marius Hurard | |
Fonctions | |
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Député 1881-1893 | |
Gouvernement | IIIe République |
Président du Conseil Général 1880-1883 | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Saint-Pierre |
Date de décès | |
Lieu de décès | Saint-Pierre |
Nature du décès | Mort dans une éruption volcanique |
Nationalité | Français |
Parti politique | Parti Républicain (1848-1885) Parti Républicain Progressiste (1885-1902) |
Profession | Avocat |
Résidence | Martinique |
Biographie
Marius Hurard, membre du Parti républicain, est une figure politique de la Martinique à la fin du XIXe siècle. Il fut à la fois député de la première circonscription de 1881 à 1893 et président du Conseil Général en 1880. À partir de 1848, date de l’abolition de l’esclavage, le parti républicain animé par la petite et moyenne bourgeoisie de couleur alliée à quelques républicains blancs, eut donc la prépondérance dans les affaires politiques de la Martinique et plus particulièrement à Saint-Pierre. L’objectif du parti républicain consistait à transformer le statut de la Martinique de colonie en département français. En effet, les Martiniquais devaient jouir des mêmes droits et devoirs que les Français et être soumis aux mêmes lois. À cette époque l’idéologie politique dominante en Martinique est l’assimilation complète et totale à la France. En , Marius Hurard fonde Les Colonies, organe de presse au service des idées républicaines.
Combat pour l’école laïque en Martinique
Marius Hurard et la plupart des républicains de l’époque étaient animés par un idéal d’une société laïque. Leurs adversaires, conservateurs et descendants des anciens colons blancs, haïssaient la République et rêvaient du rétablissement de l’ancien ordre esclavagiste [réf. nécessaire].
La question de l’école laïque fut l'une des principales pommes de discorde entre républicains et conservateurs. Pour les républicains, l’instruction était un levier de promotion sociale et d’émancipation humaine. Elle devait donc être publique, laïque, accessible à tous et indépendante de toute religion. En revanche, pour les conservateurs de « l’aristocratie blanche », l’école devait être l’apanage des couches aisées et être sous la houlette du clergé [réf. nécessaire].
Jusqu’alors en Martinique, les écoles étaient tenues par des religieux, les frères de Ploërmel pour les garçons et par les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles. Mais Marius Hurard et les républicains, qui étaient majoritaires au conseil général, votèrent des crédits pour que des écoles laïques soient ouvertes dans la plupart des communes de l’île et ce avant l'application de la loi Ferry sur l'école laïque, publique et obligatoire.
Ainsi, le , le lycée de Saint-Pierre fut inauguré[1]. En 1884, un pensionnat colonial de jeunes filles ouvrit ses portes à Saint-Pierre[2]. Face aux réticences du pouvoir central [réf. nécessaire], Marius Hurard se rendit à ses frais en métropole pour recruter des enseignants pour le nouveau lycée de Saint-Pierre. Malgré la résistance des conservateurs et d’une partie de la population, l’école laïque s’imposa sur toute la Martinique. L’ouverture d’écoles laïques en Martinique fut possible grâce à l’opiniâtreté de Marius Hurard et de quelques élus du conseil général de l’époque tels que Ernest Deproge, Clavius Marius, Eugène Agricole et Auguste Waddy.
Marius Hurard et l’autonomie
En 1885, en pleine campagne des législatives, une scission est intervenue au sein du parti républicain entre ses deux grandes figures, le député Ernest Deproge et Marius Hurard. La raison de la rupture portait sur une question importante : fallait-il poursuivre ou non la politique d’assimilation complète de la Martinique à la France ? Ernest Deproge et ses partisans étaient favorables. En revanche, le clan de Marius Hurard était contre. Chaque tendance créa son journal L’Indépendant de Marius Hurard et La Petite France, favorable à Ernest Deproge.
La position d’Hurard suscitait l’intérêt du clan Béké qui voyait là l’occasion rêvée de refaire surface sur le plan politique depuis son éviction en 1848. Marius Hurard, ses partisans et un groupe de Békés républicains créaient un nouveau parti politique, le Parti Républicain Progressiste ou Parti nouveau. Alors que l’idéologie politique dominante à la fin du XIXe siècle est l’assimilation complète, ce nouveau parti va prôner l’autonomie pour défendre les intérêts économiques de l'oligarchie Béké en Martinique. Pour Marius Hurard et ses partisans, l’assimilation complète entraînerait l’application des lois sociales métropolitaines en Martinique. Ce qui entraînerait un surcoût financier pour les usines et les plantations. Ils étaient également hostiles au fait que l’assimilation complète réduirait les pouvoirs du Conseil Général, qu'ils contrôlaient. En conséquence, elle renforcerait la centralisation des pouvoirs et les tutelles ministérielles à Paris. Pour certains historiens, la conception que Marius Hurard avait de l’autonomie était très différente de celle d’Aimé Césaire lorsqu’il créa en 1958 le Parti progressiste martiniquais. Chez Marius Hurard, l’autonomie était un instrument qui permettait de préserver les intérêts économiques et politiques de la ploutocratie Béké et de la bourgeoisie mulâtre de l’époque et non un moyen permettant l’émancipation du peuple martiniquais. Contrairement à Césaire, l'affirmation de l'identité martiniquaise est quasiment inexistante dans les discours et écrits de Marius Hurard, à l'époque. C’est la grande différence entre l’autonomie revendiquée par Marius Hurard à la fin du XIXe siècle et celle revendiquée par Aimé Césaire. (Je crois que nous Martiniquais nous avons une personnalité, une personnalité qui n'est pas absolument une personnalité française, qui n'est pas non plus la personnalité africaine, une personnalité qui est une personnalité propre, une personnalité martiniquaise et je crois que cette personnalité, il nous faut la préserver, il nous faut la cultiver, il nous faut la développer… déclarait Aimé Césaire [3].
La déchéance politique
Marius Hurard, parallèlement à son métier d'avocat, était aussi négociant. Versé dans le commerce il devient l'un des négociants les plus aisés de Saint-Pierre [réf. nécessaire] . Son origine modeste lui vaut une grande popularité dans sa ville.
Mais en 1895, Marius Hurard, à la suite d’une faillite commerciale, fut condamné à de la prison et son recours en grâce fut rejeté [réf. nécessaire] .
Ses amis lancèrent en vain une pétition pour éviter son emprisonnement [réf. nécessaire] .
Celui à qui tout semblait réussir, sa carrière politique, ses activités professionnelles connut la déchéance. En 1896, ce fut la déroute électorale pour les hurardistes qui obtinrent seulement 10 sièges sur 36 au conseil général. Aux municipales, ils perdaient les deux principales villes de l'île, Saint-Pierre et Fort-de-France.
Après s’être retiré de la vie politique, Marius Hurard meurt le à 54 ans lors de l’éruption de la montagne Pelée à Saint-Pierre.
Depuis 2008, l'école élémentaire de la Pointe des Nègres (ex IUFM) à Fort-de-France est nommée du nom de Marius Hurard en hommage à son activité politique.
Sources
- Marius Hurard, Les Noirs et les Blancs à la Martinique : questions coloniales, Paris : Imprimerie Raoul Bonnet et Compagnie, 1882
- Armand Nicolas, Histoire de la Martinique. Tome 2, De 1848 à 1939
- Albanie Burand, La vie politique à Saint-Pierre de la Martinique de 1848 à 1902
Notes et références
Notes
Références
- Organisation des Colonies Françaises et des Pays de Protectorat, par Édouard Petit, Tome second, p. 421, Berger-Levraut éditeur
- idem p. 422
- Extrait du discours sur la Savane - 1946-1996 Cinquante ans de départementalisation Outre-Mer - auteurs: Fred Constant et Justin Daniel - Éditions L'Harmattan)
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